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[discussions] Fin du CAPES d'Histoire ?

Posté par Emmanuel Lyasse le 21/6.

J'ai appris en conseil d'UFR d'Histoire de Paris IV hier ce qu'était
exactement la réforme du CAPES d'Histoire-Géo. Conclusion: chassez Allègre
par la porte, Lang arrive par la fenêtre !
Lang avait présenté en février sa réforme du CAPES. Son rapport est
télechargeable sur le site unef.org. Il a fait l'objet de débats sur ce
forum (pas suffisamment sans doute: ces questions ne semblent pas être de
celles qui préoccupent les différentes variétés de "refondateurs du
mouvement étudiant"). Il contenait un certain nombre de remises en cause
préoccupantes, mais remettait à plus tard la question essentielle, celle des
programmes.
Nous y sommes, pour l'Histoire en tout cas.
A l'écrit, les épreuves ne changent pas. En revanche, le programme est
réduit: il n'y aura plus que deux périodes à étudier, en alternance. C'est
quand même ennuyeux: on donne l'impression de ne plus recruter que des demi
historiens. Les profs se déclarent soulagés, car ces deux questions
correspondront à deux de celles du programme de l'Agrégation. Cependant, on
précise que la formulation pourra en être adaptée, ce qui ouvre la porte à
bien des choses.
Mais à l'oral, c'est sans commune mesure. L'épreuve actuelle est une leçon
sur le programme, le candidat ayant une bibliothèque à sa disposition. On la
remplace par une épreuve portant sur les programmes du secondaire. A priori,
ça peut ressembler à la leçon de hors-programme de l'Agreg, et ça se défend.
Mais la suite est redoutable. En effet, ce programme sera précisé
ultérieurement sous la forme d'une liste de thèmes. Les candidats n'auraient
aux dernières nouvelles que des manuels du secondaire à leur disposition, et
on leur demanderait de faire ce qu'ils feraient devant une classe, devant un
jury prié de retomber en enfance pour pouvoir apprécier leur prestation.
Le caractère totalement artificiel d'une telle épreuve saute aux yeux. Il
est évident qu'on n'est pas devant un jury de concours dans les mêmes
conditions que devant une classe, et qu'il ne peut donc s'agir pour le
candidat que d'une humiliante comédie. Il pourra démontrer par une telle
épreuve sa servilité, mais certes pas sa compétence scientifique.
Une précision: le candidat qui tirera un sujet d'ancienne ou de médiévale,
périodes au programme en 6e et 5e, devra apparemment faire une leçon de ce
niveau là.
On retrouve la conception qui animait les projets d'Allègre: il est inutile,
voire nocif, de recruter des enseignants qui en sachent plus que leurs
futurs élèves.
Il y aura désormais à l'oral trois épreuves pseudo-pédagogiques, et plus
aucune épreuve scientifique.
Face à cette démolition totale, la réaction des professeurs présents à ce
conseil, qui semble représentative si on en juge d'après les positions
prises par les quatre associations de spécialistes, est particulièrement
désespérante. En gros: "l'essentiel est préservé, puisque les cours pour
l'écrit pourront continuer comme avant; cherchons à mettre en place une
préparation spécifique pour l'oral". Un esprit cruel dirait qu'ils sont
prêts à voir sans réagir scier la branche sur laquelle ils sont assis pourvu
qu'on ne les force pas à se lever avant qu'elle casse.
Cette attitude n'est pas sans rappeler leur position sur l'application de la
réforme Bayrou-Allègre. Précisément, à ce conseil, on a envisagé aussi la
semestrialisation totale. Sans réaction autre que la mienne. Selon le
directeur d'UFR, le seul problème est celui de la session de rattrappage,
facilement soluble par... le déplacement de celle de janvier en juin ! Quand
j'ai tenté de parler du problème que cela posait en terme de cohérence des
enseignements et de recul par rapport aux connaissances, on m'a d'abord
traité comme un idiot, en m'expliquant que cela ne changerait rien au total
des heures de cours, puis comme un aimable extra-terrestre. Même chose quand
il fut question des ECTS.
Il y a cependant une raison de ne pas désespérer du CAPES, du moins pas
encore: cette réforme ne s'appliquera pas l'an prochain, mais seulement pour
le CAPES 2003. Ça laisse du temps pour une réaction SI QUELQU'UN VEUT
REAGIR.
Les positions à défendre me semblent simples
1) Le maintien des quatre périodes à l'écrit
2) Une véritable leçon hors-programme à l'oral, sans liste de thèmes mais
avec bibliothèque
3) La suppression de l'épreuve prétendument professionnelle qui a montré sa
nocivité

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