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[discussions] Revolution de palais (Re: pour d=?ISO-8859-1?B?6Q==?= battre vraiment ...)

Posté par Emmanuel Lyasse le 15/4.

piece jointe : TEXT/HTML
"Pour débattre vraiment, il faut des arguments", nous dit Anthony.
Manifestement, mon texte ne lui a pas plu. A le lire, je ne sais plus
d'ailleurs si mon analyse est une analyse, si mes arguments sont des
arguments. Il semble hésiter sur ce point, et céder à la tentation de poser
l'axiome (contradictoire) "tout argument qui me dérange n'est pas un
argument".
J'avais fait, dans un contexte d'urgence puisqu'il s'agissait de répondre au
ralliement du secrétariat national de l'UNEF à ce texte pour les élections
au CNESER, tout mon possible pour analyser le peu de contenu de ce texte
affligeant dans sa forme et dont le fond ne fait que reprendre, ou plutôt
évoquer sans argumentation, toutes les vieilles idées neuves de la pseudo
pédagogie.
Je ne tomberai pas dans le travers que je reproche à Anthony en l'accusant
de pas avoir ici d'arguments. Mais j'ai du mal à voir ce qu'ils ont de
nouveau par rapport au contenu du texte lui-même, à part bien sûr "J'ai été
élu quatre ans au CNESER", qu'on ne peut même pas appeler un argument
d'autorité.
Il y a ensuite une prosternation devant le saint Manifeste "dense en
quantité et contenu" (à se demander si nous avons lu le même !),
l'accusation portée contre moi de faire des procès d'intention (ce qui est
un procès d'intention au second degré), puis, sur le point essentiel, une
dénégation d'autant plus pathétique,
*Non, mes camarades ne veulent pas monter les étudiants contre les
enseignants.,
qu'Anthony a l'obligeance de publier en annexe un texte qui est sur ce point
un élément à charge. Il nous confirme en effet que pour son auteur le but
d'un syndicat étudiant est d'inviter les étudiants à chasser le mandarin,
cette forme universitaire du dahu (je crois avoir déjà écrit ça quelque
part). Que l'UNEF-ID sache trouver des syndicats enseignants aussi bidon
qu'elle pour appuyer ses fadaises, voire piéger peut-être parfois quelques
syndicalistes authentiques, ne saurait m'impressionner (On a vu l'an passé
dans la rue ce que représentaient réellement dans le secondaire les fidèles
soutiens d'Allègre, le SGEN-CFDT et la FEN maintenue. Dans le supérieur,
c'est à peu près la même chose. Soyons sérieux).
[Sur ce point, je me suis longuement exprimé en août dans un texte qui a
apparemment échappé à la perspicacité d'Anthony. Il est lisible en
http://unef.org/forum6.htm@body=58&forum=archive6-discussion]
Ensuite, il s'agit surtout d'une répétition du fameux manifeste
1) Sur l'enseignement magistral, je crois avoir écrit très souvent qu'il
était aussi facile que peu original de le dénoncer, mais qu'il ne s'agissait
que d'un travail de démolition gratuit si on ne proposait rien pour le
remplacer. je n'ai pas à ce jour eu de réponse. Cette fois ci, peut-être ?
Dieu me garde d'opposer revendications qualitatives et quantitatives. Il
faudrait pour cela que je sois sûr de la pertinence de cette distinction, ce
qui est loin d'être le cas. Je ne fais qu'opposer les revendications de ceux
qui veulent démolir l'Université publique, et y sont déjà largement
parvenus, et ceux qui tentent de la défendre.
2) Sur l'équipe pédagogique, rien à ajouter, car Anthony lui-même n'ajoute
rien. L'affirmation que c'est "nécessaire" relève de la foi en la vérité
révélée tant qu'il ne nous dit pas ce qu'est cet objet et quelle peut être
son utilité concrète.
3) On trouvera en revanche quelques points nouveaux dans le développement
sur la "lutte contre l'échec", autre forme de chasse au dahu. J'aimerais
qu'on me dise ce que prouve Le Point, journal de droite dont le
positionnement sur l'Université est connu, en classant les facs sur leurs
taux de réussite, sans égard pour le contenu des diplômes et des formations,
ni pour l'hétérogénéité des publics suivant les facs (un taux de réussite
uniforme en licence serait... la preuve que la notion de valeur nationale
des diplômes n'a aucun sens). La doctrine sous jacente ici est aussi simple
qu'effarante: l'étudiant étant un consommateur de titres universitaires, une
Université doit en être une sorte de distributeur automatique. L'objectif de
l'Université n'est plus l'élaboration et la transmission du savoir, mais la
fabrication de fausse monnaie. Le diplôme ne sanctionne plus un niveau, mais
une année passée dans ce qui n'est plus qu'une garderie pour futurs chômeurs
à qui on veut cacher le plus longtemps possible qu'ils le sont. Si c'est un
objectif progressiste, alors je n'ai pas honte de me déclarer réactionnaire
!
4) On voit bien, cela posé, ce qui a plus à l'U-ID dans la réforme Bayrou
(pourquoi "dite" ?). Ses derniers commentaires à ce sujet méritent une
analyse approfondie (j'y reviendrai). Il faut cependant noter qu'il est
remarquable qu'elle ne les publie que maintenantŠ après la fin de la saison
des élections. A Paris IV le jour des élections, elle n'a pas hésité à se
prononcer pour l'abolition de fait de la semestrialisation (cf notre
commentaire dans Trait d'Union 18, sur notre site web,
http://paris4.unef.org/trait/trait18p3.htm), ayant compris ce qu'en pensait
la majorité des étudiants. Après les élections, la répression ?

Pour conclure, je crois qu'il est impossible débattre sur ce point avec un
interlocuteur qui considère tous les dogmes de la pédagogogie comme autant
de vérités révélées, et ne sait que crier au sacrilège et à l'absence
d'arguments quand on ose les remettre en cause. J'invite donc, en toute
camaraderie, Anthony à répondre aux quelques questions que je lui pose (sur
les CM par exemple) plutôt qu'à s'indigner.
EL


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De : "Anthony Whitney" 
À : "Forum UNEF" 
Objet : [discussions] pour débattre vraiment il faut des arguments ...
Date : Dim 8 avr 2001 22:58


Je ne surprendrais pas certains lecteurs du forum (après deux mandats au
Cneser pour l'UID de 1996 à 2000, et ayant participé à l'élaboration puis à
la mise en oeuvre de la réforme pédagogique de 97 nationalement et
localement) en écrivant que je ne partage pas l'analyse faite par E. Lyasse
du Manifeste que je vous ait fait suivre pour essayer de relancer les débats
sur ces thématiques sur le forum...
Je ne considère d'ailleurs pas tant qu'il s'agisse d'une analyse véritable
que d'un dénigrement facile qui ne rentre pas dans le contenu proprement dit
du Manifeste, pourtant dense en quantité et contenu ... le débat il se fait
sur du fond, pas sur des procès d'intentions !

*Non, mes camarades ne veulent pas monter les étudiants contre les
enseignants. Sachez qu'aux Rencontres des élus où le Manifeste avait été
adopté (vous en aviez eu un compte rendu dans la Lettre des élus de l'UID)
un atelier débat avec des représentants des syndicats enseignants avait
permis de constater de larges convergences d'analyse avec eux !

* Oui, il faut réformer notre système et bousculer l'enseignement magistral
qui plombe chaque année de trop nombreux étudiants, complétement largués, et
plusieurs dizaines de milliers quittent notre système d'enseignement
supérieur sans aucun diplôme ! quel est leur avenir en terme personnel et
professionnel ...

* Non, on ne peut opposer les revendications quantitatives et qualitatives,
elles sont indissociables.
Bien sûr les moyens budgétaires (dotations en crédits et en emplois) sont
notoirement insuffisantes, des mobilisations récentes sont venues le
rappeler au Ministère. Mais cela ne retire en rien la nécessité de réformes
qualitatives : sur le contenu des enseignements (cf mobilisation des
économistes face à la place excessive des maths), pour le développement de
la lutte contre l'échec en 1er cycle, etc.

*Oui, une équipe pédagogique, serait un élément nécessaire, ainsi que bien
d'autres, utiles pour permettre de recentrer notre système sur l'étudiant.
D'ailleurs les syndicats enseignants sont les premiers demandeurs d'une
réforme des statuts des enseignants afin de prendre en compte leur
participation à d'autres missions que la seule recherche (exemples :
tutorat, implication dans la vie de l'université etc., pour qu'elle ne soit
pas pénalisante dans le déroulement de leur carrière ce qui est le cas
aujourd'hui)
Je vous renvoie sur le "palmarès" des universités établi par Le Point de
cette semaine en terme de taux de réussite par facs et par filières. On
constate, pour nous qui sommes les défenseurs du cadre national, que les
inégalités de fait entre étudiants face à la (non) réussite, à la (non)
obtention des diplômes dans telle université ou telle formation sont très
fortes. On constate également les résistances des universités à communiquer
(quelle transparence !) sur ce point.

*S'agissant de la réforme pédagogique de 97 dite "Bayrou", l'UID en a établi
des bilans à plusieurs reprises et encore dernièrement cf  la dernière
Lettre des Elus de mars "Nos propositions, Pour une révolution pédagogique,
Pour la réussite de tous"

J'arrête là pour ne pas être trop long, je vous renvoie juste ci dessous à
la contribution que ma tendance syndicale (Egalité) avait déposé au CLP du 3
novembre 2000 : "Pourquoi une révolution en matière de pédagogie ?" qui me
semble la meilleure "réponse" à certains  arguments (s'ils en sont) que j'ai
lu ...
syndicalement
anthony
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-----Message d'origine-----
De : Emmanuel Lyasse  >
À : discussions@unef.org 
 >
Date : dimanche 8 avril 2001 00:34
Objet : [discussions] De la Revolution telle que certains l'affichent

J'avais, au moment du CNESER, donné une analyse du manifeste révolutionnaire
qu'Anthony nous rappelle opportunément. La voici, pour ceux qui ne
l'auraient pas eu, coupées les remarques liées au contexte de cette élection
(pour ceux qu'elles intéressent, voir sur la page 2 des archives du forum)
N.B.: le texte de tendance "Tous ensemble" que des camarades naguère à
l'UNEF, et pour certains même sur notre liste au CNESER se prononce
exclusivement pour la dite révolution.
EL

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De : "Emmanuel Lyasse" 
À : discussions@unef.org
Objet : [discussions] Il etait une fois la Revolution
Date : Sam 24 juin 2000 7:32


Une petite question à tous ceux qui s'apprêtent à voter pour la liste U-ID /
Marion Brun / Lise Pastor :
Avez-vous lu le "Manifeste pour une révolution pédagogique" dont son
insipide profession de foi ? Non ? Vous devriez.
[]
Commençons par sa conclusion:
"pour que l'autonomie intellectuelle permette à toute la jeunesse de croire
qu'il n'y a pas de rêve impossible'.
Fichtre ! A les lire, on se demande ce que prévoient de nous faire fumer à
tous l'U-ID, Marion Brun et Lise Pastor, pour nous donner une telle
conviction, et on entrevoit à quelles importations serviront les moyens
qu'elles réclament.
Mais au vu de ce qui précède, on constate qu'il ne s'agit (encore une
publicité mensongère) que de chiquer du Claude Allègre / Philippe Meirieu
mal réchauffé.
Evidemment, il n'est absolument pas question des réformes précédentes, et de
la façon dont elles ont été reçues par les étudiants. Il serait mesquin de
croire que c'est parce que l'U-ID ne tient pas à faire un bilan de
l'application de cette "grande victoire du mouvement étudiant" (Pouria
dixit) qu'a été la réforme Bayrou, et Marion Brun et Lise Pastor encore
moins, qui y trouveraient la meilleure raison de ne pas renier les analyses
du 78e congrès de l'UNEF (Toulouse, 1997) au moment où l'immense majorité
des étudiants ont tous les éléments pour en reconnaître la pertinence.
Non, si on ne parle pas de réforme, c'est sans doute que de toute façon,
seule compte la révolution. D'ailleurs, on vous a déjà dit qu'il n'était pas
question de partir de la situation concrète ici et maintenant des étudiants
et de l'Université, mais de rêver.
Malheureusement, les rêves de nos révolutionnaires ressemblent aux pires
cauchemars des étudiants qui s'intéressent plus à la défense de leurs études
qu'à la mythique "réunification du mouvement étudiant".
L'idée directrice en est Pour lutter contre l'échec, supprimons les études
!. dans le très vieux but de tous les savant pédagogues, bien connu:
empêcher les étudiants d'étudier et les enseignants d'enseigner. Pour
occuper les profs à autre chose qu'à nous transmettre un savoir, rien de tel
que le vieux bobard de "l'équipe pédagogique". Qu'est-ce que c'est ?
Mystère. A quoi ça sert ? Ne répondez tout de suite à rien. Ça ne sert
certes à rien aux étudiants et aux enseignants mais ça sert grandement à
tous ceux qui veulent leur nuire.
Cette idée est fortement argumentée, par la découverte d'un scandale majeur:
"Quel enseignant connaît le cours que ses étudiants suivront à la prochaine
heure ?"
Vous n'êtes pas scandalisés ? Vous pensez que ça ne vous servirait à rien
que votre prof soit capable de vous dire où vous irez quand il aura fini de
vous causer ? Vous osez considérer qu'il y a des scandales plus grands,
réduction du nombre d'heures d'enseignements; augmentation des effectifs des
groupes, hausse exponentielle des droits d'inscription, obligation de plus
en plus fréquente de se salarier et casse du statut des salariés par la
semestrialisation, discrimination contre les étudiants étrangers... ? Votre
attitude est typiquement contre-révolutionnaire.
On voit en tout cas sur quoi reposera l'"évaluation pédagogique" des
enseignants que le Manifeste réclame: un jury assermenté leur fera réciter
l'emploi du temps de première année de DEUG.
Et pendant que les enseignants s'appliqueront, sous la surveillance de
l'U-ID, de Marion Brun et de Lise Pastor, à "la coordinations des contenus,
à la construction d'une méthodologie et d'une pédagogie globale qui
s'applique à l'ensemble des champs disciplinaires étudiés", où seront les
étudiants ?
En stage, bien sûr, "une insertion professionnelle correspondant à ses
qualifications". Vous vous dîtes qu'il y a un truc, puisqu'avec la
"révolution pédagogique", ils risquent fort de ne plus être qualifiés du
tout. Ce n'est pas un truc. C'est le but de l'opération.
Peut-être après tout cela êtes-vous convaincus de l'excellence de ce
manifeste et vous apprêtez-vous à voter dans l'enthousiasme pour la liste
qui s'en revendique.
Il sera encore plus difficile, en tout cas, de convaincre de son aspect
novateur. Les âneries de ce genre, sur la pédagogie et la méthodologie
conçues sans rapport avec le contenu enseigné, sur la nécessité d'en finir
avec le cours magistral, dont on sait bien dénoncer les défauts,  mais qu'on
ne sait toujours pas par quoi remplacer, fleurissent depuis un siècle et
règnent depuis trente ans.
Lisez le dernier livre, posthume, de feu Alain Peyrefitte, où il évoque son
passage au ministère de l'Education nationale en 1968: vous trouverez
présentées comme sorties directement de son esprit génial les mêmes idées
neuves que dans le manifeste de l'U-ID, de Marion Brun et de Lise Pastor.
Ces vieilles idées neuves ont fait bien du mal. La "révolution"
consisterait-elle simplement à ce qu'elles continuent à faire ? Les
révolutionnaires s'occupent surtout en tout cas à brandir ces vieux
mensonges et à essayer de tourner les étudiants contre les enseignants, pour
laisser le champ libre aux ministres qui cassent l'Université publique.
C'est parce qu'à Paris IV nous refusons aujourd'hui comme hier de cautionner
cela que nous ne pouvions envisager de voter pour la liste de l'U-ID. C'est
pour cela que nous participons à une liste qui reprend la vieille
revendication de l'UNEF, qui a rassemblé très largement autour d'elle: une
Université publique, de qualité, ouverte à tous.
Le débat semble clair.
[]
EL
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Pourquoi une révolution en matière de pédagogie ?

" la pédagogie est lart de transmettre les savoirs "

La sémantique du terme " révolution pédagogique " mérite une explication :
en effet tantôt elle fait sourire, tantôt elle est brandie par les
nostalgiques des révolutions. Pourtant les mots ont leurs sens.

La révolution pourrait modestement se définir comme la volonté dabattre ou
de remettre en cause de manière profonde des schémas établis et installés,
pour en imposer de nouveaux. Lenseignement universitaire est connu pour ses
cours en amphis, ses profs qui sont parfois encore en toge, qui nous
narguent du haut de leur chaire et lorsquils dirigent lUFR se font appeler
doyen... Vous les aurez reconnus ce sont les mandarins. Ces mêmes sont
convaincus, fort de leur doctorat (bac+8) de leurs multiples citations
scientifiques, que le savoir est un moyen de dominer de façon autoritaire
ceux qui sont en formation. A linverse, nous considérons que le savoir est
fait pour être partagé, confronté.... et non pour dominer. La conception
mandarinale de lenseignement trouve sa genèse dans la création de
luniversité médiévale, où lors les premiers cours magistraux du XIIIème
siècle, les élèves apprenaient attentivement leurs leçons et étaient les
très fidèles disciples de leurs maîtres. Les rares enseignants qui
cherchèrent à instaurer une confrontation avec leurs étudiants furent pour
la plupart chassés des universités, comme le fut le célèbre Abélard.

Aujourdhui quen est il ?

Le monde a changé, les étudiants aussi, mais luniversité est restée la même.
Son enseignement y reste magistral et lenseignant qui consacre du temps à
ses étudiants (disponible en fin de cours, prompt à répondre et poser des
questions...) na que peu de chance de se voir gratifié dans sa carrière.
Seul lintêret que les profs portent à leurs recherches leur permet dêtre
reconnus.

Le cours magistral demeure la règle, il est le cache sexe du manque de
moyens de luniversité française. Celui ci devrait être lexception lors de
lintervention denseignants sur des thèmes précis, et dont les compétences
oratoires permettent dassurer lintêret dun cour magistral.

Ainsi, les amphis doivent tomber, il faut les remplacer par des petites
salles, où les étudiants en petit groupe peuvent se confronter avec
lenseignant, où ce dernier peut répondre aux attentes des étudiants. Nous
voulons rompre avec une pédagogie linéaire qui vise à recracher un cours,
pour faire place à une pédagogie individualisée en direction des étudiants.
Cest en cela que nous voulons une révolution. Lenseignement tel quil se
pratique majoritairement à luniversité depuis 800 ans doit radicalement
changer !

Cette révolution est dautant plus nécessaire au regard de ce quest
aujourdhui la réalité sociale des étudiants. Les inégalités économiques qui
existent doivent être corrigées à travers la mise en place dune allocation
détudes. Les inégalités culturelles, que Bourdieu et Passeron ont avec
justesse mises en lumière, doivent être combattues par une pédagogie
individualisée. Sattaquer aux inégalités culturelles est aussi un acte
révolutionnaire. Notre société, dans sa timide volonté de résorber les
inégalités, se voile souvent sur la réalité de celle ci.

Individualiser la pédagogie, cela signifie reconnaître que les étudiants ont
des parcours différents qui nont pas été choisis de la même façon. Certains
ont été plus libre de choisir (les fils de profs, de cadres), dautres ont
subi. Le milieu, le niveau de la famille conditionne clairement le devenir
des jeunes. En effet, certains ont linformation, des perspectives. Pour
certains le bac est un aboutissement, pour dautre une simple étape... Cest
cette diversité des parcours qui doit être prise en compte dans le cadre de
lenseignement à luniversité mais aussi en amont, dès le primaire et dans le
secondaire, ce dernier devant aussi effectuer sa révolution.

LEnseignement supérieur à travers la diversité de ses formations est une
étape ultime mais quasi-obligée pour la jeunesse. La maîtrise des savoirs
conditionnera la place de chacun dans notre société. Cette étape, si on
souhaite quelle soit synonyme de réussite et non déchec, comme cest le cas
aujourdhui pour beaucoup détudiant, impose donc à luniversité de faire
impérativement sa révolution.

Lors de la rencontre des élus étudiants de Grenoble en mai 2000, 400 élus
ont adopté un " manifeste en faveur dune révolution pédagogique ". Ce
manifeste résonne aujourdhui dans les amphis. Nous avons mis le doigt là ou
ça fait mal. Le débat sinstaure entre les enseignants qui pour leur part
mesurent lenjeu, tandis que le ministère, loin dêtre à la hauteur de cet
enjeu de société en reste au stade " des mesurettes " en proposant un prof
réferent en première année, tout en se refusant à rendre de nouveau
obligatoire le tutorat, à prendre les dipositions nécessaires pour former à
la pédagogie les quelques enseignants recrutés cette année. La révolution au
delà de lincantation doit trouver sa réalisation par des mesures concrètes:
arrêt de la construction damphis au profit de salles de petites tailles,
modification des critères de recrutement et dévaluation des
enseignants-chercheurs, formation à la pédagogie que ce soit dans lobtention
du doctorat que dans le cadre du recrutement, obligation pour un enseignant
à luniversité denseigner au moins une année dans le secondaire, formation à
la docimologie (évaluation des étudiants), constitution déquipes
pédagogiques pour chaque niveau détudes...

Individualiser la pédagogie à luniversité ce nest pas secondariser le
supérieur, cest au contraire permettre à létudiant de construire avec laide
des enseignants son propre savoir. Ainsi il convient dapprendre
lauto-évaluation, de savoir mobiliser et " connecter les connaissances " par
le développement de la pluridisciplinarité avec la mise en place du projet
pluridisciplinaire de fin du Deug... Cette liste est loin dêtre exhaustive,
mais elle constitue quelques pistes sur lesquelles il convient de mener une
réflexion.

La révolution pédagogique doit être un élément à part entière du combat que
lUNEF refondée devra mener car notre ambition est, et restera de faire
reculer les inégalités et de faire avancer lAutonomie. Tout comme
lallocation détudes nous permet denvisager lautonomie sociale et la justice
sociale, la révolution pédagogique nous permettra de faire disparaître les
inégalités culturelles et de conquérir pour chaque étudiant lautonomie
intellectuelle. Il est maintenant temps que la grande UNEF fasse tomber les
bastilles du savoir.