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[discussions] 1ere analyse de la reforme Lang

Posté par =?iso-8859-1?q?syndicat=20fse?= le 17/5.

Extrait du texte d'orientation adopté en congrès de la
FSE. Le texte entier devrait être disponible bientôt.
Une analyse comprenant les conclusions du colloque de
la CPU de février 2001 à Lille sera écrite d'ici peu.

Julien Chuzeville, adhérent du SEUL-FSE Montpellier.



Orientations pédagogiques pour l’enseignement 
supérieur (Lang, avril 2001)

Première analyse

Lors du CNESER du 23 Avril Jack Lang présentait un
nouveau projet de réforme pour les universités
françaises.
Le principal axe de la nouvelle réforme Lang consiste
en l’adaptation des cursus français aux cursus
européens sur le modèle anglo-saxon des « crédits » ou
« point capitalisables ».
Cette orientation va entièrement dans le sens des
réformes précédentes et la mise en place des « crédits
» a été préparée par la semestrialisation (réforme
Bayrou, 1997) et la mise en place des cursus en 3/5 ou
8 par Claude Allègre (1998).

L’« euro des universités »

« Chaque module d’enseignement validé par l’université
serait affecté d’un certain nombre de points ».
C’est un changement radical de l’enseignement
universitaire que propose Lang. En effet, son cheval
de bataille , la mise en place des « points
capitalisables » remet en cause l’obtention d’un
diplôme à la suite d’un certain nombre d’année
d’étude.
La première étape est la transformation des
différentes unités de valeur qui constitue un cursus
en « points » et la transformation de l’année en «
unité de compte » composée d’un certain nombre de
points.
Exemple : actuellement le DEUG sanctionne deux années
d’études complètes dans un domaine précis (histoire,
psycho, etc…), dans la réforme Lang, une année
équivaudrait à 60 points, la validation d’une année
demanderait alors à l’étudiant la capitalisation de 60
points validant, qui un module de géo, qui un module
d’histoire, qui un stage en entreprise. L’obtention du
DEUG demanderait alors 120 points, la Licence 180
points, etc…
Ce système est censé permettre une meilleur mobilité
des étudiants en Europe via une uniformisation des
cursus et de ce système.

Une nouvelle définition des enseignements

Il est bon de se demander comment se fera la
classification des modules d’enseignement, combien de
points seront attribués à tel ou tel module. Lang
reste très vague sur le sujet : « une définition des
modules non seulement par les contenus ou les volumes
horaires d’enseignement mais par la quantité de
travail demandé à  l’étudiant et par l’ensemble des
connaissances et compétences qu’il doit acquérir à
travers les enseignement, leur travail personnel, les
stages, mémoires, projets, activités artistiques,
civiques, etc. »
En effet, est-ce que l’on continuera à fonctionner par
UFR, par département, qu’est-ce que comportera un
module, des cours, des stages, des ateliers de
peinture et de pâte à mâcher ?
On peut présumer que la priorité ne sera plus à
l’enseignement des disciplines fondamentales mais aux
matières les plus en phase avec le monde du travail,
avec la pratique professionnelle.

Objectif professionnalisation

« Tout l’enseignement supérieur, d’une certaine
manière, est à vocation professionnelle : la
professionnalisation des formations sera mieux prise
en compte ».
Cela a le mérite d’être clair, si Allègre avait bien
entamé le sujet avec le 3/5 ou 8 et les licences
professionnelles, Lang le parachève avec sa réforme.

1.	les cursus pluridisciplinaires

« (…) utiliser cette organisation en crédits pour
favoriser la constitution de parcours diversifiés,
pour permettre aux universités qui le souhaitent de
procéder à des assemblages de modules de formation ».
La mise en place des crédits facilitera les cursus
pluridisciplinaires, par assemblage par les
universités de modules de formation devant
correspondre à un certain nombre de points pour un
grade universitaire donné.
Les cursus pluridisciplinaires existent déjà sous la
forme de DEUG bi ou pluridisciplinaires plus ou moins
adaptés au monde professionnel (ex : à Nîmes, DEUG
bi-disciplinaire axé sur le tourisme dans l’arc
nord-méditerranéen). Lang veut renforcer ce type de
formations.

2.	la formation tout au long de la vie

« De plus en plus souvent, des salariés viendront à
l’université pour se former parfois à plein temps mais
le plus souvent à temps partiel ».
Cette formule est à la mode, en effet la précarisation
croissante de l’emploi, le chômage stagnant amènent au
bricolage gouvernemental. Le nouveau système
permettrait de reprendre des études à n’importe quel
âge, de valider de nouveaux acquis professionnels. La
formation étant assumé par le service public
(l’université), c’est un coût de production en moins
pour le patron.

Exemple : L’étudiant Hixe vient d’obtenir une licence
professionnelle « maîtrise de la création culinaire et
valorisation de la choucroute alsacienne », il est
alors embauché par l’entreprise « choucroute and Co »
située à deux pas de la fac. La licence pro aura été
élaborée grâce à un partenariat avec l’entreprise et
la fac. 20 ans plus tard, récession économique, la
choucroute ne se vend plus, l’entreprise licencie 10
000 employés dont Monsieur Hixe, 45 ans et recentre
son activité sur le maïs transgénique. Pour faire ce
peut et trouver une mains d’œuvre compétente elle aide
un chercheur en génétique à mettre en place à
l’université une nouvelle licence professionnelle «
produits génétiquement modifiés ». Grâce à la VAP 
Monsieur Hixe peut redevenir l’étudiant Hixe, refait
une licence professionnelle, financée par l’Etat et
retourne travailler chez son ancien patron, tout formé
!

3.	le cadre national des diplômes

La multiplication des cursus pluridisciplinaire et la
collaboration renforcée entre entreprises et
universités iront dans le sens de la création de
nouveaux diplômes par les universités elles-mêmes, en
partenariat avec les entreprises comme cela se
constate déjà avec les licences pro, les mastaires… Si
ces diplômes continueront a être habilités par le
CNESER comme tient à l’affirmer Lang , il n’en auront
pas pour autant une reconnaissance nationale.
Exemple : Lors du Ca du 20 avril à l’université Paul
Valéry à Montpellier à été présenté le projet d’un
DEUG pluridisciplinaire réunissant lettres modernes,
histoire , espagnol, et lettres anciennes pour le site
de Nîmes et dans la cadre de son autonomisation.
A propos de la réunion de ces 4 disciplines en un seul
DEUG :
« -elle correspond à une demande profonde
d’implantation professionnelle régionale où dans l’arc
nord méditerranéen
-elle débouche notamment sur une formation
professionnalisante, orienté vers les métiers du
tourisme culturel d’accompagnement de
l’arc-méditerranéen, pour lesquels une excellente
connaissance de l’histoire et des langues anciennes
est un atout majeur, unique à notre connaissance en
Europe. » (dans demande d’habilitation document du CA,
20/04 2001.).

Il est évident que le titulaire de ce genre de diplôme
ne risquera pas de travailler pour le tourisme en
Bretagne. Et si les touristes ne viennent plus autour
de la Méditerranée, le diplôme ne vaut plus rien.
Voilà ce que nous entendons par remise en cause du
cadre national des diplômes.

4.	l’évaluation des étudiants

« en matière de politique de formations supérieures,
il ne peut y avoir plus d’autonomie pédagogique que
s’il y a plus d’évaluation ».
Il est évident qu’une fois les années universitaires
supprimées au profit d’unité de compte, l’évaluation
ne pourra plus être la même, les contrôles terminaux
(partiels) disparaîtront au profit du contrôle
continu, Lang propose de le renforcer et d’y associer
« les étudiants mais également, s’il y a lieu, les
partenaires, en particulier, professionnels ». On ne
sanctionnera donc plus le savoir mais l’habileté
professionnelle.
Nous l’avons vu ces 4 points renforcent l’adaptation
des cursus universitaires à la contrainte économique,
cette adaptation forcée est guidée par le
désengagement financier de l’Etat dans les services
publics, disposant de moins en moins de fonds de
fonctionnement les universités doivent se résoudre à
l’argument de la réalité économique et ainsi adapter
leurs formations à la demande de l’entreprise, de
l’économie. Elles doivent trouver des sous ailleurs
que dans les caisses de l’Etat.
Nous devons refuser cette réforme.
Contre un « Maastricht de l’université » comme en
parle Jack Lang lui-même.
Contre des cursus pluridisciplinaires fourre-tout où
l’adaptation à l’économie compte plus que le savoir !
Contre des diplômes au rabais, véritable précarisation
du statut de l’étudiant !
Contre une évaluation non plus basée sur les
connaissances mais sur le « professionnalisme » !
Nous devons nous mobiliser !

Quelques constatations…

Cette nouvelle étape dans l’harmonisation européenne
de l’enseignement supérieur a été préparé par les
réformes précédentes, d’abord l’autonomisation
croissante des universités, la mise en place des
formations professionnelles, la semestrialisation, la
loi sur l’innovation, etc.
Elle va dans le sens des directives européennes et des
critères de convergence, ainsi que des conclusions de
l’ERT.
Elle constitue l’une des dernières étape en France
d’une route menant à l’inéluctable privatisation de
l’enseignement supérieur, remettant ainsi en cause le
droit fondamental au savoir.
Jack Lang a été bien inspiré de balancer ses
perspectives un mois après le plus gros mouvement
étudiant après 1995 et à un mois des vacances
estivales.
Il souhaitait voir ce système se mettre en place d’ici
3 ans.

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