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[discussions] =?iso-8859-1?Q?Censure_ordinaire_en_Tunisie_+_Communiqu=E9s_du_CNLT?=

Posté par Anthony Whitney le 22/10.

piece jointe : TEXT/HTML
Date: 2001-10-19
Pays: TUNISIE
Personne(s): 
Cible(s): journal
Source(s): RSF
Type(s) d'infraction(s): interdiction

(RSF/IFEX) - Dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur, 
Abdallah Kaâbi, RSF a protesté contre l'interdiction de diffusion du
"Monde Diplomatique" du mois d'octobre 2001. "Le gouvernement tunisien
interdit de manière systématique les journaux étrangers lorsqu'ils
contiennent des articles déplaisant au régime", a déclaré Robert Ménard,
secrétaire général de l'organisation. "Nous vous demandons des
explications sur cette mesure de censure", a-t-il ajouté.

Selon les informations recueillies par RSF, le numéro d'octobre  du
"Monde Diplomatique" n'a pas été diffusé en Tunisie. Il contenait un
article de Kamel Jendoubi, président du Comité pour le respect des
libertés et des droits de l'homme en Tunisie (CRLDHT). Dans cet article,
intitulé "La peur peut-elle changer de camp ? Course de vitesse en
Tunisie", il évoquait notamment "les dérives autoritaires du régime". 

De nombreuses publications étrangères sont toujours interdites en 
Tunisie dont la presse française ("Libération", "Charlie Hebdo", "La
Croix", "Le Canard enchaîné" et "L'Humanité"). Par ailleurs, les
journaux autorisés comme "Le Monde", "Jeune Afrique - L'Intelligent" ou
"Courrier International" sont censurés lorsqu'ils contiennent des
articles critiques sur la Tunisie. 

Renseignements supplémentaires

Pour tout renseignement complémentaire, veuillez contacter  Virginie
Locussol, RSF, 5, rue Geoffroy Marie, Paris 75009, France, tél: +33 1 44
83 84 84, téléc: +33 1 45 23 11 51, courrier électronique:
moyen-orient@rsf.fr, Internet: http://www.rsf.fr 

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-----Message d'origine-----
De : J.JAMEL 
À : FIDH ; observatoire.paris@wanadoo.fr ; zeitounatv.com ; Tunisiedeuxmilles ; TUNIS NEWS ; TUNISNEWS Modérateur ; liste@maghreb-ddh.sgdg.org ; luttesentunisie@yahoo.fr ; Maghreb-ddh.sgdg.org ; Morsel Alkesibi 
Date : lundi 22 octobre 2001 14:59
Objet : [maghreb-ddh] Communiqués du CNLT




            Conseil

            National 

            pour les

            Libertés en

            Tunisie

            

            Président d’honneur:

            Feu le Dr Hachemi AYARI


            

            Comité de Liaison :


            Sihem BENSEDRINE

            Porte Parole


            Abderraouf AYADI

            Secrétaire Général


            - Abdelkader 

            BEN KHEMISS

            - Hedi MANAI

            - Tahar MESTIRI 

            - Mohamed TALBI

            - Ahmed SMIAI

            Membres


            

            Adresse :

            4, rue Abou Dhabi-

            Tunis 1000


            Téléphone/fax:

            (216 1) 335871


            

            WEBSITE :

            http:// www.cnlt98.org

             Tunis le 19 octobre 2001


            la lutte anti-terroriste, version dictatures arabes


            Depuis les attentats du 11 septembre, la lutte anti-terroriste est devenue l’épouvantail derrière lequel se cachent les dictatures pour soumettre davantage les populations privées de toute forme de liberté. Ignorant leurs responsabilités dans la fabrication du désespoir, dans l’obstruction des horizons politiques pour les jeunes, dans l’interdit qu’ils font peser sur toute forme d’épanouissement pacifique de leurs citoyens - autant de causes qui incitent aux solutions violentes - les dictatures arabes se présentent aujourd’hui comme les chantres de la lutte anti-terroriste.

            Les Tunisiens auxquels le régime de Ben Ali avait promis en 1987 la sécurité en échange de leur liberté, se retrouvent au bout de dix ans " d’éradication du terrorisme " privés et de l’une et de l’autre et soumis à un terrorisme d’état.

            Dans ce contexte de psychose mondiale où le discours sécuritaire fait des émules, les dictateurs dans le monde arabe se sentent les mains libres pour intensifier la répression.

            En Tunisie, le parti au pouvoir (RCD) a profité de ces événements pour présenter, le 27 septembre, la candidature du président Ben Ali pour 2004 à un quatrième mandat anti-constitutionnel, ce qui signifie en clair, une présidence à vie et une hypothèque de longue durée sur le droit du citoyen tunisien à choisir librement ceux qui le gouvernent. Parallèlement, un flot d’appui à cette candidature est sollicité et même arraché à des personnes, institutions, associations professionnelles et établissements financiers ou commerciaux, emplissant les colonnes des journaux pro- gouvernementaux.

            Au même moment un contrôle sans précédent sur les moyens de communications est effectué. Les lignes de téléphones largement écoutées sont carrément coupées. Pire, une liste d’institutions et de personnalités étrangères ou résidant à l’étranger voient leurs numéros bloqués à partir de la Tunisie. Internet, déjà sous haute surveillance, subit un tour de vis supplémentaire et la messagerie électronique est devenue presque impraticable. Certaines associations de la société civile (ATFD, LTDH, CNLT…) et personnalités n’arrivent même plus à accéder à leurs boites, parfois vidées de leur contenu. Tandis que la filature et la surveillance des défenseurs des droits humains est renforcée. C’est la lutte anti-terroriste, version dictatures arabes.

            les prisonniers politiques ont constitué la cible la plus importante, faisant l’objet de représailles gratuites :

            En effet, le 26 septembre à 6 heures du matin, des brigades spéciales des prisons ont envahi les pavillons où se trouvent les prisonniers politiques à la prison centrale du 9 avril, les passant à tabac, fouillant leurs effets personnels, confisquant leurs biens (mandats et bons de cantine) et les dispersant à travers plusieurs chambres. Certains sont placés en isolement et enchaînés dans les cachots. Les livres, papiers, stylos leur ont été confisqués. Plusieurs d’entre eux ont gardé des séquelles : Abderrazak Mazgarichou (fracture de la mâchoire), Hichem Jarraya (fracture du bras), Ridha Boukadi, Ahmed Laamari, Mohamed El gueloui, Tahar Harrathi, Boujemaa Kouki, Fraj El Jemii, mounir Ltaief, Maher Khalsi (hématomes). Ils ont été par la suite photographiés par les gardiens.

            Le même traitement a été réservé au groupe " El Ansar ", dont l’un des membres Abdellatif Bouhjila a été particulièrement brutalisé à la prison de Borj El Amri, alors qu’il poursuit une grève de la faim dure qui l’a terriblement affaibli.

            Maher Khoja a été transféré de la prison de Monastir à Tunis, à son arrivée à la prison du 9 avril, il a été accueilli par des coups, ses médicaments et effets personnels lui ont été retirés.

            Mohamed Akrout, (cardiaque) à la prison du Kef a été privé de ses médicaments et mis en isolement au cachot. Ahmled Labyadh, à la prison de Gabès ainsi que Habib Ellouz à la prison de Borg Erroumi ont entamé une grève de la faim en signe de protestation contre les mauvais traitements qu’ils subissent.

            Les défenseurs de droits humains, autre catégorie de terroristes, ont également vu l’étau se resserrer autour d’eux ces derniers temps :


                    1.. après le verdict de la Cour d’appel, le condamnant à 1 an de prison avec sursis, le Dr Marzouki, privé de l’exercice de son métier, s’est vu empêché de quitter le territoire le 7 octobre courant, alors qu’aucune interdiction judiciaire ne pèse sur lui. Ceci dans l’objectif de l’empêcher de gagner sa vie en enseignant dans des universités étrangères. 


                    2.. De même, Sadri khiari a été soumis à la même interdiction arbitraire de voyager le 24 septembre, alors qu’il se rendait à un colloque à Aix. Sadri Khiari n’a pas pu soutenir sa thèse de doctorat à Paris en juin dernier pour les mêmes raisons et sans aucune justification. 


                    3.. Le 16 octobre, le Dr Sahbi Amri a été passé à tabac devant son domicile par 4 agents de la sécurité de l’état, qui l’ont délesté de ses documents personnels et de son GSM. Dr Amri a gardé des séquelles de ces violences, il est astreint à 45 jours d’arrêt de travail. Cette agression semble liée à ses dernières prises de position et notamment son témoignage sur la torture. 


                    4.. A l’occasion de la commémoration de la fête de l’évacuation, les autorités policières de la région de Bizerte ont procédé le 14 octobre à l’arrestation arbitraire de plus de 25 anciens prisonniers politiques durant 24 heures, nous citons parmi eux Samir Dilou, Daoud Kammach, Noureddine Bettaieb, Hamed Ben Barka, Hédi Seghayer, Chokri Chelbi... Il semble que ces arrestations faisaient partie des mesures de sécurité prises à l’occasion de la visite du Président de la république à Bizerte. 


                    Le CNLT s’élève contre ces atteintes aux libertés, à l’intégrité physique et aux droits fondamentaux des citoyens ; il appelle l’opinion démocratique à plus de vigilance et à une mobilisation pour :


                    5.. l’arrêt des poursuites contre tous ceux qui ont été condamnés pour l’exercice légitime de leurs libertés et notamment Hamma Hammami, 


                    6.. la libération de tous les prisonniers d’opinion et particulièrement Mohamed Moada. 


                    7.. Le recouvrement, pour les anciens prisonniers politiques ,de tous leurs droits civiques et l’arrêt des persécutions qu’ils subissent. 


                    8.. la promulgation d’une loi d’amnistie générale. 

            Pour le Conseil

            La porte-parole

            Sihem Bensedrine