Répondre à ce message - retour au sommaire de la page  

[discussions] RENOVER L'UNEF 3

Posté par Jihadwachill@aol.com le 2/5.

piece jointe : TEXT/HTML
Dépasser le faux débat de la professionnalisation de l'Enseignement supérieur

Le débat sur la professionnalisation de l'Enseignement supérieur est une de 
ces pommes de discorde perpétuelles au sein de l'UNEF. On peut y voir en 
partie en réalité un débat mal posé. En effet, à travers professionnalisation 
de l'Enseignement supérieur, on entend souvent professionnalisation de 
l'Université. Hors, il convient de rappeler que tous les étudiants n'étudient 
pas dans une université : certains sont en classe prépa, grandes école, mais 
aussi parfois en IUT (même si les IUT sont théoriquement rattachés à des 
universités) ou BTS... Viendrait-il à l'esprit de quelqu'un de décréter que 
parce que la professionnalisation, c'est mal, il faudrait supprimer les IUT 
et les BTS ? Bien évidemment non !
Une partie des étudiants ont une exigence de "professionnalisation" pour 
pouvoir intégrer rapidement le marché du travail. C'est leur droit légitime 
et en tant que syndicat étudiant, nous sommes dans l'obligation de prendre en 
compte ces demandes loin d'être marginales. Mais est-ce à dire légitimer la 
professionnalisation de l'Université ? La nécessaire vocation généraliste de 
l'Université va à l'encontre d'une telle évolution. 

Le vrai problème est une fois de plus un problème de pénurie budgettaire : 
chaque année, lors du SOS inscription, combien d'étudiants viennent nous voir 
pour s'inscrire dans n'importe quelle filière car ils n'ont pas été acceptés 
en BTS ou IUT ? Ces filières sont sélectives et laissent beaucoup de gens sur 
le carreau qui s'inscrivent à l'université faute de mieux, sans être 
franchement motivés. Ces étudiants vont pour la plupart échouer a 
l'université car les études qu'ils font ne correspondent pas  à ce qu'ils 
auraient souhaité faire et il convient de ne pas se voiler la face : celà n'a 
rien d'étonnant, tout comme il ne serait pas étonnant qu'un étudiant 
intéressé par l'histoire de l'art échoue en philo s'il se retrouve d'office 
dans cette filière. A un étudiant qui veut s'inscrire en histoire de l'art et 
qui vient nous voir car le rectorat lui propose une place en philo, on sait 
quoi répondre : une place en fac (dans la filière de son choix), c'est un 
droit pas un privilège ! Alors chiche, battons nous sur les BTS et IUT pour 
obtenir une plus grande ouverture de ces diplômes.
L'Université n'a pas vocation à compenser les carrences du secteur 
professionnel déjà existant de l'Enseignement supérieur, c'est à l'Etat de 
faire en sorte d'adapter les possibilités d'accueil des étudiants dans ce 
secteur à la demande des étudiants. Le secteur professionnel de 
l'Enseignement supérieur doit être en mesure d'absorber la demande des 
nouveaux bacheliers souhaitant s'y orienter. Il s'agit là aussi d'une mesure  
de lutte contre l'échec universitaire en permettant à une catégorie 
d'étudiants souvent accusée "d'encombrer" les amphis de pouvoir faire ce qui 
correspond à leurs goûts et aspirations véritables, bref de se réaliser en 
tant qu'individus.
Reste le problème des étudiants qui s'orientant vers le professionnel et qui 
souhaitent compléter avec une formation plus généraliste à la fin de leur 
cursus professionnel ou au contraire en sens inverse les étudiants 
"universitaires" qui souhaitent intégrer rapidement la vie professionnelle. 
Pour ceux-là, une licence pro sans cadrage national est-elle une solution ? 
Bien entendu non ! Des passerelles et des grilles d'équivalences existent 
normalement entre BTS ou IUT et Université : le problème est qu'elles sont 
très peu effectives, les Universités trainant trop souvent des pieds pour les 
appliquer. Il s'agit donc de de renforcer ces passerelles et de permettre 
qu'elles puissent jouer dans les deux sens. 

Même si certaines filières universitaires sont à vocation plutôt 
professionnalisante (la gestion à Paris 1 par exemple, la médecine...), 
l'Université a globalement une vocation généraliste qu'il convient de 
préserver, l'exigence de professionnalisation de nombre d'étudiants pouvant 
de toute manière être mieux satisfaite par un accueil plus massif dans le 
secteur professionnel déjà existant de l'Enseignement supérieur et le 
renforcement des lien avec l'Université dans le sens de la complémentarité.