Une nouvelle refondation du mouvement syndical Žtudiant ˆ Lyon (1968-1975)
Sommaire
ORGANISATION, STRUCTURE ET GESTION QUOTIDIENNE DE lA.G.E.L-U.N.E.F.
I . Limplantation de lA.G.E.L-U.N.E.F : 1971-1994.
II. Une prŽsence au quotidien.
UNE POLITIQUE CONSTANTE VISANT A PLACER LA.G.E.L-U.N.E.F. AU CUR DE LA VIE ETUDIANTE
Chapitre 1. La reconstruction dune Žconomie sociale Žtudiante.
I. Une t‰che secondaire ˆ lactivitŽ revendicative. 1971-1979.
II. La crŽation du CERCOOPE, vŽritable centrale de services.
Chapitre 2. Un syndicat peu ouvert au tissu syndical, politique et associatif.
I. Les relations U.N.E.F. / C.G.T. / S.N.E.Sup..
II. Un syndicat de gauche sans affiliation partisane.
ORGANISATION, STRUCTURE ET GESTION QUOTIDIENNE DE lA.G.E.L-U.N.E.F.
Rassemblant les Žtudiants, lA.G.E.L-U.N.E.F. est Žvidemment trs sensible aux mutations du monde Žtudiant et universitaire, ˆ ses crises souvent violentes et ŽphŽmres. Limplantation, lorganisation interne, la structure et la gestion quotidienne du syndicat lyonnais Žvoluent en consŽquence et sadaptent en permanence.
Limplantation de lA.G.E.L-U.N.E.F. est la premire concernŽe par les changements ˆ court ou long terme du milieu Žtudiant. CaractŽrisŽe par un taux de syndicalisation ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. faible, mme dans les pŽriodes de relative puissance, elle ne permet pas au syndicat lyonnais de sestimer reprŽsentative du monde Žtudiant. Soumise ˆ diffŽrentes variables, elle Žvolue de manire chaotique de 1971 ˆ 1994.
Organisation trs structurŽe, lA.G.E.L-U.N.E.F. se dŽveloppe sur un modle confŽdŽral : groupement dassociations Žtablies sur une base gŽographique ou disciplinaire, elle dispose de deux instances confŽdŽrales, cest ˆ dire le bureau et le collectif dA.G.E. Cependant, il convient de se pencher avec attention sur les associations de filire. En effet, elles prennent des formes successives dŽfinies lors des congrs nationaux et indiquent ainsi des changements dorientation .
LactivitŽ syndicale de lA.G.E.L-U.N.E.F. ne se rŽsume pas seulement ˆ son implication dans les divers mouvements Žtudiants qui jalonnent toute cette pŽriode. En effet, une activitŽ quotidienne dentretien des structures se maintient tout au long de lannŽe et permet au syndicat davoir une prŽsence au quotidien sur les divers campus. Le r™le des responsables de lA.G.E., cest ˆ dire du prŽsident, du trŽsorier, et du secrŽtaire ˆ lorganisation, est alors essentiel, vital.
Enfin, lA.G.E.L-U.N.E.F. fait preuve dune gestion financire prŽcaire, alŽatoire. La gestion financire appara”t rarement dans les Žtudes, qui prŽfrent souvent aborder les structures ou les politiques des syndicats. Pourtant, elle peut tre rŽvŽlatrice dun Žtat desprit ou de politiques financires adaptŽes et volontaires.
I . Limplantation de lA.G.E.L-U.N.E.F : 1971-1994.
Retracer lŽvolution du nombre dadhŽrents de lA.G.E.L-U.N.E.F avec certitude se heurte ˆ des difficultŽs nombreuses : sources incompltes (en particulier pour toutes les annŽes 80), fichiers dadhŽrents rares (quelques exemplaires complets et surtout incomplets : 1971-1972, 1973-1974, 1989-1990, 1991-1994 .), trs nette diffŽrence entre le nombre dadhŽrents revendiquŽ, en particulier auprs des mŽdias, et la rŽalitŽ, distinction entre le nombre dadhŽrents et le nombre de cotisants.
En dŽpit de ces limites, on peut distinguer diffŽrentes pŽriodes :
Evolution des effectifs de lA.G.E.L-U.N.E.F
1971-1972 |
454 |
1973 |
env 350 |
1974 |
env 650 |
1975-1976 |
dŽclin |
1976-1977 |
700 ˆ 800 |
1979-1980 |
env 250 |
1980-1981 |
550 |
1983-1984 |
env 1500 |
1987-1988 |
80 ˆ 90 |
1990-1991 |
250 |
1991-1992 |
185 |
1992-1993 |
168 |
1993-1994 |
275 |
Source : Archives de lA.G.E.L-U.N.E.F.
(r) 1971 1974 : LA.G.E.L-U.N.E.F conna”t un accroissement du nombre de ses adhŽrents, puisquil passe de 300 environ en 1971 ˆ prŽs de 650 en 1974. Les multiples mouvements Žtudiants qui Žmaillent cette pŽriode (DEUG, CFPM, rŽforme Fontanet ) contribuent probablement ˆ cette progression. De plus, la concurrence exercŽe par les autres organisations syndicales Žtudiantes reste faible. Ainsi, lU.G.E.L-U.N.E.F. senferme dans son refus des Žlections universitaires et ne simplante rŽellement que sur Lyon I.
(r) 1974 1976 : Un lŽger dŽclin se manifeste, mme si lŽtat des sources ne permet pas den apprŽcier les proportions. Il semble surtout la consŽquence de labsence de mouvements revendicatifs dampleur durant cette pŽriode. LadhŽsion, fortement basŽe sur le caractre revendicatif et peu sur les services, nappara”t plus, en labsence de rŽalisations concrtes, comme une nŽcessitŽ pour les Žtudiants.
(r) 1976 1977 : Le mouvement de grve contre la rŽforme du second cycle, durant lequel lA.G.E.L-U.N.E.F a pris une part prŽpondŽrante, engendre une nouvelle progression des effectifs. LA.G.E.L-U.N.E.F, qui compte moins de 600 adhŽrents avant le conflit, atteint 700 ˆ 800 adhŽrents ˆ la fin de lannŽe universitaire 1976-1977.
(r) 1977 1979 : Une trs forte baisse du nombre dadhŽrents se produit entre ces deux dates. De 700 ˆ 800 adhŽrents, les effectifs chutent et atteignent environ 250 adhŽrents en 1978-1979. Elle est imputable ˆ labsence de mouvements revendicatifs importants, ˆ lŽloignement, ˆ la distanciation progressive des Žtudiants vis ˆ vis des organisations syndicales et politiques, mais aussi ˆ des difficultŽs de fonctionnement internes. Un collectif dA.G.E. est convoquŽ en dŽcembre 1978janvier 1979, afin de rŽsoudre un certain nombre de problmes : "absence de rŽelle direction dans ton comitŽ, dans lA.G.E.", forces insuffisantes, difficultŽs financires. De plus, des tensions internes naissent et engendrent des crises, comme la dŽmission dadhŽrents. Ainsi, en fŽvrier 1979, B.Blochet, dans sa lettre de dŽmission, critique violemment lorganisation, lactivitŽ et les responsables de lA.G.E.L-U.N.E.F : " constitution bureaucratique du syndicat ", " Žlitisme ", " statisme des dirigeants ", " recherche dans toute action dune rentabilitŽ ", " concurrence entre organisations syndicales identique ˆ celle des entreprises du grand capital ", " attitude abjecte ", manque de dŽmocratie interne en particulier lors de la dŽsignation de la tte de liste au C.R.O.U.S . Par contre, limpact de la rupture du programme commun de la gauche en mars 1978 semble faible, mme sil savre impossible dŽvaluer la portŽe rŽelle de cet ŽvŽnement sur lA.G.E.L-U.N.E.F. Hormis sans doute le dŽception de nombreux militants .
(r) 1979 1985 : Une nouvelle pŽriode souvre pour lA.G.E.L-U.N.E.F ˆ partir de la rentrŽe 1979-1980. En effet, lA.G.E.L-U.N.E.F conna”t en moins de cinq ans une croissance considŽrable de ses effectifs : de 250 ˆ 1500 adhŽrents environ. Cette progression est entamŽe dŽs la rentrŽe 1979-1980, puisque lA.G.E.L-U.N.E.F dŽclare, lors dun collectif national en mars 1980, 550 adhŽrents, soit une multiplication par 2,5. En labsence de mouvements Žtudiants importants ou soutenus par lA.G.E.L-U.N.E.F, les moteurs dune telle croissance sont ˆ chercher ailleurs. Lattrait des services fournis par le syndicat est sans doute le principal ressort. En effet, de trs nombreux Žtudiants adhŽrent ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F sur la base des services, peut-tre pour bŽnŽficier de tarifs privilŽgiŽs. Le lien entre progression des effectifs et services est dailleurs explicitement mis en lumire au collectif national du 10 novembre 1979. Une corrŽlation est Žtablie entre la crŽation de nouveaux comitŽs et le fort dŽveloppement des services en mŽdecine, pionnire dans ce domaine. LA.G.E.L-U.N.E.F appara”t sous un nouveau jour, car les Žtudiants frŽquentent davantage les locaux et les adhŽrents. Toutefois, la nature de ces adhŽsions implique des limites et, en particulier, une trs faible implication des adhŽrents dans lorganisation et le fonctionnement du syndicat. De plus, le nombre dadhŽrents stagne en mai 1981, en dŽpit dun contexte politique trs favorable, et des Žtudiants viennent au syndicat pour bŽnŽficier des services, mais sans aucune dŽmarche syndicale.
(r) 1984 1987 : LŽvolution des effectifs de lA.G.E.L-U.N.E.F, ˆ partir de la rentrŽe 1985-1986, demeure trs incertaine. Une seule certitude : lA.G.E.L-U.N.E.F compte de 70 ˆ 80 adhŽrents en 1987-1988. Le nombre dadhŽrents se stabilise seulement en 1987-1988, sous la prŽsidence de Malika Blanc, seule rescapŽe du bureau dA.G.E. 1986-1987 !. Dans le mme temps, le syndicat U.N.E.F ID, encore faible et fragile au dŽbut des annŽes 80, bŽnŽficie ˆ plein de son positionnement lors du mouvement Žtudiant de novembre-dŽcembre 1986. LŽvolution ne date cependant pas de la fin de lannŽe 1986. DŽjˆ, aux Žlections aux conseils centraux de janvier 1986 ˆ Lyon II, lU.N.E.F-ID obtient 10 siges et fait jeu Žgal avec lA.G.E.L-U.N.E.F. Le retard de lA.G.E.L-U.N.E.F. ˆ sinvestir pleinement dans le mouvement de 1986 a sans doute amplifiŽ le dŽclin, mais il ne suffit pas ˆ lexpliquer. Les sources Žcrites, inexistantes pour les annŽes 1985-1987, ne permettent pas de comprendre cette " cassure " dans lŽvolution de lA.G.E.L-U.N.E.F..
(r) 1987 1994 : A une premire phase de stabilisation (1987-1988), succde une reprise du nombre des adhŽrents, puisque les effectifs grimpent de 70 ˆ environ 250 adhŽrents en 1994. LA.G.E.L-U.N.E.F. se renforce surtout gr‰ce aux diffŽrents mouvements revendicatifs auxquels elle participe pleinement et ˆ un intense travail de terrain : mise en place de cahiers de revendication dans les citŽs universitaires, porte ˆ porte, tenue des cha”nes dinscription, pŽtition en faveur du demi-tarif sur les TCL . Le travail de terrain se concrŽtise par des adhŽsions : 29 en 1991-1992 (porte ˆ porte ), 23 en 1992-1993, 22 en 1993-1994. Les mouvements revendicatifs, et en particulier le mouvement contre la rŽforme Jospin en 1992, mettent lA.G.E.L-U.N.E.F. sur le devant de la scne et incitent des groupuscules dextrme-gauche ˆ investir des militants. De nombreux militants de la L.C.R. et de Socialisme International adhŽrent alors ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. et forment une minoritŽ. Cependant, en dŽpit dune nouvelle croissance, la situation de lA.G.E.L-U.N.E.F. demeure prŽcaire.
Les effectifs de lA.G.E.L-U.N.E.F. fluctuent fortement en quelques annŽes. La pŽriode 1984-1987 est une excellente illustration de ce phŽnomne. Les variations sont amplifiŽes par la nature du monde Žtudiant : brivetŽ des Žtudes et instabilitŽ de la condition Žtudiante, cest ˆ dire la nŽcessitŽ pour de nombreux Žtudiants de se salarier pour continuer leurs Žtudes . Le syndicalisme Žtudiant Žvolue en osmose avec le monde Žtudiant. Par consŽquent, il est soumis ˆ un renouvellement rapide de ses adhŽrents. La durŽe dadhŽsion ˆ un syndicat Žtudiant est courte : de 2 ˆ 4 ou 5 ans maximum, sauf les cas particuliers des Žtudiants en mŽdecine. Ainsi, le collectif dA.G.E. des 22 et 23 mars 1980 comprend 13 Žtudiants en D.E.U.G., soit 50 % du total. En 1988, le bureau dA.G.E. compte cinq Žtudiants adhŽrents ˆ lU.N.E.F. depuis un an sur neuf. Par consŽquent, le syndicalisme Žtudiant est soumis ˆ la nŽcessitŽ de renouveler rapidement ses effectifs et ses responsables. LinstabilitŽ fragilise les organisations et peut parfois remettre en question leur survie. Ainsi, le cas extrme de 1987 o, ˆ lexception de Malika Blanc, le bureau dA.G.E. est entirement renouvelŽ. Stabiliser les effectifs nŽcessite des efforts constants, sinon le dŽclin est rapide. La croissance numŽrique repose sur deux ŽlŽments : une remise de carte importante et un effort pour recruter de nouveaux adhŽrents. Ainsi, lassociation de filire Histoire-GŽographie de Lyon II passe de 17 adhŽrents en 1992-1993 ˆ 23 adhŽrents en 1993-1994. Elle conjugue ˆ la fois une remise de carte correcte (11 adhŽrents sur 17 de 1992-1993 reprennent leur carte) et un effort pour recruter : 12 nouveaux adhŽrents en 1993-1994. A linverse, un dŽclin se fonde surtout sur labsence de recrutement. Cest le cas de lassociation de filire Histoire- GŽographie de Lyon III, qui passe de 12 adhŽrents en 1992-1993 ˆ 10 en 1993-1994.
AdhŽrents de l'association de filire Histoire-GŽographie de Lyon II |
|||
AnnŽe universitaire |
Total |
Nouveaux |
Cartes remises |
adhŽrents |
|||
1991-1992 |
20 |
11 |
9 |
1992-1993 |
17 |
6 |
11 |
1993-1994 |
23 |
12 |
11 |
Source : Fichier des adhŽrents de L' A.G.E.L.-U.N.E.F. 1991-1994. | |||
AdhŽrents de l'association de filire Histoire-GŽographie de Lyon III |
|||
AnnŽe universitaire |
Total |
Nouveaux |
Cartes remises |
AdhŽrents |
|||
1991-1992 |
10 |
6 |
4 |
1992-1993 |
12 |
4 |
8 |
1993-1994 |
10 |
1 |
9 |
Source : Fichier des adhŽrents de l' A.G.E.L.-U.N.E.F. 1991-1994. |
Or, la remise de carte seffectue trs bien, puisque le taux de remise de carte est de 80 % dune annŽe sur lautre . Par contre, le nombre de nouvelles adhŽsions ne cesse de diminuer et ne peut combler les dŽparts : 6 en 1991-1992, 4 en 1992-1993, 1 en 1993-1994.
LU.N.E.F. ˆ Lyon conna”t donc une Žvolution numŽrique chaotique, souvent soumise aux mouvements revendicatifs. En effet, les conflits permettent aux diffŽrents syndicats de se mettre en valeur auprs des Žtudiants et d'intŽgrer les acteurs Žtudiants encore non-syndiquŽs. Cependant, en dŽpit de sa puissance ˆ certaines pŽriodes (en particulier au dŽbut des annŽes 80), lA.G.E.L-U.N.E.F. ne rassemble quune trs faible fraction des Žtudiants lyonnais.
Taux de syndicalisation des Žtudiants ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. (en %)
1976-1977 |
1,3 |
1979-1980 |
0,55 |
1980-1981 |
0,83 |
1983-1984 |
env 2,0 |
1987-1988 |
0,11 |
1988-1989 |
0,21 |
1990-1991 |
0,21 |
1991-1992 |
0,13 |
1993-1994 |
0,25 |
Source : Archives de l' A.G.E.L.-U.N.E.F. | |
En effet, le taux de syndicalisation des Žtudiants ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. reste trs faible. Les taux, systŽmatiquement infŽrieurs ˆ 2 %, se rŽvlent extrmement faibles. De toute Žvidence, lŽpoque o lU.N.E.F. regroupait un Žtudiant sur deux appara”t dŽfinitivement rŽvolue. LA.G.E.L-U.N.E.F. na donc jamais rŽussie ˆ simplanter vŽritablement et ˆ devenir reprŽsentative du monde Žtudiant.
Cette Žvolution sinscrit dans le cadre plus large dune dŽsyndicalisation du monde Žtudiant (rejet du politique, nouvelles formes dorganisation ), mais aussi de la crise du syndicalisme en gŽnŽral dans la sociŽtŽ franaise.
De plus, une distinction est ˆ faire, et cela est valable pour toutes les organisations syndicales, entre adhŽrents et militants. Elle ne sest imposŽe que progressivement, puisque, au dŽbut du sicle, elle nexiste pas : le droit ˆ lindiffŽrence est refusŽ, limplication du syndiquŽ dans lorganisation doit tre sans faille. G.Sorel, sociologue ayant profondŽment influencŽ le syndicalisme rŽvolutionnaire, dŽclarait : " on saffaiblit en absorbant des ŽlŽments faibles ". En 1931, pour Blavet, responsable de la FŽdŽration de lEnseignement C.G.T.U. du Rhone, " il vaut mieux tre moins nombreux mais unis et dŽcidŽs, que davoir ˆ tra”ner une masse qui vous alourdit, vous encha”ne et vous trahit ". Une confusion rgne donc alors entre adhŽrents et militants.
Cependant, une hiŽrarchie se met progressivement en place suivant les diffŽrents degrŽs dimplication : non-adhŽrent, Žlecteur sympathisant, cotisant, militant. LA.G.E.L-U.N.E.F. se compose de cotisants, de non-cotisants (le paiement de la cotisation ne conditionne pas lappartenance au syndicat) et de militants. Le militant cumule souvent de multiples charges : Žlu Žtudiant, responsable ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. . Il arrive frŽquemment que des responsables dA.G.E. mettent leurs Žtudes en sommeil au profit exclusif du syndicalisme. La taille du noyau militant demeure trs restreinte et ne dŽpasse jamais la centaine. Il conna”t une Žvolution selon les pŽriodes, mais ne fluctue jamais dans des proportions importantes. De 50 ˆ 100 Žtudiants jusquau dŽbut des annŽes 80, il diminue fortement pour atteindre une petite vingtaine en 1987. Ensuite, une petite reprise se fait sentir et lA.G.E.L-U.N.E.F. compte en 1988-1989 une soixantaine de militants. Une augmentation significative du nombre dadhŽrents nengendre pas deffets similaires sur le noyau militant. En 1983-1984, lA.G.E.L-U.N.E.F. compte 800 adhŽrents de plus par rapport ˆ 1976, mais, dans le mme laps de temps, la taille du noyau militant demeure stable. Ce dŽcalage met en lumire le phŽnomne des adhŽsions utilitaires, cest ˆ dire fondŽes sur les services.
LA.G.E.L-U.N.E.F. ne peut donc pas fonder sa reprŽsentativitŽ sur ses effectifs, puisquelle ne rassemble quune faible fraction des Žtudiants. De plus, le syndicalisme Žtudiant est confrontŽ ˆ un facteur nettement dŽfavorable : le renouvellement rapide de ses adhŽrents. Sans base stable, lessentiel de lactivitŽ syndicale est assumŽe par un noyau de militants dŽvouŽs, nhŽsitant pas ˆ sacrifier une partie de leurs Žtudes. Ces quelques traits de caractre du syndicalisme Žtudiant se retrouvent depuis quelques annŽes dans le syndicalisme ouvrier, lui aussi touchŽ depuis le milieu des annŽes 70 par la dŽsyndicalisation. Le milieu Žtudiant semble donc avoir ŽtŽ touchŽ trs t™t par la dŽsyndicalisation.
Lyon I appara”t, durant les premires annŽes de lA.G.E.L-U.N.E.F., comme la principale implantation , notamment gr‰ce ˆ lI.N.S.A., qui fournit les premiers prŽsidents dA.G.E.. La prŽsence de lA.G.E.L-U.N.E.F. est ancienne, puisque cest en partie dans lamicale des sciences U.N.E.F. que se dŽveloppe lU.N.E.F- Renouveau ˆ Lyon en dŽcembre 1968. Elle perdure sans problmes notables jusquen 1994. Durant cette pŽriode, les effectifs fluctuent fortement, mais demeurent toujours assez consŽquents. Une forte implantation permet ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. de multiplier ses structures de faon viable afin de rester au plus prs des Žtudiants. En 1977, elle possde des comitŽs dans huit filires (D.E.U.G. A1, A2, B1, B2, licence de MathŽmatiques, MŽdecine, EPS, I.N.S.A.), dans 14 en 1979-1980 (MathŽmatiques, Physique-Chimie, EPS, Sciences Naturelles, IUT 1, IUT 2, KinŽsithŽrapie, Odontologie, LyonNord, Pharmacie, Grange-Blanche, Sud-Ouest, Alexis-Carrel, INSA), 5 en 1988-1989 (Filires 1,2,4,5, INSA), et 9 en 1993-1994 (Filires 1,2,3,4,5,15,T1,UFRAPS,IUT). Des associations de filire atteignent des tailles importantes. En 1981, le groupe dŽtude MŽdecine compte 250 adhŽrents et le groupe dŽtude Sciences 210. De 1971 ˆ 1994, la prŽsence de lA.G.E.L-U.N.E.F. ˆ Lyon I demeure forte, mme si limplantation en mŽdecine est perdue au milieu des annŽes 80. Elle permet ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. de multiplier ses structures et ainsi de renforcer son intervention gr‰ce ˆ une plus grande proximitŽ avec les Žtudiants.
A luniversitŽ Lyon II, lA.G.E.L-U.N.E.F. conna”t une implantation assez difficile, mme si elle devient rapidement une place majeure. De 1972 ˆ 1975, lA.G.E.L-U.N.E.F. na que quatre ComitŽs dAction, variables dans le temps : Lettres, Histoire-GŽographie, Droit et Sciences Economiques en 1972, Lettres, Droit, Sciences Economiques et Bron en 1973, et Pasteur, Bron, Histoire, Psychologie en 1975. Cette implantation restreinte sexplique par la place tenue par le campus de Bron au sein de lUniversitŽ Lyon II. En effet, lA.G.E.L-U.N.E.F. doit simplanter sur un nouveau campus ŽloignŽ et isolŽ des autres sites universitaires. DŽjˆ confrontŽe ˆ labsence de tradition militante dans ce nouveau campus, elle doit aussi composer avec linfluence des groupes gauchistes, en particulier dans les sciences sociales. Par consŽquent, si des associations de filires existent, limplantation prend le plus souvent une forme gŽographique. Ainsi, en 1973, le C.A. Bron regroupe lensemble des adhŽrents du campus. La fin des annŽes 70 est marquŽe par un trs net renforcement de limplantation de lA.G.E.L-U.N.E.F.. Elle est alors prŽsente dans la plupart des filires. En 1979-1980, huit comitŽs existent : Sciences Economiques, Sciences du Langage, IEP, Sciences de lHomme et de son Environnement, IPSE, Lettres, Psychologie, Sciences Juridiques. Aprs un dŽclin trs net au milieu des annŽes 80, sa prŽsence se rŽduit au campus de Bron o elle gre une coopŽrative, elle se rŽimplante dans la plupart des filires de 1988 ˆ 1994. En 1993-1994, lA.G.E.L-U.N.E.F. est prŽsente en Histoire-GŽographie, Psychologie-Sociologie, Sciences du Langage, AES-Droit, Lettres-Langues et Quais. Ce renouveau a ŽtŽ possible gr‰ce ˆ un intense travail de terrain : pŽtitions, sos-examen, sos-inscription, mouvement Žtudiant contre la rŽforme Jospin . Cependant, un certain dŽsŽquilibre appara”t : forte ˆ Bron o les Žtudiants de premier cycle sont trs rŽceptifs et prŽsents, limplantation demeure fragile sur les Quais, o sont concentrŽs les deuxime et troisime cycles, peu prŽsents. Les adhŽrents sont alors regroupŽs sur une base gŽographique et non par filires.
LA.G.E.L-U.N.E.F. est donc un syndicat Žtudiant particulirement prŽsent sur Lyon I et Lyon II : prŽsence continue dans la durŽe, multiplication des structures gr‰ce ˆ un nombre dadhŽrents suffisant, vŽritable reprŽsentativitŽ des diffŽrentes filires . Toutefois, son implantation gŽographique se rŽduit au milieu des annŽes 80 : disparition de mŽdecine, passage de lassociation IEP ˆ lU.N.E.F-ID ˆ la fin des annŽes 80, affaiblissement numŽrique de certaines associations rŽduites ˆ quelques adhŽrents. Cette prŽsence accrue sur quelques campus spŽcifiques peut sexpliquer par un milieu globalement plus favorable. Le milieu politique est plus porteur, puisque, jusquˆ rŽcemment encore, Lyon II possŽdait limage dune universitŽ de gauche. De plus, avec laffaiblissement des groupes gauchistes, lUnion des Etudiants Communistes a sans doute rŽussi ˆ simplanter davantage, procurant ainsi adhŽrents et militants ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F.. Lattitude de ladministration, trs tolŽrante, est aussi essentielle. En autorisant la prŽsence des syndicats Žtudiants sur les cha”nes dinscription, en octroyant des locaux , elle facilite grandement le travail des syndicats Žtudiants. Enfin, la prŽsence de services et de coopŽratives sur ces deux universitŽs a sans doute facilitŽ le contact avec les Žtudiants.
Dans les autres Žtablissements dEnseignement SupŽrieur de Lyon, limplantation devient alŽatoire dans le temps et dans lespace. Il faut cependant distinguer luniversitŽ Lyon III des autres Žtablissements, cest ˆ dire les Žcoles : grandes Žcoles, Žcole darchitecture .
LuniversitŽ Lyon III, issue de la scission de luniversitŽ Lyon II en dŽcembre 1973, devient rapidement un terrain difficile pour lA.G.E.L-U.N.E.F.. Contrairement au campus de Bron, vŽritable " terre vierge ", lA.G.E.L-U.N.E.F. possde une implantation, certes considŽrablement affaiblie mais toujours prŽsente, ˆ Lyon III. En effet, la scission entra”ne dans le giron de Lyon III les facultŽs de droit et de philosophie principalement. Or, les adhŽrents de lA.G.E.L-U.N.E.F. en droit sinscrivent pour lessentiel en sciences juridiques ˆ Lyon II. Quelques adhŽrents demeurent, mais trs peu de militants hormis en facultŽ de philosophie. A partir de 1975, quelques comitŽs daction existent en droit principalement. LA.G.E.L-U.N.E.F. stagne par la suite et se heurte ˆ lU.N.I.. En dŽcembre 1988, sa prŽsence se rŽduit ˆ nouveau ˆ quelques adhŽrents sur le campus de la Doua, o Lyon III loue des locaux. Les premires Žlections aux conseils centraux depuis 1982 offrent ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. loccasion de se rŽimplanter sur Lyon III. Les rŽsultats, modestes, permettent un nouveau dŽpart. Trois associations de filires existent en 1991-1992, quatre en 1993-1994. Par contre, louverture du campus de la Manufacture ne permet pas un nouvel Žlan, puisquil ne compte que huit adhŽrents en 1993-1994. De plus, des associations sessoufflent et connaissent des difficultŽs ˆ renouveler leurs adhŽrents. Le renouveau de lA.G.E.L-U.N.E.F. ˆ Lyon III se concrŽtise dans lŽmergence de nouveaux responsables, dabord au niveau des associations de filires, puis au niveau de lA.G.E. . Ainsi, Lyon III fournit deux prŽsidents dA.G.E. : F. Toulat (1991-1992) et E. Marguinaud (1993-1994). Pourtant, les difficultŽs ne manquent pas ˆ Lyon III : hostilitŽ de ladministration, milieu associatif et politique trs dŽfavorable. DŽs la scission de 1973, lA.G.E.L-U.N.E.F. se heurte ˆ ladministration trs conservatrice de la nouvelle universitŽ. Le dŽcret Rolland, du nom du prŽsident de luniversitŽ, inaugure une pŽriode daffrontements en interdisant la tenue de stands dans lenceinte de luniversitŽ, sauf autorisation du prŽsident sur demande Žcrite une semaine ˆ lavance. En 1991, contrairement aux attitudes des administrations de Lyon I et Lyon II, le prŽsident de luniversitŽ refuse la prŽsence de lA.G.E.L-U.N.E.F. sur les cha”nes dinscription en invoquant des prŽtextes de sŽcuritŽ et de neutralitŽ. Toujours en 1991, face ˆ labsence de rŽponse de la part de ladministration, le congrs national de lU.N.E.F., qui devait se tenir initialement ˆ luniversitŽ Lyon III se tient finalement ˆ luniversitŽ Lyon I. Outre lhostilitŽ de ladministration, lA.G.E.L-U.N.E.F. se trouve en butte ˆ un milieu associatif et politique difficile. Le milieu Žtudiant de Lyon III, dune sensibilitŽ politique plus " conservatrice " ou indiffŽrente, est moins rŽceptif aux thses de lA.G.E.L-U.N.E.F.. Les adhŽrents sont soumis ˆ lhostilitŽ des associations Žtudiantes comme la corpo de Lyon III et parfois aux violences dune minoritŽ activiste dextrme-droite.
Dans les autres Žtablissements denseignement supŽrieur, les implantations ont un caractre ŽphŽmre marquŽ et ne survivent jamais plus de quelques annŽes. Une chronologie sommaire de ces implantations peut tre Žtablie :
1972 : Architecture, Sup. de commerce.
1973 : Classes prŽparatoires (Augustin, Herriot, Le Parc, La MartiniŽre), Ecole Centrale.
1975 : Ecole Centrale, classes prŽparatoires, Ecole dArchitecture.
1977 : Classes prŽparatoires.
1979-1980 : Classes prŽparatoires, Ecole de tourisme Tournon.
1989-1990 : aucune.
1991-1992 : Classes prŽparatoires- ENS- IUFM, IUT- BTS- Ecoles.
1992-1993 : BTS- IUT, IUFM- ENS.
1993-1994 : BTS-IUT, Classes prŽparatoires, FacultŽ catholique, Ecole dinfirmire, ENSI, Architecture, CitŽ Universitaire Puvis de Chavannes.
Les implantations sont donc trs ŽphŽmres et possdent pour la plupart des effectifs marginaux. Le C.A. Architecture est composŽ, en 1972, dune dizaine dadhŽrents et se rŽduit ˆ quelques personnes en 1978, date ˆ laquelle il dispara”t. Lassociation de filire " Classes prŽparatoires, ENS, IUFM " rassemble cinq adhŽrents en 1991-1992 et lassociation " IUT, BTS, Ecoles " six adhŽrents. La faible implantation de lA.G.E.L-U.N.E.F. dans ces Žcoles tient avant tout ˆ leur nature. En effet, elles laissent en gŽnŽral peu de temps libre aux Žlves et sont peu intŽgrŽes ˆ la vie Žtudiante et universitaire. Les milieux dorigine, les conditions de vie et dŽtudes sont trs diffŽrentes de lUniversitŽ. Par consŽquent, le syndicalisme Žtudiant style A.G.E.L-U.N.E.F. est peu adaptŽ ˆ ce milieu et prend difficilement racine. Les adhŽsions sont rares et souvent mžrement rŽflŽchies. LA.G.E.L-U.N.E.F. possŽde aussi une part de responsabilitŽ : elle ne fait sans doute pas les efforts nŽcessaires pour simplanter dans les autres Žtablissements. Dailleurs, lattitude de la seule implantation de lU.G.E. ˆ Lyon, cest ˆ dire lI.N.S.A., presque essentiellement tournŽe vers lA.G.E.L-U.N.E.F., contribue ˆ cette situation.
LA.G.E.L-U.N.E.F. se veut et se dŽfinit comme un syndicat de masse, cest ˆ dire un syndicat regroupant tous les Žtudiants, quelle que soit leur appartenance politique, religieuse , afin de crŽer un rapport de force ˆ lUniversitŽ. Toutefois, elle demeure un syndicat numŽriquement non-reprŽsentatif du milieu Žtudiant lyonnais, puisquelle syndique entre 0,1 et 2,0 % des Žtudiants selon les pŽriodes. Une prise de conscience de cette situation se fait trs rapidement au sein de lA.G.E.L-U.N.E.F..
Le congrs dAGE de 1972 aborde cette question et redŽfinit la notion de syndicat de masse. LU.N.E.F. est un syndicat de masse, non par le nombre de ses adhŽrents, mais par son audience mesurŽe partiellement par les Žlections universitaires. Elle tire donc sa lŽgitimitŽ et sa reprŽsentativitŽ des listes quelle prŽsente aux Žlections universitaires. Les Žlections universitaires sont dautant plus importantes pour lA.G.E.L-U.N.E.F. quelle considre celles-ci comme un rŽfŽrendum sur ses solutions pour lUniversitŽ : " Nous ne demandons pas aux Žtudiants de voter seulement pour lA.G.E.L-U.N.E.F., mais de se prononcer aussi sur son programme de revendications ".
LA.G.E.L-U.N.E.F. tente donc, en gŽnŽral, de prŽsenter partout des listes. Cependant, le nombre trop restreint de ses adhŽrents ne lui permet pas de constituer des listes dans toutes les U.E.R. . Pour pallier ˆ cette situation, elle propose et prŽsente sur ses listes des Žtudiants non-syndiquŽs. Ainsi, aux Žlections dU.E.R. de dŽcembre 1974, elle propose aux Žtudiants de se prŽsenter sur ses listes avec pour seule condition lengagement de faire aboutir la plate-forme revendicative. LA.G.E.L-U.N.E.F. peut ainsi constituer des listes lˆ o elle ne compte pas suffisamment de forces et sattirer la lŽgitimitŽ des " non- syndiquŽs ".
Les rŽsultats obtenus par lA.G.E.L-U.N.E.F. aux diffŽrentes Žlections universitaires permettent de se faire une idŽe de laudience de ce syndicat. Cependant, cette audience doit tre relativisŽe par la faible participation des Žtudiants, par le boycott des Žlections par lU.N.E.F- UnitŽ Syndicale, et par la diffŽrence entre le geste de voter pour une liste syndicale et ladhŽsion aux idŽes et aux actions dun syndicat Žtudiant. Laudience Žlectorale de lA.G.E.L-U.N.E.F. varie dans le temps et selon les universitŽs et les filires.
En effet, on peut, dans le temps, distinguer quatre pŽriodes distinctes et possŽdant des caractŽristiques propres.
De 1969 ˆ 1977 environ, lA.G.E.L-U.N.E.F. fait son apparition dans le jeu Žlectoral et progresse fortement. Ainsi, ˆ Lyon II, elle passe de 9,6 % des siges en 1969, ˆ 29,5 % en 1970, 36,4 % en 1971, 30,3 % en 1973, 38,5 % en 1975 et 33,3 % en 1977. La phase de progression est suivie dune stabilisation des rŽsultats Žlectoraux. Ce schŽma se retrouve avec un certain dŽcalage dans le temps ˆ luniversitŽ Lyon I. La forte progression en nombre de siges de lA.G.E.L-U.N.E.F. est essentiellement due ˆ une implantation toujours plus poussŽe sur le terrain. La crŽation de nouvelles associations de filire permet progressivement la crŽation de listes dans lensemble des U.E.R.. A Lyon I, le processus est plus lent quˆ Lyon II, mais la corrŽlation entre les deux est Žvidente : lA.G.E.L-U.N.E.F. prŽsente en 1969 5 listes, en 1972 5 listes dans les 18 U.E.R, en 1973 5 listes, en 1974 9 listes sur 18, en 1975 9 listes sur 18 et en 1976 11 listes sur 18. Cependant, les Žlections dans une U.E.R. ayant lieu par collge (lŽquivalent le plus souvent dune annŽe dŽtude ou dun cycle), lA.G.E.L-U.N.E.F. ne dispose pas encore des capacitŽs, des ressources humaines nŽcessaires pour prŽsenter des listes dans tous les collges dune U.E.R.. Limpact des multiples mouvements Žtudiants qui jalonnent cette pŽriode semble variable, alŽatoire. La progression de laudience de lA.G.E.L-U.N.E.F. lors des Žlections dU.E.R. de Lyon I en dŽcembre 1976 est davantage la consŽquence de la multiplication des listes, que de limpact du mouvement Žtudiant contre la rŽforme du second cycle en mars-avril 1976. A linverse, ˆ Lyon II, le mouvement Žtudiant de 1976 permet ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. de capitaliser le soutien des Žtudiants, puisquaux Žlections dU.E.R. de dŽcembre 1976, elle obtient 55,5 % des siges contre 38,5 % lannŽe prŽcŽdente. Or, le nombre des ses listes passe seulement de 5 ˆ 7 sur les 10 U.E.R. que compte luniversitŽ. Le mouvement, particulirement fort ˆ Lyon II, a permis ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. de recueillir un capital de sympathie qui, au moment des Žlections dU.E.R., sest transformŽ en suffrages favorables.
De 1978 ˆ 1984, les divers rŽsultats des Žlections dU.E.R. permettent ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. de revendiquer une vŽritable reprŽsentativitŽ des Žtudiants. Elle dŽtient parfois la majoritŽ des siges dans les universitŽs Lyon I et Lyon II. A Lyon II, elle obtient 60,0 % des 25 siges pourvus en dŽcembre 1979 et ˆ Lyon I 55,4 % des 121 siges pourvus en dŽcembre 1982. Elle rŽussit aussi ˆ obtenir de bons rŽsultats ˆ Lyon III, universitŽ pourtant longtemps rŽputŽe pour son conservatisme. Ainsi, elle remporte 25,4 % des siges aux Žlections dU.E.R. de fŽvrier 1982 et devient ainsi la premire association Žtudiante de Lyon III. En fŽvrier 1984, lA.G.E.L-U.N.E.F. dispose, sur les seuls campus universitaires de Lyon I et de Lyon II de 93 Žlus dans les conseils dU.E.R . Divers facteurs expliquent la prŽpondŽrance de lA.G.E.L-U.N.E.F. dans le paysage Žtudiant lyonnais. Tout dabord, la forte progression de ses effectifs ˆ partir de 1979 lui permet de prŽsenter des listes dans la plupart des U.E.R.. A Lyon II, lA.G.E.L-U.N.E.F. peut prŽsenter 9 listes dans les 10 U.E.R en 1979 et 1982. A Lyon I, elle prŽsente 11 listes en janvier 1984 contre 7 en dŽcembre 1978. Ensuite, la crŽation du CERCOOPE durant lŽtŽ 1979 est un atout indŽniable pour lA.G.E.L-U.N.E.F.. En effet, les Žtudiants vont plus facilement voter pour lassociation dont ils frŽquentent le local et profitent des divers services, crŽant ainsi une " sorte de clientŽlisme ". Par contre, labsence de mouvement Žtudiant dampleur ne semble pas pŽnaliser lA.G.E.L-U.N.E.F.. Au contraire, le mouvement Žtudiant de 1983 auquel elle soppose lui est sans doute dŽfavorable, en particulier ˆ Lyon III. Elle subit, ˆ partir des Žlections dU.E.R. de janvier 1982, la concurrence de lU.G.E.L-U.N.E.F-ID. En effet, prenant prŽtexte dune promesse du ministre de lEducation Nationale dabroger la loi Faure, lU.N.E.F-ID rompt avec la politique de boycott inaugurŽe en 1971 et prŽsente des listes pour " labrogation de la loi Faure ". DŽs janvier 1982, lU.N.E.F-ID devient une rivale sŽrieuse : elle obtient 25 siges ˆ Lyon II, contre 37 ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F.. Jusquen 1982, lA.G.E.L-U.N.E.F. na pas de vŽritable concurrence dans les Žlections universitaires de la part des organisations Žtudiantes de gauche. A partir de cette date, elle est confrontŽe ˆ un syndicat Žtudiant de gauche dont laudience nest pas nŽgligeable.
De 1986 ˆ 1994, une nouvelle pŽriode dŽbute pour lA.G.E.L-U.N.E.F.. En effet, ˆ la disparition des ses adhŽrents sajoute lŽrosion lente de son audience auprs des Žtudiants. Les Žlections dU.E.R. de Lyon II en dŽcembre 1990 marquent le creux de la vague : avec 8 Žlus et 11, 80 % des suffrages exprimŽs, lA.G.E.L-U.N.E.F. obtient moins dŽlus que lU.N.E.F-ID. Le dŽclin est plus long ˆ Lyon I, en partie gr‰ce ˆ une prŽsence accrue sur le terrain. LannŽe 1992 appara”t comme lannŽe noire pour le syndicat lyonnais, puisquil nobtient aucun Žlu ˆ Lyon III, 2 ˆ Lyon I et 10 ˆ Lyon II. Toutefois, un lŽger sursaut se fait dŽjˆ sentir ˆ Lyon II et se confirme en 1993, puisque lA.G.E.L-U.N.E.F. retrouve des Žlus dans les trois universitŽs de Lyon. Cette Žrosion sexplique certes par leffondrement du nombre des adhŽrents de lA.G.E.L-U.N.E.F. : elle ne dispose dŽsormais plus des capacitŽs nŽcessaires pour dŽposer dans la plupart des filires des listes. Ainsi, lors des Žlections dU.F.R. de Lyon II en dŽcembre 1992, elle ne peut prŽsenter des listes que dans trois U.E.R : Lettres, Sciences du Langage et Arts ; Langues ;et Histoire-GŽographie. Pourtant, cette explication ne suffit pas. En dŽcembre 1990, lors des Žlections dU.F.R. de Lyon II, elle nobtient que 16,6 % des siges, alors quelle prŽsentait des listes dans 8 U.F.R sur 10. DŽsormais, lA.G.E.L-U.N.E.F. se heurte, non seulement ˆ lU.N.E.F-ID, mais aussi ˆ des associations Žtudiantes corporatives solidement implantŽes dans les U.F.R. et souhaitant jouer pleinement leur r™le dans les conseils. Elles sont nombreuses, bien structurŽes et trs dynamiques : SOCIOFIL, Petits DALosent, ELYPSY ˆ Lyon II, lAEBL, Turbulences ˆ Lyon I. A cela sajoute naturellement de multiples facteurs trs difficiles ˆ cerner : rejet du politique, place prŽpondŽrante de lU.N.E.F-ID dans la lutte contre le projet Devaquet, dŽclin du CERCOOPE .
Les rŽsultats des Žlections universitaires offrent ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. une vŽritable reprŽsentativitŽ, quelle nest pas capable dobtenir par le nombre de ses adhŽrents. Son audience est vŽritablement forte entre 1979 et 1984, puisquelle obtient rŽgulirement plus de 30 % des siŽges aux Žlections universitaires. Cependant, les Žlections confirment en gŽnŽral limplantation du syndicat et ne lui permettent pas dŽlargir vŽritablement son audience lˆ o elle Žprouve des difficultŽs. Les urnes permettent donc ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. de se prŽvaloir dune certaine lŽgitimitŽ et reprŽsentativitŽ du monde Žtudiant.
II. Une prŽsence au quotidien.
1. Informer les Žtudiants..
Le syndicalisme Žtudiant se traduit concrtement par une activitŽ, une prŽsence au quotidien, et ce contrairement au syndicalisme ouvrier. Cette prŽsence au quotidien a pour trame de multiples t‰ches informelles.
La prŽsence au quotidien de lA.G.E.L-U.N.E.F. consiste tout dabord dans linformation des Žtudiants. VŽritable organe dinformation pour les Žtudiants, lA.G.E.L-U.N.E.F. dispose pour cela de diffŽrents moyens.
Linformation Žcrite tient une place essentielle. En effet, lA.G.E.L-U.N.E.F. publie tout au long de lannŽe universitaire une abondante littŽrature ˆ destination des Žtudiants. Les tracts occupent une place privilŽgiŽe au sein de cette production. PubliŽs en toutes occasions, ils sont peu cožteux (surtout avec le dŽveloppement des services) et diffusables en grande quantitŽ. Ils abordent des thmes trs divers : organisation de boums, rŽformes universitaires, situation universitaire, informations pratiques . Ainsi, pour les cha”nes dinscription de 1991, trois tracts destinŽs aux trois universitŽs sont publiŽs et abordent les problmes financiers et matŽriels des universitŽs, la prŽsence de lA.G.E.L-U.N.E.F. au sein des conseils universitaires, le problme des inscriptions et le dispositif SOS- Inscriptions. Ils juxtaposent ˆ la fois une analyse de la situation universitaire locale et nationale. Cest en particulier le cas lors des mouvements Žtudiants de forte amplitude.
Hormis les tracts, lA.G.E.L-U.N.E.F. Ždite chaque annŽe un guide destinŽ aux Žtudiants. Il para”t dŽs 1972-1973 gr‰ce ˆ un ancien adhŽrent de lA.G.E.L-U.N.E.F. travaillant dans une entreprise spŽcialisŽe dans la publicitŽ. LA.G.E.L-U.N.E.F. sinscrit ainsi dans la continuitŽ de lA.G.E.L., qui Žditait en commun avec la M.N.E.F. un guide. (Guide paraissant toujours en 1972-1973). DistribuŽ gratuitement ˆ 15 000 exemplaires, il est entirement couvert par les recettes tirŽes de la publicitŽ. Il est publiŽ rŽgulirement jusquˆ la fin des annŽes 70, la formule du guide gratuit Žtant alors abandonnŽe au profit dun guide- agenda payant. Au dŽbut des annŽes 90, un guide, dun volume plus rŽduit, est ˆ nouveau ŽditŽ ˆ 40 000 exemplaires. Globalement, le contenu du guide Žvolue peu, en dŽpit dune rŽactualisation des informations. Il contient diverses informations pratiques pour lŽtudiant (adresses des universitŽs et Žcoles, Žtudes, plan de Lyon et adresses pratiques, les uvres universitaires, les bourses, les transports, le service militaire, les loisirs) et des renseignements et informations strictement syndicales. Le guide est un support intŽressant pour lA.G.E.L-U.N.E.F. : permettant de mler informations pratiques et syndicales, il possde une durŽe de vie plus longue, puisque les Žtudiants sont susceptibles de le conserver toute lannŽe.
Enfin, lA.G.E.L-U.N.E.F. publie une littŽrature assez abondante en direction des Žtudiants. De multiples bulletins dinformation sont ŽditŽs par les associations de filire. Une vingtaine de revues environ est rŽpertoriŽe pour une pŽriode couvrant de 1970-1971 ˆ 1986. Cependant, elles sont trs irrŽgulires dans le temps. Une concentration appara”t sur une brve pŽriode : 15 revues sur 19 paraissent dans les annŽes 70, dont 9 entre 1975 et 1980. Sans doute faut- il alors inscrire ce foisonnement de publications sur une si brve pŽriode dans un cadre plus large que le monde universitaire ?. En tout cas ce phŽnomne dŽcro”t rapidement dintensitŽ, puisque seuls trois bulletins voient le jour entre 1980 et 1985, un en 1986, et aucun par la suite. Les bulletins sont marquŽs par une pŽriodicitŽ brve et alŽatoire. Il nexiste pas de dates de sortie rŽgulires et les revues ne perdurent en gŽnŽral que quelques numŽros. Hormis lInsalien (1973-1977), la SantŽ en bataille (1974-1975) et lEveil (1978-1980), les divers autres bulletins ne soufflent pas leur premire bougie . Ainsi, UNEF- SantŽ mensuel, bulletin du comitŽ U.N.E.F- MŽdecine fondŽ ˆ loccasion des Žlections universitaires ne para”t quune seule fois, en dŽpit dune parution rŽgulire envisagŽe. Le renouvellement rapide des adhŽrents, les pŽriodes dintense activitŽ syndicale rendent la parution difficile et trs alŽatoire. Hormis cette irrŽgularitŽ dans le temps, une seconde constatation simpose : les publications sont presque essentiellement luvre des associations de filire de Lyon I et de lŽcole darchitecture. En effet, sur 19 bulletins, cinq ont ŽtŽ publiŽs par les Sciences, un par lI.N.S.A., trois par lArchitecture, deux par MŽdecine, deux par MŽdecine Sud- Ouest, un par les classes prŽparatoires, un par le Droit et quatre par lA.G.E.. Aucune revue prŽsente dans les archives na ŽtŽ publiŽe par des associations de filire de Lyon II. Le cas de lŽcole dArchitecture est un peu particulier. En effet, un bulletin dinformation est rapidement crŽe lorsque le C.A. U.N.E.F- Architecture prend position en faveur du renouveau en 1970. A ce prŽalable sajoute un esprit de corps particulier aux Žcoles, mais aussi un Žloignement vis ˆ vis des principaux centres universitaires, puisque lŽcole se situe ˆ Vaux en Velin. Ce contexte favorise la crŽation et lexistence dun bulletin dinformation. En mŽdecine, la concurrence avec des corpos solidement implantŽes peut expliquer lexistence de publications. Outre ces raisons particulires, la crŽation dun bulletin par des adhŽrents dŽnote avant tout de lenvie dinformer, de dŽbattre et dexpliquer. Ainsi, le comitŽ de rŽdaction du journal des comitŽs U.N.E.F. D.E.U.G. A1- A2 Histoire dA, AGEL- UNEF, qui para”t en 1976, assigne quatre objectifs ˆ son journal : permettre lexpression des Žtudiants, informer les Žtudiants de premire annŽe sur la deuxime annŽe, informer les Žtudiants de D.E.U.G. A et intŽgrer les Žtudiants de premire annŽe ˆ la vie de la facultŽ. Le tirage et la diffusion de ces bulletins demeurent souvent modestes. Hormis trois publications de lA.G.E. destinŽes exclusivement aux adhŽrents et ˆ quelques exceptions, les revues ont pour objectif une diffusion large au sein des Žtudiants de la filire. En sadressant ˆ un public restreint, les tirages sont forcŽment rŽduits : Bachons Ensemble tire ˆ 250 exemplaires, Histoire dA ˆ 1000 exemplaires, lEveil ˆ 1000 exemplaires et le Diplo ˆ 500 exemplaires. Les faibles tirages sont aussi limitŽs par la charge financire quils reprŽsentent. Ainsi, Bachons Ensemble, tirŽ ˆ 250 exemplaires, cožte 450 francs au dŽbut des annŽes 80. La diffusion gratuite Žtant trop lourde financirement, le numŽro est vendu 2 francs, ce qui limite encore la diffusion et le tirage . Une exception est ˆ noter : Impact Etudiant. En effet, lA.G.E.L-U.N.E.F. tente de lancer au dŽbut de lannŽe 1986 un mensuel gratuit en collaboration avec le CERCOOPE. TirŽ ˆ 15 000 exemplaires, ce mensuel rappelle lŽpoque de la " grande U.N.E.F. " o lA.G.E.L. disposait de son propre journal, Lyon- UniversitŽ. De rŽels efforts sont rŽalisŽs : la prŽsentation type RonŽos ou Gestetner laisse la place ˆ la couleur, au papier glacŽ, aux photos . Epais dune trentaine de pages, il se veut avant tout ludique et instructif. Les articles dinformation syndicale sont abandonnŽs au profit, surtout, darticles culturels. Hormis lŽditorial du prŽsident de lA.G.E.L-U.N.E.F., les articles portent sur le cinŽma, la poŽsie, la politique, des enqutes, des interviews, des ouvrages, des problmes de sociŽtŽ comme la drogue, des adresses utiles, des adresses pour sortir, des petites annonces, des jeux . Cependant, cette tentative sachve assez rapidement, puisque la parution cesse dŽs le deuxime numŽro.
Outre lŽcrit, loral occupe une place essentielle dans linformation des Žtudiants. Elle se fait principalement par les interventions des adhŽrents de lA.G.E.L-U.N.E.F. pendant les cours. Cette pratique est plus ou moins tolŽrŽe par les professeurs et les administrations des universitŽs lyonnaises. Les prises de parole ont lieu durant toute lannŽe universitaire pour faire le compte- rendu de rŽunions, faire signer des pŽtitions . Elles ont pour but dinformer les Žtudiants, mais aussi dentra”ner une rŽaction, une Žmotion immŽdiate. De la qualitŽ de lintervention va dŽpendre la signature dune pŽtition par tout un amphithŽ‰tre. Cependant, elle nest pas accessible ˆ tous les adhŽrents ou militants, car elle laisse lorateur seul face ˆ des dizaines dŽtudiants. De taille plus rŽduite , la discussion en petits groupes concoure Žgalement ˆ la circulation de linformation. Les locaux syndicaux, surtout quand ils bŽnŽficient de lattraction exercŽe par les services, sont le lieu idŽal : " On faisait passer beaucoup dinformations par les locaux du CERCOOPE. CŽtait vŽritablement un lieu o on avait la chance de toucher les Žtudiants .
2. Conna”tre les revendications des Žtudiants.
Une autre activitŽ quotidienne de lA.G.E.L-U.N.E.F. consiste ˆ conna”tre les revendications des Žtudiants. En effet, elle nest pas, en dŽpit de ses prŽtentions, un syndicat de masse, reprŽsentatif des Žtudiants. Au contraire, son implantation est souvent incomplte ou trs faible dans certaines filires. De plus, elle dŽmontre ainsi sa proximitŽ, son Žcoute des Žtudiants et de leurs problmes.
Les cahiers de revendication sont alors abondamment mis ˆ contribution. ConstituŽs de feuilles blanches, ils permettent aux Žtudiants de sexprimer librement sans poser au prŽalable les propositions de lU.N.E.F. ou son analyse de la situation universitaire. On peut distinguer des pŽriodes dutilisation diffŽrentes, rŽpondant ˆ des prŽoccupations et ˆ des objectifs particuliers.
De 1973 environ au milieu des annŽes 80, lemploi des cahiers de revendication nest pas au centre des prŽoccupations de lU.N.E.F.. Les premiers cahiers de revendication apparaissent vers 1973. Ils sont alors dans une stratŽgie, une orientation plus large de dŽvelopper lA.G.E.L-U.N.E.F. dans les T.D. et les amphithŽ‰tres. Le but est de dŽcentraliser les structures de lU.N.E.F. au maximum, afin dtre au plus prŽs des Žtudiants. Les Žtudiants doivent prendre en charge la rŽdaction de leurs revendications et les moyens de les satisfaire : " On avait commencŽ ˆ poser la question des cahiers de revendication et ˆ travailler T.D. par T.D. CŽtait notre grosse obsession : il faut travailler T.D. par T.D., aller au plus prŽs des Žtudiants pour quils prennent en charge eux- mmes la rŽdaction de leurs revendications et les moyens de les satisfaire. CŽtait le dŽbut et cŽtait dur, car il fallait du monde partout ". Les cahiers de revendication ont donc pour objectif, plus que de conna”tre les problmes des Žtudiants, de responsabiliser les Žtudiants. Il faut Žveiller, faire prendre conscience aux Žtudiants de leur condition. Laspect connaissance des revendications est dautant moins important que lA.G.E.L-U.N.E.F. dŽveloppe paralllement son propre projet pour lUniversitŽ : projet dallocation dŽtude, uvres universitaires et sociales .
Du milieu des annŽes 80 ˆ environ 1990, lA.G.E.L-U.N.E.F. dŽveloppe un discours plus gŽnŽral, plus politique : " Quand jai pris la prŽsidence, on avait un discours beaucoup plus gŽnŽral, beaucoup plus thŽorique, national. [ ] Avec la prŽparation du congrs de Toulouse, une modification stratŽgique sopre [ ]. CŽtait lidŽe quil fallait un syndicat beaucoup plus utile aux Žtudiants et quil fallait partir non pas de problmes globaux, nationaux, gŽnŽraux, mais que sil on voulait intŽresser les Žtudiants, faire en sorte quils se syndiquent, au moins quils se mobilisent, il fallait partir de problmes trs concrets ". Dans ce contexte, la connaissance des revendications des Žtudiants importe peu : il faut convaincre de la justesse des propositions et du projet de lA.G.E.L-U.N.E.F.. LA.G.E.L-U.N.E.F. porte alors un projet pour lEnseignement SupŽrieur et ne laisse aux Žtudiants que la capacitŽ de la soutenir. Un changement se produit avec le congrs de Toulouse en 1990. LU.N.E.F. est alors redŽfinit comme un " outil pour rassembler les Žtudiants sans autre prŽalable que la dŽfense de leurs droits. Elle abandonne son projet pour lEnseignement SupŽrieur, se rapproche des Žtudiants et tente de conna”tre prŽcisŽment leurs revendications.
De 1990 ˆ 1994, lorientation dŽcidŽe au congrs de Toulouse est mise en application. Si des tiraillements, des rŽticences se font sentir au niveau national et dans certaines A.G.E., lA.G.E.L-U.N.E.F. ne semble pas conna”tre ces difficultŽs, en particulier gr‰ce ˆ des discussions approfondies entre les adhŽrents. Dans le cadre de lorientation dŽfinie au congrs de Toulouse, les cahiers de revendication sont abondamment utilisŽs, en particulier par le Bureau National. Ils deviennent pratiquement la base, le pilier de lactivitŽ de lA.G.E.L-U.N.E.F.. La lutte contre laugmentation des droits dinscription dans les DCEF ˆ Lyon III est ˆ ce sujet Žloquente. A la rentrŽe 1990-1991, lA.G.E.L-U.N.E.F. fait circuler des cahiers de revendication dans les amphithŽ‰tres de DCEF. De nombreux problmes sont alors pointŽs du doigt : laugmentation des droits dinscription aux cours et aux examens, lorganisation des inscriptions, linsuffisance en personnel administratif . Une synthse des cahiers de revendication est alors effectuŽe et un mouvement sengage sur la base de la plate- forme revendicative ainsi crŽŽe. Les luttes, gr‰ce aux cahiers de revendications, partent dŽsormais de la situation concrte dans laquelle sont les Žtudiants. Mais une opposition interne commence en 1992 ˆ critiquer lorientation du congrs de Toulouse. Elle sŽlve avant tout contre labsence de projet global pour lUniversitŽ et de ligne directrice claire.
LA.G.E.L-U.N.E.F. Žvolue donc dans son attitude vis ˆ vis du monde Žtudiant. Dans un premier temps, elle est dŽpositaire dun projet pour lEnseignement SupŽrieur et tente de convaincre les Žtudiants de la justesse de ses propositions. Avec le congrs de Toulouse en 1990, elle abandonne toute rŽfŽrence ˆ un projet et essaie de coller au mouvement Žtudiant gr‰ce ˆ sa connaissance des revendications du monde Žtudiant.
3. Aider les Žtudiants.
Aider les Žtudiants au quotidien fait partie de lessence mme de lA.G.E.L-U.N.E.F.. Les statuts prŽcisent dailleurs : " Pour atteindre ce but, elle met en uvre des moyens daction susceptibles de faire parvenir les Žtudiants ˆ la satisfaction de leurs revendications. Elle prend toutes les initiatives pour rŽpondre aux besoins matŽriels et culturels immŽdiats des Žtudiants ".
Concrtement, laction de lA.G.E.L-U.N.E.F. se traduit le plus souvent par lintervention dŽlus ou dadhŽrents. Elle se fait surtout auprs de ladministration des universitŽs lyonnaises avec lesquelles, exceptŽ Lyon III, elle Žtablit des liens. Ainsi, au dŽbut des annŽes 70, louverture du campus de Bron saccompagne de nombreux problmes matŽriels. Afin de les rŽgler , lA.G.E.L-U.N.E.F. organise avec les Žtudiants des dŽlŽgations auprs de ladministration. Plus frŽquentes, les interventions des Žlus auprs de ladministration pour des problmes dexamens ou dinscriptions nŽcessitent un certain sens de la diplomatie. En mai 1976, un courrier de lA.G.E.L-U.N.E.F. adressŽ aux Žlus dŽtaille prŽcisŽment la marche ˆ suivre pour les litiges liŽs aux examens. La solution demeure toujours la mme : rŽdaction dune pŽtition ou dune motion et organisation dune dŽlŽgation au prŽsident du jury ou au directeur de lU.E.R..
LA.G.E.L-U.N.E.F. peut aussi mettre son poids, son influence au service dun Žtudiant. En avril 1979, elle soutient pleinement la plainte dun Žtudiant tunisien contre les mesures prises par le prŽfet dans le cadre de la circulaire Bonnet. En septembre 1972, ˆ la suite de lexclusion dun Žtudiant de lŽcole vŽtŽrinaire, le comitŽ U.N.E.F-U.G.E. de lŽcole et lA.G.E.L-U.N.E.F. lancent une pŽtition pour sa rŽintŽgration, tandis que le ministre de lAgriculture est interpellŽ ˆ lAssemblŽe Nationale par Mr G. Gosnat (DŽputŽ du groupe communiste) ˆ la demande de lA.G.E.L-U.N.E.F..
Enfin, lA.G.E.L-U.N.E.F. renseigne de nombreux Žtudiants dans ses locaux (bourses ) ou lors des cha”nes dinscription. En 1991, elle distribue ˆ cet effet des tracts dinformation sur les inscriptions .
Laide apportŽe par lA.G.E.L-U.N.E.F. aux Žtudiants dŽcoule principalement de sa place, situation intermŽdiaire entre les Žtudiants et ladministration ou les professeurs. En effet, les Žlus et les militants sont souvent connus de ladministration, surtout ˆ Lyon I et ˆ Lyon II, ce qui facilite les contacts. Laide au quotidien est donc souvent une aide au cas par cas et prend trs rarement de lampleur. Le recours au rapport de force na lieu quen ultime recours, au cas o la nŽgociation Žchoue. Laide au quotidien privilŽgie donc la nŽgociation et les rŽseaux de connaissance. Toutefois, il ne sagit en aucun cas de clientŽlisme : ladhŽsion, au grand dam des responsables, nest quexceptionnellement proposŽe : " CŽtait plus en terme dinfluence que de cartes. Des problmes de stratŽgie existaient ˆ lŽpoque, puisque les cartes Žtaient faites sur les cha”nes et non avec les gens que lon avait aidŽ ".
4. Animer le campus.
Un constat, un bilan souvent sŽvre est portŽ par lA.G.E.L-U.N.E.F. sur la situation culturelle dans les campus universitaires et, en particulier, sur ceux de Lyon II Bron et de Lyon III. A ce constat sajoute la revendication de lA.G.E.L-U.N.E.F. du droit des Žtudiants ˆ accŽder ˆ la culture. Lors des Žlections dU.E.R. de mŽdecine Lyon- Nord, collge PCEM 2 en 1975, lA.G.E.L-U.N.E.F. intgre dans ses propositions la crŽation dune " animation culturelle et sportive ". Dans le guide de 1972- 1973, elle affirme le droit des Žtudiants ˆ accŽder ˆ " toute " la culture gr‰ce surtout ˆ la mise en place de lAllocation dEtudes.
En fait, les revendications culturelles sont rarement mises en lumire et ne semblent pas une prioritŽ. Toutefois, lA.G.E.L-U.N.E.F. ne dŽlaisse pas lactivitŽ culturelle : " Par exemple, cŽtait la grande Žpoque du dŽveloppement du TNP ˆ Lyon, et sur lI.N.S.A. [ ], on a organisŽ maintes reprŽsentations thŽ‰trales spontanŽes [ ]. On faisait parti de la fŽdŽration des clubs, on passait pas mal de films ". Outre les activitŽs thŽ‰trales de lI.N.S.A., lA.G.E.L-U.N.E.F. organise aussi des boums, gre un cinŽ-club ˆ la Doua, organise des confŽrences sur le contenu des cours . Ainsi, le C.A. U.N.E.F. Droit-Sciences Economiques organise, peut- tre en novembre 1972, les Assises nationales de Droit/Sciences Economiques et en mars 1978 une confŽrence avec le professeur Miaille de luniversitŽ Montpellier I sur " le droit tel quon nous lenseigne ". Mais surtout, la grande animation culturelle est la prŽparation du gala de lA.G.E.L-U.N.E.F.. OrganisŽ par lA.G.E.L-U.N.E.F. ˆ la Bourse de Travail, il a lieu de une ˆ trois fois par an et produit des artistes renommŽs : " On avait une activitŽ culturelle phare de lannŽe : le gala de lA.G.E.L. ˆ la Bourse du Travail. On a fait venir des vedettes : Nougaro, les Frres Jacques, Paco Ibanez, Guy Bedos [ ], ThŽodorakis ". Dautres artistes se sont aussi produits : Cuarteto Cedron, Bread and Pupet . Trs lourds ˆ organiser , ils ne sont pas ouverts aux seuls Žtudiants et rassemblent plusieurs milliers de spectateurs. Cependant, ils dŽclinent au milieu des annŽes 70 et disparaissent peut- tre en 1977.
LA.G.E.L-U.N.E.F. possde donc, avant le congrs national de 1980, une activitŽ culturelle importante. Elle sinscrit certes dans une volontŽ de prise en compte de tous les aspects de la vie Žtudiante, mais elle est surtout , et peut- tre avant tout, considŽrŽe comme une source de revenus financiers. De nombreux anciens responsables incluent les activitŽs culturelles dans les ressources financires du syndicat. Certaines activitŽs se rŽvlent dailleurs trs rentables. Ainsi, la projection dun film des Pink Floyd ˆ lI.N.S.A. rapporte plusieurs centaines de francs en 1974 ou 1975.
Le congrs national davril 1980 adopte une orientation claire en matire culturelle. Elle sintgre plus largement dans la nouvelle orientation de SolidaritŽ Etudiante. Cette nouvelle orientation veut rompre avec lisolement et lindividualisme ˆ lUniversitŽ. Elle souhaite donc mettre en place une animation culturelle et associative et ainsi se charger pleinement de tous les aspects de la vie Žtudiante. Outre la tenue rŽgulire de boums et de soirŽes diverses, lA.G.E.L-U.N.E.F. prŽpare des sorties entre Žtudiants comme en Histoire- GŽographie ˆ Lyon II et organise une " rencontre Rh™ne- Poulenc " avec la C.G.T. sur les dŽbouchŽs offerts par les formations de Sciences ˆ Lyon I. Mais surtout, trois animations lancŽes par lA.G.E.L-U.N.E.F. mŽritent une attention particulire :
á Lors de la rentrŽe universitaire 1984-1985, une animation a lieu ˆ lUniversitŽ Lyon II avec le podium de Radio- France et la distribution du guide de lA.G.E.L-U.N.E.F..
á En mars 1985, une semaine internationale se tient ˆ Lyon I et ˆ Lyon II. Une riche programmation sŽtale sur une semaine. Lyon II accueille lAmŽrique Latine et la Turquie et les Žtudiants peuvent assister ˆ des dŽbats, des concerts, des films, des expositions, des colloques. Ils ont aussi la possibilitŽ de visiter des stands dO.N.G. et dambassades, et de gožter ˆ des spŽcialitŽs culinaires. Un gala cl™ture la semaine internationale avec les Quilapayun. A Lyon I, des animations identiques ont lieu sur lapartheid et la Palestine. Cette rŽalisation obtient dailleurs le label " AnnŽe Internationale de la Jeunesse " parrainŽ par le Ministre des Sports et de la Jeunesse.
á Enfin, sans doute influencŽe par le boum des radios libres, lA.G.E.L-U.N.E.F. monte en 1981-1982 un projet de radio : " Radio- Campus Lyon ". Des boums sont organisŽes afin de collecter les fonds nŽcessaires, tandis que des devis pour le matŽriel et des grilles de programmation sont Žtablis. Lobjectif est de crŽer une radio des usagers des universitŽs lyonnaises. Les thmes des diverses Žmissions refltent cette ambition : les buts de lUniversitŽ, le C.R.O.U.S., la culture, les voyages, les Žtudiants salariŽs, le sport ˆ lUniversitŽ, les grandes Žcoles, les spectacles, les Žtudiants en rŽsidence universitaire, les Žtudiants Žtrangers. Cependant , peut- tre pour des raisons dordre financier, le projet Žchoue ˆ la fin de lannŽe 1982.
Hormis au dŽbut des annŽes 80, lA.G.E.L-U.N.E.F. ne fait pas de lanimation culturelle des campus une prioritŽ. Elle est alors secondaire, la prioritŽ Žtant accordŽe ˆ lactivitŽ purement syndicale. Une nette Žvolution a lieu au dŽbut des annŽes 80 et lA.G.E.L-U.N.E.F. intervient avec davantage de force et doriginalitŽ dans le domaine culturel. Elle dispose alors des moyens humains et financiers nŽcessaires et ne se trouve pas confrontŽe ˆ des mouvements Žtudiants. Le dynamisme de lA.G.E.L-U.N.E.F. dans le domaine culturel, dŽjˆ important dans les annŽes 70, peut sinscrire vŽritablement et sans entraves dans la nouvelle orientation nationale.
Toutefois, les annŽes 1986-1987 marquent un tournant. Son affaiblissement numŽrique ne lui permet plus doccuper tous les domaines de la vie Žtudiante et son champ dintervention se rŽduit faute de militants, de moyens financiers et sans doute aussi de conviction.
5. Renforcer le syndicat.
La rotation rapide des adhŽrents contraint lA.G.E.L-U.N.E.F. a un effort quotidien de renouvellement. Renforcer le syndicat est, dans ces conditions, une nŽcessitŽ, une prŽoccupation constante.
Contrairement ˆ certaines professions, il nexiste pas dans le monde Žtudiant de rŽflexe naturel ˆ la syndicalisation. Par consŽquent, les adhŽsions ne se font pas dans nimporte quelles circonstances et lieux.
Elles se font principalement sur les cha”nes dinscription o lA.G.E.L-U.N.E.F. est prŽsente. La prŽsence de lA.G.E.L-U.N.E.F. sur les cha”nes dinscription est tardive, puisquelle semble dŽbuter au milieu des annŽes 70. Les sources, les archives, particulirement faibles et incompltes en ce qui concerne les fichiers des adhŽrents, permettent difficilement dŽvaluer la proportion des adhŽsions rŽalisŽes sur les cha”nes dinscription. Pour les dernires annŽes de lA.G.E.L-U.N.E.F., les chiffres sont disponibles et rŽvŽlateurs. En 1991-1992, 54,4 % des adhŽsions se font sur les cha”nes dinscription, 38,5 % en 1992-1993 et 31,5 % en 1993-1994. Pour les annŽes antŽrieures, limportance des adhŽsions rŽalisŽes sur les cha”nes dinscription est corroborŽe par les anciens responsables : " LadhŽsion se fait ˆ la rentrŽe. Il ne faut pas oublier le r™le de la tenue des cha”nes dinscriptions, essentiel. LadhŽsion se fait sur la tenue de la cha”ne ". La cha”ne dinscription offre un espace de discussion pour les militants syndicaux et les nouveaux Žtudiants. Les adhŽrents de lA.G.E.L-U.N.E.F. tentent alors de convaincre les nouveaux Žtudiants de la nŽcessitŽ dun syndicat Žtudiant, des conceptions et propositions de lU.N.E.F. et proposent ensuite ladhŽsion.
Outre les cha”nes dinscription , les initiatives tiennent une place importante, permettent de rŽaliser des adhŽsions. Les initiatives sont toutes les actions lancŽes par lA.G.E.L-U.N.E.F. hors des grands mouvements Žtudiants nationaux : pŽtitions sur divers thmes comme le demi-tarif sur les transports en commun , campagne pour les Žlections universitaires, cahiers de revendication, mouvements Žtudiants ˆ enjeux locaux et restreints . Les adhŽsions se font alors par la discussion, mais aussi par une mise en pratique : lors dune initiative, quelques Žtudiants vont simpliquer en prenant des responsabilitŽs, en participant activement, puis ils vont graviter autour de lA.G.E.L-U.N.E.F. et vont finir par adhŽrer. En 1991-1992, 29,4 % des adhŽsions se font lors des initiatives, 36,5 % en 1992-1993 et 55,4 % en 1993-1994. En 1993-1994, 28 adhŽsions sont rŽalisŽes ˆ loccasion de la campagne des Žlections au C.A du C.R.O.U.S., soit quasiment autant que sur les cha”nes dinscription.
Toutefois, les cha”nes dinscription et les initiatives ne sont pas tenues dans la perspective premire de renforcer le syndicat. Dautres aspects priment alors nettement. Des " campagnes de renforcement " sont par contre organisŽes par le bureau dA.G.E. ou le bureau national. LimitŽes dans le temps, des moyens et des objectifs particuliers lui sont assignŽs. Le bureau dA.G.E. peut impulser une campagne de renforcement . Cest alors le responsable ˆ lorganisation qui se charge de sa prŽparation et de sa mise en uvre. Ainsi, le collectif dA.G.E. du 14.03.1979 dŽcide dune campagne dadhŽsion avec pour moyen un questionnaire. Le bureau national peut aussi exercer une pression sur lA.G.E.. En mai 1992, lA.G.E.L-U.N.E.F. reoit pour objectif de rŽaliser 100 nouvelles adhŽsions du 15 mai 1992 ˆ la fin du mois de juin. LU.N.E.F. espre alors toucher les dividendes de sa forte prŽsence contre la rŽforme Jospin et atteindre les 10 000 adhŽrents. Le rŽel impact dune campagne dadhŽsion appara”t faible. Certes, quelques adhŽsions sont rŽalisŽes, mais les objectifs, souvent fantaisistes (doublement du nombre des adhŽrents ) ne sont jamais remplis. En janvier 1992, lAGEL- UNEF compte environ 130 adhŽrents, quand le congrs national de 1992 fixait un objectif de 400 adhŽrents !.
Enfin, les rŽunions de lUEC, les ftes du PCF, de la JOC et de lUD- CGT sont loccasion pour lAGEL- UNEF de prendre contact avec des Žtudiants engagŽs ou sympathisants, et de les faire adhŽrer. Elle participe, pas forcŽment toutes les annŽes, mais assez rŽgulirement, ˆ la fte de la Voix du Lyonnais, de la JOC . Elle tient ˆ cette occasion un stand o elle prŽsente son action, ses idŽes, prŽpare des expositions .LadhŽsion est alors facilitŽe par la proximitŽ idŽologique des visiteurs. En 1991-1992, 3 % des adhŽsions seulement se font dans ces circonstances, mais 17,3 % des nouvelles adhŽsions en 1992-1993 et 10,9 % en 1993-1994.
LactivitŽ de renforcement du syndicat se fait donc quotidiennement, tant elle est vitale pour le syndicalisme Žtudiant. Quantitativement, les adhŽsions ont surtout lieu sur les cha”nes dinscription et lors des initiatives. Ce sont des moments privilŽgiŽs permettant la discussion entre les adhŽrents et les Žtudiants. Cependant, outre une certaine rŽticence des adhŽrents ˆ proposer systŽmatiquement ladhŽsion, laspect qualitatif des adhŽsions apporte un autre point de vue : les militants ont principalement adhŽrŽs sur un vŽcu (expŽrience dun mouvement Žtudiant) ou par lintermŽdiaire dun fonds militant et politique (proximitŽ des idŽes politiques ).
UNE POLITIQUE CONSTANTE VISANT A PLACER LA.G.E.L-U.N.E.F. AU CUR DE LA VIE ETUDIANTE
Chapitre 1 :La reconstruction dune Žconomie sociale Žtudiante.
LŽconomie sociale constitue un secteur particulier, souvent mŽconnu, mais qui est un complŽment essentiel de lactivitŽ revendicative de nombreuses organisations syndicales. Le syndicat le plus impliquŽ dans lŽconomie sociale Žtait la F.E.N. (avant la scission de la F.S.U.) avec la CAMIF, la MAIF . Les acteurs de lŽconomie sociale sont des associations, des mutuelles, qui ont la particularitŽ de ne pas avoir de buts lucratifs. Elle ne font pas des bŽnŽfices, mais des excŽdents de gestion. Ainsi, dans le domaine des mutuelles, les excŽdents appartiennent aux sociŽtaires, cest ˆ dire aux adhŽrents. Les adhŽrents dŽsignent, directement ou indirectement, des dŽlŽguŽs au conseil dadministration, selon un principe sacrŽ de lŽconomie sociale : un adhŽrent, une voix.
LU.N.E.F., bien avant son lent dŽclin au cours des annŽes 60, fait de lŽconomie sociale Žtudiante son principal champ dintervention. Face aux difficultŽs croissantes rencontrŽes par les Žtudiants dans lentre-deux-guerres, elle crŽe de multiples associations qui Žvoluent rapidement en sociŽtŽs dentraide : centres de mŽdecine prŽventive et O.T.U. (Office du Tourisme universitaire) en 1934, Centre National des uvres en 1936, O.S.S.U. (Office du Sport Scolaire et Universitaire) en 1938, M.N.E.F. (Mutuelle Nationale des Etudiants de France) en 1948 . Les A.G.E. multiplient les initiatives au niveau local et envahissent le champ de lŽconomie sociale Žtudiante : ˆ Grenoble, lA.G.E.G. gre, ˆ la fin des annŽes 50, un restaurant universitaire, une coopŽrative, une bibliothque, un bar, un service de polycopies. Elle conserve la gestion du restaurant universitaire jusquen 1970. De plus, elle crŽe et anime des associations culturelles et sportives ˆ travers le CIF (Club Inter-FacultŽs), un radio-club, son journal Grenoble-UniversitŽ, le GUC 5Grenoble UniversitŽ Club) .
A Lyon, les services rescapŽs de lA.G.E.L. en 1968-1970 sont rares : les locaux de lA.G.E, situŽs au 20, rue F. Garin, abritent encore un bar et une imprimerie, mais le restaurant de lA.G.E.L., situŽ dans le mme b‰timent, est dŽsormais gŽrŽ par le C.R.O.U.S..
I. Une t‰che secondaire ˆ lactivitŽ revendicative. 1971-1979.
Or, le renouveau accorde une place extrmement rŽduite ˆ cet aspect de lactivitŽ syndicale. La motion proposŽe ˆ lA.G. des syndiquŽs de Sciences par lU.N.E.F-Renouveau Žlude totalement la question des services. Sur le problme des polycopies par exemple, lU.N.E.F-Renouveau, au lieu de prendre en charge lŽdition et la vente des polycopies, se borne ˆ laspect revendicatif en exigeant de ladministration lŽdition gratuite des polycopies
Sa position sur les services va mme parfois plus loin et appara”t fortement rŽticente, sinon hostile. En effet, les services, assimilŽs au corporatisme, sont rejetŽs. LactivitŽ syndicale de lU.N.E.F-Renouveau est entirement tournŽe vers laction revendicative.
Une premire Žvolution appara”t en 1973 dans lattitude de lU.N.E.F. face aux services et ˆ lŽconomie sociale Žtudiante. Elle a essentiellement lieu au niveau national, puisque le congrs dA.G.E.L.-U.N.E.F. de mai 1973 naborde toujours pas la question des services. A linverse, une rŽflexion est amorcŽe au niveau de lUnion Nationale. La principale publication nationale de lU.N.E.F., UNEF-INFORM, se fait par deux fois lŽcho de ces dŽbats ˆ la fin de lannŽe universitaire 1972-1973. Pour la premire fois, en novembre 1973, le congrs national de lU.N.E.F. se penche sur cette question au cours de ses travaux. Cependant, il ne sagit pas dune nouvelle orientation pour le syndicat, principalement tournŽ vers laction revendicative. Lobjectif est de faire le point sur les services encore en activitŽ et de les pŽrenniser ou de les utiliser au maximum. Le r™le de lU.N.E.F. est alors dorganiser avec les Žtudiants des services utiles immŽdiatement, rŽpondant ˆ des besoins spŽcifiques : " de voir les prioritŽs auxquelles nous devons faire face. La question primordiale que nous devons nous poser quant aux services est : quel est le besoin le plus urgent et ressenti par la plus grande masse des Žtudiants. Il ne sagit pas, en ce domaine de faire preuve dimagination, mais de satisfaire les premires exigences des Žtudiants ". Une Žvolution se fait donc jour : dŽsormais, lU.N.E.F. conoit les services comme partie prenante de son activitŽ syndicale, mme si de multiples rŽticences sexpriment : " Cet aspect de notre activitŽ syndicale est bien trop nŽgligŽe ou ignorŽe, voir combattue par nos C.A. et nos A.G.E. [ ]. Or, bien souvent, nous les considŽrons comme des activitŽs secondaires, voire " infŽrieures ". Ils ne font que trop rarement lobjet des prŽoccupations des directions et de lensemble des syndiquŽs ". Au contraire, ces deux aspects de lactivitŽ syndicale ne se concurrencent pas, car ils ne rŽpondent pas aux mmes objectifs. Les services permettent de sattaquer aux consŽquences de la crise universitaire, tandis que la lutte revendicative sattache ˆ dŽnoncer les responsables de cette crise, cest ˆ dire en premier chef le gouvernement. Les services ne sont donc pas considŽrŽs comme une solution, mais comme un pis-aller, un remde provisoire, destinŽ ˆ Žviter la sortie dŽtudiants du systme universitaire : " ils ne rŽsolvent aucun des problmes fondamentaux des Žtudiants ". LU.N.E.F. doit initier les services, mais la gestion doit tre le fait de lensemble des Žtudiants. Elle est donc le lieu de regroupement des Žtudiants. Cependant, outre ces considŽrations philanthropiques, les services sont aussi considŽrŽs comme des sources possibles de financement de lactivitŽ syndicale : " LadhŽsion ˆ lU.N.E.F., le paiement de la cotisation syndicale est le seul moyen pour les Žtudiants davoir un syndicat ˆ leur service. Les services de lU.N.E.F. ne peuvent donc tre dŽficitaires ; ils doivent y compris contribuer au renforcement de lorganisation ". Mais dans la pratique, la conception des services demeure trs limitŽe. Contrairement aux annŽes 50, il ne sagit pas de lancer lU.N.E.F. dans la gestion de restaurants universitaires . Elle adapte, en fonction de sa faiblesse numŽrique et financire, ses services. Ils sont, la plupart du temps, des structures lŽgres qui ne nŽcessitent pas dinvestissements lourds. LUNEF-INFORM de mars 1973 livre quelques exemples : services sociaux (en fait logement et emploi), animations et loisirs, coopŽratives, Žventuellement brasseries. Le cas des centres de polycopies de lU.N.E.F., sils existent, doivent tre utilisŽs au maximum, mais il nest pas question pour le syndicat de crŽer de nouveaux centres. Au contraire, laction du syndicat se veut ici purement revendicative et lobjectif est dobtenir dans chaque universitŽ " un centre dŽdition autonome gŽrŽ paritairement par les Žtudiants et dotŽ dun budget autonome ". Le cas particulier des centres de polycopies montre bien les limites de lengagement de lU.N.E.F. dans les services et plus largement dans lŽconomie sociale Žtudiante. Elle consent ˆ organiser des services, mais dans une perspective ˆ court terme : laide immŽdiate aux Žtudiants. Sur le long terme, elle considre que la prise en charge des services relve de ladministration universitaire. Linflexion de la position de lU.N.E.F. trouve un faible Žcho au niveau de lA.G.E. de Lyon. Quelques services existent ds 1973 et sont regroupŽs dans le local de lA.G.E.L-U.N.E.F. sur le campus des Quais : renseignements universitaires, services emploi, service logement, correction des mŽmoires des Žtudiants Žtrangers. Des cours polycopiŽs sont ŽditŽs ˆ partir de la rentrŽe universitaire 1974-1975, mais ils demeurent trs limitŽs.
Jusquen 1976, les services Žtudiants offerts par lA.G.E.L.-U.N.E.F. restent limitŽs et disparates. En effet, ayant tirŽ un trait sur lA.G.E.L. et donc sur ses services, la.G.E.L.-U.N.E.F. se prŽoccupe peu de cet aspect de lactivitŽ syndicale et les rares services crŽes ˆ partir de 1973 ne nŽcessitent pas dinvestissements financiers et humains importants. Au niveau national, une rŽflexion samorce, mme si elle demeure timide dans ses objectifs et ses formes.
A partir de 1976, un changement dans la conception des services sopre et dote progressivement lU.N.E.F. dune orientation sur les services. Dans la continuitŽ des annŽes prŽcŽdentes , les services sont toujours considŽrŽs comme des solutions immŽdiates ˆ des problmes urgents : " Dans une situation o pour chaque Žtudiant, la rentrŽe est jour aprs jour pleine dincertitudes, dinquiŽtudes, rien ne rŽpond mieux ˆ ce besoin de trouver des solutions immŽdiates ˆ des problmes urgents que les SERVICES DU SYNDICAT ". Les services sont donc toujours perus comme une rŽponse aux consŽquences de la crise universitaire. Ils sintgrent donc ˆ lactivitŽ syndicale, car ils participent ˆ la dŽfense immŽdiate des intŽrts Žtudiants.
Cependant, un changement important intervient en 1976 : les services mis en place par lU.N.E.F. nont plus une vocation temporaire, ŽphŽmre. Ils ne sont plus destinŽs ˆ tre remplacŽs par ladministration : " Si la crise actuelle qui frappe durement lUniversitŽ et les Žtudiants ne fait quaccentuer les besoins des services, ceux-ci ne sauraient trouver leur justification dans la conjoncture Žconomique, et cela, quel que soit le gouvernement en place et la politique de ce dernier ". Lengagement de lU.N.E.F. dans les services sinscrit dŽsormais dans le long terme et quitte le provisoire. Les services sont considŽrŽs comme une partie ˆ part entire de lactivitŽ syndicale, au mme titre que lactivitŽ revendicative. Ils ont deux objectifs : crŽer un systme dentraide ˆ luniversitŽ et servir de base ˆ un rassemblement des Žtudiants autour du syndicat Žtudiant, en mettant en pratique ses solutions et en proposant ladhŽsion sur la base des services. DŽsormais, lactivitŽ syndicale de lU.N.E.F. repose sur deux bases : lactivitŽ revendicative et les services.
En sinscrivant dans le long terme, lU.N.E.F. change ses prioritŽs dans le dŽveloppement de ses services. Ainsi, un Collectif National fixe en 1976 quatre prioritŽs : les cours polycopiŽs, les services sociaux, les cinŽ-club et les A.S.S.U. (associations sportives).
Au niveau de lA.G.E. de Lyon, les services connaissent un fort dŽveloppement , mme si des diffŽrences naissent en fonction du dynamisme des comitŽs. Une coopŽrative est crŽe par le comitŽ IUT 1 ˆ la rentrŽe universitaire 1976-1977 et le local du campus de Lyon II Bron accueille une coopŽrative, un centre de polycopies et un service culturel. Cependant , les deux comitŽs les plus dynamiques sont Lyon I Sciences et Lyon I SantŽ. Le comitŽ Lyon I Sciences, solide en nombre dadhŽrents, multiplie trs rapidement ses services : une coopŽrative fonctionne, des polycopies sont ŽditŽs, des abonnements pour des thŽ‰tres sont disponibles . Le comitŽ Lyon I SantŽ fait preuve dun dynamisme intense, en dŽpit de sa faiblesse numŽrique, puisquil ne rassemble que 10 ˆ 15 adhŽrents en 1972-1973. Les services sont surtout centrŽs sur lŽdition de polycopies. En effet, certains cours , particulirement pŽnibles, ne sont gure frŽquentŽs par les Žtudiants, qui peuvent se procurer les cours polycopiŽs publiŽs par lAssociation Corporative des Etudiants en MŽdecine de Lyon. Cependant, devant cette dŽsaffection, des enseignants dŽcident de contraindre les Žtudiants ˆ assister aux cours en refusant de fournir leurs cours ˆ lACEML. Face ˆ cette situation, les adhŽrents de lA.G.E.L.-U.N.E.F. dŽcident dorganiser les Žtudiants pour recrŽer correctement les cours et les Žditer. Au dŽbut, cette initiative est lancŽe en collaboration avec la corpo de mŽdecine, surtout dans le domaine logistique. Cependant, les relations se distendent avec lACEML et une association autonome de lA.G.E.L.-U.N.E.F. est crŽŽe. Les Žtudiants paient une cotisation et reoivent chaque semaine les cours ŽditŽs par un imprimeur. LŽdition des cours oblige les enseignants ˆ revoir leurs mŽthodes pŽdagogiques, tandis que lŽdition de polycopies est pŽrennisŽe et sŽtend ˆ lensemble de la facultŽ de MŽdecine de Rockeffeler et ˆ la facultŽ A. Carrel. Des services sont gŽrŽs par lA.G.E. ou confiŽs ˆ des comitŽs. Cest en particulier le cas de la cafŽtŽria Longefer, confiŽe au comitŽ SantŽ : "La premire de ces cafŽtŽrias est la rŽcupŽration dune cafŽtŽria dŽsaffectŽe qui se trouvait dans une citŽ universitaire de la M.N.E.F.. La M.N.E.F., ˆ lŽpoque, gŽrait encore quelques citŽs universitaires, et il yen avait une ˆ Lyon qui se trouvait juste ˆ cotŽ de la fac de MŽdecine. [ ]. A partir de lexpŽrience de crŽation de cette cafŽtŽria, ˆ la fac de MŽdecine ou ˆ cotŽ, nous avons crŽe un certain nombre dautres cafŽtŽrias ". Des photomatons sont installŽs par lA.G.E. dans les facultŽs de MŽdecine et de Sciences, des services logement et emploi sont mis ˆ la disposition des Žtudiants, et une antenne V.T.U. sinstalle ˆ Lyon en avril 1978. De 1976 ˆ 1979, les services aux Žtudiants de lA.G.E.L.-U.N.E.F. sont fortement dŽveloppŽs et investissent progressivement tous les champs de lŽconomie sociale Žtudiante. Ils sont aussi plus ambitieux, puisque des investissements financiers plus importants sont engagŽs.
La croissance de lactivitŽ des services fait na”tre au sein de lA.G.E.L.-U.N.E.F. une rŽflexion, un dŽbat sur les services : " Cest lŽpoque o on dŽveloppe les services, on commence ˆ y rŽflŽchir [ ]. Le besoin de recrŽer des choses se faisait sentir. [ ]. Puis, il yavait un vrai dŽbat . Des adhŽrents disaient : " non, on nest pas lˆ pour faire des services ", " des Žtudiants vont adhŽrer pour avoir accs ˆ la coop, ˆ la polycopie, et ce ne sont pas de vrais adhŽrents ". CŽtaient des dŽbats un peu byzantins, et qui nintŽressaient pas les Žtudiants dailleurs, mais qui nous ont agitŽ pendant de longues heures ". Un vŽritable dŽbat a donc lieu sur lutilitŽ et sur les consŽquences des services. En effet, des adhŽrents, souvent dailleurs proches de lU.E.C., sopposent aux services, considŽrŽs comme un retour de lU.N.E.F. au corporatisme et au rŽformisme. Ils rejettent en particulier la validitŽ de ladhŽsion par les services, jugŽe fausse et intŽressŽe. Cependant, une rŽflexion sŽlabore progressivement, et en particulier sur le lien entre les services et laccroissement du nombre des adhŽrents. Devant les rŽussites, en particulier celle du secteur SantŽ, les services sont progressivement Žtendus ˆ lensemble des facultŽs. En effet, les effectifs du comitŽ SantŽ croissent de faon spectaculaire, puisquils atteignent 200 adhŽrents vers 1976-1977 sur les quatre facultŽs de MŽdecine.
II. La crŽation du CERCOOPE, vŽritable centrale de services.
La gestion des services, peu structurŽe et dispersŽe entre les diffŽrents comitŽs avant 1979, est centralisŽe au niveau de lA.G.E. (et mme au delˆ) gr‰ce ˆ la crŽation du CERCOOPE, cest ˆ dire du CEntre RŽgional des COOPŽratives Etudiantes. Il est laboutissement dune rŽflexion entamŽe depuis plusieurs annŽes, et ouvre de nouvelles perspectives, tant locales que nationales.
Lassociation CERCOOPE est immŽdiatement conue comme autonome de lU.N.E.F.. Cependant, elle nest pas indŽpendante, puisquelle est rattachŽe structurellement ˆ lA.G.E.L.-U.N.E.F. : le prŽsident du CERCOOPE est le prŽsident de lA.G.E.L.-U.N.E.F.. Ainsi, en juillet 1983, le prŽsident de lA.G.E.L.-U.N.E.F., RŽmy MŽnŽtrier, occupe la prŽsidence du CERCOOPE avec laide dun administrateur gŽnŽral du CERCOOPE, qui assume de fait la responsabilitŽ de la bonne marche de lassociation. Ce poste a dailleurs ŽtŽ souvent occupŽ par des anciens adhŽrents de lU.N.E.F..
Les objectifs du CERCOOPE sont demblŽe trs ambitieux. En effet, aprs une pŽriode de stabilisation durant laquelle la prŽsidence est assumŽe par R. Lopez, le CERCOOPE affirme trs vite une vocation ˆ la fois locale et rŽgionale. Son objectif est la mise en place et la coordination des diffŽrents services des universitŽs de Lyon, mais aussi de Saint-Etienne et de Grenoble. Elle dŽveloppe, multiplie et diversifie les services offerts par lA.G.E.L.-U.N.E.F.. Tous les champs de la vie Žtudiante sont investis progressivement par le CERCOOPE : Žtudes, loisirs, culture, emploi, logement . En 1980-1981, le panel des services est trs large :
(r) Imprimerie : Limprimerie est la premire pice ma”tresse des services du CERCOOPE. Elle se compose ˆ la fois de limprimerie du 8 rue Volney o sont imprimŽes les thses, les polycopiŽs , et de multiples photocopieurs rŽpartis dans les divers locaux syndicaux, mis ˆ la disposition du CERCOOPE par lA.G.E.L.-U.N.E.F.. Des photocopieuses sont installŽes dans les trois universitŽs de lagglomŽration lyonnaise : Lyon I, Lyon II, Lyon III, avec parfois plusieurs points photocopie par universitŽ. Une rude concurrence entre les diverses associations et syndicats Žtudiants se dŽclare trs rapidement sur le " crŽneau " des photocopies. En Sciences, une concurrence acharnŽe oppose lU.G.E.L.-U.N.E.F. ˆ lA.G.E.L.-U.N.E.F. au dŽbut de lannŽe 1980 et fait chuter le prix de la photocopie de 60 ˆ 35 centimes .
(r) Les coopŽratives : Elles sont aussi mises en place dans tous les locaux de lA.G.E. de Lyon, mais aussi ˆ Saint-Etienne et ˆ Grenoble. Elles reposent principalement sur la vente de papeterie (stylos, gommes, feuilles ), douvrages (une librairie est crŽŽe), de machines ˆ calculer .
(r) Les cafŽtŽrias : Plusieurs cafŽtŽrias sont gŽrŽes par le CERCOOPE sur les campus de Lyon. La premire cafŽtŽria est la rŽcupŽration dune cafŽtŽria dŽsaffectŽe situŽe rue Longefer dans une citŽ universitaire de la M.N.E.F.. La cafŽtŽria la plus importante est acquise en juillet 1983. En effet, une convention entre le CERCOOPE et luniversitŽ Lyon II est signŽe au sujet de la gestion de la cafŽtŽria du campus de Bron, auparavant gŽrŽe par un privŽ. Un gŽrant est nommŽ par le CERCOOPE pour soccuper de la gestion.
(r) V.T.U : Une antenne de V.T.U existe en Sciences au dŽbut de lannŽe 1980. Cependant, la gestion nationale de lorganisme de voyages crŽe en 1975 lors du congrs de Lyon se heurte rapidement ˆ des difficultŽs financires et ˆ la concurrence de lO.T.U.. Elle dispara”t assez rapidement, peut-tre au dŽbut des annŽes 80.
(r) Services divers : Les services emploi et logement, crŽes en 1973, perdurent, tandis que des comitŽs mettent en place des animations culturelles ou sportives. Au dŽbut de lannŽe 1980, lA.G.E.L.-U.N.E.F. Sciences met ˆ la disposition des Žtudiants un labo-photo moyennant une petite participation financire pour le matŽriel. Des bourses aux livres sont organisŽes ˆ Lyon III, des billets de train et de thŽ‰tre sont vendus .
(r) Enfin, une radio locale Žmet pendant une brve pŽriode avant la loi sur les radios libres de 1982. Elle a pu voir le jour gr‰ce aux compŽtences techniques des adhŽrents de Centrale et de lI.N.S.A.. Aprs 1982, un projet de radio est ˆ nouveau ŽlaborŽ, mais ne voit pas le jour, peut-tre ˆ cause de problmes de financement.
Le CERCOOPE prend une certaine ampleur et devient un acteur important de lŽconomie sociale Žtudiante. Cependant, il conna”t au dŽbut de lannŽe 1981 une crise de croissance. Le bureau dA.G.E. du 19.03.1981 Žvoque la situation du CERCOOPE et pointe deux problmes majeurs : des difficultŽs de fonctionnement et des problmes financiers. Les dettes, qui se montent ˆ 154 000 francs, gnent lactivitŽ et le cožt des quelques salariŽs devient rapidement une charge trs lourde ˆ assumer. Par la suite, la situation se stabilise et, sans dŽgager dexcŽdents de gestion rŽguliers et importants, le CERCOOPE ne conna”t plus de difficultŽs financires.
La dŽmarche de lA.G.E.L.-U.N.E.F. vis ˆ vis des services est progressivement thŽorisŽe. Elle vise tout dabord ˆ auto-organiser les Žtudiants face ˆ la " sŽlection sociale " et donc aux conditions de vie et dŽtudes. Face ˆ la dŽmission de lEtat, les Žtudiants doivent rŽpondre eux-mmes ˆ tous les aspects de la vie Žtudiante. La participation des Žtudiants ˆ la gestion des services est ŽrigŽe en nŽcessitŽ, afin de transformer lassistance initiŽe par lA.G.E.L.-U.N.E.F. en " entraide ". Dans cette vision, la gestion des services ne doit pas tre pris directement en charge par le syndicat, car elle ne permet pas dassocier tous les Žtudiants ˆ la gestion des services. Ensuite, la dŽmarche de lA.G.E.L.-U.N.E.F. vise ˆ mettre les organismes compŽtents devant leurs responsabilitŽs. Face aux multiples dŽmissions de ladministration, lA.G.E.L.-U.N.E.F., en crŽant des services essentiels aux Žtudiants (tels les polycopiŽs pour les Žtudiants salariŽs) crŽdibilise ses propositions et peut dŽnoncer les renoncements et la mauvaise volontŽ des organismes compŽtents.
Cependant, diverses approches syndicales coexistent ˆ lA.G.E.L.-U.N.E.F., en particulier sur le sujet sensible des services. Une opposition, une rŽticence vis ˆ vis des services, assimilŽs au corporatisme, sexprime, en particulier de la part dŽtudiants communistes.
En 1980, les A.G.E. disposant de services au sein de lU.N.E.F. sont rares. Seules quelques grandes A.G.E. ont conservŽ ou dŽveloppŽ des services, au rang desquelles se trouvent Lyon, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Nancy, Grenoble. LA.G.E. de Toulouse rŽussit ˆ conserver la gestion dun restaurant universitaire jusquau milieu des annŽes 80, tandis que lA.G.E. de Bordeaux gre une brasserie et plusieurs cafŽtŽrias.
Au congrs de Reims davril 1980 (du 25 au 28 avril 1980), une nouvelle orientation nationale est dŽbattue et adoptŽe par les 1000 dŽlŽguŽs : le SolidaritŽ Etudiante. La nouvelle orientation part dun bilan, dune analyse de la situation universitaire : le monde Žtudiant est confrontŽ ˆ la sŽlection sociale, au vide des universitŽs et surtout ˆ un individualisme forcenŽ. Face ˆ cette situation, lU.N.E.F. souhaite remplacer le systme D en vigueur dans le monde Žtudiant par une solidaritŽ Žtudiante. Les Žtudiants doivent prendre en main leur vie et crŽer un nouveau climat ˆ lUniversitŽ. La place de lU.N.E.F. change donc radicalement : lieu de rassemblement des Žtudiants, elle organise avec les Žtudiants la solidaritŽ Žtudiante ˆ travers trois structures : le groupe dŽtude, qui soccupe de lactivitŽ syndicale et revendicative, les services et les commissions dactivitŽ. LU.N.E.F. dŽpasse dŽsormais le cadre de lopposition simple ˆ la politique universitaire du gouvernement. Lentraide est dŽfinie comme une composante essentielle de lorientation syndicale ˆ cotŽ de la lutte revendicative. La nouvelle orientation place lU.N.E.F. au centre de la vie Žtudiante, puisquelle doit assumer la prise en charge de tous les aspects de la vie Žtudiante : les services crŽent lentraide nŽcessaire ˆ de meilleures conditions de vie et dŽtude, les commissions dactivitŽ permettent danimer la vie de lUniversitŽ, et les groupes dŽtudes assument lactivitŽ revendicative. LU.N.E.F. tente ainsi daller au-delˆ de son r™le traditionnel de syndicat contestataire.
La traduction concrte de cette nouvelle orientation est la crŽation ˆ la rentrŽe universitaire 1984-1985 de la C.A.E.L, cest ˆ dire la CoopŽrative dAchat des Etudiants et LycŽens. Le r™le de lA.G.E.L.-U.N.E.F. est essentiel dans le montage de la C.A.E.L. : " Cest en partant de cette expŽrience lyonnaise, qua ŽtŽ montŽe une structure nationale, qui sest appelŽe la C.A.E.L.. Cest toute une Žquipe de lyonnais qui a ŽtŽ chargŽe de mettre en place cette structure de services ". Structure nationale de services, la C.A.E.L. reprend les principes dŽjˆ utilisŽs par le CERCOOPE : les Žtudiants consomment beaucoup de services, de prestations fournies par des sociŽtŽs commerciales et privŽes et sur lesquels elles prŽlvent des bŽnŽfices. Or, une large fraction du milieu Žtudiant ne dispose pas des revenus financiers suffisants pour conduire ˆ bien des Žtudes. Lobjectif est donc doffrir tout ce que les Žtudiants ont besoin, mais ˆ des prix plus bas gr‰ce ˆ une gestion Žconomique et au bŽnŽvolat. Si certaines A.G.E. refusent dintŽgrer la nouvelle structure nationale, le CERCOOPE sassocie immŽdiatement ˆ la C.A.E.L..
Lassociation avec la C.A.E.L. permet au CERCOOPE de se dŽvelopper encore davantage. Les services du CERCOOPE se multiplient : fournitures, papeterie, matŽriel spŽcialisŽ, commande de livres, photocopies, imprimerie, annales dexamens, polycopies, voyages, cassettes audio et vidŽo, billets BIGE, ouverture dun restaurant (il dispara”t en 1985), cafŽtŽrias . En 1984-1985, le CERCOOPE est implantŽ sur pratiquement tous les campus et emploie trois salariŽs ˆ temps complet. Il dŽborde alors au-delˆ des limites de la rŽgion Rh™ne-Alpes, puisquaprs Saint-Etienne et Grenoble, des coopŽratives sont ouvertes ˆ Dijon et Besanon. En fŽvrier 1985, le CERCOOPE emploie sept salariŽs, soit nettement plus que la C.A.E.L. (trois salariŽs). Le r™le national du CERCOOPE est alors manifeste : une rencontre entre la C.A.E.L. et Bull met sur pied un projet de centres informatiques. Le constructeur informatique propose dinstaller 10 ˆ 15 ordinateurs avec imprimantes par centre, dassurer la maintenance et de former des moniteurs. Une association, nommŽe APRODIE, est crŽŽe pour gŽrer les 20 centres, tandis que lU.N.E.F. et la C.A.E.L. servent de caution. Or, le sige social dAPRODIE est fixŽ au CERCOOPE, tandis que deux des quatre membres du bureau de la nouvelle association loi 1901 sont lyonnais. LA.G.E.L.-U.N.E.F. joue un r™le essentiel dans lŽlaboration de la nouvelle orientation syndicale, dite de SolidaritŽ Etudiante. En effet, ses adhŽrents sont trs impliquŽs dans la crŽation de la C.A.E.L. et le CERCOOPE occupe une position phare au niveau national.
RŽsumŽ :
LA.G.E.L.-U.N.E.F. adopte diffŽrentes attitudes vis ˆ vis de lŽconomie sociale Žtudiante, et en particulier des services. PrŽoccupation vŽritablement secondaire au dŽbut des annŽes 70, elle ne cesse ˆ partir de 1976 dintervenir dans ce domaine. Avec le dŽveloppement de ses premiers services, elle mne une rŽflexion sur la place des services dans lU.N.E.F. et sur les liens entre les services et lactivitŽ syndicale. Sa participation au dŽbat national sur les services, faible avant 1979, se renforce avec lexpŽrience du CERCOOPE et le savoir-faire de militants tel R. Lopez. LA.G.E.L.-U.N.E.F. occupe jusquau milieu des annŽes 80 une position phare et influence considŽrablement lorientation nationale en mettant son expŽrience au service de lUnion Nationale. Cependant, dŽs le milieu des annŽes 80, sa situation devient plus instable, en particulier dans le domaine des services. En effet, le CERCOOPE conna”t un dŽclin progressif et affronte de multiples difficultŽs. Il se heurte ˆ la concurrence toujours accrue du secteur privŽ, ˆ lhostilitŽ des corporations et de certains professeurs, aux nombreuses contraintes et tracasseries administratives . De plus, les relations entre le CERCOOPE et lA.G.E.L.-U.N.E.F. se distendent ˆ partir du milieu des annŽes 80. En effet, le syndicat Žtudiant lyonnais, confrontŽ ˆ une grave crise, se replie sur lui-mme et recentre ses activitŽs : " Les liens entre lU.N.E.F. et le CERCOOPE, en termes de participation ˆ la gestion [ ], les liens sŽtaient beaucoup distendus. Quand jai ŽtŽ prŽsident, je me suis dabord occupŽ de lU.N.E.F., cest ce qui mintŽressait avant tout, mme si jai trouvŽ utile que le CERCOOPE existe [ ]. On laissait au gestionnaire la gestion ". LA.G.E.L.-U.N.E.F., qui compte alors de 80 ˆ 90 adhŽrents, ne dispose plus des capacitŽs militantes nŽcessaires pour pouvoir mener ˆ la fois lactivitŽ syndicale et les services. De plus, beaucoup dadhŽrents ne peroivent plus les services comme du syndicalisme et, par consŽquent, lintŽrt dassurer leur survie. Les difficultŽs apparaissent au dŽbut de lannŽe 1989 et le CERCOOPE dŽpose le bilan en mars 1990. En dŽpit de lŽchec du CERCOOPE, une nouvelle structure de services est fondŽe en 1990 : le CELYSE. (CEntre LYonnais des Services Etudiants). Beaucoup plus modeste dans ses ambitions, ses objectifs et ses moyens, elle offre des services plus traditionnels : imprimerie, coopŽratives, photocopieurs. Cependant, la situation financire du CELYSE se dŽgrade rapidement et les dettes atteignent, en mars 1992, 185 000 francs. Elle dispara”t probablement peu de temps aprs, sans doute en 1993.
A linverse des services, lA.G.E.L.-U.N.E.F. intervient peu dans lautre champ de lŽconomie sociale Žtudiante : le mutualisme. Jusquen 1976, lU.N.E.F. ne se prŽoccupe pas ou peu du symbole mme du mutualisme Žtudiant : la M.N.E.F.. Certes, la crŽation de la SMERRA entra”ne des inquiŽtudes, mais le mouvement mutualiste ne suscite gure de passion au sein du B.N. De plus, la M.N.E.F. est alors " accaparŽe " par une tendance des Žtudiants socialistes. Aux contr™les de la mutuelle depuis la scission de lU.N.E.F. en 1971, elle modifie progressivement les statuts et verrouille la direction nationale et les sections locales. Les Žlections au C.A. de la M.N.E.F., qui se dŽroulent dŽsormais par correspondance, ne prŽsentent plus dintŽrt : la participation est trs faible, les irrŽgularitŽs frŽquentes. A partir de 1976, les relations entre lU.N.E.F. et la M.N.E.F. se dŽtendent et un membre du B.N. de lU.N.E.F. (en loccurrence R. Lopez) est chargŽ des relations avec la M.N.E.F.. Une timide ouverture est alors concŽdŽe par la direction de la M.N.E.F.. A Lyon, les socialistes accordent " gŽnŽreusement " 25 % des voix ˆ lU.N.E.F. lors des Žlections pour lui permettre dobtenir quelques Žlus. Cependant, au niveau national, la direction demeure verrouillŽe, puisque lU.N.E.F. nobtient aucun sige au Bureau National. Dailleurs, le rapprochement ne dure pas : lengagement des socialistes au sein de lU.N.E.F-ID entra”ne des prises de participation rŽciproques entre lU.N.E.F-ID et la M.N.E.F.. DŽs lors, lU.N.E.F. nintervient plus dans le mouvement mutualiste.
Chapitre 2. Un syndicat peu ouvert au tissu syndical, politique et associatif.
I. Les relations U.N.E.F. / C.G.T. / S.N.E.Sup..
LA.G.E.L-U.N.E.F. entretient des relations fraternelles avec le S.N.E.Sup. et la C.G.T.. Les trois organisations syndicales vont constituer dans les conseils des universitŽs des " intersyndicales " et nourrir ainsi le mythe dune stratŽgie communiste visant ˆ conquŽrir et ˆ prendre le contr™le de lUniversitŽ. Or, contrairement aux apparences, lA.G.E.L-U.N.E.F. ne met aucune exclusivitŽ dans ses relations avec le monde syndical. Elle tente de prendre des contacts avec toutes les organisations syndicales qui le souhaite . Des demandes dentrevue sont adressŽes ˆ la C.F.D.T., ˆ la C.G.T-F.O., ˆ la F.E.N. : " Nous Žtions demandeurs de relations suivies, intersyndicales, avec tout le monde, donc avec le S.G.E.N-C.F.D.T . Le S.G.E.N-C.F.D.T., je nai jamais eu le plaisir de les rencontrer, parce quils nous ont toujours envoyŽ " sur les roses " ". LA.G.E.L-U.N.E.F. se heurte la plupart du temps ˆ des fins de non-recevoir. Lattitude de la F.E.N., de la C.F.D.T., et de la C.G.T-F.O. sexplique sans doute par un anticommunisme virulent .
Ces rencontres, dictŽes par les circonstances, sont la plupart du temps plurielles, cest ˆ dire ouvertes ˆ toutes les organisations syndicales ou politiques. Elles sont donc irrŽgulires et ne permettent pas un dialogue en tte ˆ tte.
La collaboration entre lA.G.E.L-U.N.E.F. et la C.G.T. ou le S.N.E.Sup. prend diffŽrentes formes au gr des circonstances. Elle peut se concrŽtiser sous la forme dun soutien publique. Ainsi, en avril 1976, une dŽclaration commune UL- C.G.T. Bron- Chassieu- Satolas / C.A. U.N.E.F. Bron est publiŽe. Elle fait suite ˆ la rencontre de deux dŽlŽgations et ˆ une dŽclaration nationale. A cette occasion, lUL- C.G.T. apporte son soutien ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. dans sa lutte contre la rŽforme du second cycle au nom des " convergences profondes " entre Žtudiants et travailleurs : lutte contre le ch™mage (la rŽforme du second cycle risque de laggraver), contre la dŽqualification des emplois, les bas salaires, la politique dŽmagogique du gouvernement et en faveur du programme commun. Lintervention de la C.G.T. dans le domaine universitaire se fait au nom de convergences entre Žtudiants et travailleurs. Il sagit alors dun soutien de poids auprs de lopinion publique et des salariŽs. LA.G.E.L-U.N.E.F. appara”t alors comme un partenaire privilŽgiŽ de la C.G.T., la C.G.T. refusant daccorder son soutien ˆ la " coordination des Žtudiants " o lextrme- gauche est active. Mais la plupart du temps, cette collaboration se fait dans le cadre dune intersyndicale, comme ˆ loccasion de la cŽlŽbration de lanniversaire de la libŽration de Lyon, du 1er mai ou encore ˆ loccasion dune action de solidaritŽ des travailleurs du Rh™ne avec lEspagne en octobre 1971.
Les relations entre lA.G.E.L-U.N.E.F., la C.G.T. et le S.N.E.Sup. se font, le plus souvent, dans le cadre de rencontres plurielles. Toutefois, en dehors de " lunitŽ daction syndicale ", la C.G.T. et le S.N.E.Sup. apportent ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. une aide matŽrielle et financire. Elle est variable selon les Žpoques, puisque, avec le dŽveloppement des services, lA.G.E.L-U.N.E.F. a de moins en moins besoin dune aide matŽrielle.
La fourniture dune aide matŽrielle est surtout luvre de lUnion DŽpartementale C.G.T. ou des Unions Locales C.G.T.: " Laide apportŽe ˆ lA.G.E., cŽtait par la C.G.T. [ ]. La C.G.T. nous procurait des affiches, des tracts, une sono ". Lors des Žlections universitaires, au C.A. du C.R.O.U.S., ou lors des mouvements Žtudiants, la C.G.T. fournit une aide matŽrielle non nŽgligeable. Ainsi, en 1977, lA.G.E.L-U.N.E.F. possde une dette de 6690,00 francs auprs de lUL- C.G.T. de Bron-Chassieu-Satolas pour des travaux dimprimerie. Par contre, le S.N.E.Sup. semble incapable doffrir une aide matŽrielle : " Le S.N.E.Sup. [ ] Žtait de fait moins militant que la C.G.T. et ce nest pas eux qui allaient nous rŽgler les problmes des tracts, des affiches. A la limite, parfois, cest nous qui rŽglions le problme des tracts pour eux ". Avec le dŽveloppement des services, puis du CERCOOPE, lA.G.E.L-U.N.E.F. recourt de moins en moins ˆ laide de la C.G.T.. Elle devient exceptionnelle : " La C.G.T. nous a aidŽ, par exemple, pour imprimer des tracts. En effet, cela coinait, par moment, au CERCOOPE, lors de la pŽriode dimpression des thses . Donc, ˆ ce moment lˆ, on passait par lUD- C.G.T.. ".
Laide financire est principalement apportŽe par le S.N.E.Sup.. Lorsque les besoins se font sentir (congrs ), les professeurs adhŽrents au S.N.E.Sup. sont rŽgulirement sollicitŽs pour verser leur Žcot.
Les relations " officielles " entre lA.G.E.L-U.N.E.F., la C.G.T. et le S.N.E.Sup. apparaissent ˆ la fois irrŽgulires et ponctuelles. DictŽes par les circonstances, elles se bornent le plus souvent ˆ une aide matŽrielle ou financire.
En fait, les relations entre lA.G.E.L-U.N.E.F. et les deux organisations syndicales sont surtout informelles, cest ˆ dire sans caractre officiel, sans prŽparation.
La C.G.T. ou le S.N.E.Sup. ne possdent pas ou rarement sur les campus universitaires de locaux syndicaux. Ils nont pas de permanence et sont difficiles ˆ joindre. Leur activitŽ syndicale, et en particulier celle du S.N.E.Sup., sexprime avant tout dans les conseils dU.E.R. ou duniversitŽ. Ils utilisent peu les moyens daction des syndicats ouvriers : grve, manifestation .La structure repose la plupart du temps sur quelques rares militants, souvent peu disponibles. Par consŽquent, les conseils sont les lieux privilŽgiŽs de rencontre entre ces diffŽrentes organisations syndicales. Les Žlus apparaissent alors comme des intermŽdiaires essentiels.
Un vŽritable travail en commun sŽlabore au sein des conseils. En effet, de multiples actions voient le jour : les Žlus adoptent des positions communes lors de votes, des motions sont prŽsentŽes et prŽparŽes en commun, des concertations ont lieu avant les votes . Les dŽbats offrent loccasion dŽchanger des idŽes, de confronter les analyses, les propositions, dŽtablir des convergences, mais aussi des contacts.
Mais surtout, les Žlus des professeurs et des personnels jouent un r™le essentiel dans la formation des Žlus Žtudiants : " On Žtait beaucoup aidŽ par le S.N.E.Sup. dans la comprŽhension des mŽcanismes universitaires et le dŽcryptage dun certain nombre de problmes ˆ luniversitŽ [ ]. Jai aussi eu des relations avec la C.G.T. dans le cadre du C.A., qui mont beaucoup aidŽ pour dŽcrypter et comprendre , qui mont formŽ [ ]. Ils contribuaient, par les questions quon leur posait, ˆ la formation des Žlus de lU.N.E.F. ". Les Žlus des professeurs et des personnels ont souvent une longue expŽrience et apportent une aide prŽcieuse aux Žlus Žtudiants pour comprendre la portŽe dun document administratif, financier ou autre.
Les relations personnelles jouent un r™le fondamental dans les relations entre lA.G.E.L-U.N.E.F. et le S.N.E.Sup. et la C.G.T.. Des connaissances personnelles permettent dŽtablir des passerelles entre les diffŽrentes organisations : " Nos contacts avec la C.G.T. tenaient des bonnes relations quon avait avec le secrŽtaire de lUJICT- C.G.T. et qui fait que, sur un certain nombre de dossiers, on a travaillŽ ensemble : les IUT ". De toute Žvidence, des interactions existent entre les milieux syndicaux et politiques. Les anciens adhŽrents de lA.G.E.L-U.N.E.F. deviennent au fil des ans des responsables syndicaux, politiques, des professeurs . Ils constituent une trame de relations sur laquelle peut sappuyer lA.G.E.L-U.N.E.F.. Des rŽseaux de relations se superposent ˆ cette trame : des adhŽrents de lA.G.E.L-U.N.E.F. sont aussi ˆ lU.E.C. ou au P.C.F., o ils peuvent rencontrer des adhŽrents de la C.G.T., de la section universitaire de la Doua du P.C.F. . Ainsi, les connaissances personnelles jouent un r™le essentiel dans les relations de lA.G.E.L-U.N.E.F. avec le S.N.E.Sup. et la C.G.T..
Les relations de lA.G.E.L-U.N.E.F. avec le S.N.E.Sup. et la C.G.T. sexpriment surtout au sein de diffŽrents conseils. Certes, la C.G.T. fournit ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. une aide matŽrielle non- nŽgligeable, mais elle diminue progressivement avec le dŽveloppement des services. Contrairement ˆ dautres organisations, et en particulier lUD- U.N.C.A.L. du Rh™ne, lA.G.E.L-U.N.E.F. ne tente ˆ aucun moment de " coller " au S.N.E.Sup. ou ˆ la C.G.T.. Au contraire, elle conserve une certaine indŽpendance et ne tisse pas vŽritablement de liens Žtroits.
II. Un syndicat de gauche sans affiliation partisane.
Les syndicats, quils soient Žtudiants, ouvriers ou autres, sont systŽmatiquement classŽs en fonction de leur sensibilitŽ politique, de leur famille de pensŽe . LindŽpendance syndicale, bien que revendiquŽe, devient alors une simple mise en scne. LA.G.E.L-U.N.E.F. nŽchappe, par consŽquent, pas ˆ la rgle et tra”ne la " gamelle communiste ". Les plus pudiques ou modŽrŽs rŽsument en gŽnŽral cela en quelques mots : " proche du P.C.F. ". Pour les plus virulents, lA.G.E.L-U.N.E.F. devient la courroie de transmission du P.C.F. dans le monde Žtudiant, recevant probablement ses ordres de Moscou .La masse des Žtudiants, lorsquelle nest pas indiffŽrente, rŽprouve les prises de position politiques en faveur du programme commun de la gauche et classe lA.G.E.L-U.N.E.F. comme un syndicat de gauche, en opposition aux syndicats et associations de droite. Ces clichŽs, souvent caricaturaux, sancrent- ils dans une rŽalitŽ ?. Quelles sont les relations de lA.G.E.L-U.N.E.F. avec les partis politiques et le parti communiste en particulier ?
LU.N.E.F- Renouveau dŽveloppe des analyses trs proches de celles de lUnion des Etudiants Communistes. La proximitŽ est particulirement nette avec lanalyse de lŽvolution de lUniversitŽ lyonnaise. Lanalyse de lU.E.C., dŽveloppŽe au congrs de ville davril 1970, distingue dun cotŽ les universitŽs de Paris-centre et les autres. Les universitŽs de Paris-centre sont destinŽes ˆ devenir des universitŽs dŽlite, o un enseignement polytechnique de qualitŽ est dŽlivrŽ. Dans le mme temps, les universitŽs de la banlieue parisienne et de Province doivent accueillir la masse des Žtudiants, sans secteur de recherche, dans le but de fournir au pays les cadres techniques pour les cha”nes de production. Dans ce systme universitaire dual, luniversitŽ de Lyon est condamnŽe ˆ rester une universitŽ de pitre qualitŽ. Lors du mouvement Žtudiant de fŽvrier 1970, lU.N.E.F- Renouveau publie son analyse de lŽvolution de lUniversitŽ. Pour elle, le souci de rentabiliser lUniversitŽ conduit ˆ la crŽation de trois types duniversitŽs : une universitŽ de masse destinŽe ˆ former des cadres moyens, une universitŽ de pointe ayant pour objectif de crŽer une Žlite pour la recherche et enfin les grandes Žcoles o sont recrutŽs les hauts cadres de lindustrie et de ladministration. Dans cette Žvolution, les universitŽs lyonnaises doivent devenir des universitŽs de masse liŽes aux besoins du patronat local. Les secteurs non rentables comme les Lettres sont amenŽs ˆ dispara”tre. Ces analyses, fortement marxistes, sont extrmement proches et renvoient ˆ une mme conception de lŽvolution de la situation universitaire. Une mme proximitŽ se retrouve ˆ propos de la dŽfense des libertŽs syndicales et politiques ˆ lUniversitŽ, ou de lanti- impŽrialisme. Outre ces analyses, la conception des bases dune rŽnovation de lU.N.E.F. est la mme pour lU.E.C. et pour le courant Renouveau. A la base, le postulat est identique pour les deux : lŽchec de mai 1968, simple flambŽe passagre, sexplique avant tout par labsence dun vŽritable syndicat Žtudiant : " On voit bien la correspondance avec les thses politiques de lŽpoque : [ ] il a manquŽ un programme daction pour les masses populaires, cest ˆ dire le programme commun. En correspondance avec a, il yavait lidŽe quil a manquŽ un grand syndicat Žtudiant qui tienne la route et il faut le reconstruire. ". A ce postulat rŽpond une conception du syndicalisme Žtudiant. Organisation syndicale de masse, lU.N.E.F. doit dŽfendre les revendications et les intŽrts des Žtudiants, en liaison avec les syndicats ouvriers et en utilisant tous les moyens possibles, y compris la cogestion.
La proximitŽ des analyses, lutilisation et le recours ˆ un mme vocabulaire dŽmontrent linfluence de lU.E.C. sur lU.N.E.F- renouveau. Cependant, il appara”t trs difficile dŽtablir les vecteurs de cette influence. La plupart des analyses sont ŽlaborŽes au niveau national, puis ensuite rŽpercutŽes au niveau local, tant ˆ lU.E.C. normalisŽe depuis quelques annŽes, quˆ lU.N.E.F.- Renouveau. Pour les analyses locales, il faut sans doute Žloigner lidŽe dune volontŽ dŽlibŽrŽe de lU.E.C. dimposer ses analyses, idŽe qui corrobore limage dune U.N.E.F. courroie de transmission du P.C.F.. La nŽcessitŽ dun renouveau de lU.N.E.F. et certaines analyses bŽnŽficient dun consensus qui sŽtend au-delˆ du cercle trs restreint des adhŽrents de lU.E.C.. La mme analyse de la situation universitaire est dŽveloppŽe par UniversitŽ 70 (gauche non- communiste) : " On constituerait ainsi de nouvelles grandes Žcoles, ˆ cotŽ de facultŽs dŽpotoirs pour la plus grande masse ". Au consensus sajoute linfluence des adhŽrents de lU.E.C. au sein de lU.N.E.F- Renouveau. Peu nombreux, ils constituent pourtant une part importante des militants et possdent sans doute un poids, une influence auprs des adhŽrents. Or, ils reproduisent volontairement ou non les analyses de lU.E.C..
Cependant, au niveau local, lU.E.C. contribue surtout par lapport de militants. Linvestissement de lU.E.C. dans lU.N.E.F. ne dŽbute pas avec le Renouveau. En effet, elle contr™le plusieurs A.G.E., dont Lille, Saint- Etienne et Toulouse. DŽs dŽcembre 1968 et la dŽclaration de lA.G.E. de Lille, lU.E.C. appelle publiquement ˆ renforcer lU.N.E.F- Renouveau. Elle publie et diffuse ses propres tracts appelant au renouveau de lU.N.E.F.. Ainsi, en fŽvrier 1969, des militants de lU.E.C. distribuent des tracts intitulŽs " Pour un renouveau de lU.N.E.F. " en facultŽ de mŽdecine. Elle mne aussi ses propres actions sans en rŽfŽrer aux membres de lU.N.E.F.- renouveau. En janvier 1971, lU.E.C. dŽcide de rŽagir au refus prolongŽ de la direction de lA.G.E.L. de dŽlivrer les cartes U.N.E.F. 1970/1971. Le jeudi 14 janvier 1971, B. Gazet, membre du bureau P.S.U. de lA.G.E.L., est enlevŽ ˆ lI.N.S.A. par plusieurs Žtudiants de lU.E.C.. Il est ensuite rel‰chŽ vers le parc de Miribel- Jonage sans avoir donnŽ les cartes. Cette anecdote montre ˆ quel point lU.E.C., ou une partie de lU.E.C. , sinvestit en faveur du renouveau de lU.N.E.F.. Mais surtout, lU.E.C. est mise ˆ contribution pour son rŽseau et ses connaissances. Elle permet, au dŽbut de lannŽe 1969, de faire la liaison entre les diffŽrentes listes : " Il faut tre honnte. Disons, la liaison entre ceux qui souhaitaient se prŽsenter [ ] sest faite par les Žtudiants socialistes et par lU.E.C. ". La prŽsence de lU.E.C. dans les diffŽrentes facultŽs permet de donner corps ˆ lU.N.E.F.- Renouveau. Ses connaissances sont aussi mises ˆ contribution pour publier des articles dans la Voix du Lyonnais, hebdomadaire de la fŽdŽration P.C.F. du Rh™ne.
Si lU.E.C. dŽcide de sinvestir fortement dans lU.N.E.F.- Renouveau, sa prŽsence nest pas prŽpondŽrante, hŽgŽmonique. La faiblesse de ses effectifs gne considŽrablement ses activitŽs.
Les annŽes 60 ont ŽtŽ difficiles pour lorganisation Žtudiante communiste. En effet, elle se trouve confrontŽe, au dŽbut des annŽes 60, ˆ une crise durable o saffrontent les tenants du ComitŽ Central du P.C.F. et les futurs leaders gauchistes. Une normalisation de lorganisation est entreprise par le P.C.F. et lU.E.C. est secouŽe par les scissions et les exclusions. Ses effectifs dŽclinent rapidement et elle perd alors toute influence sur le monde Žtudiant. Les dernires crises se produisent en 1965 avec lexclusion/scission du secteur Lettres de lU.E.C. aprs son refus de soutenir la candidature de F.Mitterrand lors des Žlections prŽsidentielles. En 1966, des anciens adhŽrents fondent la J.C.R. avec ˆ sa tte A. Krivine et des membres de la IV Žme internationale, tandis que des mao•stes crŽent lU.J.C.M.L..
A la veille de mai 1968, lU.E.C. est certes normalisŽe, mais elle est considŽrablement affaiblie et se trouve en butte ˆ lhostilitŽ et ˆ la concurrence des groupes gauchistes ˆ lUniversitŽ. Mai 1968 se dŽroule dune faon un peu particulire pour lU.E.C. En effet, son attitude, totalement calquŽe sur celle du P.C.F, place lU.E.C. en retrait du mouvement de mai.
Fin 1968, dŽbut 1969, elle compte peu dadhŽrents : 120 environ selon les R.G. Elle dispose cependant dune organisation structurŽe, organisŽe dans les facultŽs en cercles. Elle retrouve un certain dynamisme, mne des campagnes dadhŽsion et distribue ses tracts sous la protection des militants du P.C.F. ou de la C.G.T. dans les universitŽs et restaurants universitaires. Cependant, elle Žprouve des difficultŽs ˆ dŽvelopper son influence sur le milieu Žtudiant. Une note de la fŽdŽration U.E.C. de Lyon au Bureau National de lUEC dŽplore son incapacitŽ ˆ influencer, ˆ avoir un poids sur lŽvolution des grves en Lettres et en Sciences en janvier- fŽvrier 1970. LU.E.C., ˆ peine remise de son double traumatisme, la crise du dŽbut des annŽes 60 et mai 1968, ne dŽtient pas les capacitŽs humaines pour imposer ˆ lU.N.E.F-Renouveau une prŽsence hŽgŽmonique. Des adhŽrents de lU.E.C. militent activement ˆ lU.N.E.F- Renouveau et influencent le syndicat Žtudiant. Mais ˆ aucun moment, elle ne possde une prŽsence prŽpondŽrante, hŽgŽmonique.
Dailleurs, lU.N.E.F-Renouveau regroupe en rŽalitŽ des Žtudiants de sensibilitŽs politiques diffŽrentes. Sa crŽation se fait sur la participation aux Žlections universitaires. Elle est alors trs peu structurŽe et le nom U.N.E.F-Renouveau est celui donnŽ aux listes qui se prŽsentent dans les diffŽrentes U.E.R.. Or, les listes recrutent bien au-delˆ du cercle restreint de lU.E.C., et des Žtudiants de sensibilitŽs politiques diverses simpliquent activement. Cette diversitŽ se maintient au-delˆ des Žlections. Ainsi, parmi les premiers animateurs de lU.N.E.F- Renouveau, on retrouve des Žtudiants de toute la gauche : P.Maneval, J. Miachon (proche de la CIR), M. Hernu (JDS), JJ. Queyranne, G.Collomb. Le cas de N. Chambon est significatif : Žtudiante en Lettres, Žlue sur une liste de lU.N.E.F- Renouveau, prŽsidente du C.A. U.N.E.F. de lU.E.R. Sciences de lHomme et de Son Environnement, elle est membre du Bureau National de lU.N.E.F. de mars 1971 ˆ 1975 o elle reprŽsente plus ou moins les Žtudiants radicaux de gauche. Cependant, loin de constituer un contre- poids ˆ lU.E.C., les Žtudiants socialistes ou de la gauche non- communiste sont dispersŽs en de multiples chapelles et peu nombreux : une trentaine environ.
Contrairement aux lŽgendes et aux images vŽhiculŽes par ses dŽtracteurs, lU.N.E.F-Renouveau ne se compose pas essentiellement de communistes, mais souvre beaucoup plus largement ˆ toutes les composantes de la gauche. Dailleurs, lU.E.C., affaiblie, ne possde pas les ressources suffisantes pour faire de lU.N.E.F-Renouveau sa " courroie de transmission ". Cependant, son influence est trs loin dtre nŽgligeable : ses adhŽrents militent activement dans le syndicat, o ils possdent les capacitŽs nŽcessaires pour simposer .
On assiste ˆ un effacement progressif des militants des partis de la gauche non- communiste. Hormis quelques cas individuels, aucune organisation socialiste, ˆ part le CERES brivement, ne sinvestit dans le syndicat Žtudiant lyonnais.
La CIR dŽcide dŽs le dŽbut de participer au renouveau de lU.N.E.F., mme si, au niveau local, lengagement est moins net. En effet, de " nombreux " Žtudiants de la CIR se regroupent au sein dUniversitŽ 70, qui prŽsente une liste avec le M.A.R.C. (Mouvement dAction et de Recherche Critique, gauche non- communiste, proche de la C.F.D.T.) aux Žlections dU.E.R. de dŽcembre 1970 (U.E.R. de Sciences Juridiques). La CIR dispara”t avec la crŽation du Parti Socialiste en 1971. Le regroupement dune partie notable de la gauche non- communiste au sein du nouveau parti nentra”ne pas pour autant lengagement des jeunes socialistes dans lA.G.E.L-U.N.E.F.. Au contraire, les Žtudiants socialistes demeurent ŽmiettŽs entre les diffŽrents courants du P.S., en particulier ˆ Lyon : Etudiants Socialistes avec J. Poperen, CERES de J.P ChevŽnement, Mitterrandiens . Seul le CERES dispose de quelques militants dans lA.G.E.L-U.N.E.F., mais de manire ponctuelle et sans responsabilitŽs .
LannŽe 1975 marque lachvement de ce processus : N. Chambon, qui a reprŽsentŽe les Žtudiants radicaux de gauche au Bureau National de lU.N.E.F., critique la prise en main de lA.G.E.L-U.N.E.F. par lU.E.C. et dŽmissionne. Dans le mme temps, le Parti Socialiste crŽe le C.O.S.E.F. (ComitŽ dOrganisation pour un Syndicat des Etudiants de France) et prŽsente une liste ˆ lŽlection dU.E.R. de lIEP. Aprs une relative percŽe, il obtient deux Žlus sur dix, il dispara”t de la scne en 1977. En dŽpit de cet Žchec, la crŽation du C.O.S.E.F. incarne la rupture entre le P.S. et lU.N.E.F. dans un contexte pourtant favorable ˆ lunion : le programme commun. Par la suite, le Parti Socialiste, hormis le CERES, dŽlaisse le syndicalisme Žtudiant. Son rŽengagement date seulement du dŽbut des annŽes 80. A partir dune implantation dans lU.N.E.F- US, les Žtudiants socialistes investissent lU.N.E.F- ID, aprs la fusion entre le M.A.S. et lU.N.E.F- US.
DŽsormais, lU.E.C. est la seule organisation politique ˆ conserver une prŽsence au sein de lA.G.E.L-U.N.E.F.. La double appartenance devient frŽquente dans le milieu militant de lA.G.E.L-U.N.E.F. et au niveau des responsables. Ainsi, tous les prŽsidents dA.G.E. sans exception sont adhŽrents de lU.E.C.. De nombreux responsables sont aussi ˆ lU.E.C.. Elle devient de plus en plus importante avec la diminution des adhŽrents, et souvent des moins politisŽs. Cependant, il existe un refus de mŽlanger les deux. Mme sil nexiste pas de rgle Žcrite, les double- responsabilitŽs sont ŽvitŽes autant que possible : " Nos rapports (entre lA.G.E.L-U.N.E.F. et lU.E.C.) Žtaient amicaux, on se conna”t bien, ils sont ˆ lU.N.E.F , mais bon, on sŽparait les deux ". Mais lA.G.E.L-U.N.E.F. et lU.E.C. ne sont pas deux mondes distincts, hermŽtiques. En effet, la double-appartenance, la proximitŽ des analyses et surtout le partage dun mme noyau militant, engendrent entre les deux organisations des liens. Ainsi, jusquau milieu des annŽes 80, lA.G.E.L-U.N.E.F., qui ne conna”t pas de difficultŽs majeures, sert de vivier ˆ lU.E.C.. Pour Philippe Grand, prŽsident dA.G.E. de 1984 ˆ 1985, " lU.N.E.F. sert de vivier ˆ lU.E.C.. Elle ne vient pas taper dedans, mais elle sert de vivier. En effet, on se c™toie [ ]. On a jamais voulu que lU.E.C. se serve de notre local [ ], mais cest vrai que lon a aussi fournit des militants ˆ lU.E.C.. Et cest aussi vrai que lU.E.C a pu, ˆ un moment, nous en fournir. ". LA.G.E.L-U.N.E.F., qui compte alors prŽs de 1500 adhŽrents, constitue, pour une U.E.C. numŽriquement faible, un milieu o elle peut recruter. Mais ce processus fonctionne aussi dans le sens inverse. De 1986 ˆ 1988, la survie de lA.G.E.L-U.N.E.F. est assurŽe par lU.E.C.. Elle investit alors des militants dans une U.N.E.F. rŽduite ˆ lŽtat de groupuscule : " Ne serait- ce que demander ˆ des copains de l‰cher leurs responsabilitŽs sur lU.E.C. pour aller sur lA.G.E.L.. [ ]. Aprs, il me semble que la balance a dž se renverser, ˆ un moment donnŽ. LU.E.C. avait alors perdu pas mal de cadres [ ] et lA.G.E.L. a fournit des responsables ˆ lU.E.C. ". Une interdŽpendance se fait donc entre lU.E.C. et lA.G.E.L-U.N.E.F.. Elle se renforce encore davantage avec la participation de droit du prŽsident dA.G.E. au bureau de ville de lU.E.C.. Cette pratique sŽrige pratiquement en tradition, puisquelle est confirmŽe sur toute la pŽriode 1971-1994, mais en particulier pour toutes les annŽes 70. Cependant, tre membre ne signifie pas siŽger. Il semble que, dans un souci de sŽparation des activitŽs syndicales et politiques, de nombreux prŽsidents ne sigent pas ou peu : " CŽtait le cas [ ]. Je suis arrivŽ, on ma dit que cŽtait comme cela, que ca se faisait. Alors jai fait comme cela, mais bon, je nai jamais ŽtŽ trs actif. JŽtais prŽsent rŽgulirement, mais je nŽtais pas trs actif, ni trs talentueux, parce que je ne mettais pas beaucoup de bonne volontŽ !. [ ] Ce nest pas la conviction qui me manquait, mais je trouvais quil ne fallait pas mŽlanger les " crŽmeries " ".
De 1971 ˆ 1994, lU.E.C. demeure la seule organisation politique dans lA.G.E.L-U.N.E.F., aprs leffacement progressif des organisations de la gauche non- communiste. Sa prŽsence se traduit par des double- appartenances, par la prŽsence du prŽsident de lA.G.E.L-U.N.E.F. au bureau de ville de lU.E.C., par le partage dun mme noyau militant. Toutefois, durant cette pŽriode, les relations entre les deux organisations sont difficiles ˆ dŽfinir. Une interaction existe, Žvidente, mais limage traditionnelle dune A.G.E.L-U.N.E.F. communiste est peu crŽdible et la plupart des adhŽrents ne sont inscrits ˆ aucun parti politique. De fait, lU.E.C. possde sur lA.G.E.L-U.N.E.F. une influence indŽniable. Cependant, elle varie selon lŽtat de lU.N.E.F. : plus lU.N.E.F. est puissante, plus elle devient autonome. Plus lU.N.E.F. est faible et plus son cercle militant se confond avec celui de lU.E.C., do un surcro”t de linfluence communiste.
LU.N.E.F. des annŽes 50 pouvait peser, au moins en apparence, sur les dŽbats parlementaires et parfois imposer ses vues par la concertation. Ainsi, en mars 1948, elle pse considŽrablement, sans pour autant imposer ses vues, sur le contenu du dŽcret Capitant instaurant les premires Žlections universitaires.
LU.N.E.F. des annŽes 70 ne dispose pas des moyens humains, du prestige, des relais politiques nŽcessaires pour influer sur la politique universitaire, tant au niveau national que local. De plus, les autoritŽs politiques et universitaires se refusent ˆ tout dialogue ou concertation avec lU.N.E.F.. Face ˆ cette impasse politique, lU.N.E.F. opte rapidement pour le choix de lalternance politique, cest ˆ dire pour lengagement en faveur du programme commun de la gauche.
DŽs le 20 juillet 1972, lA.G.E.L-U.N.E.F. rencontre le P.C.F. pour Žvoquer le programme commun de la gauche. Dans le compte- rendu, les dŽlŽguŽs de lA.G.E.L-U.N.E.F. Žvoquent des points positifs : la volontŽ de rŽduire la " sŽgrŽgation sociale " par la gratuitŽ des Žtudes , la prioritŽ ˆ lemploi et la dŽfense des conditions de vie. Les grandes prioritŽs sont largement approuvŽes. La satisfaction de lA.G.E.L-U.N.E.F. vis ˆ vis de la signature du programme commun nest pas une exception. Au contraire, elle est largement partagŽe par lensemble, ou presque, du syndicalisme franais et le programme commun appara”t rapidement comme un espoir intense, un premier pas vers le changement tant espŽrŽ. LA.G.E.L-U.N.E.F. considre donc le programme commun comme une Žvolution positive, puisque, gr‰ce ˆ lui, des revendications de lU.N.E.F. devraient aboutir : il " crŽe les conditions pour que les revendications Žtudiantes puissent tre satisfaites ". Il nest pas un objectif, mais " une arme privilŽgiŽe pour la satisfaction des revendications Žtudiantes ". Mais lengagement de lA.G.E.L-U.N.E.F. nest pas immŽdiat : il fait tout dabord preuve de prudence avant de sintensifier. Certes le programme commun de la gauche constitue une avancŽe et offre une perspective nouvelle de voir aboutir les luttes et les solutions que lU.N.E.F. propose. Mais lenthousiasme est tempŽrŽ par une prudence. Le Compte- rendu de la rŽunion insiste sur la nŽcessitŽ dobtenir plus de prŽcisions. De plus, il nest pas question pour lA.G.E.L-U.N.E.F. de propager les idŽes du programme commun dans le milieu Žtudiant. Lobjectif rŽaffirmŽ demeure la dŽfense des Žtudiants et la satisfaction des revendications. Les propositions du programme commun sont donc pour lA.G.E.L-U.N.E.F. un moyen de propager et de satisfaire ses revendications. A aucun moment, elles ne deviennent un objectif, une fin en soi. Un changement sopre avec les Žlections lŽgislatives de mars 1973. En effet, lA.G.E.L-U.N.E.F. rompt avec lattentisme et la prudence des mois prŽcŽdents et intervient dans la campagne Žlectorale en appelant ˆ voter pour la gauche : " Pour sortir luniversitŽ de la crise, tout faire pour que la gauche gagne les Žlections ". Le programme commun est dŽsormais considŽrŽ comme un moyen dŽtournŽ pour appliquer les solutions de lU.N.E.F.. Lintervention de lA.G.E.L-U.N.E.F. dans la campagne se concrŽtise par des dŽbats dans les T.D. pour expliquer la crŽdibilitŽ du programme commun et des solutions de lU.N.E.F.. Elle souhaite conscientiser le milieu Žtudiant. Toutefois, ce changement ne se fait pas sans heurts et des discussions ont lieu au sein du syndicat sur lopportunitŽ de soutenir le programme commun. Le compte- rendu du congrs de lA.G.E.L-U.N.E.F. des 12 et 13 mai 1973 se fait lŽcho de ces discussions. Des interventions critiques sŽlvent contre un engagement trop prononcŽ en faveur du programme commun : discussions insuffisantes au sein de lA.G.E.L-U.N.E.F. et surtout crainte de voir le programme commun permettre une assimilation U.N.E.F./P.C.F. par les autres syndicats et associations Žtudiantes.La rŽticence ˆ un engagement plus fort sappuie aussi sur laccueil des Žtudiants face aux initiatives de lA.G.E.L-U.N.E.F. durant la campagne des Žlections lŽgislatives. En effet, la rŽaction des Žtudiants appara”t immŽdiatement hostile ou peu favorable. Le C.A I.N.S.A. conclut son intervention sur les dŽbats organisŽs sur les liens entre les solutions de lU.N.E.F. et le programme commun par : " On se fait sortir ". De plus, lintervention de lU.N.E.F. dans la campagne des Žlections lŽgislatives sest soldŽe par une immense dŽception des adhŽrents devant les rŽsultats. En dŽpit de ces rŽserves, la position de lA.G.E.L-U.N.E.F. est rŽaffirmŽe quelques mois plus tard ˆ loccasion des Žlections prŽsidentielles de 1974. Lintervention publique est cette fois le fait du Bureau National, qui publie un tract intitulŽ : " Appel national de lU.N.E.F. pour les prŽsidentielles ". Le soutien ˆ F. Mitterrand se fait alors dans une logique unitaire : il est soutenu par lensemble des partis de gauche, la plupart des centrales syndicales, le P.S.U. . Au niveau local, lintervention de lA.G.E.L-U.N.E.F. est plus modŽrŽe, discrte : " LU.N.E.F. nationale prenait toujours position dans les grandes batailles politiques. Elle disait quaprs avoir rencontrŽ tous les candidats, ce qui nŽtait pas forcŽment vrai, elle avait jugŽ un tel plus sensible au projet dAllocation dEtudes etc. . [ ] Localement, ce ne se traduisait jamais par des interventions. Celle du Bureau National suffisait et on ne faisait rien dautre ". Lintervention de lA.G.E.L-U.N.E.F. semble se rŽsumer ˆ un message de soutien ˆ voter pour F. Mitterrand lors dun meeting de lensemble des partis de gauche ˆ Gerland.
A partir du milieu des annŽes 70, limplication de lA.G.E.L-U.N.E.F. vis ˆ vis du programme commun de la gauche devient moindre . Lors des Žlections lŽgislatives de 1978, son intervention est quasiment nulle. La dŽgradation des relations P.S- P.C.F. ˆ partir doctobre 1976 et une certaine lassitude dŽtournent sans doute lU.N.E.F. du programme commun. Ce dŽsintŽrt croissant se renforce au fil du temps. Sa rupture en 1978 nengendre pas de difficultŽs internes, exceptŽs sans doute de nombreuses dŽsillusions et dŽcouragements.
Le dŽnouement logique de cet engagement est la victoire de F. Mitterrand ˆ lŽlection prŽsidentielle le 10 mai 1981. Elle crŽe pour lA.G.E.L-U.N.E.F. un nouveau contexte susceptible de faire aboutir ses revendications. DŽs lors, elle soutient la politique universitaire menŽe par le nouveau gouvernement. Cest le cas du projet de loi sur lEnseignement SupŽrieur en mai 1983.
Toutefois, lA.G.E.L-U.N.E.F. va, durant les annŽes 80 et 90, prendre progressivement davantage de distance vis ˆ vis des partis de gauche et de la politique menŽe par les diffŽrents gouvernements.
Les signes prŽcurseurs de cette distanciation apparaissent dŽs la rentrŽe universitaire 1983-1984. En effet, en novembre 1983, les adhŽrents de lA.G.E.L-U.N.E.F. organisent une journŽe de boycott des restaurants universitaires, afin de protester contre laugmentation du prix du ticket de R.U de 6,15 francs ˆ 8,00 francs. Mais les critiques demeurent mesurŽes. En dŽpit du dŽpart des ministres communistes du gouvernement le 19 juillet 1984 (avec le gouvernement Fabius), elle demeure modŽrŽe dans ses revendications et ses critiques envers la politique universitaire du pouvoir. Tout comme le tournant de la rigueur de 1983 (un plan de rigueur Žconomique est annoncŽ par le gouvernement Mauroy le 25 mars 1983), la crise politique de juillet 1984 engendre peu de rŽpercussions au niveau local. Elles se produisent surtout au Bureau National o sigent encore quelques socialistes. Dailleurs, dans un article de lHumanitŽ du 27 septembre 1984, lA.G.E.L-U.N.E.F., par la voix de son prŽsident, rŽaffirme son soutien ˆ la rŽforme de lEnseignement SupŽrieur : " Nous lavons voulue, nous y avons travaillŽ, nous en avons dŽbattu avec les Žtudiants, nous avons obtenu quelle soit votŽe ". Seules quelques petites rŽserves sont exprimŽes vis ˆ vis des moyens allouŽs, tandis quune rŽforme des uvres universitaires est ardemment souhaitŽe.
En fait, le tournant semble se situer ˆ la fin de lannŽe universitaire 1984-1985. Lattitude de lA.G.E.L-U.N.E.F. se radicalise et soppose ouvertement ˆ la politique universitaire du gouvernement. Les dŽsaccords portent sur la mise en place des nouvelles structures de lUniversitŽ et sur laugmentation des droits dinscription. Pour lA.G.E.L-U.N.E.F., les nouveaux projets du gouvernement, ŽlaborŽs sans concertation, visent ˆ crŽer une UniversitŽ ˆ deux vitesses : une universitŽ dŽlite ˆ forts moyens et une UniversitŽ de masse. Dans le mme temps, le ministre de lEducation Nationale, Mr J.P.ChevŽnement, annonce une augmentation de 33 % des droits dinscription et des droits pour la sŽcuritŽ sociale Žtudiante. Les critiques ne sont plus voilŽes et lA.G.E.L-U.N.E.F. accuse le gouvernement de suivre la mme politique que les anciens gouvernements de droite : crŽation duniversitŽs concurrentielles et ˆ double vitesses, renforcement de la sŽlection et absence totale de concertation. Les causes de ce changement sont multiples. La nouvelle orientation politique, Žconomique et sociale du gouvernement joue un r™le majeur. Ladoption et lapplication dune politique de rigueur au printemps 1983 a mis fin aux illusions sur un mutation possible de lUniversitŽ, sur la prise en compte des solutions de lU.N.E.F., qui nŽcessitent un rŽengagement financier de lEtat. Les nouvelles mesures du gouvernement heurtent de plein front lU.N.E.F.. Laccumulation des hausses diverses en 1984 (augmentation de cinquante centimes du prix du ticket de R.U, des loyers des chambres des citŽs universitaires de 5 %), sans rŽaction de la part du syndicat Žtudiant, a sans doute contribuŽ ˆ une sorte de " ras le bol ". Enfin, le dŽpart des ministres communistes du gouvernement entra”ne probablement une attitude plus critique des actes du gouvernement chez les militants de lU.E.C..
Par la suite, lA.G.E.L-U.N.E.F. nintervient pratiquement plus dans le domaine politique. Cependant, des prises de position internes ˆ lorganisation sont dŽcidŽes. En aout-septembre 1992, le Bureau National de lU.N.E.F. explique ˆ ses adhŽrents les raisons de voter non au referundum sur le traitŽ de Maastricht : " On ne la pas rendu publique. Jai reu un exemplaire, mais je ne sais pas si tout le monde en a reu. Il demandait de ne pas voter pour le traitŽ de Maastricht. Enfin, non, il ne demandait pas, il disait pourquoi il ne fallait pas voter pour Maastricht, ce qui nest pas tout ˆ fait pareil ". Mais pour les Žlections, ni lU.N.E.F., ni lA.G.E.L-U.N.E.F. nappellent ˆ voter pour tel ou tel candidat. Son discours abandonne toute rŽfŽrence ˆ une solution politique, les contacts mme avec les partis politiques sespacent et se rarŽfient. Elle abandonne tout projet global pour lUniversitŽ et tente de coller au mouvement Žtudiant : opposition au projet Devaquet, ˆ la guerre du golfe, au projet Jospin, au CIP .
La rupture de la reprŽsentation syndicale unique des Žtudiants se produit ds 1961 avec la scission de la F.N.E.F., soutenue par le pouvoir gaulliste. Cependant, la F.N.E.F. ne parvient pas ˆ simposer au niveau national et au niveau local. A Lyon, sa branche, la F.G.E.L. (FŽdŽration GŽnŽrale des Etudiants Lyonnais) vŽgte et lU.N.E.F. garde une position largement prŽdominante. La scission de 1971, entre lU.N.E.F.- Renouveau et lU.N.E.F.- UnitŽ Syndicale, met, relativement, un terme ˆ une pŽriode dŽmiettement de la reprŽsentation syndicale Žtudiante. DŽsormais, une concurrence entre une multitude dassociations et de syndicats existe sur les campus. Face ˆ cette situation, lA.G.E.L-U.N.E.F. pratique une politique de dŽnonciation vis ˆ vis des autres organisations et se considre comme le seul syndicat Žtudiant, hŽritier de la " grande UNEF ".
A linverse, les autres associations et syndicats Žtudiants sont dŽnoncŽs comme des alliŽs objectifs du gouvernement : " Leurs programmes, cest pour les uns la copie conforme de celui de Saunier, pour les autres une mauvaise copie de celui de lU.N.E.F., la F.R.U.F. et lU.G.E.. Leur raison dtre : permettre lapplication des plans de Saunier. Sinon, dailleurs, comment mŽriteraient-ils les subventions dont les arrose Alice, et que celle-ci refuse ˆ lU.N.E.F., tentant dŽtouffer les luttes ". Toutes les associations sont visŽes, quelle que soit leur sensibilitŽ politique. Les Žlections Žtudiantes sont les moments privilŽgiŽs pour critiquer les autres listes. Ainsi, lors des Žlections au Conseil dAdministration du C.R.O.U.S. de Lyon- Saint Etienne en 1979, aucune liste nest ŽpargnŽe : le C.L.E.F. est " un syndicat Žtudiant giscardo-politique dirigŽ par Saunier SeitŽ ", la CERRA est considŽrŽe comme un mŽlange de " CORPO plus U.N.I., ou lart dassocier la carotte et le b‰ton ", le MAS est traitŽ avec ironie et condescendance : " ou du moins ce quil en reste. Trop occupŽs dans leurs querelles de tendances, ils nont pas le temps de sintŽresser aux problmes des Žtudiants. A Lyon, ils avaient un Žlu au C.R.O.U.S. : il na sans doute pas retrouvŽ son courant. O est-il ? Lanons un avis de recherche ". Mais la cible principale de lA.G.E.L-U.N.E.F. demeure lU.N.E.F-UnitŽ Syndicale, auquel elle dŽnie le droit de porter le sigle U.N.E.F. : " ils vous trompent en usurpant le sigle de lUNEF ". Ils sont le plus souvent qualifiŽs dA.J.S. (UnitŽ Syndicale) F.E.R.U.F.. En dŽpit de ses attaches trotskistes, lA.G.E.L-U.N.E.F. classe lU.N.E.F-UnitŽ Syndicale parmi les alliŽs de Saunier SeitŽ. Ainsi, le boycott pr™nŽ par lU.N.E.F-UnitŽ Syndicale laisse, selon lA.G.E.L-U.N.E.F., les mains libres au gouvernement dans les conseils dadministration . Le corporatisme et le gauchisme sont relŽguŽs au rang des alliŽs objectifs de Saunier SeitŽ. Ainsi, le corporatisme est dŽfini comme une association dŽtudiants aisŽs, organisant des distractions et ayant pour objectif de faciliter lapplication des mesures gouvernementales. Si les corpos sont critiquŽes pour avoir une vision trop Žtroite et locale des problmes, lU.N.E.F-UnitŽ Syndicale est au contraire accusŽe de faire passer ses objectifs politiques avant les intŽrts des Žtudiants.
LA.G.E.L-U.N.E.F. tente dappara”tre comme le seul vŽritable syndicat Žtudiant, puisque tous les autres sont cataloguŽs dans le groupe des alliŽs du gouvernement. Elle souhaite ainsi se prŽsenter comme le seul p™le possible de ralliement pour les Žtudiants opposŽs aux mesures gouvernementales, et se pose en recours face aux " diviseurs ". LunicitŽ de la reprŽsentation syndicale des Žtudiants nest pas brisŽe, puisquune seule organisation dŽfend les intŽrts des Žtudiants : lU.N.E.F..
LunitŽ daction, cest ˆ dire la recherche dun consensus dune majoritŽ dorganisations syndicales sur un problme et la faon de le rŽsoudre, est depuis dŽjˆ quelques dŽcennies une pratique fortement implantŽe parmi les syndicats de salariŽs. (C.G.T., C.F.D.T., C.G.T- F.O., C.F.T.C ). Mme au niveau local, la pratique est courante : dans lIsre, une grve aux Žtablissements Merlin- GŽrin se dŽroule du 19 octobre au 6 novembre 1979 gr‰ce ˆ une unitŽ daction entre la C.F.D.T., la C.G.T ;, la C.G.T- F.O.. En milieu Žtudiant, la situation est radicalement diffŽrente, mme si une Žvolution se fait jour. En effet, Žviter le plus possible lunitŽ daction est, sans tre une prŽoccupation constante, un rŽflexe naturel.
Les causes sont multiples et trouvent leurs racines dans le passŽ et dans le prŽsent.
Le poids du passŽ dans le syndicalisme Žtudiant gne considŽrablement une Žvolution favorable ˆ lunitŽ daction. Il pse principalement sur les relations entre lA.G.E.L-U.N.E.F. et lU.G.E.L-U.N.E.F.. Dans les annŽes 50 surtout, la reprŽsentation Žtudiante est unique. Cest le mythe de la " grande U.N.E.F. " des annŽes 50 et 60, capable de rassembler au sein dune mme organisation la masse des Žtudiants, en dŽpit des diffŽrentes sensibilitŽs politiques. Ce passŽ est ˆ la fois glorieux et mystique : la charte de Grenoble en 1946, la crŽation de la sŽcuritŽ sociale Žtudiante et de la M.N.E.F. en 1948, la premire grve Žtudiante en 1947 pour les bourses et contre les droits dinscription, la crŽation du projet dallocation dŽtudes, les manifestations pour sopposer ˆ la suppression des sursis Žtudiants puis pour sopposer ˆ la guerre en AlgŽrie de 1958 ˆ 1961 . Or, les deux syndicats Žtudiants issus de la scission revendiquent ce passŽ. Chacun veut devenir un " syndicat de masse " et ambitionne dtre la seule et unique U.N.E.F.. Dans ce contexte, lA.G.E.L-U.N.E.F. se considre comme le seul syndicat Žtudiant : " A lŽpoque, il ny avait pas dunitŽ. Il nŽtait pas question pour nous dunitŽ daction entre les diffŽrentes organisations syndicales Žtudiantes, parce que, pour nous, dorganisation Žtudiante ˆ vocation syndicale, il ny en avait une seule : la n™tre. CŽtait aussi lavis des autres, sauf que cŽtait la leur. [ ]. A lŽpoque, lidŽe Žtait quil yavait de la place pour tout le monde ˆ lU.N.E.F., ˆ condition de ne pas crŽer de tendances organisŽes ". De par ses valeurs, ses attitudes, sa composition , lA.G.E.L-U.N.E.F. se considre comme la seule organisation syndicale Žtudiante. Puisque tout le monde peut venir ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F., les autres organisations nont plus de raisons dexister . Revenir ˆ lunicitŽ du syndicalisme Žtudiant suppose la disparition dune des deux U.N.E.F. et des autres organisations syndicales, ou la prŽdominance trs forte de lune des deux. Cette volontŽ se conjugue mal avec lunitŽ daction, puisque lunitŽ daction ne permet pas de revendiquer ˆ son profit exclusif une lutte auprs des Žtudiants, et donc de rŽcupŽrer les dividendes : influence accrue auprs des Žtudiants, augmentation du nombre des adhŽrents.
Le poids du passŽ se traduit aussi par une haine tenace entre les deux U.N.E.F. : lA.G.E.L. et lU.G.E.L.. En effet, un gouffre historique sŽpare les deux branches de lU.N.E.F. : le souvenir de la scission de 1971. Il perdure dans la mŽmoire du syndicalisme Žtudiant et des militants, et demeure particulirement vif, mme au dŽbut des annŽes 90, cest ˆ dire prs de 20 ans aprs !. Cette mŽmoire se compose dune trame chronologique simplifiŽe des ŽvŽnements et surtout de multiples anecdotes opposant les militants de lA.G.E.L-U.N.E.F. et de lU.G.E.L-U.N.E.F.. Elle est vŽhiculŽe par les cohabitations entre les strates successives dadhŽrents et est essentiellement orale. Elle peut remonter parfois fort loin, comme laffaire des cartes en 1969. En tout cas, elle nencourage pas lunitŽ daction entre les deux organisations : " On avait lidŽe, une idŽe de violences, surtout de la part de lU.N.E.F- ID. Je me souviens [ ]lU.N.E.F- ID faisait rŽfŽrence au mouvement du 22 mars [ ] et ˆ la scission de lU.N.E.F de 1971. Ils avaient , pour eux, il sŽtait passŽ quelque chose de violent, et ils perpŽtuaient cette violence. [ ]. LU.N.E.F- ID, cest lennemi, mais cest vraiment considŽrŽ comme lennemi. Ce nest pas ladversaire, cest lennemi. ". La haine entre les deux organisations va jusquˆ laffrontement physique. Ainsi, sous la prŽsidence dA. Saint- Patrice en 1975-1976 : " Avec lU.G.E.L-U.N.E.F., on avait viscŽralement une haine absolument fŽroce [ ]. Les relations Žtaient extrmement tendues. Ils Žtaient [ ] tabasseurs, on ne lŽtait pas. On sest fait taper dessus plusieurs fois. Y compris un camarade handicapŽ dans un fauteuil jetŽ dans les escaliers du deuxime Žtage [ ]. Des choses vraiment inqualifiables ".
Outre le poids du passŽ, la concurrence exacerbŽe entre les diffŽrentes associations et syndicats Žtudiants nuit ˆ lunitŽ daction. Elle nexiste pas seulement dans le monde Žtudiant, mais aussi entre les diffŽrents syndicats ouvriers. Cependant, la culture syndicale du monde ouvrier et salariŽ est de nature diffŽrente : le principe de pluralitŽ de la reprŽsentation des salariŽes est acquise depuis le dŽbut du vingtime sicle avec la scission de la C.G.T. en 1921, la crŽation de la C.F.T.C., des syndicats autonomes . De plus, les syndicats sont davantage diffŽrenciŽs, car ils sont porteurs de projets ˆ long terme : la C.G.T. souhaitait changer la propriŽtŽ des moyens de production . Enfin, la maturitŽ du syndicalisme ouvrier est plus grande, plus responsable.
Enfin, une dernire cause rŽside dans la nature mme de lunitŽ daction. En effet, elle induit lidŽe dune mise en commun des forces pour rŽgler un problme, car, seul, on ne dispose pas des capacitŽs nŽcessaires ˆ sa rŽsolution. Chercher lunitŽ daction, cest pour lA.G.E.L-U.N.E.F. reconna”tre indirectement son incapacitŽ, sa faiblesse ˆ mener seule des luttes. Or, elle affirme et veut appara”tre comme le seul syndicat Žtudiant, syndicat de masse.
LunitŽ daction nest donc pas, contrairement au syndicalisme ouvrier, un rŽflexe naturel. Au contraire, elle nest pas recherchŽe par les diffŽrents protagonistes.
La rŽalitŽ diffre cependant : lunitŽ daction est souvent imposŽe par les Žtudiants et par les circonstances lors des grands mouvements Žtudiants. Elle se rŽalise, de fait, lors des A.G.. Ouvertes ˆ tous, lA.G. regroupe les reprŽsentants de toutes les organisations syndicales et politiques du campus. Or, cest lA.G. qui, souveraine, dirige le mouvement, au moins en apparence. Par consŽquent, lunitŽ daction se rŽalise ˆ travers lAssemblŽe GŽnŽrale. Les coordinations Žtudiantes, Žlues en A.G., comprennent des reprŽsentants de toutes les organisations et permettent lors dun mouvement Žtudiant la concrŽtisation de lunitŽ daction. Dans les mouvements dampleur restreinte, la participation des Žtudiants nest pas suffisante pour imposer lunitŽ daction. Ainsi, en octobre 1975, lA.G.E.L-U.N.E.F. organise un boycott des restaurants universitaires pour protester contre laugmentation du prix du ticket de R.U de 25 % par rapport ˆ lannŽe prŽcŽdente. La participation des Žtudiants, rŽduite au choix de boycotter ou non, permet ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. de garder le contr™le et dŽviter limplication des autres syndicats.
Cependant, une Žvolution se dessine ˆ la fin des annŽes 80 dans la considŽration de lunitŽ daction par lA.G.E.L-U.N.E.F.. Elle nest pas recherchŽe systŽmatiquement, mais elle a lieu occasionnellement, mme sur des mouvements restreints. Ainsi, ˆ Lyon II, une pŽtition commune A.G.E.L-U.N.E.F./U.G.E.L-U.N.E.F./Žtudiants non- syndiquŽs sur les problmes de budget est mise en circulation en novembre 1988. Laffaiblissement numŽrique des syndicats Žtudiants, et en particulier de lA.G.E.L-U.N.E.F. devenue groupusculaire en 1988, explique en partie cette Žvolution. LunitŽ daction devient une nŽcessitŽ, un gage de rŽussite afin de mener jusquau bout une lutte. Dans le mme temps, le monde Žtudiant Žprouve un besoin accru de diversitŽ. De plus, les divergences entre les syndicats Žtudiants, hormis lU.N.I., sestompent un peu plus. Des communautŽs de point de vue peuvent sŽtablir sur des problmes prŽcis, concrets et surtout locaux. LattŽnuation des diffŽrences a pour origine une resyndicalisation des deux branches de lU.N.E.F. et labandon des discours thŽoriques. LU.N.E.F., au congrs de Toulouse en 1990, se veut un syndicat proche des Žtudiants, un syndicat plus utile. La nouvelle orientation dŽcide de partir des problmes concrets pour mobiliser les Žtudiants. Elle est donc compatible avec lunitŽ daction : la rŽsolution de problmes concrets ne nŽcessite pas lintervention de thŽories, de projets pour lUniversitŽ, et ne dŽclenche pas ainsi de clivages thŽoriques. Enfin, des critiques Žmanent des rangs mme des syndicats Žtudiants et pr™nent lunitŽ daction sur certains problmes. Le souvenir de la scission de 1971, encore vivace, sattŽnue tout de mme et lU.N.E.F- ID, qui passe dune majoritŽ trotskiste peu engageante ˆ une majoritŽ issue du Parti Socialiste, devient un peu plus frŽquentable. Toutefois, lunitŽ daction se heurte toujours ˆ des difficultŽs dans sa rŽalisation : " CŽtait toujours des problmes. Ne serait- ce que pour rŽdiger un tract, cela prenait des heures. Ou alors, carrŽment, un jour, un tract sort avec le logo de lA.G.E.L-U.N.E.F., de lU.N.E.F- ID et de PSA, sans que nous ayons participŽ ˆ la rŽdaction ". De plus, un certain nombre de divergences dapprŽciation se maintiennent, comme lors de la rŽforme Jospin en 1991-1992.
3. Trois exceptions : les associations dŽtudiants Žtrangers, la F.R.U.F. et lU.G.E..
La recherche de lunitŽ daction nest donc pas un rŽflexe pour lA.G.E.L-U.N.E.F.. Pourtant, elle travaille, collabore sur certains problmes avec des associations dŽtudiants Žtrangers, la F.R.U.F. et lU.G.E..
Cependant, elles demeurent assez rares et ne sortent jamais de cet Žtroit domaine de compŽtence. De plus, lA.G.E.L-U.N.E.F. tente rŽgulirement dŽviter toute collaboration et dintŽgrer les questions touchant les Žtudiants Žtrangers ˆ sa dŽmarche. Ainsi, en octobre- novembre 1977, lA.G.E.L-U.N.E.F. lance des ComitŽs de DŽfense des Etudiants Etrangers. CrŽes par des Žtudiants Žtrangers, ils sont ouverts ˆ tous les Žtudiants, ont une activitŽ de rŽflexion et surtout daction. En effet, ils portent de nombreuses revendications : attribution effective de toutes les chambres libres dans les citŽs universitaires, suppression des quotas dŽtrangers dans les citŽs, possibilitŽ pour les Žtudiants Žtrangers de loger dans les foyers Sonacotra au tarif du C.R.O.U.S., construction dune citŽ universitaire ˆ Bron et reconstruction du b‰timent B de lI.N.S.A.. En avril 1979, lA.G.E.L-U.N.E.F. soutient la plainte dun Žtudiant tunisien contre la circulaire Bonnet. Dans toutes ces initiatives, elle agit seule, sans rechercher lunitŽ daction avec les associations dŽtudiants Žtrangers. Il ne sagit donc ici que dune collaboration rŽduite et ponctuelle.
Une vŽritable unitŽ daction se rŽalise entre lU.N.E.F., la FRUF et lU.G.E.. Cependant, ces associations sont Žtroitement liŽes ˆ lU.N.E.F., et ne disposent pas de vŽritable existence propre, ou du moins de structures totalement indŽpendantes.
LU.G.E., cest ˆ dire lUnion des Grandes Ecoles, est le syndicat des Žlves en grandes Žcoles. Elle est traditionnellement proche de lU.N.E.F. depuis sa fondation. Elle devient trs rapidement proche de la tendance Renouveau : " On Žtait ˆ c™tŽ de la rue dAboukir o se trouvait le sige [ ] de lU.G.E.. Elle a ŽtŽ, dŽs le dŽbut, trs proche. LU.G.E. a toujours existŽe en tant que tel ˆ lŽpoque, a toujours eu son propre fonctionnement, et elle Žtait du c™tŽ de lU.N.E.F- renouveau dŽs le dŽbut ". LU.G.E. est donc acquise au renouveau bien avant la scission de 1971. Sa situation ˆ Lyon ,aprs 1971, est un peu particulire. ThŽoriquement, elle regroupe les Žlves de lI.N.S.A., des classes prŽparatoires, des diverses grandes Žcoles : architecture, centrale . Dans la rŽalitŽ, la situation est plus compliquŽe. LI.N.S.A. constitue ˆ Lyon la seule implantation stable de lU.G.E., mme si des structures ŽphŽmres naissent comme ˆ Centrale, dans certaines prŽpas . Des structures composites ont mme vu le jour, mŽlanges dU.N.E.F. et dU.G.E.. Ainsi, en 1972, un comitŽ U.N.E.F-U.G.E., distinct de lA.G.E.L-U.N.E.F., existe ˆ lŽcole vŽtŽrinaire de Lyon. En fait, lU.G.E. possde, peut- tre jusquau milieu des annŽes 70 environ (1976 ou 1977), ses propres structures ˆ Lyon : " A lI.N.S.A.. Il yavait une autonomie de lU.N.E.F. et de lU.G.E. [ ]. CŽtait une autre particularitŽ locale, qui fait que les relations entre lU.N.E.F. et lU.G.E. Žtaient trs complices. Lyon Žtait une des rares A.G.E., o, pendant un temps, le prŽsident de lA.G.E.L-U.N.E.F. Žtait de lU.G.E.. Ainsi, B. Fiat par exemple . Cela aurait ŽtŽ exclu ˆ Toulouse ou ailleurs [ ], mais lU.G.E. a ses propres structures ". Elle dispose de son propre collectif de ville, de son propre bureau de ville . Cependant, des Žcoles lui Žchappent au profit de lA.G.E.L-U.N.E.F., comme lŽcole darchitecture. De plus, une interaction trs forte se dŽveloppe entre lU.N.E.F. et lU.G.E. ˆ Lyon. DŽs les premiers mois du renouveau ˆ Lyon, lI.N.S.A. est entirement acquise ˆ lU.N.E.F- Renouveau et aide considŽrablement les autres implantations gr‰ce ˆ ses RonŽos, ses fortes capacitŽs militantes (et parfois physiques avec notamment son Žquipe de rugby, utile comme service dordre ) . Par la suite, une fois le renouveau achevŽ, un responsable de lI.N.S.A. sige au bureau de lA.G.E.L-U.N.E.F., et plusieurs prŽsidents dA.G.E. sont issus de lI.N.S.A., et donc de lU.G.E. : B. Fiat, A. Saint- Patrice . Il sagit vŽritablement dune exception ou dun cas rarissime en France. Logiquement, lU.G.E. est associŽe assez souvent aux actions de lA.G.E.L-U.N.E.F.. En mars 1973, lU.G.E. appelle ˆ manifester contre la suppression des sursis militaires aux c™tŽs de lA.G.E.L-U.N.E.F., du M.J.C.F., de lUD- C.A.L., et du CDJ- C.G.T.. En octobre 1976, elle participe ˆ laction commune UGICT- C.G.T., A.G.E.L-U.N.E.F. sur le ch™mage des jeunes. Cependant, elle mne peu, et peut-tre jamais, de luttes seule et nappara”t jamais distinctement de lA.G.E.L-U.N.E.F.. Sans doute existe til une forte confusion entre lA.G.E.L-U.N.E.F. et lU.G.E. : lU.G.E. possde ses propres structures, mais sa principale implantation, lI.N.S.A., est trs fortement intŽgrŽe ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F.. LU.G.E. semble dispara”tre aprs 1976. En effet, elle nappara”t pas lors de la lutte contre la rŽforme Haby dans les grandes Žcoles en 1977. La lutte, au lycŽe du Parc, est conduite par un comitŽ U.N.E.F. et non U.G.E., tandis que des candidats U.N.E.F. se prŽsentent aux postes de dŽlŽguŽs de classe.Son implantation ne dispara”t pourtant pas : des comitŽs U.N.E.F. prennent la relve dans les prŽpas, ˆ lI.N.S.A. . Sans doute, lU.G.E. sest elle fondue, intŽgrŽe ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F.. LA.G.E.L-U.N.E.F. se contente ensuite de gŽrer le sigle UGE. Il appara”t rŽgulirement lors des Žlections Žtudiantes, comme pour le C.A. du C.R.O.U.S . .
Les relations avec la F.R.U.F. sont diffŽrentes, en particulier avant 1975. Avant 1975, et sa scission, limplantation de la F.R.U.F. ˆ Lyon est relativement consŽquente. En 1973, elle est prŽsente dans la plupart des citŽs universitaires de Lyon : Allix avec lAERUAA- FRUF, Jussieu et Puvis de Chavannes avec lAERU- FRUF. Les relations entre lU.N.E.F.- renouveau (puis lA.G.E.L-U.N.E.F.) et la F.R.U.F. varient selon les implantations. Ainsi, elles semblent particulirement difficiles avec lAERUAA- FRUF, probablement aux mains de lA.J.S. ou du P.S.U.. La liste du bureau sortant se livre, dans sa profession de foi, ˆ une violente critique de la position de lU.N.E.F- renouveau vis ˆ vis de la cogestion : " participation stupide et stŽrile ", " cautionner la politique du gouvernement ", " illusion ". Elle soppose aussi au bureau national de la F.R.U.F. acquis ˆ lU.N.E.F- renouveau et ˆ la signature par ce mme B.N. du programme commun de la gauche. La F.R.U.F. possde alors ses propres structures ˆ Lyon et est, de fait, strictement indŽpendante de lA.G.E.L-U.N.E.F.. IndŽpendance rŽaffirmŽe lors du quatrime congrs de la F.R.U.F. et lors dune rencontre entre la F.R.U.F. et lA.G.E.L-U.N.E.F. en fŽvrier 1972. Les relations sont assez l‰ches et peu chaleureuses. Le rapprochement entre lU.N.E.F. et la F.R.U.F. se fait au niveau national et non local. Cependant la tiŽdeur, et parfois lhostilitŽ, des relations ne gne pas un travail en commun entre les deux organisations. Des rencontres entre les bureaux de la F.R.U.F. et de lA.G.E.L-U.N.E.F. ont lieu ˆ partir de dŽcembre 1971. Elles sont loccasion de prŽparer des actions communes sur certaines questions, mais uniquement dans le domaine du C.R.O.U.S.. Une pŽtition sur les conditions de vie est ŽlaborŽe en dŽcembre 1971, une action sur les restaurants universitaires est envisagŽe en mars 1972 . LunitŽ daction avec la F.R.U.F. se rŽalise, mais les relations entre les deux organisations demeurent tendues, en particulier avec lAERUUA- FRUF. TiraillŽe entre deux tendances, la F.R.U.F. Žclate en 1975. Les adhŽrents proches de lU.N.E.F- UnitŽ Syndicale scissionnent et crŽent la F.E.R.U.F.. A cette occasion, la F.R.U.F. perd ˆ Lyon la plupart de ses implantations. Elle est, en 1975, prŽsente dans une citŽ universitaire sur huit. En 1981, elle demeure implantŽe ˆ Mermoz, puis dispara”t au cours des annŽes 80. La scission de 1975 rapproche la F.R.U.F. de lU.N.E.F.. Concrtement, cela se traduit de deux faons. Tout dabord, une liste commune U.N.E.F-F.R.U.F-U.G.E. est systŽmatiquement prŽsentŽe aux Žlections au C.A. du C.R.O.U.S.. Ensuite, lA.G.E.L-U.N.E.F. simmisce toujours davantage dans la F.R.U.F.. A plusieurs reprises, le B.N. de lU.N.E.F. demande ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F. de reconstruire et de dŽvelopper la F.R.U.F. ˆ Lyon, cest ˆ dire dinvestir des militants. Cest le cas en 1975. En 1981, la F.R.U.F. est recrŽe ˆ partir de militants de lA.G.E.L-U.N.E.F.. Elle se dŽveloppe ˆ nouveau et simplante dans quelques citŽs universitaires : Mermoz, Allix et Puvis de Chavannes. Elle est alors capable dimpulser des luttes, comme la rŽtention des loyers ˆ Mermoz en mars 1981. Cependant, lŽdifice demeure fragile, en particulier ˆ cause du renouvellement rapide des adhŽrents. En 1984- 1985, un nouvel effort doit tre entrepris : la F.R.U.F. simplante ˆ Saint- IrŽnŽe et ˆ Puvis de Chavannes. Chaque nouvelle implantation nŽcessite un travail de fond : porte ˆ porte, prŽsence lors des Žlections . A la fin des annŽes 80, la F.R.U.F. dispara”t dŽfinitivement et lA.G.E.L-U.N.E.F. se contente de gŽrer le sigle F.R.U.F. pour les Žlections au C.A. du C.R.O.U.S.
En dŽpit des apparences, les archives de lA.G.E.L-U.N.E.F. regorgent de courriers provenant dassociations diverses et de syndicats, lA.G.E.L-U.N.E.F. est peu intŽgrŽe au tissu syndical, politique et associatif.
En effet, la politique de lA.G.E.L-U.N.E.F. vis ˆ vis des autres organisations est profondŽment marquŽe par trois caractŽristiques : irrŽgularitŽ dans les relations, prudence dans les engagements, politiques en particulier, et rejet de lunitŽ daction avec la plupart des associations et syndicats Žtudiants.
Elle dŽveloppe des relations sans exclusivitŽ, mais se heurte rapidement ˆ lanticommunisme de plusieurs centrales syndicales comme la F.E.N., la C.F.D.T., la C.G.T-F.O.. Elle se tourne donc essentiellement vers des syndicats dits de " sensibilitŽ communiste ", cest ˆ dire la C.G.T., le S.N.E.Sup.. Les relations sont assez distantes et se dŽroulent la plupart du temps de manire informelle, par lintermŽdiaire des militants ou des Žlus dans les conseils.
Vis ˆ vis du tissu politique lyonnais, lA.G.E.L-U.N.E.F. dŽveloppe trs peu de relations officielles ou suivis avec les partis de gauche. Elles sont plus complexes avec lUnion des Etudiants Communistes, puisquelles partagent en commun un mme noyau militant. En dŽpit du reproche traditionnel des Žtudiants sur la politisation excessive des syndicats Žtudiants, lengagement de lA.G.E.L-U.N.E.F. dans le domaine politique demeure trs faible. Au final, lA.G.E.L-U.N.E.F. est un syndicat isolŽ dans le paysage politique, syndical et associatif lyonnais.
La recomposition de lU.N.E.F ˆ Lyon se concrŽtise, en 1971, par la cohabitation de trois organisations : lA.G.E.L-U.N.E.F issue de lU.N.E.F-Renouveau, lU.G.E.L-U.N.E.F-UnitŽ Syndicale et lA.G.E.L dŽtenue par le P.S.U. La naissance de lA.G.E.L-U.N.E.F en 1971 a lieu dans des conditions particulires et originales. Organisation indŽpendante dŽs mai 1969, la crŽation de lU.N.E.F-Renouveau ˆ Lyon est une fondation et non une scission : elle est affiliŽe ˆ lU.N.E.F par lintermŽdiaire de la tendance Renouveau, mais rejette catŽgoriquement toute relation avec lA.G.E.L. Le r™le de lU.G.E et de lU.E.C semblent assez particuliers. Si lU.G.E simplique totalement dans le renouveau de lU.N.E.F ˆ Lyon au point de dŽlaisser quelque peu ses propres structures, limplication de lU.E.C est moindre et le renouveau ne se rŽduit pas au seul cercle des militants communistes. Contrairement ˆ beaucoup dautres A.G.E, des bases syndicales se redŽveloppent hors de lU.E.C.
LŽvolution de lA.G.E.L-U.N.E.F est Žtroitement liŽe au milieu Žtudiant et au contexte universitaire. Or, le contexte Žtudiant et universitaire nest pas favorable au syndicalisme Žtudiant. Certes, sous leffet de la " massification " de lEnseignement SupŽrieur et de lUniversitŽ en particulier (lUniversitŽ de Lyon double de volume et passe de 57 000 Žtudiants en 1976 ˆ 110 000 en 1994), de trs nombreux mouvements Žtudiants, tant nationaux que locaux, se dŽveloppent en prenant pour cibles les rŽformes successives des secrŽtaires dEtat aux universitŽs. Mais le dŽplacement des thmes mobilisateurs, lapparition de nouvelles formes dorganisation ne sont pas favorables ˆ lŽmergence dun syndicat Žtudiant puissant capable de rassembler les Žtudiants et de conduire les luttes revendicatives. LA.G.E.L-U.N.E.F trouve trs rapidement sa place au sein du mouvement Žtudiant, mais elle doit composer dŽsormais avec dautres organisations.
De 1971 ˆ 1994, lA.G.E.L-U.N.E.F dŽveloppe un syndicalisme Žtudiant original et qui ne se retrouve, encore faudrait-il le vŽrifier, que dans certaines grandes A.G.E, comme Toulouse par exemple. La reconstruction dun syndicat Žtudiant puissant ˆ Lyon sinscrit ˆ la fois en continuitŽ et en rupture avec le passŽ incarnŽ par la mythique " grande U.N.E.F " et qui ne cesse de hanter les esprits.
La continuitŽ sincarne particulirement ˆ travers la volontŽ de lA.G.E.L-U.N.E.F, et surtout la conviction, dtre le seul vŽritable syndicat ˆ dŽfendre les intŽrts des Žtudiants. Peu impliquŽe dans le tissu syndical, politique et associatif lyonnais, elle rŽagit ˆ lŽclatement de la reprŽsentation Žtudiante en dŽnonant la collusion entre le pouvoir et les autres associations Žtudiantes, et en refusant, autant que possible, lunitŽ daction. Indiscutablement, lA.G.E.L-U.N.E.F sinscrit dans une vision du mouvement Žtudiant antŽrieure ˆ la scission et rŽsumŽe par le Figaro en 1956 : lU.N.E.F, " grand syndicat unique de la classe Žtudiante ".
ContinuitŽ encore avec la synthse ŽbauchŽe ˆ partir de 1976 et rŽalisŽe en 1979 en conciliant " au mieux un syndicalisme de revendication et de nŽgociation avec la nŽcessitŽ de rendre des services aux Žtudiants ". En effet, avec la crŽation du CERCOOPE, lA.G.E.L-U.N.E.F sengage rŽsolument dans la voie de la reconstruction dune Žconomie sociale Žtudiante en dŽlivrant de multiples services aux Žtudiants de Lyon, mais aussi de Saint-Etienne, de Grenoble, de Besanon et de Dijon. Dans le mme temps, elle conserve son caractre revendicatif et profite du changement de gouvernement en 1981 pour entamer des nŽgociations sur lavenir de lUniversitŽ.
ContinuitŽ enfin dans le r™le de socialisation et de formation jouŽ dans la carrire professionnelle des anciens militants de lA.G.E.L-U.N.E.F. En effet, le syndicat Žtudiant lyonnais est ˆ la fois le lieu de nouveaux engagements politiques, en particulier communistes, et le lieu de lacquisition dun vŽcu essentiel dans la socialisation et la formation des militants.
Cependant, lA.G.E.L-U.N.E.F nest pas une copie, une reproduction ˆ lidentique du passŽ ? Au contraire, des ruptures profondes existent et donnent un nouveau visage ˆ lorganisation Žtudiante. La principale rupture est linstabilitŽ de lA.G.E.L-U.N.E.F durant toute cette pŽriode. En effet, et contrairement aux annŽes 50 et 60, une instabilitŽ permanente existe et se concentre sur lorganisation, sur les structures. Elle sexprime tout dabord dans le caractre alŽatoire et chaotique de limplantation. les effectifs fluctuent fortement en lespace de quelques annŽes. Le cas du milieu des annŽes 80 est Žloquent : de 1500 adhŽrents en 1984-1985, les effectifs chutent pour atteindre 70 ˆ 90 adhŽrents en 1987-1988. Ensuite, il existe une instabilitŽ des structures de base, qui sont frŽquemment renouvelŽes en fonction de leurs objectifs, de leurs insuffisances . Enfin, les finances de lA.G.E.L-U.N.E.F sont un dernier facteur dinstabilitŽ. Trs dŽpendante des subventions des collectivitŽs territoriales ou universitaires, il est incapable de sautofinancer par le biais des cotisations et conna”t, en particulier durant les annŽes 70, des difficultŽs financires.
Outre cette instabilitŽ, dautres ruptures existent : relatif isolement politique et syndical, changement profond de lorientation syndicale au congrs de Toulouse en 1990 o le r™le de lU.N.E.F est redŽfinit comme " loutil des Žtudiants ", relations ambigu‘s avec le B.N de lU.N.E.F et oscillant entre un alignement complet sur lorientation nationale, un soutien constant au B.N, une indŽpendance assez marquŽe dans les faits et une faible participation ˆ lŽlaboration de lorientation nationale sauf entre 1979 et le milieu des annŽes 80.
Le syndicalisme Žtudiant, et cest le cas de lA.G.E.L-U.N.E.F, est puissant sil concilie en son sein un certain nombre dactivitŽs : cogestion, services de proximitŽ, action revendicative, action culturelle. Elles permettent ˆ lensemble des adhŽrents de sexprimer et de participer. La cotisation est alors perue comme une contrepartie des services. Cependant, en dŽpit de sa puissance ˆ certaines pŽriodes, lA.G.E.L-U.N.E.F sinscrit dans un contexte plus vaste de dŽsyndicalisation. Certes, elle rŽussit, en particulier gr‰ce ˆ ses services, ˆ freiner considŽrablement les consŽquences de ce phŽnomne jusquau milieu des annŽes 80. Mais les signes prŽcurseurs sont dŽjˆ visibles dŽs le dŽbut des annŽes 70 : faible taux de syndicalisation ˆ lA.G.E.L-U.N.E.F, effacement de ladhŽrent, dŽplacement de la nature, du r™le du syndicat dans le mouvement Žtudiant (il est au dŽbut lexpression du mouvement Žtudiant pour en devenir loutil), activitŽ syndicale assumŽe par un petit groupe de militants, substitution ˆ la notion dadhŽrent celles dŽlecteur et de client, Žclatement des diffŽrentes fonctions du syndicat. Toutefois, la dŽsyndicalisation nexplique pas la disparition de lA.G.E.L-U.N.E.F et les causes conjoncturelles apparaissent prŽpondŽrantes