Répondre à ce message - retour au sommaire de la page  

[discussions] Tr : Bethleem, 24 octobre - Reportage

Posté par Emmanuel Lyasse le 27/10.

 ----------
> De : "Solidarite-Palestine" 
> À : 
> Objet : Bethleem, 24 octobre - Reportage
> Date : Ven 26 oct 2001 0:34
>
>
>
> L'occupation israélienne de Bethléem : reportage
>
> mercredi 24 octobre 2001
>
> La nuit dernière a encore été particulièrement violente dans le secteur de
> Bethléem, les tanks n'ont pas cessé de tirer, les principales cibles ont
> été le quartier de Bethlehem University, les camps de réfugiés d'Aïda et de
> El-Azah (Beit Jebrin) et le village de Beit Jala. On n'avait jamais entendu
> ça, les tanks ont tiré des dizaines de fois, et ce matin on a été étonné
> d'apprendre qu'il n'y avait pas trop de dégâts du point de vue humain. Par
> contre, de nouveaux immeubles ont été touchés, et les Israéliens occupent
> toujours au moins une maison dans le camp d'Aïda.
>
> Ce matin, le Paradise Hotel, occupé par l'armée israélienne, était de
> nouveau en feu. Dans ce genre de circonstances, il y a toujours des
> contacts entre les autorités israéliennes et palestiniennes, et les
> Israéliens ont demandé que les pompiers palestiniens viennent éteindre
> l'incendie. Mais quand ces derniers sont arrivés, ils ont été pris pour
> cible par les soldats israéliens (des tanks étaient venus protéger
> l'Hôtel), donc ils ont fait demi-tour et ont refusé d'éteindre l'incendie.
> Cette anecdote est assez parlante pour faire état de la confusion qui règne
> ici, de la vitesse à laquelle les choses évoluent et surtout du peu de
> crédit que l'on peut accorder aux promesses de l'armée israélienne.
>
> Nous avons circulé un peu dans Bethléem, dont les rues sont de plus en plus
> dévastées par les combats entre la résistance palestinienne et les tanks de
> l'armée d'occupation. À chaque coin de rue, il faut se renseigner pour
> savoir si on peut continuer, car on ne sait jamais si on ne va pas rentrer
> dans la ligne de mire d'un sniper ou tomber nez à nez avec des tanks ou des
> barricades, les taxis ne savent plus par où il faut passer, et les détours
> sont de plus en plus longs... On a pu voir que l'Université a été touchée à
> plusieurs reprises cette nuit et que les tanks sont encore rentrés assez
> loin à l'intérieur de Bethléem, car les traces de leur passage sont bien
> visibles (routes et trottoirs défoncés, lampadaires et feux de
> signalisation par terre...).
>
> Puis on s'est rendu au camp d'Aïda, celui-là même où nous étions vendredi
> lorsqu'un sniper a ouvert le feu sur mon père et sur des jeunes
> Palestiniens, blessant trois personnes par balle et en tuant une. Nous n'y
> étions pas encore retournés depuis que cela s'était produit. C'était
> important pour nous d'y aller pour deux raisons: premièrement, pour prendre
> la mesure de la situation à l'intérieur du camp, qui est toujours aussi
> touché par les tirs des snipers et des tanks, pour prendre des nouvelles de
> nos amis et des jeunes qui ont été blessés avec nous vendredi, et
> deuxièmement car il était important pour nous de revenir dans ces lieux où
> nous avons vécu toutes ces horreurs vendredi dernier.
>
> Une fois les renseignements pris pour savoir s'il y avait un accès possible
> au camp, nous nous sommes mis en route et nous n'avons pas rencontré de
> difficultés à rentrer. C'est suffisamment rare pour être souligné. Nous
> avons pu constater que la situation ne s'améliore pas dans le camp, bien au
> contraire. Les snipers sont toujours là, peu de temps avant que l'on arrive
> notre ami a été pris pour cible et la balle l'a manqué de quelques
> centimètres, il y a toujours énormément de tirs, les tanks sont positionnés
> autour du camp, une maison est toujours occupée et ce secteur du camp est
> particulièrement dangereux.
>
> D'un point de vue humanitaire, la situation est catastrophique: de
> nombreuses familles n'ont plus rien à manger, un centre de distribution qui
> sert en même temps de poste de secours a été aménagé, l'organisme des
> Nations Unies chargé des réfugiés (UNRWA) ne fait rien, son directeur n'est
> même plus présent dans les locaux à l'intérieur du camp. Les réfugiés sont
> livrés à eux-mêmes et sont toujours sous la menace de snipers qui tirent
> vraiment sur tout ce qui bouge. Ainsi nous avons emprunté une ruelle
> particulièrement dangereuse (juste à côté de la maison où se sont déroulés
> les événements de vendredi) dans laquelle il faut sans arrêt changer de
> côté pour éviter d'être trop longtemps dans la ligne de mire des tueurs
> postés dans l'Intercontinental Hôtel, lui aussi occupé par l'armée
israélienne.
>
> Nous avons quitté le camp en compagnie de journalistes de France 3 qui
> étaient venus constater la situation particulièrement difficile d'Aïda, en
> empruntant la route par laquelle on était arrivé, mais cette fois-ci nous
> sommes tombés nez à nez avec un tank et un autre véhicule blindé qui
> étaient positionnés pour tirer sur le secteur de l'université. Un petit
> détour donc... Une fois dans Bethléem, nous avons emprunté une des rues
> commerçantes, pas loin de là où se trouvaient les tanks, et très
> rapidement, alors que nous regardions les dégâts de la veille, les tanks se
> sont mis en route en se dirigeant vers l'endroit où nous étions, créant une
> véritable panique. Les gens s'enfuient en courant ou se réfugient dans les
> magasins, les magasins ferment leurs portes métalliques, les propriétaires
> des voitures stationnées les déplacent à toutes vitesse. En nous éloignant
> nous avons croisé une vingtaine de résistants palestiniens qui se
> dirigeaient vers les tanks. Mais que peuvent-ils faire face à ces monstres
> blindés avec leurs fusils et leurs mitraillettes?
>
> Puis nous sommes rentrés chez nous, et tout l'après-midi nous avons entendu
> les mitrailleuses des chars blindés en action. Et pas mal de mouvements de
> chars. Un Palestinien a été tué dans Bethléem, il était au volant de sa
> voiture et a reçu une balle israélienne. On se rendra aux funérailles
> demain matin. Nous avons appris en fin d'après-midi le bilan provisoire de
> cette sanglante journée sur l'ensemble de la Cisjordanie: il a au moins
> quinze morts, mais les chiffres sont enore approximatifs, notamment en ce
> qui concerne le massacre perpétré par les soldats israéliens dans le
> village de Beit Rima, à une vingtaine de kilomètres de Ramallah, car la
> zone est toujours hermétiquement fermée par l'armée. Les chiffres varient,
> mais il semble qu'il y a au moins dix morts rien que dans ce village, et
> une bonne vingtaine sur l'ensemble des Territoires réoccupés.
>
> Ce soir ressemble aux précédents soir. On se dit que cette fois-ci ils vont
> se retirer, mais ce qu'on entend dehors n'est pas très réjouissant. Les
> tanks continuent de répliquer aux tirs d'armes légères, il n'y a quasiment
> eu aucune interruption depuis le début de l'après-midi. Et on les entend
> toujours manoeuvrer pas loin de la maison...
>
> Julien Salingue
>
>
>
>
>
> ____________________________________________________________
>
> Merci de faire circuler et de diffuser largement.
>
> Pour d'autres détails, visitez notre site, sur lequel un formulaire permet
> de vous abonner ou de vous désabonner de notre lettre d'informations:
> http://www.solidarite-palestine.org/
>
>

---------------------------------------------------------------------
Ce message vous a été envoyé via le forum de discussion du site des AGE de l'UNEF, http://unef.org.
Pour intervenir sur le forum,envoyez vos messages à discussions@unef.org. Pour vous désabonner,envoyez un message à: discussions-unsubscribe@unef.org. Pour plus d'informations sur le fonctionnement du forum, écrivez à: discussions-help@unef.org