Répondre à ce message - retour au sommaire de la page  

[discussions] RENOVER L'UNEF 2

Posté par Jihadwachill@aol.com le 2/5.

piece jointe : TEXT/HTML
Argumenter !

Trop souvent depuis quelques années, nous avons abandonné le terrain du débat 
d'idées, d'où une schlérose de notre discours. Entre liste de revendications 
"bris à broc" et simple énoncé de principes généraux, nous avons eu tendance 
à négliger de faire le lien logique entre principes et revendications qui en 
découlent, bref, d'argumenter de manière construite et cohérente.

Aide sociale : pas d'autonomie sans justice sociale ; refusons l'égalitarisme 
factice

Le système de bourses actuel est souvent décrié car accusé d'être inadapté 
aux enjeux d'aujourd'hui. De fait, les CROUS sont trop souvent contraints de 
gérer comme ils peuvent la pénurie de moyens. Nous le voyons une fois de plus 
dans l'attribution des "allocations d'étude" attribuées par le ministère : 
elles se révèlent cette année insuffisantes par rapport au nombre de cas de 
plus en plus nombreux d'étudiants dans le besoin ne rentrant pas dans le 
cadre d'attribution des bourses dont certains n'auront aucune aide car les 
crédits sont épuisés...
Il faut d'ailleurs constater que cette augmentation du nombre de cas est due 
à une volonté délibérée et irresponsable de l'UID d'engorger les commissions 
d'attribution, mais aussi les problèmes que pose l'attribution des bourses de 
3ème cycle. Elles étaient attribuées jusque là sur critère sociaux, 
prioritairement aux étudiants qui rentrent dans les critères d'attribution 
d'une bourse universitaire, au mérite pour les autres. Cette répartition a 
été contestée avec succès devant les tribunaux, la législation favorisant 
dans sa rédaction l'attribution "sur critères universitaires" : le ministère 
a par voie de circulaire rappelé les universités à l'ordre contre la promesse 
que les étudiants de 3ème cycle qui étaient boursiers échelon 5 verraient 
leur bourse remplacée par une allocation d'étude. Mais qu'en est-il des 
autres boursiers accédant en 3ème cycle sans obtenir de bourse de 3 ème cycle 
? Et surtout, comment gérer la pénurie budgettaire que provoque un afflux de 
cas semblables ? En restreignant l'accès des services comme l'a fait le CROUS 
de Paris ? La meilleure solution serait évidemment de privilégier ceux qui en 
ont besoin, donc de revenir à une prise en compte de l'aspect social. 

En fait si l'aide sociale étudiante est insuffisante , ne permettant pas 
d'aider suffisamment ceux qui sont le plus précarisé ni d'aider certains 
étudiants issus de familles de "basses" classes moyennes, elle n'est en 
réalité pas aussi sociale qu'elle le prétend. Les familles aisées sont 
nettement avantagées, en réalité plus que les familles défavorisées, par le 
biais de la fiscalité (la demi-part fiscale supplémentaire pour un enfant 
étudiant rattaché au foyer fiscal de ses parents), les familles 
monoparentales par rapport aux familles classiques. Les critères 
d'attribution des bourses doivent donc être revus dans le sens d'une 
harmonisation au vu de ces éléments, la suppression de la demi-part fiscale 
permettrait par exemple un doublement des crédits de l'aide sociale directe !

L'autonomie des étudiants, au vu de l'hétéronégénéité de la condition 
d'étudiant, ne saurait être réglée par l'attribution d'une aide identique ou 
presque pour tous : il s'agit là de ne pas tomber dans la facilité d'un 
égalitarisme factice. La solidarité nationale doit jouer dans le sens de la 
compensation des inégalités sociales et donc d'une attribution de l'aide 
sociale étudiante qui tendrait vers la justice sociale. Il s'agit de 
permettre un minimum d'égalité des chances : pas de réelle autonomie sans 
justice sociale. Car en réalité, l'inégalité essentielle entre étudiants dans 
l'accession à l'autonomie est leur origine sociale. De même, l'obligation que 
rencontrent certains d'entre-nous de rechercher un petit boulot pour 
subsister, quelquefois au détriment de la réussite de leurs études, 
s'explique aussi les difficultés financières que rencontrent leur famille.
Des exceptions applicables par exemple aux cas de rupture familiale, ne 
sauraient enlever la pertinence du principe de privilégier la justice 
sociale. Il convient même de se demander dans quelle mesure il ne convient 
pas de responsabiliser ces familles qui ont les moyens mais refusent de 
subvenir aux besoins de leurs enfants étudiants par le biais de ponctions 
fiscales directement reversées à ceux-ci. Un moyen peut-être d'éviter la voie 
judiciaire pour réclamer une pension alimentaire et les fortes réticences 
morales devant le fait de devoir attraire ses parents en justice.
La construction et la rénovation de cité-U participe aussi à cette volonté de 
tendre vers une plus grande égalité des chances devant le droit à l'autonomie 
: en effet, pour les étudiants disposant de faibles moyens, c'est souvent le 
seul moyen de logement indépendant. D'où aussi l'importance d'être toujours 
vigilants face à une augmentation parfois disproportionnée des tarifs de 
chambres en cité-U, surtout après rénovation. 
De même, le demi-tarif dur les tranports, les tarifs étudiants pour l'accès 
aux loisirs...participent à leur manière à ce besoin de justice sociale en 
aidant les étudiants les plus en difficulté à joindre les deux bouts, voire à 
avoir accès aux loisirs et au savoir.