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[discussions] Allons plus loin et soyons dialecticiens (G[e accent aigu]n[e accent aigu]ration morale 2)

Posté par Vincent Charbonnier le 20/1.

piece jointe : TEXT/HTML
Je voudrais ici prolonger et développer un peu ma dernière intervention
(Génération morale), qui  était aussi une réaction, implicite, au
message de D. Buttay, qui sera aussi pour moi l'occasion de répondre à
quelques camarades assez attentionnés qui ont bien voulu répondre à mon
intervention.
J'avoue en avoir plus que ma claque des (mêmes) discours sur la dérive
social-démocrate du PS et ses organisations, précisément parce que ce
sont strictement les mêmes que j'entends depuis plus d'une décennie,
tout comme sa réciproque anti social-démocrate. C'est la même litanie et
le même cantique des cantiques que j'entends, et j'en suis fatigué.
J'en suis d'abord fatigué, parce que ce discours, je l'ai moi aussi tenu
des années durant, sans que la pratique qui a essayé de l'acccompagner
nait eut quelque effet tangible. J'en suis fatigué parce qu'il légitime
une distribution des positions, dans une guerre de même nom (Gramsci),
qui stérilise complètement le débat, lequel débat avec les luttes
politiques (au sens non étroit du terme, syndicales donc) concrètes qui
s'y adossent, est figé dans une opposition métaphysique entre/de deux
forces antagoniques, réformistes vs révolutionnaires, compromis vs lutte
à mort, etc. Autrement dit, il y a bien longtemps que l'on a quitté
terre et que l'on ne cherche plus à savoir si cette lutte métaphysique
entre ces deux conceptions de la force, de la lumière et du bien possède
encore une pertinence pour la majorité de nos concitoyens, en
l'occurence les étudiants -secteur de la société auquel, je le précise,
je n'appartiens plus que périphériquement, étant enseignant/doctorant.
Bref, la querelle du chevalier révolutionnaire et du dragon (à tête
multiple) social-démocrate est une perception très étroite de la réalité
sociale estudiantine, dont il est au moins assuré qu'elle ne s'y réduit
aucunement. Le problème, c'est que, pour notre -pour votre!!- plus grand
malheur, le syndicalisme étudiant perçoit et interprète, toujours et
encore, le monde étudiant par ce prisme, hérité d'une période révolue,
glorieuse à n'en pas douter, mais qui a quand même un peu plus que mon
âge, soit plus de 30 ans.
L'actuel processus de ré-unification dans lequel j'inclue aussi, par
souci de commodité et de franche polémique, ses farouches adversaires
-processus en lequel ils puisent, quoiqu'ils s'en défendent parfois,
leur légitimité et leur existence concrète- n'échappe pas à cette
perception structurante manichéenne, en cherchant seulement, signe des
temps, à le parer d'une largeur plus hétéroclite et composite
qu'effective, de peu de poids en tout cas, face à la formidable inertie
du consumérisme étudiant. C'est bien normal, dans la mesure où il n'y
répond pas, croyant pourtant le faire en développant le discours ultra
remâché de la modernité qui se fait, en laissant les étudiants sur le
bord de la route, pardon des autoroutes informationnelles.
Sauf que le problème n'est au fond pas vraiment là. Il n'est pas de
savoir comment faire pour que les étudiants puissent participer à/de
cette modernité aussi célère (sans mauvais jeu de mots) en les formant
plus et mieux, pas plus qu'il n'est de simplement réclamer le découplage
du général et du professionnel, pour revenir à ce mythe d'une université
forteresse, déprise de toute autre inscription sociale que la gratuité
du savoir libre qu'on partage librement, sans contraintes, etc. («
flower power » 2, le refoulé du retour  ?).
Bref, le premier acte d'une queconque et véritable rénovation du
syndicalisme étudiant doit d'abord consister à interroger et à
déconstruire de manière urgente ce manichéisme politico-syndical qui
(se) nourrit des représentations fossilisées malgré leur apparente
vivacité. De l'air et vite!!!

V. Charbonnier