Deux tŽmoignages en novembre 2020, de Marc Rossetti et Xavier Aknine, sur les deux lettres ˆ propos des AGE de CrŽteil et de Grenoble

Marc Rossetti

* Sur la lettre de lĠAGEP94. — Emmanuel Marin avait ŽtŽ DƒJË membre du BN et Žtait mme au secrŽtariat depuis les Assises Nationales de la toute fin novembre 86 ˆ Villetaneuse : cĠest Pierre Villard (Secr. Gl) qui avait insistŽ, et Patrice Leclerc (Pdt) avait approuvŽ — ˆ vŽrifier les dates.

Emmanuel Marin chapeautait depuis quelque temps la Ç commission technique È du BN tout en Žtant Pdt dĠAGE de Paris XII (peut-tre ne lĠŽtait-il plus ?). Au secrŽtariat, cĠŽtait sa Ç partie È, dĠautant plus aisŽment que a ne passionnait gure les autres secrŽtaires.

Avec P. Villard, il a toujours ŽtŽ opposŽ au changement dĠorientation :  il avait une conception Ç historique È (selon moi Ç mythique È) de lĠorganisation syndicale, rvait de la Ç Grande UNEF È.

Ë Saint-ƒtienne, il a refusŽ de siŽger ˆ la tribune (o, rituellement, prenaient place tout le SecrŽtariat et le BN, dans la limite des places disponibles) ; il est mme intervenu en sŽance plŽnire depuis la salle — fait unique pour les 7 Congrs auxquels jĠai participŽ — marquant ainsi symboliquement (et argumentativement) son dŽsaccord.

Anecdote : Cette intervention jette le doute dans lĠesprit des congressistes et de certains membres du BN sur cette orientation nouvelle qui rompt avec les habitudes et la culture de lĠorganisation ; elle risque de susciter un certain dŽsarroi. Elle Ç oblige È (la Ç Tribune È) ˆ rŽpondre — de lĠavis mme de P. Leclerc (prŽsent ˆ titre de courtoisie, puisquĠil nĠest plus Pdt depuis mars 86) soucieux avant tout de la cohŽrence de la direction quĠil voit en train de se dŽchirer. Elle va dŽclencher une rŽaction en cha”ne : colre, fureur, de V. Markids (pdt de sŽance, dĠun caractre accommodant dĠordinaire), qui exige une rŽaction officielle du secrŽtariat (de la Ç Tribune È) ; comme X. Aknine (le Pdt) nĠest pas ˆ la tribune ˆ ce moment-lˆ, il exige que je fasse, et moi seul (alors que cela aurait dž revenir ˆ P. Villard), Ç une mise au point È. Ce sera mon intervention ˆ rallonge sur la stratŽgie du rassemblement que le camarade Laurent Ortalda conna”t dŽsormais mieux que moi — o je dis ˆ peu prs tout ce que je pense sur lĠinstant, y compris ce que je nĠai pas jugŽ opportun de dŽfendre dans le projet de rŽsolution.

Bilan : Dans la nuit qui suit, aprs une rŽunion tendue du SecrŽtariat, P. Villard et E. Marin Ç sont invitŽs ˆ dŽmissionner È du BN. Autrement dit, on ne proposera pas leurs noms dans la liste du nouveau BN issu du Congrs.

Nous sommes en novembre 87.

Le courrier de lĠAGE de Paris XII (AGEP 94) date du printemps 88. Il prend argument de notre dŽfaite aux CROUS de mars pour laisser entendre que notre nouvelle orientation mne lĠUNEF dans lĠimpasse. Raison pour laquelle il propose la candidature dĠEmmanuel Marin au BN - Il nĠest plus alors le pdt dĠAGE : cĠest Jean-Quentin Poindron, celui-lˆ mme qui prendra lĠinitiative de confier aux archives du 94 la mŽmoire de lĠUNEF. Nous (le SecrŽtariat et le BN) percevons lĠentreprise comme une tentative de refaire (un peu) le Congrs de Saint-ƒtienne. Nous nĠy donnons pas suite. E. Marin va en concevoir beaucoup dĠamertume, sinon de ressentiment, ˆ notre Žgard.

Autre anecdote : Le feu dĠartifice pour les 80 ans de lĠUNEF a bien ŽtŽ tirŽ (40 000 F de lĠŽpoque partis en fumŽe) ˆ lĠheure prŽvue. Seuls, quelques congressistes — les assidus de la buvette — lĠauront vu, ainsi que les pompiers et artificiers stŽphanois ; nous, tous les autres congressistes, Žtions en train de nous Žtriper en sŽance sur la composition du nouveau BN.

* Sur Grenoble. — LĠhistoire est trs compliquŽe. Le camarade N. Briand est tout ˆ fait indiquŽ pour en donner sa version.

En bref, et du point de vue de Paris : Il sĠagit dĠune manÏuvre politique que jĠai ŽtŽ chargŽ de mettre en Ïuvre pour tout ˆ la fois maintenir lĠAGE dans le giron de lĠUNEF-SE (dĠo lĠŽlection de N. Briand, membre du bureau dĠAGE, au BN) mais en Žcarter T. Liotard, le pdt dĠAGE. Pourquoi ? pour 2 raisons antagonistes qui sĠajoutaient au lieu de sĠannuler :

1Ħ il y avait de la part de T. Liotard une volontŽ sŽcessionniste ou isolationniste, ˆ partir dĠune comprŽhension totalement erronŽe des conflits internes au BN quĠil se reprŽsentait comme entirement infŽodŽ ˆ lĠUEC. (Tout particulirement moi ! Or, T. Liotard est en rupture avec la ligne du PCF ˆ ce moment-lˆ ; je ne le suis pas encore formellement et, de toute faon, ce nĠest pas ˆ lui que je serais allŽ confier mes doutes.)

2Ħ une rŽticence ˆ propos de lĠorientation de Saint-ƒtienne, due ˆ une stratŽgie dĠopposition systŽmatique ˆ la direction plut™t quĠˆ un dŽsaccord (mme si celui-ci existe).

Nous (le SecrŽtariat) avions dŽcidŽ un passage en force, avec un bel emmerdement ˆ lĠarrivŽe : N. Briand devenait le 32e membre dĠun BN qui ne pouvait statutairement en comprendre que 31 ! Paris avait bien valu une messe, Grenoble vaudra une violation du sacro-saint Rglement IntŽrieur !

Je me permettrai une confidence personnelle sur cette affaire de Grenoble :

Plus de trente ans ont passŽ, il y a prescription. Je reconnais donc quĠil sĠagissait dĠune manÏuvre dŽlibŽrŽment dŽloyale. Mais, quand jĠy repense, si je ne puis pas vraiment tre fier du r™le que jĠy ai tenu, je nĠarrive toujours pas ˆ en tre mŽcontent.

Tout a a ŽtŽ fait de mŽmoire.

Vous patientez quelque temps, et je vous ressortirai les dossiers. 2021 nĠen sera que plus passionnante.

 

Xavier Aknine

Sur l AGEG , mon courrier dŽtaillŽ est un peu long mais je me souviens que durant le congrs de St-Etienne , un dŽsaccord de fond a ŽclatŽ avec T.Liotard sur la mutuelle Žtudiante . Il dŽfendait la mutuelle jeune et accusait la direction de l'Unef de dŽfendre la MNEF et d'etre complice de l'Unef-id . Je lui ai repondu de manire cinglante que notre stratŽgie du rassemblement s appliquait aussi au combat pour la protection sociale des Žtudiants et que nous Žtions dŽcidŽs ˆ le mener tous ensemble quelle que soit la mutuelle choisie par l Žtudiant .La MNEF ayant mis en place des garanties ˆ plusieurs vitesses , il etait hors de question pour l Unef d tre infŽodŽe ˆ la MNEF ni ˆ la mutuelle jeune.

Sur Emmanuel Marin , il y avait un vrai dŽsaccord de fond sur l'orientation difficile ˆ faire partager aux congressistes . Patrice Leclerc venu au congrs en tant qu'ancien prŽsident , m a demandŽ de le garder .Et on a bien fait de l Žcarter du BN . Le pb est qu'il n a pas accepte cette dŽcision ratifiŽe par le congrs et il a poursuivi sa guŽrilla anti-direction durant les CN qui ont suivi le congrs en critiquant l orientation et en essayant de rŽ entrer par la commission formation . Il nous fallait un BN uni pour mettre en Ïuvre l orientation dŽcidŽe ˆ St-Etienne .Et un an plus tard au congrs de Creteil , nous avons pu mesurer les progrs du syndicat en terme d organisation , qui avait ŽtŽ fragilisŽe durant le mouvement Devaquet . Patrice Leclerc venu aussi ˆ Creteil comme pdt d honneur , a reconnu lui meme ˆ Žcouter les dŽlŽguŽs que l Unef avait bien progressŽ . J ai apprŽciŽ le compliment.