[discussions] Gauchisme et liquidation

Simple gisement de matière grise ou embryon d'une future
 formation unique?

 Par RENAUD DELY

 Le jeudi 21 décembre 2000
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 u calendrier électoral de 2002 à la Convention Unedic, les
 partenaires de la gauche plurielle prennent de plus en plus souvent
 leurs aises avec la discipline majoritaire. A l'approche des
 échéances électorales, leur besace programmatique s'assèche. Et le
 fossé se creuse entre les citoyens et le monde politique. Trois raisons
 pour les promoteurs d'un «forum de la gauche citoyenne» de tenter
 de redonner liant et vigueur à la majorité.

 «Projet ambitieux». A la manœuvre, l'ancien responsable de la
 Convention pour une alternative progressiste (Cap), Gilbert
 Wasserman, et l'économiste socialiste Dominique Taddéï. Leur objectif,
 exposé dans l'appel constitutif de l'association: affirmer «un projet
 ambitieux, cohérent et collectif de transformation sociale [...] qui
 fasse pièce à l'hégémonie néo-libérale». Leur méthode: travailler en
 collaboration avec les partis de gauche pour nourrir leurs projets. Leur
 rêve: incarner une sorte de fondation Saint-Simon de la gauche plurielle
 en inventant une autre «Troisième gauche», à mi-chemin de celle,
 «libérale-libertaire», de Daniel Cohn-Bendit, et de la radicalité de la
 galaxie bourdieusienne.

 «"Elaboration, intervention, transformation", c'est notre devise pour
 définir un réformisme fort qui mêle des gens issus de la première et de
 la deuxième gauche», explique Wasserman. Avec l'espoir secret de
 poser les bases d'une future formation unique de la gauche plurielle?
 «Nous n'avons aucune logique partidaire», assure Wasserman.
 Charles Fiterman n'a pas ces pudeurs et plaide pour «la construction
 d'une grande formation de gauche de type nouveau, pluraliste et
 ouverte sur la société» (lire page 6).

 Obédiences plurielles. L'ancien ministre communiste, maintenant
 membre du PS, est l'un des 66 membres fondateurs du «forum de la
 gauche citoyenne». On y trouve un zeste de chercheurs (sociologues,
 économistes ou philosophes), une dose de responsables associatifs, tels
 Richard Dethyre (Apeis) ou Pierre Larrouturou (Combat pour l'emploi),
 et syndicaux comme Alain Obadia (ancien numéro deux de la CGT), et
 une bonne proportion d'élus d'obédiences plurielles: des Verts, comme
 Marie-Christine Blandin ou Alain Lipietz, des communistes, tels le
 député-maire de Montreuil, Jean-Pierre Brard, et même des socialistes
 comme le député du Rhône, Jacky Darne, ou celle de la Drôme,
 Michèle Rivasi (apparentée PS). Nombre d'anciens membres du PCF
 ou de la Cap (outre Charles Fiterman, Marcel Rigout, Gaston Viens,
 Claude Poperen, etc.) complètent le décor.

 Passerelles utiles. Un «collectif d'animation» national sera mis en
 place le 20 janvier, avant le lancement de colloques autour de thèmes
 comme «l'emploi, cœur du nouveau compromis social» ou la
 recherche d'«une croissance écologiquement soutenable». «Ni un
 club de discussions, ni la énième formation politique, concurrente
 des autres et à vocation électorale: notre ambition n'est pas de
 nous substituer à elles dans la quête du pouvoir, mais de permettre
 la transformation de celui-ci», proclame l'appel constitutif. Sans
 oublier de ménager des passerelles utiles en cas de retrouvailles
 unitaires suivant une victoire présidentielle de Lionel Jospin.

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