O pater, o patria, o
Priami domus,
Saeptum altisono cardine templum!
[É]
Haec omnia vidi inflammari
Qui appuya le premier sur la
gchette ?
Qui recassa le vase de Soissons ?
Bref, qui donna le premier coup de pied au cul ?
Pralables 1- Pourquoi deux UNEF ? 2- Crise 3-
Prmices : le CNOUS
I- Illusion lyrique 1- Le
collectif national du 3 juin 2- Chasse aux candidats, en chambre 3- Le lundi dcisif
II– Tranches 1- Dfendre
la liste face au ministre 2- Dfendre lĠUNEF contre les liquidateurs 3- Dfendre notre unit contre la division
III— Ce que jĠai cru comprendre,É 1-
Pourquoi ont-ils tu lĠUNEF ? 2- Pourquoi avons nous t trahis ? 3- Pourquoi avons-nous t ridicules ?
Le vendredi 2 juin 2000, vers vingt-deux heures, alors que jĠtais dans ma chambre en train de me prparer mĠembter le lendemain un collectif national sans enjeu, et presque sans participants puisque cĠtait la priode des examens, le tlphone a sonnÉ
Le vingtime anniversaire de ce qui fut le mois la fois le plus exaltant et le plus dsesprant de ma carrire syndicale mĠa conduit me replonger dans les vieux papiers, les vieux fichiers, les vieux souvenirs, et inciter mes camarades, ce jour avec succs, relancer le site historique unef.org .
a a t aussi lĠoccasion de constater que la partie consacre la fin de lĠUNEF, la plus lourde du site pour des raisons videntes[1], tait galement trs incomplte puisque, la petite introduction prs, elle ne faisait que reprendre nos publications dĠalors. Nous disions la vrit, bien sr, mais pas toute la vrit, et lĠensemble reflte uniquement le point de vue, ou les points de vue successifs dĠailleurs, car nous nĠavons pas brill par notre constance, que nous souhaitions diffuser.
Je crois pouvoir dire que pendant tout ce mois de juin, je nĠai fait que a (sauf un jour : jĠy viendrai), pens quĠ a (mme ce jour). JĠtais alors, vingt-six ans, en quatrime anne de thse dĠhistoire romaine Paris IV. JĠavais un poste dĠATER Valenciennes, ce qui me permettait de gagner presque correctement ma vie contre huit heures de cours par semaine sur deux jours (et aussi dĠtre syndicaliste tudiant Paris en tant prof en province). LĠanne universitaire tait termine, et je nĠai pas touch ma thse en un mois.
Ce texte est donc un tmoignage dĠun acteur, je crois pouvoir dire du principal acteur (ce ne pourra tre jug immodeste, vue la fin lamentable) de ces vnements. Cet acteur tant historien dĠune tout autre priode, il a des habitudes dĠcriture quĠon y retrouvera. Il sĠappuie aussi sur un stock considrable dĠarchives, ce qui est publi sur le site, quĠil a de bonnes raisons de matriser, mais aussi tout ce qui a pass par sa boite mail. Il y a aussi des souvenirs qui nĠont jamais t crits.
Le titre de ce texte aurait pu tre Ç le mois dcisif pour la fin du syndicalisme tudiant en France È. Ce fut la fin de ce que je considrais alors, que je considre encore aujourdĠhui comme le syndicalisme tudiant[2], tel quĠil a exist aprs 1968 avec en particulier les deux UNEF (Je ne prtends pas que notre UNEF tait la seule faire du syndicalisme. JĠaffirme quĠaprs sa disparition, et ses derniers soubresauts, plus personne nĠen a fait). JĠai renonc ce titre pour ne pas rebuter a priori des lecteurs qui croient en avoir fait depuis.
Je mĠen tiens ce mois, parce quĠil est vident avec le recul quĠ sa fin tout tait jou, et perdu pour nous et pour, donc, le syndicalisme tudiant. Se demander pourquoi nous avons persvr aprs le soir du 28 (moi en particulier) revient se demander pourquoi la Wehrmacht a continu se battre aprs Stalingrad et le Sud aprs Gettysburg.
Ce sera long. Ce sera dĠautant plus long que, puisquĠil nĠy a ce jour aucune tude publie sur lĠhistoire globale de notre UNEF (Il faudrait changer a. Ce sera long et compliqu), il faut commencer par rappeler le contexte, ce qui est indispensable aux lecteurs (que jĠespre nombreux) qui nĠont pas vcu tout a, et peut tre utile aussi ceux qui lĠont vcu pour se rappeler des choses quĠils ont oublies, voire ne savaient pas lĠpoque.
Il y avait donc alors deux UNEF, depuis aussi longtemps que la mmoire tudiante pouvait remonter, officiellement depuis 1971 mais en germe depuis la fin de lĠanne 1968[3]. Disons pour faire trs vite (cĠest passionnant, mais ce nĠest pas notre sujet) que lĠUNEF de 1907 ou de 1946 (dont on fait, bien tort mon avis, un mythe sous lĠappellation Ç grande UNEF È) tait de fait morte, aprs avoir fonctionn au moteur explosion depuis 1956, et que deux groupes, qui nĠy taient venus que tardivement, dĠun ct les lambertistes (dont lĠappellation tait alors OCI, AJS pour lĠorga de jeunesse), de lĠautre les communistes (ils nĠtaient pas seuls au dpart, mais comme a nĠa gure dur, nous passons) ont voulu relever le flambeau, et leur cohabitation dans la mme tant videmment impossible, ont fini par fonder chacun leur UNEF, prtendant continuer la prcdente (dĠo le numro 59 donn chacun des deux congrs fondateurs)[4]. On les dsignait couramment par le nom des deux anciennes tendances, Renouveau pour lĠUEC, Unit Syndicale pour lĠAJS, parfois par les localisations de leurs siges nationaux, variables. On prcise que bien sr, cĠtaient leurs directions qui taient communistes et lambertistes, quĠelles avaient le but affich de syndiquer tous les tudiants, et avaient des adhrents dĠautres obdiences politiques, ou sans.
En 1980, lĠUNEF lambertiste, dans un processus quĠelle a comiquement appel Ç runification partielle È a rcupr la LCR, et quelques socialistes mitterrandistes et rocardiens, et a pris le nom dĠUNEF-ID (Indpendante et Dmocratique), renonant donc de fait la revendication de continuit (mais la maintenant en interne). Ce choix correspondait au rapport des forces lĠpoque : lĠhgmonie de lĠautre UNEF, la ntre, tait crasante. Aprs avoir un temps tent de jouer sur la confusion, lĠUNEF devenue ID a choisi de sĠen distinguer clairement. Ce fut le dbut de lĠinversion du rapport des forces, parce que lĠUNEF-ID eut ds lors le soutien total du PS, (que rejoignirent rapidement la majorit des LCR de 1980, derrire Julien Dray, puis celle des lambertistes, derrire Jean-Christophe Cambadlis), donc de 81 86 puis 88 93 celui du gouvernement, tandis que lĠinfluence du PCF dclinait, encore plus sur les facs que partout ailleurs.
Il faut prciser, aussi, ce quĠon entend par rapport des forces. Il est vident, ou devrait lĠtre, que le nombre dĠadhrents officiellement revendiqus par chacune relevait de la blague (deux blagues trs diffrentes dĠailleurs), que leurs nombres rels taient (et sont donc dĠautant plus aujourdĠhui) impossibles estimer. Le critre tait, avec les rserves dĠusage et faute de mieux, les rsultats lectoraux. Dans les annes 1970, lĠUNEF (Renouveau) dominait largement les lections, lĠUNEF (Unit syndicale) les boycottait et tirait de lĠabstention la preuve de sa plus grande force, ce qui ne trompait que ceux qui voulaient tre tromps. LĠUNEF dsormais ID a renonc au boycott des lections quand elle a pu les gagner. Il faut cependant noter que, pour des raisons trop longues dtailler ici, ce critre lectoral avantageait videmment lĠU-ID, et que sa domination nĠtait pas aussi crasante quĠil semblait lĠindiquer.
LĠUNEF a connu un mieux, qui sĠest manifest lectoralement, au dbut des annes 1990. On peut lui attribuer deux causes : dĠabord, lĠallgeance de lĠU-ID au gouvernement, totale du moment que Jospin a t ministre de lĠducation nationale, commenait se voir un peu trop (et sĠest vue ensuite en interne, dĠo son changement dĠobdience de Camba Juju, mais a nĠest pas notre sujet) ; ensuite (cĠest en partie li), des militants de la LCR, et dĠautres trotskistes et trotskisants lĠont rejointe, ce qui lui a permis de regagner en extension (en perdant, certes, en cohsion).
Il y avait donc, encore en juin 2000, deux UNEF, dont une tait indpendante et dmocratique. Elles taient aussi diffrentes que peuvent lĠtre deux sÏurs (certes ennemies). Leur structure apparente tait la mme, hrite de lĠancienne UNEF[5] : une union dĠAssociation gnrale tudiantes (AGE), qui lisaient en congrs un Bureau national comprenant un prsident, un secrtaire gnral et un trsorier. Ce point est dĠautant plus essentiel quĠil a souvent t oubli, mme par des responsables nationaux : il nĠy avait pas dĠtudiant adhrent lĠUNEF, mais des tudiants adhrant une AGE, laquelle tait elle-mme adhrente de lĠUnion. Complication supplmentaire, elle aussi hrite de lĠUNEF dĠavant : Paris, les AGE correspondaient chacune une universit, en province une ville universitaire, o il y avait ventuellement plusieurs universits. Elles avaient eu des volutions fort diffrentes, dont les germes taient certainement prsents au dpart, mais que des vnements varis de part et dĠautre avait accentues. LĠUNEF-ID avait en fait perdu tout caractre fdral pour devenir une organisation extrmement centralise, o les responsables dĠAGE taient totalement subordonns aux membres du BN, ce que la structuration par tendances (figes et centralises) aggravait. Le caractre fdral avait t maintenu lĠUNEF (o il nĠy avait pas de droit de tendance) et plutt approfondi avec le temps. Le BN nĠintervenait en principe dans une AGE quĠ sa demande. Un prsident dĠAGE non membre du BN (beaucoup lĠtaient) avait plus de poids quĠun membre du BN non prsident dĠAGE. On peut dĠores et dj noter que, rien que pour cela, lĠide de les Ç runifier È (elle nĠavaient jamais t unies dĠailleurs, ayant pouss sparment sur le cadavre de lĠancienne UNEF) tait totalement saugrenue, et ne pouvait conduire quĠ la disparition totale de lĠune des deux, au maintien de lĠautre lĠidentique.
On savait bien sr laquelle disparaitrait dans ce cas. Alors que lĠUNEF-ID, dirige (et verrouille) par le groupe Dray (dit alors Gauche socialiste) avec une opposition de droite rocardienne, une opposition de Ç gauche È LCR, tait devenue une machine qui, si elle nĠavait plus grand-chose voir avec le syndicalisme tudiant, tait redoutablement efficace, lĠUNEF allait trs mal. Il nous faut repartir en arrire pour essayer de comprendre pourquoi.
Je crois pouvoir dater de 1997 le dbut de la crise finale de lĠUNEF (LĠanne o jĠy ai adhr. JĠai parfois lĠimpression de porter la poisse). Il y avait eu dans les annes prcdentes bien des crises, bien des drames, que dĠautres pourraient raconter beaucoup mieux que moi (je souhaite quĠils le fassent), mais aucun nĠavait mis en cause son existence mme[6]. L, il sĠagissait du lien structurel, bien quĠvidemment non formel, de lĠUNEF avec le PCF, sans lequel elle ne pouvait exister.
On doit pouvoir, aprs vingt ans, renoncer aux hypocrisies et aux euphmismes pour dire clairement ce qui est vrai : lĠUNEF tait, depuis 1971, le syndicat tudiant du PCF. Cela ne signifiait absolument pas quĠelle ft une organisation communiste dans sa doctrine, ni bien sr ne comportt que des communistes. CĠtait un syndicat, un vrai syndicat vraiment tudiant, que le PCF finanait (indirectement bien sr), structurait, auquel il fournissait de fait sa direction nationale, ce parce quĠil estimait avoir intrt le faire. Depuis 1971 (et bien avant dĠailleurs), le PCF avait t, hors la parenthse de 1981/84 (qui nĠavait pas fait du bien lĠUNEF), hostile tous les gouvernements qui sĠtaient succd. Comme tous ces gouvernements taient rsolument nuisibles aux intrts des tudiants, le lien structurel entre le Parti et le syndicat tait sain et mutuellement profitable. En 1997, le Parti a dcid de participer (avec la ferme intention de sĠy maintenir tout prix, que la suite a illustre) au gouvernement Jospin, dont il est apparu rapidement quĠil tait anti-tudiant comme ses prdcesseurs, plus que ses prdcesseurs mme. Le hiatus tait invitable. Les dirigeants communistes de lĠUnion nationale, pour concilier leurs fonctions syndicales et leur devoir de Parti, en ont t rduits parler de combattre les rformes partir de leurs aspects positifs, puis dĠexiger des moyens pour appliquer les rformes, finissant par quasiment refuser de prononcer ou dĠentendre le mot rforme, en arguant que lĠUNEF nĠavait pas prtendre imposer son opinion aux tudiants et devait se borner demander la leur, et ont t confronts une opposition de plus en plus nombreuse et de plus en plus agressive, sur un clivage trs diffrent de tous les prcdents (mais ne les abolissant pas totalement, ce qui nĠa pas simplifi les choses). La tension commena quand la direction renona son opposition la rforme Bayrou. Le rapport Attali, et le mouvement quĠil provoqua dans de nombreuses universits fin 1998, mit le feu aux poudres.
1997 a t aussi (je ne vois pas de rapport) lĠanne du dpart de lĠUNEF de presque tous les militants de la LCR, principalement pour SUD tudiants, apparu en 1995 mais qui nĠa vritablement exist quĠ ce moment l. Il est peu prs certain que cĠtait lĠeffet dĠune dcision prise au niveau politique, mais je nĠen sais pas plus. En tout cas, ce fut massif : les AGE de Nancy, Poitiers, Reims, Tours (au printemps 98 seulement), Angers (encore un peu plus tard), des minorits de Paris I et Orlans passrent SUD, Strasbourg un an plus tard lĠU-ID. Seules Jussieu, Nanterre (nous en reparlerons) et quelques militants isols restrent. Ce fut un affaiblissement considrable pour lĠUNEF (aucune des AGE perdues ne fut jamais srieusement reconstitue, et Paris I resta trs faible), mais aussi un bouleversement total de la notion dĠopposition, puisque jusque alors la LCR tait la principale force oppositionnelle, se prenait volontiers pour lĠopposition elle toute seule (et tait souvent prise comme telle par la direction). Son retrait laissait le champ libre dĠautres, sur un autre clivage, sortant (mme si certains ont t longs le comprendre) du schma communistes contre trotskistes.
Il faut ici ouvrir une parenthse, une de plus, pour dcrire ce quĠtait alors le fonctionnement de lĠUNEF. Je ne lĠai pas place plus haut parce que je ne peux parler que de ce que jĠai connu, et ne peux garantir que cĠtait dj comme a auparavant, faute de sources. LĠUNEF tait, on lĠa dj dit, une fdration dĠAGE (de villes en province, dĠuniversits Paris, sauf Jussieu, commune Paris VI et Paris VII) lisant librement leurs directions (en principe, en assemble gnrale de leurs adhrents). Elles se runissaient en congrs tous les deux ans (le congrs avait cess dĠtre annuel aprs celui de 1991) pour dcider de lĠorientation de lĠUnion nationale et lire son bureau national de trente et un membres, dont, comme tels, le prsident, le secrtaire gnral et le trsorier, chacune y tant reprsente par un nombre de dlgus qui tait fonction de son nombre dĠadhrents dclar, lus par elle en assemble gnrale au scrutin majoritaire de liste non bloque. Le BN tait lu par le congrs de la mme manire : une commission des candidatures proposait une liste de 31 noms, suivis de ceux des candidats quĠelle nĠavait pas retenus ; chaque dlgu pouvait rayer certains des noms proposs, et entourer des refuss, voire rajouter des non candidats (Ë la fin, la liste propose tait toujours lue, mais on pouvait mesurer les cotes dĠamour aux carts de voix. Ci-contre, le bulletin pour le 78e congrs (Toulouse, 1997) avec les rsultats proclams). Le BN lisait ensuite quatre ou cinq secrtaires nationaux, qui formaient avec le prsident, le secrtaire gnral et le trsorier lus par le congrs le secrtariat national. Entre deux congrs, lĠorgane principal tait le collectif national, qui runissait un peu moins dĠune fois par mois hors vacances, sur un ou deux jours, les membres du Bureau national et deux reprsentants par AGE (sans tenir compte donc du nombre de leurs adhrents).
Ce systme assurait, jusquĠ la crise finale, une large majorit systmatique la direction communiste au congrs et au CN, de deux faons diffrentes. Au congrs, cette majorit tait lĠpoque presque donne par la monstrueuse dlgation de Paris VIII (quarante cinquante dlgus) qui votait unanimement. JĠignore si Paris VIII a vraiment t lĠAG de loin la plus importante de lĠUNEF par le pass[7]. A lĠpoque, cĠtait caricatural : ces dlgus taient donns par huit cents mille adhrents revendiqus par une AG qui obtenait deux cents voix aux lections aux conseils de lĠUniversit (On a pu dire mchamment que si lĠUNEF avait vcu, il y aurait fini par avoir plus de dlgus de Paris VIII que dĠlecteurs). JĠai dj dit que les nombres dĠadhrents taient une blague. On voit ici quel point. LĠUNEF avait cette particularit amusante que la cotisation y tait facultative, ce qui permettait ce genre de plaisanterie. Mais le jeu nĠtait videmment pas gal : si les cartes taient gratuites, les places de dlgus au congrs taient payantes (on appelait a mandat), et chres, censment pour couvrir les frais dĠorganisation. CĠtait en fait la seule contribution financire de la plupart des AGE lĠUnion nationale. Quand Paris VIII payait ses mandats la direction, cela revenait faire passer lĠargent dĠune poche dans une autre de la mme veste. Pour les autres AGE, cĠtait une dpense importante, et gratuite. Une direction dĠAGE peu soucieuse de nĠavoir que des vraies cartes (On dit que certaines lĠtaient) calculait donc dĠabord combien elle voulait payer de mandats, puis faisait des cartes en fonction (en se donnant ventuellement une marge).
Au CN, cela ne jouait pas puisque les AGE taient reprsentes galit, mais le poids du BN lu au scrutin majoritaire par le congrs (o quelques places taient nanmoins donnes gnreusement des contestataires, quatre ou cinq) suffisait assurer la majorit de la direction, dĠautant plus que trs peu dĠAGE envoyaient une dlgation chaque CN, moins encore une dlgation complte. CĠtait dĠailleurs la fonction principale du BN, qui se runissait la veille du CN (Il ne le faisait que trs rarement entre deux CN) o ses membres nĠavaient que le privilge dĠentendre avant les autres le rapport prpar par le secrtariat, qui tait la vraie direction de lĠUnion nationale (et ne comprenait jamais dĠoppositionnel).
La situation tait donc totalement fige : chaque fois, les opposants repartaient furieux dĠavoir vu voter des choses qui leur semblaient aberrantes, mais sans la moindre intention dĠen tenir compte sur leurs universits, puisque le caractre de plus en plus fdral leur permettait dĠy faire ce quĠils voulaient (Le matriel de propagande de lĠUNEF Paris IV, intgralement publi sur le site web, lĠillustre).
Tout esprit raisonnable se demandera certainement comment cela a pu durer, comment les opposants ont pu rester dans une Union nationale o ils taient condamns tre minoritaires, comment la direction a pu tolrer des opposants qui ne tenaient aucun compte de ses dcisions. CĠest trs simple, en fait. Les opposants qui sont rests taient convaincus (la suite a montr, contre eux, quel point ils avaient raison) que, sĠils pouvaient faire de belles choses localement, ils nĠavaient absolument aucun moyen de monter une Union nationale concurrente, faute dĠappui politique consquent, et quĠil valait mieux rester dans celle-l, en esprant, sans trop y croire, que les choses sĠarrangeraient. La direction aurait eu toute raison et toute possibilit de les exclure, mais savait (si parfois, dans le feu de lĠaction, elle lĠoubliait, elle se le rappelait rapidement, ou on le lui rappelait de plus haut) quĠelle ne pouvait maintenir lĠUNEF du PCF sans eux, en particulier parce que cĠtaient leurs voix qui permettaient de conserver lĠunique lu au CNESER (on y arrive). Cela a pu lĠinciter parfois faire des concessions : ainsi le communiqu adopt ( lĠunanimit, si ma mmoire est bonne et si mes papiers ne mentent pas) par le CN du 6 dcembre 1998, en plein mouvement contre le rapport Attali, sĠil nĠallait pas jusquĠ appeler amplifier le mouvement, lui tait assez favorable. Il a t publi sur le site web de lĠUNEF Paris IV, o il est toujours dans la version dsormais historique[8]. Je ne suis pas sr quĠil ait jamais t publi ailleurs. Ce fut la dernire fois, en tout cas.
CĠest alors quĠon commena parler de Ç runification È (mot idiot, dcidment). Je ne crois pas quĠil en ait jamais t srieusement question avant, ma modeste chelle en tout cas (jĠai vaguement entendu parler dĠun projet avort vers 1990, mais je nĠen sais rien de plus). Evidemment, il fallait tre pour lĠunit, et tout le monde lĠtait. Mais il me semble clair que jusque l, les appels lĠunit lancs de part et dĠautre nĠavaient dĠautre but que montrer que celui dĠen face tait mchant, puisquĠil la refusait. a a chang brutalement, en quelques semaines.
La question des relations avec lĠU-ID se posait bien sr. LĠUNEF avait deux bonnes raisons de la traiter en ennemie, au-del de la concurrence naturelle entre deux boutiques sĠadressant aux mmes clients. La premire tait la diffrence de structures, signe manifeste de deux conceptions diffrentes du syndicalisme. La seconde tait le soutien dsormais constant de lĠU-ID aux rformes gouvernementales. Quand Jospin tait ministre, a allait de soi mais, les bonnes habitudes prises, et malgr son passage de Camba Juju, elle avait aussi soutenu la rforme Bayrou en prtendant que cĠtait une grande victoire elle. Elle soutenait allgrement (je ne pouvais pas lĠviter, celle-l) celles du gouvernement Jospin, bien que le groupe Dray ft alors dans lĠopposition au PS. Pour la direction nationale de lĠUNEF, le second point nĠexistait plus, alors quĠil tait de plus en plus crucial pour ses opposants. Il tait donc beaucoup, beaucoup trop pour notre got, question dĠunit, mais pas dĠunification, dont la diffrence de structures suffisait faire, rptons le, une aberration.
Le premier pas fut la liste commune pour les lections la MNEF dpose le 20 janvier 1999 aprs dĠpres discussions dans tous les sens et de nombreux retournements. Il est hors de question que je parle de MNEF ici, ce qui serait long, et loin du sujet auquel je ne dsespre pas dĠarriver. a apparat du moins rtrospectivement comme le premier pas. Sur le coup, nous ne lĠavons pas du tout vu venir. Paris IV (Philippe Lieutaud et moi-mme) tait, contrairement aux autres AGE oppositionnelles, favorable au principe de la liste commune (pas ses modalits : nous avons fini par appeler, discrtement mais fermement, au boycott), faute dĠautre solution raisonnable. Nous croyions une parenthse, refermer au plus vite, et mon souci tait que la question de la MNEF ne pourrt pas le congrs venir aux dpens du dbat que jĠesprais y voir sur les rformes. Et la runification nous est soudain tombe dessus, notre grande surprise et grande fureur.
Je ne me rappelle pas exactement quand, ni comment (Je nĠai pas conserv mes mails de lĠpoque, nĠayant pas alors dĠordinateur moi. Ils taient dĠailleurs peu nombreux sur le sujet, faute dĠinterlocuteurs). JĠai sous les yeux mes comptes-rendus pour lĠAGE des deux CN prparant le congrs, des 30 et 31 janvier et du 21 fvrier[9] : il nĠen est pas question. Je ne vois pas non plus de runification ni de fusion dans le texte adopt par notre congrs dĠAGE du 20 mars, dont jĠavais rdig cette partie, qui parle seulement (avec une hypocrisie certaine) de la question de lĠunit dĠaction avec lĠU-ID[10]. Au congrs de Pantin, du 2 au 5 avril, on nĠa parl que de a. CĠtait vraisemblablement un appel de lĠUNEF-ID dans la suite des lections de la MNEF, auquel la direction de lĠUNEF a rpondu favorablement, ceci prs quĠelle hsitait sur Ç runification È et prfrait parler de nouvelle organisation qui aurait t beaucoup plus vaste que lĠaddition des deux UNEF.
Ce congrs, le 79e (on comptait toujours en commenant 59), et le dernier rgulirement convoqu, tenu Pantin dans des locaux prts par la CGT, fut un cauchemar de bout en bout, hors un bref (et vain) rayon de soleil le dimanche 4 en fin dĠaprs-midi. Il fut marqu par le dpart surprise, le dimanche matin, de lĠAGE de Limoges qui annona sa sortie de lĠUNEF, lourde de consquences[11] (Peu aprs le congrs, lĠAGE de Pau, celle de Grenoble et lĠassociation de Toulouse Mirail annonceront quĠelles quittent lĠUNEF pour la rejoindre et former avec elles Solidarit tudiante).
Je ne le raconterai pas en dtail, mĠen tenant ce qui est indispensable pour comprendre la suite des vnements. LĠorganisation des dbats par la direction nationale fut dsastreuse, rendant toute discussion srieuse impossible, sans quĠil soit possible de faire la part de lĠincomptence et celle du choix dlibr. Il nĠy avait pas de texte, pas dĠamendements, on votait la vole des propositions varies dposes la tribune par nĠimporte quel dlgu (a a permis le rayon de soleil, mais empch toute discussion srieuse sur les rformes). Il y avait une hostilit incroyable entre dlgations des deux camps en prsence (Il faut souligner au passage une diffrence fondamentale, et dommageable entre congrs et CN. Les CN taient une affaire de bureaucrates, qui savaient tous ce qui allait se passer, savaient aussi les trs bonnes raisons quĠils avaient de se dtester, mais ne se fchaient que quand ils estimaient y avoir intrt, donc trs rarement, sauf bavure provoque par la prsence inopine dĠun ingnu remplaant un bureaucrate indisponible. Au congrs, il y avait une grande majorit de militants de base (sans doute au moins la moiti des adhrents rels de lĠUNEF) dont cĠtait le premier contact avec lĠUnion nationale, et qui taient horrifis, les oppositionnels par ce quĠils entendaient, les autres quĠil y et une opposition si virulente). Nous tions venus sans illusion sur la direction nationale, moins encore sur sa reconduction, mais avec lĠespoir de pouvoir discuter profitablement avec les dlgus de province de rformes et de Ç runification È. Nous nous sommes heurts un mur de haine. Les choses ont t compliques par le grand retour de la LCR, absente de tous les CN prcdents (sauf un), avec vingt vingt-cinq dlgus mens par Gal Quirante, venant tous de Jussieu (seule AGE tenue par eux alors, o nous savions quĠil nĠy avait plus dĠactivit UNEF visible) ou Nanterre (ou ils taient minoritaires, mais devaient un grand nombre de dlgus la bienveillance de la majorit), votant et agissant en bloc, faisant beaucoup de bruit, insultant la direction, contestant tout mais prnant grands cris la Ç runification È (en reprochant la direction de nĠen point faire assez), et bnficiant de la complaisance de la prsidence de sance pour faire tout a (des temps de parole dmesurs, une indulgence certaine pour leurs chahuts). Il est clair que beaucoup de dlgus de province nous ont assimils eux, et donc dĠautant plus dtests, convaincus que nous tions dĠaffreux trotskistes pour la Ç runification È (comme ils nĠcoutaient pas nos interventions, elles ne risquaient pas de les convaincre). Il nous tait difficile de ne pas conclure que cĠtait le but de lĠopration, concerte entre direction et LCR (je nĠai pas chang dĠavis sur ce point).
JĠen viens au rayon de soleil, qui concerne directement notre sujet. Usant du systme absurde dĠorganisation des votes, un dlgu avait dpos la proposition Ç Contre toute forme de runification È. JĠai entendu ensuite tantt que cĠtait Thomas Stezicki, de Lille, tantt Guillaume Cav de Nantes (Ils lĠont sans doute fait lĠun et lĠautre). Aucun bureaucrate de notre camp nĠaurait os dpos un tel truc, qui paraissait aberrant : nous tergiversions sur la ncessit de construire lĠunit dans les luttes, en laissant entendre que notre lutte prfre tait celle contre lĠU-ID. Karine Delpas, qui prsidait la sance, met a aux voix (il y a d avoir avant le vote une intervention pour, une intervention contre, selon la procdure suivie, mais je nĠen ai pas de souvenir). Surprise ! Dans toute la salle, presque tous les bras se lvent. Ë la tribune, Karine regarde la salle, regarde ses assesseurs, puis lve son mandat, eux aussi. Nous nous regardons, Philippe et moi, les autres bureaucrates de notre camp se regardent, et nous nous disons que nous nĠavons aucune raison de nous gner dans ces conditions : nous sommes peu prs les derniers lever la main (tout ceci sĠest bien sr pass en beaucoup moins de temps quĠil nĠen faut pour lĠcrire). Finalement, seule la LCR vote contre. Quelques dirigeants nationaux sĠabstiennent. DĠaprs mes notes de lĠpoque, 111 pour, 25 contre, 10 abstentions, 24 Ç NPPV È. Nous avons lĠimpression dĠavoir assist un miracle. La preuve est faite que la base des AGE soutenant la direction ne veut pas de runification, et nĠavait pas compris que cĠtait l quĠon lĠemmenait : ce vote inattendu a fait tomber les masques, et Karine a d suivre.
La dlgation de Paris IV va dner (au Chinois en face de lĠglise, excellent), avec la conviction que lĠUNEF est sauve, et que la nuit sera longue puisquĠil sĠagit de faire enfin le congrs qui nĠavait pas vraiment commenc, bloqu sur la question de la Ç runification È. Au retour dans la salle, cĠest la douche froide. La direction sĠest reprise (ou a t reprise par une intervention dĠen haut) et choisit de casser le congrs : votes la chaine, verrouills (dont lĠofficialisation du ralliement la rforme Bayrou), puis dispersion autoritaire vers minuit sous prtexte de dernier mtro. Mme jeu le lendemain.
Les manÏuvres runifiantes se sont poursuivies malgr le vote du congrs (avec lĠargument quĠil ne sĠagissait pas de Ç runification È mais de construire une nouvelle organisation) puis (je ne rentre pas dans le dtail) se sont enlises progressivement. Il nĠen a plus t question aprs lĠautomne, jusquĠau 2 juin 2000 auquel nous allons finir par arriver. JĠignore si la direction nationale a finalement pris peur devant le rejet par la base, si elle tait divise sur ce point depuis le dbut et que le contre ont provisoirement gagn, si cĠest lĠUNEF-ID qui sĠest lasse.
Nous arrivons enfin non au mois de juin 2000, mais ses derniers prmices. Le cadre du dsastre fut le renouvellement, qui avait lieu toutes les annes paires entre mai et juillet des conseils nationaux, le CNOUS et le CNESER, vital car la loi sclrate de Jospin (plonasme) y attachait la reconnaissance comme organisation nationale reprsentative. CĠtait tout ou rien : une organisation ayant au moins un lu dans un des deux conseils tait reconnue, dĠo de nombreux avantages dont une subvention trs confortable (proportionnelle au nombre dĠlus), celle qui nĠen avait pas (mme quelques voix prs) nĠavait aucun droit. Les deux taient lus au scrutin indirect, avec deux procdures particulirement tordues, dont lĠune nuisait particulirement lĠUNEF telle quĠelle tait devenue.
Les huit reprsentants tudiants au CNOUS, qui gre lĠaide sociale, sont lus par ceux aux CROUS de chaque acadmie (R comme rgional). La particularit est quĠil y en a le mme nombre, sept, dans chacune quel quĠy soit le nombre des tudiants, et que leur lection a lieu au niveau de lĠacadmie (ou, dans quelques cas, dĠune ville) par vote de tous les tudiants sans distinction dĠtablissement. Dans les acadmies nĠayant quĠune universit (Dijon, Limoges, par exemple) a revient presque au mme. Dans les grandes, cĠest trs diffrent, et il faut bien sr beaucoup plus de voix pour avoir un lu. Complication supplmentaire : dans certaines acadmies o on a cr des universits trs loin de la ville rectorale (Pau pour Bordeaux, Le Mans et Angers pour Nantes), on a cr des CLOUS (L comme local), avec un seul reprsentant tudiant (ou deux), qui est compt dans les sept de lĠacadmies (Il nĠy a donc que six lus au CROUS de Bordeaux, cinq Nantes et il faut un plus fort pourcentage quĠ Limoges ou Dijon pour en avoir un) alors quĠil est lu au scrutin majoritaire un tour. Ce systme tait injuste, et mortel pour ce quĠtait devenue lĠUNEF, du fait du recul de son implantation : dans de nombreuses petites acadmies, elle nĠexistait plus, dans les grandes rarement dans toutes les universits. Il convenait en revanche parfaitement la machine faire voter itinrante de lĠUNEF-ID (Les lections avaient lieu sur trois jours diffrents selon les acadmies pour permettre son plein rendement).
Pour le CNESER, qui a comptence (consultative, bien sr) sur tout le reste, le systme est au contraire fond sur les tablissements : les lecteurs sont les lus tudiants de ceux-ci, pour les Universits, lĠessentiel, lĠpoque ceux des trois conseils dits centraux tablis par la loi Savary (CA, CEVU, CS), pour les coles des choses plus varies selon des critres obscurs. a nĠtait pas plus juste, puisque le nombre dĠlus dans chaque tablissement tait sans rapport avec le nombre dĠtudiants, fix arbitrairement par ses statuts, a favorisait particulirement les coles, donc les corpos Ç apolitiques È (Rions !), mais cĠtait bien meilleur pour lĠUNEF qui, l o elle existait encore, pouvait faire face la machine faire voter de lĠU-ID et avoir un nombre dĠlus rarement majoritaire, mais souvent significatif. QuĠil y ait onze lus facilitait aussi relativement lĠobtention dĠun sige. Les conditions pour prsenter une liste taient drastiques : il fallait vingt-deux noms, onze titulaires et onze supplants, lus dans vingt-deux tablissements diffrents, ce qui excluait tout amateurisme. Pour lĠUNEF alors, ce nĠtait (quand mme) pas un problme. a a t le ntre le 3 juin.
Puisque nous nous approchons du moment dcisif, il semble bon de sĠarrter pour faire un tableau de lĠordre de bataille de lĠUNEF durant cet hiver. JĠessaie de faire bref. La difficult est que je sais fort bien ce qui se passait Paris IV, forcment, trs bien aussi ce quĠil en tait de Paris I et dĠEvry (la nouvelle venue), assez bien chez ceux qui taient nos amis, fort mal ailleurs, dans le climat de guerre froide qui rgnait depuis le congrs.
Il est difficile de parler de la direction nationale, le secrtariat donc, sans manquer la plus lmentaire charit. Sauf sur la prsidente, Karine Delpas, sur laquelle on a dit tant dĠhorreurs (moi comme les autres), quĠon ne peut avec le recul que les attnuer. Etudiante en biologie Toulouse, elle avait t une des vedettes du mouvement tudiant de novembre 1995 et sĠtait trouv propulse la direction nationale, puis la prsidence en mai 1997, par la volont de Marie-Pierre Vieu, qui elle succdait. Tout le monde pensait et disait quĠ travers elle, cĠtait toujours Mapie qui dirigeait (cĠest probable, mais on ne peut savoir quel point). Il est clair quĠelle nĠtait pas la hauteur du rle, ce qui la condamnait servir de cible, mais contrairement ce que beaucoup croyaient, elle ne manquait pas dĠune certaine finesse, qui se manifestait en particulier dans une habilet redoutable pour mener les runions, laquelle a souvent jou des tours ceux qui la sous estimaient. Elle avait le dfaut majeur ( lĠU-ID, cĠtait depuis longtemps normal, et a ne sĠest pas arrang depuis, mais a nĠavait pas toujours t le cas lĠUNEF), comme tous les autres une exception prs, de ne pas faire dĠtudes du tout (JĠignore si elle en faisait Toulouse. En tout cas, a avait cess ds son arrive Paris, trs tt donc) et donc dĠavoir trs peu dĠides sur les Universits et, hors quelques slogans, sur les tudiants. Silvre Magnon, le secrtaire gnral, tait trs effac : je ne peux aujourdĠhui dire ce quĠil avait ventuellement dans la tte. Presque tous les autres, venus principalement de Montpellier taient de lamentables bavards, sans aucun fond ni syndical, ni politique. Le plus prsentable tait Stphane Paturey, lĠorigine en STAPS Toulouse : ce nĠest pas par hasard quĠil a t choisi un an plus tard pour tre (en partie au moins contre son gr), en tant que vice-prsident, la seule trace de lĠancienne direction de lĠUNEF dans la prtendument runifie. La seule exception tait Ccile Cukierman, lue au CNESER depuis 1998, tudiante (pour de vrai) en histoire Paris I aprs une Khgne, mais qui nĠy militait plus depuis quĠelle tait secrtaire nationale, nĠy avait donc milit en fait quĠun an (comme prsidente). Elle tait dĠun sectarisme froce envers tout ce qui nĠtait pas communiste, les opposants de lĠUNEF comme lĠUNEF-ID, mais totalement dvoue aux autres (qui pourtant ne lĠaimaient manifestement pas) comme la suite lĠa confirm. Il nĠest pas excessif de parler globalement dĠun affaissement intellectuel total de la direction de lĠUNEF alors. Il nĠest pas inutile dĠindiquer aussi que dĠanciens dirigeants (pas les meilleurs) sĠagitaient par derrire, avec manifestement lĠintention de nuire Karine (ce qui nous intressait) mais dont on ne savait pas ce quĠils voulaient vraiment, ni sĠils voulaient quelque chose. Raphal Aulas tait le plus visible, mais il tait clair quĠil nĠtait pas le seul, et pas le chef. Un mystrieux Redstar, qui nĠtait pas Raphal, envoyait un peu partout des mails sur un ton trs prtentieux, avec quelques rvlations et beaucoup de mchancet.
Soutenaient encore cette direction, parmi les grosses AGE quĠon voyait rgulirement en CN, Paris VIII bien sr, Orlans, Clermont-Ferrand (trs influence cependant par Raphal Aulas, qui en tait issu), la FAEB de Bordeaux[12], et en outre quelques autres la solidit moins vidente, lĠAGEO dĠOrsay, lĠAGEUR de Rennes, Paris XIII (j Ôen oublie peut-tre). LĠUNEF Lyon, un de ses plus solides soutiens au congrs de Pantin, nous avait fait lĠautomne la bonne surprise de rompre avec elle en se prononant violemment contre la runification, mais nĠavait plus donn de nouvelles par la suite.
La LCR avait alors totalement disparu du paysage. Elle tenait toujours son AGE de Jussieu, mais nĠy avait aucune activit syndicale connue. Elle avait pris aux communistes (selon leur version officielle, par surprise) celle de Nanterre, o elle ne semble pas avoir t plus active.
Le bloc oppositionnel post LCR, tabli depuis le congrs de 1997, avait perdu lĠAGET de Toulouse, par deux scissions successives[13], et lĠAGEL de Limoges. Trois AGE, lĠAGER de Rouen, lĠUNEF Caen (qui a renonc ce moment au nom ACE), lĠAGEL de Lille, auxquelles sĠtait ajoute lĠUNEF Paris IV (AGEPS) avec quelques ambigits (aucune de moi, qui tais secrtaire lĠorga, pas mal de Philippe Lieutaud, qui tait prsident).
LĠAGER-UNEF tait solidement tenue par la Gauche rvolutionnaire, une scission de la LCR quĠon a bien oublie depuis (elle existe pourtant encore aujourdĠhui), mais qui avait alors un rle capital dans le syndicalisme tudiant. Sa prsidente tait au dbut de lĠanne Leila Messaoudi, membre du BN depuis le congrs de 1997, ses autres reprsentants au CN trs varis depuis quĠmilie Picot (qui nĠtait pas de la GR) avait disparu. Elle semble avoir eu alors des difficults, Leila voulant se retirer mais ne trouvant pas de successeur, ce qui peut expliquer bien des choses (mais pas toutes).
LĠUNEF Caen tait au dpart sa sÏur jumelle (dĠabord ane, dĠailleurs), mais les choses sĠy taient compliques. Son chef, vu de Paris (tait-il prsident ?) restait Olivier Ruet, de la GR, qui en tait apparemment le seul survivant, depuis peu membre du BN. Olivier venait au CN avec des camarades que nous nĠavons plus vus ensuite, qui nĠtaient pas ceux que nous voyions avant. A ce que jĠai cru comprendre, il y avait eu Caen aprs le congrs une forte pousse pour rejoindre Limoges dans la scission (mene par Fabien Guillot, que nous retrouverons incessamment), rprime par Olivier, dĠo lĠabandon du nom ACE-UNEF pour UNEF Caen, mais sans exclusion des partisans de la scission (cĠest essentiel pour comprendre la suite).
Les choses taient beaucoup plus compliques lĠAGEL de Lille. Si jĠai bien compris (mais William Roger aura certainement des complments, voire des rectifications, apporter), il y avait alors deux forces politiques fortes, mais non hgmoniques, la coordination communiste (les opposants fermes la mutation du PCF) et, comme Caen et Rouen, la GR, et un marais plutt port vers les communistes, mais pas forcment vers la coordination. La coordination et la GR se dtestaient et aimaient se dtester, mais finissaient toujours par sĠentendre sur leur dtestation commune du gouvernement Jospin, de lĠUNEF-ID et de la direction nationale de lĠUNEF. Toujours dĠaprs mes impressions, lĠaccord toujours prcaire revenait en gnral une prsidence GR, tandis que la coordination contrlait la caftria de Lille I, ressource principale. Il a saut pendant lĠhiver quand une GR trs affaiblie a contribu, faute de candidat possible elle, faire lire prsident dĠAGE, contre la coordination, un gars qui sĠest rvl une calamit ambulante, un vert (chose jusque l heureusement inconnue dans le syndicalisme tudiant). a sĠtait logiquement termin par un massacre, et la fin du printemps la coordination contrlait seule, avec Gilles Andris pour prsident, une AGEL bien affaiblie (La GR ayant disparu sans laisser dĠadresse, je nĠai quĠun seul point de vue sur lequel mĠappuyer).
Je vais essayer de ne pas tre trop long sur Paris IV. Ce sera difficile. Philippe Lieutaud et moi-mme avions rcupr lĠAGE dbut 98 dans des circonstances tout fait acrobatiques (Philippe la voulait. Moi, je nĠai vraiment pas fait exprs, mais jĠy ai rapidement pris got). Philippe tait Paris IV, en histoire, aprs avoir rat une anne Sciences-Po. Il tait au PS, poperniste (a pullulait alors Sciences-Po), infod Emmanuel Maurel, et lĠUNEF parce quĠ Sciences-Po beaucoup de[14] socialistes taient lĠUNEF (Je ne peux dcemment dire pourquoi ici. Trop compliqu, et hors sujet). LĠAG-UNEF de Sciences-Po tait alors dans lĠopposition, au sens LCR (La suite est galement complique, et hors-sujet). Il a atterri lĠUNEF Paris IV, et sĠy est trouv bien. Il tait aussi le socialiste de service dans lĠUNEF, tous les autres ayant disparu, ce qui a contribu, avec son statut de prsident dĠune grosse AGE, le faire lire au BN lĠautomne 1998. Je venais quant moi dĠadhrer lĠUNEF, en janvier 1997, bien tardivement puisque jĠtais en premire anne de thse (encore une histoire trop longue raconter dans ce cadre). JĠtais alors chevnementiste, au Mouvement des citoyens depuis 1993, et, aprs bien des pripties, le numro deux officieux de son secteur jeunes (je prcise que a nĠtait vraiment pas grand-chose, pour viter toute erreur sur mon importance). JĠai t dfenestr par Jean-Pierre Chevnement en personne lĠautomne 97 mais ai encore essay de mĠaccrocher jusquĠen janvier ou fvrier. De ce moment, jĠtais, monstruosit logique, un fieff bureaucrate sans aucune allgeance politique, ce qui tait la fois prilleux et trs pratique. JĠtais rsolument dans lĠopposition la direction nationale de lĠUNEF depuis le congrs de Toulouse, cause principalement du ralliement de fait la rforme Bayrou. Notre union dialectique (sauvagement dialectique, souvent) nous a permis de russir un truc grandiose, partie parce que nous tions trs dous et trs travailleurs, partie parce que nous avons eu une veine de cocus : faire de lĠUNEF Paris IV le premier syndicat de lĠUniversit, mme aux lections (victoire crasante sur lĠUNEF-ID aux centraux de janvier 1999). Localement, nous tions clairement contre toutes les rformes, passes, prsentes et venir. Dans lĠUnion nationale, a nous plaait naturellement dans lĠopposition mais Philippe y tait beaucoup moins fermement que moi. Nous tions dans lĠAGE, miraculeusement surpeuple, les deux seuls politiques, la LCR vapore : tant que nous tions dĠaccord, les autres suivaient. Les choses se sont malheureusement compliques en cette anne 1999/2000. Nous tions dĠaccord pour laisser la place des successeurs, car nous tions bien vieux (moi surtout), et dĠaccord pour mettre la prsidence dĠAGE Sancia De Cooman, la seule de nos jeunes militants qui semblt avoir une tte politique, (la suite a montr que cĠtait une erreur)[15]. Il semble que Philippe ait voulu en profiter pour mĠliminer. Le rsultat fut un hiver de massacres, sur lequel je ne mĠtends pas. JĠai fini par reprendre la main, la suite de manÏuvres douteuses, puis Philippe est revenu aussi. En juin, nous tions de fait, unis comme nagure, la direction de lĠAGE, en lĠabsence de direction lue.
Ce bloc avait t rejoint par de nombreuses AGE propos dĠAllgre et de runification.
Le CEN de Nantes reste pour moi mystrieux. Il est apparu soudain avec Manuel Canvet, sans appartenance politique connue alors, qui sĠtait fait dsigner pour le BN par la direction nationale lĠautomne 1998, apparemment en lui faisant croire quĠil tait de son ct, avant de sĠafficher comme opposant. On a vu ensuite avec lui Matthieu Lavois, cologiste (trs rare lĠpoque dans un syndicat tudiant), et Romain Bessonnet, prsent comme communiste. On a connu aussi Guillaume Cav, lĠennemi de toujours de Manuel. Il semblait trs faible, mais a tir un prestige nouveau de son relatif succs aux lections du CROUS de mars 2000 (un lu inespr, quand on en perdait tant quĠon croyait acquis).
LĠUNEF Paris I tait passe clairement dans lĠopposition, propos de rformes et, surtout, de runification, aprs le congrs o sa position tait ambigu. Elle tait peu prs aligne sur Paris IV (la cohabitation dans notre local de la Sorbonne aidait), mais trs faible. Paris I avait t autour de 1993 le champ principal de lĠaffrontement entre communistes et LCR, avant une rconciliation au profit de celle-ci voulue par la direction nationale dĠalors (celle de Marie-Pierre Vieu), en 1997, qui avait cÏur beaucoup de militants de lĠautre camp. Le dpart massif de la LCR vers SUD avait laiss lĠAGE presque vide entre les mains de Ccile Cukierman (qui venait dĠy arriver), qui lĠavait finalement laisse (aprs une tape intermdiaire) Jihad Wachill, peu prs le seul communiste restant, aprs tre devenue secrtaire national. Jihad avait t lu au BN sans problme par le congrs de Pantin parce que chaque camp croyait pouvoir compter sur lui. Il a t par la suite vis vis du bloc oppositionnel sur une position assez comparable celle de Philippe Lieutaud (ce qui nĠempchait pas que, dj, ils se dtestassent). Le secrtaire lĠorga, Sylvestre Roth, alors de gauche sans affiliation politique prcise, tait clairement dans lĠopposition. Le reste de lĠAGE tait, comme Paris IV, fort peu politique, mais beaucoup plus agit et trs peu contrlable.
LĠUGEM de Montpellier, aprs avoir t un des principaux soutiens de la direction nationale avec un peu de LCR dedans, tait aprs le mouvement de lĠautomne 98 passe lĠopposition, en tout cas les Lettres, majoritaires. Elle tait dirige par Cdric Sudres et Gatan Alibert, sans affiliation politique, et manifestait en particulier une forte hostilit aux ex Montpellirains devenus secrtaires nationaux.
LĠUNEF Evry (ou AGEE) tait notre dernire et miraculeuse acquisition. De ce que jĠen sais, elle avait t cre (ou recre) en 1996 par des militants de la LCR qui avaient quitt lĠU-ID parce quĠils nĠavaient pas aim ses mthodes contre le mouvement de novembre 1995, et en restaient trs hostiles, contre la ligne de leur organisation, toute ide dĠunit avec elle. Ils ont apparemment rsolu la contradiction en arrtant progressivement le syndicalisme. Juste avant, avait adhr, son entre en premire anne de Droit, Guirec Manceau, qui sĠest ainsi trouv prsident de lĠAGE, quĠil a rapidement dveloppe. Nos relations furent dĠabord informatiques (Je renvoie lĠhistorique du site unef.org sur ce site, o tout est dit avec une sincrit dsarmante, parce que dj en 2007 je nĠavais plus aucune raison de cacher quoi que ce ft). LĠAGE avait alors, avec Guirec et Natacha Sommer, une direction solide, et un nombre relativement important de jeunes militants efficaces. Guirec et Natacha (la plus politique des deux, incontestablement) taient tous les deux communistes, peu enthousiasms par la mutation mais pas ouvertement opposants. Je nĠai aucune raison de cacher quĠils avaient lĠextrme bon got de me faire confiance, ce qui vitait que leur grande jeunesse ft un inconvnient. a ne signifie absolument pas que je dirigeais en fait lĠAGE. Je crois nĠavoir jamais mis les pieds Evry (sauf une fois, la cathdrale, longtemps avant et pour un tout autre motif) avant le mois de juin. Guirec mĠappelait quand (rarement) il avait un problme local, et je pouvais compter sur eux dans lĠUnion nationale.
Deux autres AGE, avaient vot avec nous le plus souvent au congrs, lĠUNEF Crteil et lĠUGED de Dijon, avec qui nous nĠavions plus de contact et que nous ne voyions pas aux CN. Nous les retrouverons bientt (En revanche, lĠUNEF Besanon, dans le mme cas, avait totalement disparu).
Enfin, nous avons appris en ce printemps 2000, quelques semaines dĠintervalle la recration dĠune UNEF au Havre (apparemment assez inspire depuis Caen), dans le cadre dĠun mouvement tudiant, puis son passage SUD.
Nous avions eu le souci de maintenir des liens avec les scissionnistes de 1999, regroups dans Solidarit tudiante (Limoges, Le Mirail, Pau, Grenoble ayant rapidement disparu), et dĠen retrouver avec ceux de 1997, lĠAGET-ASL. CĠtait un des buts de lĠintersyndicale Ensemble contre les rformes Allgre, cre en deux runions Limoges en fvrier et mai 1999. Certains voulaient faire un nouveau syndicat national, dĠautres une tendance (sans le mot, bien sr) dans lĠUNEF : le centre, dont jĠtais, avait russi obtenir quĠon restt ambigu, pour laisser les vnements trancher. a nĠavait pas t un succs : lĠintersyndicale, aprs plusieurs runions de plus en plus dsastreuses tait de fait morte. a avait aussi permis des contacts, dont certains resserviront. a avait surtout permis le contact avec le SEUL (syndicat tudiant unitaire et laque) de Montpellier, une scission de lĠUNEF-ID cre et dirige par Nathan Balsan-Duverneuil, du groupe trotskiste La Commune, scission des lambertistes, dont le rle fut essentiel dans la suite. Il tait le seul participant nĠavoir aucun lien avec lĠUNEF, hors lĠUNEF-ID Amiens, tenue par la GR, animatrice dĠun des plus forts mouvements locaux contre le rapport Attali, qui apparaissait comme une sÏur de lĠAGER de Rouen. Le rapprochement avec le SEUL avait t facilit, dans un premier temps, par la surprenante (on ne pouvait imaginer trotskistes plus diffrents) fusion entre la GR et La Commune en 1999 : ses dirigeants et ceux de nos AGE de Rouen et Caen taient donc thoriquement dans la mme organisation. Mais la fusion nĠa jamais, autant que je sache, t effective, et a explos lĠt 2000 (Ce qui a forcment eu une influence, que je ne puis mesurer sur nos affaires). Le SEUL tait pour la cration dĠune nouvelle organisation nationale, et nous prchait la sortie immdiate de lĠUNEF. Nathan, qui nĠtait plus tudiant depuis la rentre mais restait le dirigeant rel du SEUL, venait, au printemps 2000, de crer un site web appel Luttes tudiantes, se prsentant (faussement certes) comme national, trs agressif contre lĠUNEF (nous compris), dĠo des tensions (Nathan et moi tions alors au bord de la rupture).
Un dernier dtour va nous amener aux lections du CNOUS, prlude de celles du CNESER. Celles aux CROUS, autour du 29 mars, avaient t catastrophiques pour lĠUNEF, pour les raisons dj dites, qui ne conservait que onze lus, dans neuf acadmies, Caen, Nantes, Orlans, Bordeaux, Montpellier, Clermont (2), Lyon, Dijon, Crteil (2). Les seules satisfactions taient Clermont et Nantes (un lu de plus). Partout ailleurs, nous reculions, passions en-dessous du score ncessaire pour avoir un sige Rouen et Versailles, perdions les deux de Lille, chouions reconqurir celui de Paris dj perdu en 1998. LĠchec tait commun aux AGE soutenant la direction et aux oppositionnelles. Quelques succs lectoraux dans nos universits (le plus beau Paris IV), tandis que le reste de lĠUNEF reculait, nous avaient donn lĠimpression que la ligne que nous dfendions avait le vent en poupe : les siges perdus Lille et Rouen, lĠchec Paris, nous ramenaient sur terre.
En 1998, lĠUNEF avait 22 lus aux CROUS (dont au moins 3 Limoges, perdus par scission, donc), et le sige au CNOUS allait de soi. L, il tait videmment perdu, et de beaucoup : on ne pouvait pas lĠenvisager moins de 18 voix. Le CN des 7 et 8 mai, cens faire le bilan des lections au CROUS et adopter la liste pour le CNOUS commence dans une ambiance lamentable, avec une direction totalement dpasse, et des AGE ne sachant quĠaccuser la direction, ses soutiens habituels mme exprimant des doutes. Mais le dimanche, quand on en vient la liste, tout change. La direction accepte ce que Paris IV, sur ma proposition, prconisait : rechercher lĠunion avec nos ex camarades de lĠAGET ASL de Toulouse, qui ont une lue, et de lĠAGEL SE de Limoges, qui en ont gard deux, sur une plate-forme ngocie avec eux, avec une tte de liste acceptable pour eux, et en leur proposant la deuxime place, soit le supplant au cas improbable o la liste ait un lu. La victoire est improbable car, mme avec ces trois l, on serait, quatorze, trs loin du compte : il faut esprer un miracle, rare dans de genre dĠlection. Mais le symbole est beau. La tte de liste propose est (aprs le refus de Manuel Canvet) Julien Zloch, de Dijon, que nous ne connaissons pas, mais qui est dĠune AGE qui, on lĠa vu, a vot avec nous au congrs, sans venir aux CN ensuite, et tait galement signataire dĠEnsemble contre les rformes Allgre. Nous nĠavons de toute faon personne dĠautre proposer aprs les dsastres de Lille, Rouen et Paris, et le refus de Nantes. Je deviens soudain, et trs provisoirement, frquentable, car la direction compte sur moi pour convaincre les partenaires que nous venons de choisir.
a marche sans problme avec lĠAGET-ASL (o Yves Croguennec et Wilfried Pennetier taient des amis du temps o nous tions au MdC). Pour Limoges, jĠappelle Frdric Dauger : a commence trs mal (Il est vrai que cĠest difficile : la direction de lĠUNEF avait trouv subtil de monter, contre lĠAGEL, une liste avec les tudiants musulmans de France), mais jĠai lĠimpression dĠarriver lĠintresser ; quand il me dit Ç Mais de toute faon a ne nous fait que quatorze voix È, je me dis quĠil commence mordre. Il me promet de prsenter la chose ses camarades, mais en tant trs pessimiste sur le rsultat, car me dit-il, il reste le seul qui ait connu le temps o lĠAGEL tait lĠUNEF (Au bout dĠun an seulement, cĠest trs surprenant, et explique bien des choses pour la suite). Effectivement, ils refuseront, et il nĠy aura donc que douze candidats sur la liste, avec Mina Amirat de Toulouse en deuxime place. Reste lĠespoir que les deux Limougeauds votent quand mme pour elle, et quĠil y en ait dĠautres. Je bombarde de mails la liste ecra o je rpte quĠil ne sĠagit pas de ce que nous pensons les uns et les autres de lĠUNEF, mais de la possibilit dĠavoir un lu au CNOUS et sa supplante. JĠenvoie un mail priv lĠadresse que jĠai pour lĠUNEF-ID Amiens pour suggrer que, cela tant, leurs quatre lus pourraient peut-tre se tromper de bulletin (Pas de rponse. JĠavais intitul mon courrier Ç Question aberrante È). JĠessaie aussi dĠobtenir un soutien officiel du SEUL la liste, qui ne servirait rien arithmtiquement, puisquĠils nĠont pas dĠlu (ils nĠont mme pas prsent de liste Montpellier) mais serait de poids pour la suite. Je ne russis pas, mais cĠest lĠoccasion dĠun contact pour une fois positif avec Nathan, qui laisse quelques espoirs.
Un point est souligner : il nĠa jamais t question, dans toute cette phase, de liste commune avec lĠUNEF-ID, ni de processus dĠunification. Bien au contraire, la direction avait accept, pour tenter de sauver lĠUNEF, de cder sur tout ses opposants. En mme temps, elle prenait sur la question de la MNEF en train de devenir LMDE (jĠai dj dit que je ne parlerai pas de mutuelle) des positions radicalement anti U-ID, au point dĠeffrayer mme moi. Vous comprenez maintenant pourquoi la suite nous a totalement surpris.
On a logiquement enchan sur le CNESER, avec une situation totalement diffrente puisque, pour les raisons dites galement plus haut, lĠUNEF tait certaine dĠy conserver son lu (sans bien sr aucun espoir dĠen gagner un second) pourvu que tous ses lus dans les conseils centraux votassent (le rapport introductif du CN du 3 juin en revendiquera 184), ce qui ne posait pas vraiment de problme. Contrairement ceux de lĠUNEF-ID, qui compltait ses listes nĠimporte comment l o elle nĠavait pas de vritable organisation, cĠtaient presque tous de vrais militants. Il y avait quelques disparus en cours de route bien sr, mais on pouvait globalement compter sur leur loyaut, si on faisait lĠeffort de leur rappeler quĠon comptait sur leur vote. Les voix des AGE contestataires (une bonne moiti des lus) taient indispensables, mais elles nĠavaient pas de raison de les refuser, seulement lĠenvie pour certaines dĠobtenir des concessions sur la plate-forme prsente. Il aurait t assez logique de revendiquer, dans la suite du CNOUS et parce que nos lus taient trs certainement les plus nombreux alors, la tte de liste, mais cĠtait inacceptable pour la direction, et il nĠy avait dĠailleurs pas vraiment de candidat de notre ct : cĠtait un travail de permanent, et aucun des ntres ne lĠtait ni nĠenvisageait de lĠtre. Il pouvait sĠagir aussi dĠobtenir le maintien de la ligne dĠalliance du CNOUS, moins vidente puisque arithmtiquement inutile en recherchant la participation, du moins le soutien, du moins les votes, de lĠAGET-ASL, de SE et du SEUL, sans avoir rien leur offrir quĠune plate-forme satisfaisante pour eux. En relisant mes mails la liste ecra de lĠpoque (souvenirs largement balays par la suite des vnements), je vois que jĠtait dĠhumeur assez belliqueuse, allant mme jusquĠ parler de chantage au boycott.
Deux vnements nĠont pas contribu dtendre lĠatmosphre. Le plus grave a t le rsultat du CNOUS : 9 voix seulement pour la liste UNEF - ASL, ce qui signifiait que trois au moins de ses candidats nĠavaient pas vot pour elle, certainement parce que la ligne adopte ne leur plaisait pas. La raction officieuse (pas dĠofficielle bien sr) de la direction anticipait sur ce que sont aujourdĠhui les plus belles heures de Sibeth NĠDiaye Ç Mais non, ce nĠest pas un boycott, ce sont des erreurs malheureuses. CĠest compliqu le vote par correspondance, il y a deux enveloppes, il faut signer, ils se sont tromps È et refusait de donner les noms des non votants, quĠelle connaissait. Si le CN suivant avait eu lieu normalement, la question aurait certainement t pose en termes peu aimables.
DĠautre part, Sud tudiants, dont nous avions peu prs oubli la regrettable existence, avait publi le 14 mai dans un appel adress lĠ Ç oppo UNEF È, dont nous, que je ne retrouve pas[16], son intention de faire sa liste, en invitant les syndicats Ç de lutte È les rejoindre. JĠavais rpondu, avec copie sur le forum unef.org, au nom de lĠUNEF Paris IV, en me rclamant dĠun mandat du collectif dĠAGE du 23 (je ne me rappelle plus du tout quel point cĠtait vrai) en rappelant notre attachement de toujours au rassemblement syndical, concrtis par la liste du CNOUS, contre lĠUNEF-ID et les corpos et notre souhait dĠune liste unitaire allant dans ce sens, ce qui revenait leur suggrer aimablement de venir plutt sur la liste de lĠUNEF (texte en note[17]). JĠai su plus tard que le bruit avait couru rue Pailleron que je leur rpondais que Paris IV voulait bien venir sur leur liste. JĠignore quelle est y tait la part de la perversit, quelle celle de lĠanalphabtisme, et ne sais pas non plus si ce bruit a eu une influence sur la suite.
En fin de compte, la direction nationale a fait (sans que jĠy fusse associ : jĠtais naturellement redevenu infrquentable) Philippe Lieutaud et Oliver Ruet (principalement) des propositions assez raisonnables, auxquelles nous ne pouvions quĠacquiescer, nĠayant aucune alternative : la tte de liste pour Ccile Pitu, la camarade lyonnaise qui avait t la plus virulente contre la runification lĠautomne prcdent (Nous avons su ensuite par les autres Lyonnais, puis constat, quĠelle avait t retourne depuis, et que donc nous nous faisions avoir sur ce point), la premire supplance Olivier Ruet, de Caen, et un accord sur les rformes, en particulier la semestrialisation qui tait alors ( juste titre) notre principale proccupation. Il nĠtait pas question dĠaccord avec les syndicats cits plus haut, mais a laissait lĠespoir de les convaincre de voter.
Ce nĠtait certes pas de lĠenthousiasme, mais il nĠy avait absolument aucune autre possibilit. Le collectif national convoqu pour le samedi 3 Nanterre nĠavait plus, tout tant boucl en amont, aucun enjeu, il nĠy aurait presque personne vue cette absence dĠenjeu, et la priode, examens encore pour les uns, vacances pour les autres. Nous rlerions un peu par habitude, puis voterions pour, ou nous abstiendrions, voire peut-tre voterions contre, mais donnerions la fin nos actes de candidature, et voterions pour la liste, la seule chose qui comptt. Nous repartions pour deux ans dans lĠUNEF, en esprant des vnements qui lui permettraient ou nous permettraient de rebondir. LĠvnement qui nous est tomb dessus trs vite a eu, aprs un temps dĠillusions, un effet radicalement inverse. JĠen arrive enfin, aprs tous ces dtours, au dbut. Tempus est iam, Ti. Caesar Germanice, detegere te patribus conscriptis, quo tendat oratio tua : iam enim ad extremos finesÉ
Le vendredi 2 juin 2000, vers vingt-deux heures, alors que jĠtais dans ma chambre en train de me prparer mĠembter le lendemain un collectif national sans enjeu, et presque sans participants puisque cĠtait la priode des examens, le tlphone a sonn. Il me semble que cĠtait Sancia. Je nĠen suis pas tout fait certain (les coups de fil ne laissent pas de traces, contrairement aux mails), puisque jĠai eu dans la soire et elle, et Philippe, qui taient tous les deux au BN prcdant, comme habituellement le CN, mais je crois que cĠest elle qui a appel la premire. En tout cas, il sĠagissait de mĠannoncer que le BN tait en train de dcider de proposer au CN la runification, avec comme premire tape une liste commune avec lĠU-ID pour le CNESER, trois jours de la date du dpt, fixe le lundi 5 dix-huit heures au plus tard.
JĠenvoie immdiatement, 22h08, la liste ecra, plus Cdric et Gatan de lĠUGEM qui nĠy taient pas, plus Manuel Blasco de Paris VIII avec qui nous causions gentiment depuis un moment (La suite a montr que cĠtait une erreur. Du moins nĠa-t-il jamais apparemment rvl ce message trs compromettant), un mail intitul Alerte rouge,
(secret dfense, merci) Je viens d'apprendre qu'il est question au BN
de l'UNEF en ce moment de liste commune avec l'Ennemi pour le CNESER. Il est
vident que a change tout. Si une telle liste se fait, il y a un boulevard
pour une liste alternative, qui pourrait rassembler des AGE de l'UNEF bien
au-del de celles d'ECRA.
Problme: la monter en 48 heures. Problme annexe: que faire de SUD ?
Il me semble qu'ils y auraient toute leur place, mais pas en tte. D'autre
part, pour la crdibilit mme d'une telle dmarche, il faut que nous
dfendions jusqu'au bout notre position nous demain: que l'UNEF soit
l'initiative d'une liste vritablement alternative l'U-ID et aux corpos,
contre les rformes. Souci: si a marche, aurons-nous plus de succs que pour le
CNOUS auprs des syndicats sollicits ? En tout cas, il est clair pour moi:
Ü que si nous avions le choix entre une liste U-ID/Brejnev et
l'abstention, ce serait une occasion manque pour nous
Ü que si nous avions le choix entre cette liste et une liste SUD, ce
serait bien pire.
J'attends de vos nouvelles Mon portable (06- [comme cĠest toujours le
mme, je coupe]) restera branch durant le CN. Salut, EL
Un nouveau coup de fil (de Philippe donc, si mes souvenirs
sont bons) mĠayant appris que le BN venait de se terminer sur lĠadoption de
cette monstruosit, jĠenvoie aux mme (moins Manuel Blasco, quand mme.
Avais-je appris quĠil tait pour ? Je ne sais plus. Il nĠtait pourtant
pas cens tre au BN) un nouveau mail, 23h22, intitul Confirmation du prcdent.
Le BN s'achve sur l'ide d'une liste commune avec l'U-ID. Message a tous ceux de l'UNEF qui pensaient lgitimement avoir autre chose faire demain: Rappliquez !!!!!! AVEC PHOTOCOPIE DES CARTES D'ETUDIANT (recto-verso) d'au moins un lu par fac. La nuit sera noire et blanche.
Ë 0h19, jĠenvoie toutes les adresses du forum unef.org
(mais non sur le forum : il tait trop tt pour que ce ft public),
peut-tre dĠautres ramasses subrepticement (cĠtait en cci, et je nĠai pas
conserv la version dĠenvoi), avec copie au mystrieux Redstar (qui essaiera de
lĠutiliser contre nous et recevra une rponse publique qui lĠa apparemment
dfinitivement dissuad de se mler de nos affaires), un texte plus labor,
intitul Le feu est aux
poudres (URGENT).
Le Bureau national de l'UNEF, runi ce soir, vient d'envisager la
constitution d'une liste commune, chose horrible crire, avec l'UNEF-ID pour
les lections du CNESER. La dcision sera prise par le CN aujourd'hui, samedi
de 9 heures 18 heures, l'Universit de Paris X Nanterre. Nous appelons donc
tous ceux qui sont disposs refuser cette infamie
Ü venir Paris X, si possible avec un mandat de leur AGE, dfaut
comme auditeurs.
Ü dfaut, prendre contact avec nous (portable 06****, qui restera
allum pendant le CN de demain)
Il s'agit:
Ü de tout faire pour que cette proposition soit minoritaire.
Ü d'envisager, si elle est impose, le dpt d'une liste qui continue l'UNEF pour le CNESER. Dpt des listes ce lundi avant 17 h [apparemment une erreur : partout ailleurs, je trouve 18h]. Besoin de 22 candidats, lus aux conseils centraux de 22 tablissements diffrents, qui fournissent photocopie recto-verso de leur carte d'tudiant et acte de candidature sign (ceux qui viendraient au CN feraient bien de se munir des cartes ou des photocopies, pour parer toute ventualit). Emmanuel Lyasse, reprsentant de l'UNEF Paris IV au CN.
Il faut souligner, pour comprendre la violence des changes qui ont suivi, que cĠtait une abominable trahison. JĠai dlibrment fait monter pendant tout ce mois de juin la tension (on mĠa mme accus dĠavoir parl de pendaisons), parce que je pensais que cĠtait de notre intrt (a lĠaurait t, si nous avions t capables dĠassumer notre position), mais aussi parce que a correspondait galement mes sentiments dĠalors, en toute sincrit. Il y avait trahison du vote miraculeux du congrs de Pantin, comme nous lĠavons dit et rpt sur tous les tons. Ce nĠtait pas la premire. Il y avait surtout trahison de tous ceux qui avaient particip directement ou indirectement lĠlaboration de la liste UNEF, de toutes les AGE qui pensaient nĠavoir quĠ voter pour elle ensuite, pour qui cĠtait une horrible dclaration de mpris.
CĠtait aussi, comme on nous le prsentait, parfaitement absurde. Mme si on croyait, supposer quĠil ft possible dĠy croire, la Ç runification È, commencer par la liste pour le CNESER nĠavait strictement aucun sens. On prsente des listes communes quand on pense en retirer un bnfice, soit, par la dynamique ainsi cre, en termes de voix, soit, par la bte arithmtique, en nombre dĠlus. Sur le deuxime point, on savait que lĠU-ID aurait cinq lus, lĠUNEF un : la liste commune ne pouvait quĠen esprer six, quĠelle nĠa dĠailleurs pas eus, en partie par nos bons soins. Le bnfice tait nul. Sur le premier, il ne pouvait pas tre question de dynamique dans le cadre dĠune lection indirecte par correspondance, o ne votaient en principe que des militants. Si le but avait t une fusion loyale, chacun aurait alors pris son bnfice, avant de discuter gentiment de ses conditions ensuite. L, il sĠagissait clairement de supprimer la reprsentation de lĠUNEF, donc son existence en tant quĠorganisation nationale reprsentative, pour rendre la Ç runification È inluctable. Aucune garantie nĠtait donne sur le partage de la subvention en cas dĠchec du processus. Pour corser la plaisanterie, Lise Pastor, la seule de lĠUNEF en position ligible sur la liste commune, avait dclar en BN quĠelle quitterait lĠUNEF sĠil nĠy avait pas de Ç runification È, sans que cela remt en cause son investiture. On remarque bien sr que lĠU-ID nĠavait pas propos de liste commune pour le CNOUS, o lĠUNEF avait perdu dĠavance son lu, mais le faisait pour le CNESER, o elle tait sre de le garder, sans rien lui offrir de plus.
La version officielle tait que Carine Seiler, prsidente de lĠU-ID, avait appel in extremis Karine Delpas pour lui proposer a, laquelle, frappe dĠune grce runifiante la fois efficace et suffisante, avait dcid dĠaccepter. Il est vident que la dcision a t prise au niveau politique. Le PCF tait depuis lĠanne prcdente dcid se dbarrasser de lĠUNEF, qui lui cotait un peu et ne lui rapportait plus rien, sinon quelques ennuis avec Jospin. JĠignore totalement pourquoi lĠU-ID, cĠest dire son matre Julien Dray, a dcid de recevoir ce cadeau ce moment-l.
Autant quĠil mĠen souvienne, jĠtais alors sans illusion sur la dcision, vues ses circonstances, du CN du lendemain. Le lecteur aura not la diffrence de ton entre les mails envoys ecra, et celui destin tous, mais la similitude de fond : faire, pour tre crdible, tout pour empcher la ratification par le CN, mais en sachant que ce serait inutile, et quĠil faudrait monter une liste contre celle de la trahison. Je suis incapable de dire aujourdĠhui si je mĠen rjouissais ou mĠen navrais alors, tant jĠai souvent chang sur ce point en quelques jours : il y avait dĠun ct la possibilit de faire ce dont nous rvions depuis plus dĠun an sans y croire vraiment, avec les meilleures chances de succs si la liste tait dpose, de lĠautre la difficult de la monter en trois jours.
JĠai certainement aussi donn des coups de tlphone cette nuit l qui, contrairement aux mails (bis) nĠont pas laiss de traces. Un en tout cas, William Roger, qui, alors que Lille nĠavait pas prvu dĠtre au CN, a pu nous envoyer Fabienne Yung, qui est arrive juste temps pour voter (Il sĠest trouv ensuite des salauds pour lui reprocher dĠavoir vot sans avoir assist au Ç dbat È) et nous donner ensuite le soutien de lĠAGEL notre projet de liste.
1- Le collectif national du 3 juin
Je nĠai que peu de souvenirs du CN de ce samedi, tant tout cela tait vain, tant je pensais dj autre chose. JĠai trois sources crites, qui sont toutes sur le site unef.org : le texte du rapport, qui nous a t envoy ensuite par mail, un Ç compte-rendu È qui lĠaccompagnait, qui ne rend absolument pas compte des dbats, et le communiqu que jĠai envoy de chez moi 21h32. CĠest le seul qui donne le rsultat du vote, 19 pour, 14 contre, une abstention, qui doit tre exact, peut-tre un ou deux prs, puisque crit chaud. Nous tions donc 34, un effectif ridicule (On rappelle ici que le CN comprenait les 31 membres du BN, plus deux reprsentants par AGE). Mon communiqu donne un dtail des votes approximatif, qui ne me permet pas de retrouver exactement qui tait l. Sancia De Cooman et moi-mme reprsentions Paris IV. Guirec Manceau est arriv au dernier moment pour Evry, aprs avoir t abondamment rclam par tlephone, qui avait dj quelquĠun pour lĠAGE, et sans doute Hugues Lvcot qui tait du BN[18]. Jihad Wachill tait l en tant que membre du BN, je ne me rappelle plus sĠil y en avait dĠautres de Paris I. Mme chose pour Olivier Ruet et pour Caen. Fabienne Yung est donc arrive in extremis pour Lille. Il y avait une camarade de Montpellier (Naouel Nefissi me dit que ce nĠtait pas elle). Il y avait aussi une camarade de Bordeaux, Ccile Delhoume, et une Aurelia dont jĠignore le nom pour Orlans (nous nĠavons jamais revu ni lĠune ni lĠautre), qui ont dit trs fort leur indignation, et vot contre. Il y en a l onze srs, qui font quatorze sĠil y en avait plus de Paris I et de Caen, ou dĠautres dont jĠai tout oubli. LĠabstentionniste tait Sbastien Lantenois, dĠOrlans, membre du BN. Sur les dix-neuf pour, jĠcrivais Ç 13 taient membres du bureau national, les autres tant les deux reprsentants de Paris VIII, celui de Cergy, ceux des AGE fantmes de Paris X et Jussieu, et un de ceux de Montpellier, qui semble ne pas s'tre conform la ligne de son AGE È. Le vote de Paris VIII tait logique, et prouvait que les espoirs que nous avions placs en Manuel Blasco taient vains. Je ne me rappelle plus qui tait le Montpelirain. Le gars de Cergy avait t trouv rcemment par la direction nationale (peut-tre parce quĠil tait au PCF, peut-tre mme pas) et proclam lui tout seul AGE dĠune universit o lĠUNEF nĠapparaissait pas[19]. Jussieu et Nanterre, cĠtait le grand retour, comme au congrs de Pantin, de la LCR, totalement absente, et avec qui nous-mmes pour lĠune, les camarades dĠvry pour lĠautre, avions vainement cherch le contact pour les lections du CROUS, leur inaction expliquant au moins en partie les checs de Paris et Versailles. Ils revenaient pour nous donner de nouvelles leons de Ç radicalit ÈÉ et apporter leur renfort la direction nationale dont ils prtendaient tre lĠopposition pour liquider une organisation quĠils avaient abandonne depuis au moins un an, peut-tre deux (dĠo mon expression Ç AGE fantmes È, qui nĠa pas plus tout le monde). JĠavais dlibrment cit les membres du BN en bloc, pour montrer ce qui tait vrai, que cĠtaient eux qui faisaient la majorit contre presque toutes les AGE rellement existantes (en comptant bien sr ceux du BN qui taient nous parmi les AGE). Je ne peux plus dire aujourdĠhui qui taient les treize : tout le secrtariat national, bien sr, et quelques suppltifs lui assimilables. Je crois me rappeler quĠil y avait aussi Jol Pascal, dĠOrsay.
Le rapport (dont le texte est donc sur unef.org) avait t lu par Ccile Cukierman, dont jĠai dj dit le dvouement sans faille la direction. Une camarade, Sancia je crois, mĠa dit quĠelle lui avait confi immdiatement aprs quĠelle nĠavait pas du tout aim lire a. Vues son orthographe et sa syntaxe, je prfre penser quĠil avait t crit par dĠautres, et que Ccile ne faisait que porter le chapeau. Aprs le baratin habituel sur les luttes qui montent partout dans le monde, il abordait le CNESER en prsentant trois possibilits, une liste de lĠUNEF seule, une liste (hypothse aberrante et gratuite) avec SUD, une liste avec lĠU-ID, signalait la proposition faite en BN par Olivier Ruet dĠune liste avec le SEUL. Il discutait assez longuement lĠhypothse aberrante, pas du tout celle dĠune liste UNEF (la seule envisage encore 24 heures avant), et concluait fermement pour lĠUNEF-ID. LĠargument tait que le congrs de Pantin avait dit que nous tions pour lĠunit, que lĠUNEF-ID avait bien chang et tait venue sur nos positions puisquĠelle tait maintenant pour lĠunit aussi[20], que dĠailleurs nos positions triomphaient parmi les tudiants. Comme preuve que lĠUNEF-ID ne voulait pas dsormais dĠune simple Ç addition dĠappareil È, mais bien lĠunit du mouvement tudiant, on nous disait quĠelle avait, miracle, accept que la liste ft compose parit de militants syndicaux et dĠ Ç lus associatifs È. CĠtait risible : lĠU-ID nĠavait pas attendu dĠtre convertie par la direction de lĠUNEF pour crer toutes sorts dĠassociations totalement bidon (Association des tudiants chercheurs pour ses lus de troisime cycle, Association nationale des tudiants en mdecine, pour ses quelques mdecins, par exemple) quĠelle affichait comme soutien de ses listes Ç UNEF-ID et associations tudiantes È. Les onze Ç associatifs È taient onze lus UNEF-ID, sĠajoutant ses Ç syndicaux È.
Dans la version crite du rapport, il nĠest pas question de places, ni de noms. Je crois me rappeler que nous savions quĠil y avait trois places sur vingt-deux pour lĠUNEF (le coup des associations servant cacher le rapport de dix-neuf trois), la premire supplance pour Marion Brun, la troisime de titulaire (ligible coup sr) pour Lise Pastor, la huitime pour Boris Bouchet (garantie inligible), de Clermont-Ferrand, rcemment lu au BN (absent ce jour l).
La suite envisage tait claire (sauf quant la syntaxe)[21] : congrs de fondation de la nouvelle organisation lĠautomne, vente sur les chaines dĠinscription de juillet dĠun coupon de participation ce congrs Ç indpendamment des cartes UNEF È, ce qui ne pouvait signifier bien sr quĠ la place de celles-ci, puisquĠon ne pouvait envisager de placer deux cartes diffrentes. Le congrs de lĠUNEF annonc pour octobre tombait l au milieu, sans quĠon envisaget quĠil put revenir sur la chose.
Dans les collectifs nationaux de lĠUNEF, on votait la fin sur le rapport, sans possibilit dĠamendement. Curieusement, rien nĠtait prvu sur ce qui serait fait en cas de rejet, ce qui nĠtait jamais arriv, pour des raisons dites plus haut, et nĠarriverait pas non plus ce jour l.
Je nĠai plus le moindre souvenir de ce que jĠai dit en sance ce jour l. Ce fut certainement violent : jĠai dit plus haut que les bureaucrates habitus du CN ne se fchaient que quand ils estimaient y avoir intrt. CĠtait videmment le cas. Je me suis surtout agit dans les coulisses, dans la perspective dĠune liste refusant cette trahison, et nĠai laiss ignorer personne quĠune telle liste serait monte.
JĠai eu en fin de matine un appel sur mon tlphone portable (allum en sance, comme annonc), de Christelle Munch, que je connaissais comme le bras droit de Nathan au SEUL, qui voulait savoir ce qui se passait, suite mes mails de la nuit. Je le lui dis, que la direction de lĠUNEF va avec lĠUNEF-ID (le vote final ne faisait dj aucun doute), que nous ferions tout ce que nous pourrions pour dposer une autre liste, en esprant leur soutien.
Il faut ici un retour en arrire. Dans le cadre de mes
manÏuvres pour que la liste UNEF ft ouverte, jĠavais demand publiquement, sur
le forum unef.org, quelles seraient les conditions du SEUL pour y participer,
et obtenu (au bout de quelques sommations) une rponse de Nathan le 1er
juin au mme endroit
Deux conditions minimales (le reste peut
tre discut: Qu'il soit EXPLICITEMENT
indiqu dans le texte que la liste
1/ "combat pour la constitution
d'une structure syndicale d'ampleur nationale pour la dfense relle des
intrts des tudiants et contre la privatisation de l'universit entreprise
par les gouvernements qui se succdent depuis 30 ans".
2/"exige l'abrogation pure et
simple des rformes Bayrou et Allgre de l'Universit (Arrt Bayrou, U3M, loi
sur l'innovation, Edufrance)".
Je lui avais rpondu (en priv, sur la liste ecra), que le deux me semblait possible et souhaitable, que le un posait problme puisquĠon ne pouvait pas demander lĠUNEF de combattre pour une nouvelle structure, donc sa disparition, que dĠautre part, si jĠapprouvais la mention Ç depuis trente ans È, je ne pensais pas quĠil ft possible dĠy amener lĠUNEF en une semaine[22]. Il avait prcis (sur le forum) Ç As-tu lu quelque part dans la phrase "et que cette structure ne soit surtout pas l'UNEF" ? È, ce qui, de sa part, tait un pas norme, en ajoutant quĠil ne serait pas question pour eux de voter SUD, que ce serait UNEF ou abstention[23].
JĠai alors dit Christelle quĠvidemment, dans la situation nouvelle, notre liste reprendrait leurs deux exigences. Je ne me rappelle plus si elle sĠest engage immdiatement. JĠai un mail lapidaire de Nathan, indiqu comme envoy 15h23, que jĠai donc d avoir en revenant du CN (sĠil nĠy a pas dĠerreur sur lĠheure[24]), Ç D'accord pour une liste alternative incluant tous les syndicats de luttes (y compris SUD) È
Aprs le vote et la dispersion du CN, nous nous sommes retrouvs, Olivier Ruet et moi, sur le quai de la gare de Nanterre (Je ne sais plus sĠil y en avait dĠautres, et lesquels. Pas Guirec, puisquĠil tait venu en voiture. En tout cas, la chose sĠest faite entre lui et moi). Je me rappelle fort bien les premiers mots. Je dis Ç Donc, nous faisons une liste È, il rpond Ç Oui È, jĠenchaine Ç Le premier point est de trouver la tte de liste È. Il rpond Ç Moi È. CĠtait la rponse que jĠattendais, parce que jĠtais convaincu quĠil tait lĠhomme de la situation[25]. La suite a prouv que cette opinion tait partage puisque personne de ceux que nous avons contacts pour en tre, quĠils acceptent ou refusent, nĠa mis dĠobjection sur son nom. Nous verrons que la fin ne nous a pas donn raison.
Nous avons certainement ensuite caus des choses faire, rapidement puisquĠOlivier descendait Saint-Lazare pour revoir sa Normandie, et que je rentrais dans ma chambre du Quartier latin.
Ce que nous entreprenions tait quasiment impossible. Nous tions certains que si nous dposions une liste, Olivier serait lu, parce que tous les lus de nos AGE, et une bonne partie des autres lus UNEF, voteraient pour elle, et aussi des lus hors UNEF, du SEUL, des scissionnistes, dĠautres ventuellement. Mais pour la dposer, il nous fallait trouver en quarante-huit heures, sans aucune prparation puisque nous tions pris totalement par surprise, vingt-deux candidats lus dans vingt-deux universits (ou coles ventuellement, mais cĠtait trs ventuel pour nous) diffrentes. Nous avions alors des candidatures assures de Caen, Paris IV, Paris I, Evry, et, par Fabienne Yung, de Lille I (Sciences) et Lille III (Lettres) (LĠAGEL nĠavait personne en droit Lille II). Le soutien du SEUL nous en donnait une de Montpellier III (Lettres), son nid, et une autre de Montpellier II (Sciences) o une opration parachutiste lui avait permis de ramasser au moins un lu. Il en manquait quatorze. Nous comptions sur Nantes, et Manuel Canevet, avec qui jĠtais alors en contact quotidien par mail. Treize. LĠUGEM de Montpellier devait logiquement nous soutenir, mais ne nous apportait rien en termes de candidatures puisquĠelle faisait double emploi avec le SEUL. Treize toujours.
Ct UNEF, le premier souci tait de retrouver le contact avec lĠAGER de Rouen, silencieuse depuis le dernier CN. Il y avait aussi lĠUGED de Dijon, que nous nĠavions plus revue depuis le congrs, mais avec qui jĠavais un contact par mail depuis lĠaffaire du CNOUS[26], et Paris XII, dont nous nĠavions aucune nouvelle. Il y avait ensuite Lyon, dont nous ne savions rien depuis la bonne surprise quĠils nous avait faite lĠautomne, et Bordeaux et Orlans, qui soutenaient jusque l la direction nationale, dont le CN venait de montrer quĠelles pouvaient se joindre nous, Rennes, absente, qui devait logiquement ragir de la mme faon. Mais avec celles-l nous nĠavions aucun contact sr : pas de tlphone personnel, parfois des mails qui tranaient, toujours douteux, les numros de leurs locaux syndicaux, non utilisables le week-end, pas forcment un lundi de juin.
Hors UNEF, le SEUL tait acquis. Pour lĠAGET-ASL, jĠavais le fil utilis pour le CNOUS. Le contact avec Solidarit tudiante tait plus compliqu, mais leur soutien nous semblait alors aller de soi. Quant SUDÉ leur appel donnait des numros o les appeler. Il fallait essayer. JĠy reviendrai longuement.
Je crois pouvoir dire, mme si bien sr il est toujours compliqu dĠavoir un regard rtrospectif sur ce quĠon pensait un moment prcis, que je savais alors exactement o je voulais en venir. Il tait vident que deux options allaient sĠaffronter, ceux qui voudraient continuer lĠUNEF comme avant, en changeant une direction manifestement sclrate, ceux qui voudraient constater sa mort pour crer la nouvelle organisation de leur rves, dont il tait question depuis le rapport Attali, que prconisaient le SEUL et, moins vigoureusement, Solidarit tudiante.
Ces deux options me paraissaient galement des impasses. JĠtais bien convaincu que lĠUNEF telle quĠelle avait exist depuis 1971 tait morte ce samedi, aprs une longue et pitoyable agonie, et que nous ne pourrions la faire revivre en en changeant la direction, pour une raison simple : la direction nationale de lĠUNEF nĠexistait que par le PCF, qui venait de dcider de se retirer, et ne soutiendrait videmment pas une direction alternative notre got. Nous nĠaurions pas les moyens de le faire par nous-mmes : les millions du CNESER, sur lesquels nous commencions fantasmer, taient beaucoup plus dĠargent que nous nĠen avions jamais eu, mais ne pourraient suffire.
Il me semblait dĠautre part que ce serait folie de renoncer lĠhritage de lĠUNEF, au moment o nous en tions clairement la majorit relle, pour crer un machin dont la nouveaut serait le seul argument, que nous y perdrions des camarades, et beaucoup plus en termes de cohrence. DĠailleurs, bien des fantasmes sur la nouvelle organisation miraculeusement surgie rejoignaient lĠerreur prcdente, en ce quĠils semblaient fonds sur la croyance quĠil suffirait dĠannoncer la rupture avec lĠUNEF pour avoir une direction nationale comparable (mais pure, videmment).
Mon ide, que je gardais largement pour moi car le premier souci tait de regrouper sur la liste du CNESER les deux options contradictoires, tait que nous ne pouvions avoir une direction nationale comme avant, bureaucratique, pour employer le mot juste, ce que je regrettais bien sr (JĠtais, vous lĠavez compris, un bureaucrate, et le reste en esprit, en esprit seulement faute de bureaucratie laquelle mĠaffilier), quĠil fallait partir de ce qui existait, les AGE de lĠUNEF encore solides qui refusaient la liquidation, et celles qui lĠavait quitte pour de bonnes raisons, plus ventuellement des syndicats extrieurs comme le SEUL, pour reconstituer une Union nationale dont la direction serait ncessairement faible, assurant seulement dans la mesure du possible leur coordination et leur reprsentation au niveau national. La formule que jĠadoptais (je ne saurais dire si cĠtait dj, ou seulement ensuite), mais en la disant rarement et lĠcrivant encore moins, pour viter des ennuis, tait la troisime UNEF (oui, il y avait aussi une allusion tout fait autre chose) : de mme que notre UNEF sĠtait btie sur les ruines de lĠancienne, celle de 1907 modifie 1946, partir de ses AGE saines, pour faire tout fait autre chose, mais qui avait t incontestablement utile aux tudiants, en faire sur son cadavre une troisime. Il fallait pour cela garder prcieusement le nom UNEF (en lui ajoutant ventuellement un suffixe quelconque), que personne ne pouvait nous refuser srieusement, puisque nos AGE lĠavaient dans leurs statuts, puisque surtout la justice bourgeoise avait constat vingt ans plus tt quĠil nĠappartenait personne, en conclusion du conflit sur le terrain judiciaire des deux UNEF dĠalors[27]. Je reste convaincu aujourdĠhui que cĠtait la moins idiote des options possibles. Je ne suis plus sr du tout quĠelle nĠait pas t, quoique moins, idiote.
LĠobstacle majeur tait lĠabsence de soutien politique consquent. JĠai retrouv dans mes archives en 2007, et publi sur unef.org parmi les textes internes de Paris IV[28], une note trs confidentielle que jĠavais crite avant le congrs de lĠanne prcdente. JĠy disais, entre autres choses Ç nous avons pu construire des syndicats forts localement, nous n'avons pas les moyens d'assumer la direction d'une fdration nationale de ces syndicats, qu'elle soit l'UNEF reconquise ou une troisime UNEF[29]. La raison en est simple, et il est inutile de tourner autour: on n'a jamais vu, en trente ans, et on ne verra pas de sitt, une organisation tudiante qui ne s'appuie pas sur un soutien politique de poids (en gros, un parti ou une tendance reprsents l'Assemble nationale) È. CĠtait pourtant ce que jĠentreprenais quinze mois plus tard. Ma position constante avait t, mme si jĠaimais agiter, toujours trs dialectiquement, lĠide dĠune scission possible, la politique du coucou dans lĠUNEF du PCF. Le PCF venait de dtruire le nid. Quand il nĠy a plus quĠune option envisageable, on considre, si on ne veut pas tout arrter, que cĠest forcment la bonne. Ensuite, cĠest toujours la mme histoire : mettez vous genoux, priez et implorezÉ
2- Chasse aux candidats, en chambre
Pour le moment, la priorit tait de faire la liste, et il tait vident que la seule ligne pour russir tait Ç LĠUNEF, trahie par sa direction sclrate, continue, pour dfendre les tudiants contre le mchant ministre et la trs mchante UNEF-ID È. Tous ses initiateurs semblaient alors dĠaccord sur ce point, quelles que fussent leurs ides sur la suite des vnements.
CĠest a que jĠallais mĠatteler en rentrant chez moi, comme les autres dj impliqus de chez eux, avec comme seules armes, le week-end, mon ordinateur et mon tlphone. Il est sans doute utile de rappeler quĠen ce temps l, Internet tait encore peu rpandu, surtout domicile (et sans haut dbit, avec des modems qui faisaient longtemps tut tut avant de donner une connexion trs lente). JĠtais alors le seul des dirigeants de Paris IV et Paris I avoir une adresse lectronique (a a chang la rentre, parce que cĠtait le mouvement gnral, parce que notre situation particulire incitait les camarades sĠquiper). Guirec tait notre champion informatique. Nathan venait de sĠy mettre spectaculairement, comme on lĠa dit. Manuel Canvet, de Nantes, utilisait le compte de ses parents, abondamment. Olivier Ruet avait un mail, mais je nĠai jamais su sĠil pouvait le consulter de chez lui (en tout cas, il lĠutilisait peu, et pas du tout ce week-end). Les tlphones portables commenaient seulement prolifrer (avec des forfaits assez chers, et trs limits), le tlphone fixe cotait trs cher ds quĠon appelait en interurbain, ou un portable. Beaucoup de camarades habitaient chez leurs parents et nĠavaient mme pas de tlphone personnel. JĠajoute pour tre complet que dans ma chambre sous les combles rue Pierre Nicole, je nĠavais ni pigeonnier, ni moyen de faire des signaux de fume. Beaucoup de choses taient donc remises au lundi, dernier jour, o nous pourrions rentrer dans les Universits et utiliser nos locaux syndicaux.
Mon premier coup de tlphone en rentrant fut pour Philippe Lieutaud, qui nĠtait pas au CN, ce qui mĠavait surpris puisquĠil tait au BN la veille, et mĠavait appel ensuite. Je nĠen ai su la raison que beaucoup plus tard. JĠavais alors pens quĠil ne voulait pas sĠimpliquer, puisque son courant politique, poperniste rappelons le, tait en principe pour la Ç runification È, ce que la suite a immdiatement dmenti. Bien sr, je ne lui ai pas pos de questions. Il mĠa avou bien des annes aprs quĠil avait une partie dĠun jeu qui le passionnait alors, auquel je nĠai jamais rien compris (videmment, sa prsence Nanterre nĠaurait rien chang). Je lĠai mis au courant du droulement du CN, et de notre dcision de monter une liste. Je lui ai dit que jĠtais prt donner ma candidature sĠil le fallait, mais que pour des raisons videntes, je prfrais que ce ft lui pour Paris IV. Les raisons videntes, inutiles prciser alors avec lui, taient dĠaffichage universitaire, puisquĠil tait vice-prsident tudiant et moi seulement membre du CS, et surtout politique, parce quĠun socialiste connu comme tel ferait trs bien dans le dcor. Philippe mĠa rpondu quĠil tait dĠaccord, mais pensait devoir demander son autorisation Emmanuel Maurel, et mĠa rappel quelques minutes aprs pour me dire quĠil nĠavait pas rencontr dĠobjection, mais reu le conseil de demander une des premires places non ligibles de la liste (ce qui ne posait pas de problme, bien au contraire).
JĠai envoy le communiqu sur le forum 21h30 (son texte est sur unef.org[30]). JĠai certainement donn plusieurs coups de tlphone avant, mais ne me rappelle plus lesquels (probablement Nathan, pour confirmer notre accord), sinon un, que mon texte voque, Yves Croguennec, de lĠAGET-ASL. Yves tait assez embt, parce quĠils sĠtaient engags auprs de SUD, aprs la plaisanterie du CNOUS o ils avaient eu lĠimpression de se faire avoir par lĠUNEF (JĠai comment Ç Et donc, vous avez dcid de vous faire avoir par SUD, pour changer È). Evidemment, il nous prfrait, mais hsitait trahir lĠengagement pris. JĠai tent de le convaincre que la situation nouvelle le rendait caduc. Il a fini par me dire que Wilfried Pennetier tait Paris, et ne nous refuserait certainement pas sa candidature. Je nĠen demandais pas plus, puisque lĠurgence tait dĠavoir un candidat par universit. Dans le communiqu, a devient Ç Des contacts, assez positifs, ont dj t pris avec le SEUL et l'AGET-ASL È (Avec le SEUL, je suis peu prs certain que lĠaccord tait dj fermement conclu. JĠai d ne pas vouloir distinguer entre les deux).
Le communiqu sĠappelle Rsistons la liquidation de l'UNEF. Il
commence par le fait, hallucinant
pour tous ceux qui nĠtaient pas encore au courant : le vote par le CN de
lĠUNEF de Ç la participation une liste pour le CNESER avec l'UNEF-ID,
aux conditions de l'UNEF-ID dans la perspective d'une runification
l'automne È. Il enchane sur
lĠabsence de plate-forme connue (ce sera finalement mot pour mot celle de
lĠUNEF-ID), Ç Sur la plate-forme, rien ne nous a t dit, sinon que la
"rvolution pdagogique" prne par l'U-ID correspondait exactement
la ligne de l'UNEF È, avec un grand coup sur
les rformes. Je rappelle lĠopposition de lĠavant-dernier congrs la rforme
Bayrou, du dernier au 3/5,8[31], en omettant soigneusement de dire que la direction nĠa
rien fait, avec lĠapprobation de toutes les AGE autres que les ntres, pour
appliquer ces dcisions, et a mme obtenu du congrs de Pantin un vote refusant
de renouveler la condamnation de Bayrou. Je ne dis rien du plan U3M, que la
direction et sa majorit ont toujours refus de condamner malgr nos efforts.
Suit le dtail du vote, dj cit,
la mention de lĠabsence de quatre des principales AGE, Nantes, Rouen, Lyon et
Clermont, et du fait quĠaucune nĠa pu dbattre de cette dcision surprise, puis
vient la premire conclusion Ç Il s'agit d'une liquidation de l'UNEF par la
direction issue du congrs de Pantin, par surprise, sans les AGE ayant des lus
en nombre important ou malgr elles. Une certaine UNEF vient de mourir
Nanterre. L'UNEF doit vivre ! Elle doit vivre pour dfendre et reprsenter les
intrts des tudiants de France (ce que l'UID ne fait certes pas), dans la
fidlit ce qu'il y a eu de meilleur en elle depuis le renouveau de 1971. Ceux qui se sont
opposs la trahison d'aujourd'hui, ceux qui n'ont pu venir Nanterre faute
d'avoir t prvenus temps de l'enjeu, sont l'UNEF, la vraie, celle qui est
prsente sur les facs. È Je mĠavance beaucoup dans le sens de ma position
personnelle sur lĠavenir, longuement explique ci-dessus, mais de faon
suffisamment obscure pour que seuls les initis sĠen aperoivent, et que le
sens principal soit que nous voulons maintenir lĠUNEF.
JĠen viens lĠannonce que nous faisons une liste
dans ce but,
Ils doivent manifester leur volont de continuer l'UNEF, et d'abord en
faisant tout, malgr la brivet des dlais, pour que soit dpose, contre ceux
qui prtendent nous avoir brad l'U-ID, une liste qui soit celle de la
fidlit l'UNEF et au syndicalisme tudiant.
De cette liste, Olivier Ruet (Caen, BN), Jihad Wachill (Paris I, BN),
Sancia De Cooman, Philippe Lieutaud (BN), et moi-mme pour Paris IV [JĠavais oubli Guirec, erreur rectifie minuit. Je ne me
rappelle pas pourquoi je ne citais pas de Lillois alors que Fabienne nous avait
donn leur accord de principe, probablement confirm par William au tlphone
(parce que cĠtait soumis une ratification formelle ? parce que le
prsident dĠAGE tait Gilles Andries et que je nĠavais pas encore eu de contact
avec lui ?).] venons de dcider d'en prendre l'initiative. [une vilaine rupture de construction : jĠavais
manifestement oubli le dbut de la phrase quand jĠen ai crit la fin, et nĠai
apparemment pas relu avant dĠenvoyer] Olivier Ruet s'est dclar prt prendre la tte.
Cette liste doit tre celle de tous ceux qui, dans l'UNEF, refusent la
dissolution de l'UNEF dans l'U-ID.
Elle doit, comme nous le prvoyions pour la liste UNEF avant la
trahison, tre ouverte, mais ouverte tous ceux qui veulent un vrai
syndicalisme vraiment tudiant et refusent donc le monopole de l'U-ID. Des
contacts, assez positifs, ont dj t pris avec le SEUL et l'AGET-ASL. Nous
souhaitons bien sr que les camarades de SUD et des syndicats Solidarit
tudiante s'associent notre dmarche.
Je termine en appelant me
contacter dĠurgence, en prcisant quĠil nous faut 22 lus aux centraux de 22
tablissements diffrents.
JĠenvoie vers minuit et demi un
message complmentaire, LĠUNEF continue, pour rectifier lĠoubli de Guirec, et donner deux
nouvelles. La premire est que Manuel Canvet, de Nantes, mĠa tlphon pour me
promettre sa candidature (confirme par mail personnel dimanche au rveil,
quĠil a transmis sur le forum douze heures plus tard). La deuxime est que nous
avons le soutien de lĠUnion nationale des tudiants du Maroc, partenaire
historique de lĠUNEF. JĠavais appel Khalid Pijous, son responsable parisien,
et notre alli constant Paris IV o il partageait notre local, qui me lĠavait
donn (JĠavais depuis longtemps renonc comprendre quelle tait la structure
de lĠUNEM, et si mme il y en avait une. Je savais que Khalid pouvait parler en
son nom Paris et ventuellement en France, et a me suffisait). a ne nous
rapportait rien en termes dĠlus, puisquĠils nĠen avaient que sur nos listes,
mais cĠtait un beau symbole, propre embter lĠUNEF-ID et la direction nationale
de lĠUNEF.
Je suis incapable de me rappeler
dans lĠordre ce que jĠai fait la journe du dimanche. Je nĠai certainement fait
que a, sinon que jĠai d aller la messe (Les fois o jĠai rat la messe pour
raisons bureaucratiques, je mĠen souviens), sans doute Saint Jacques du Haut
Pas 18h15, o jĠai probablement continu ( ma grande honte) penser
a. Je spare donc le recueil des candidatures et les discussions avec
des partenaires potentiels, tant incapable de reconstituer comment cela sĠest
chevauch.
Outre le SEUL et lĠAGET-ASL, nous
avions deux partenaires possible, SUD tudiants, et Solidarit tudiante.
Le SUD, donc. Il tait clair que
nous ne les aimions pas (cĠtait un point dĠaccord avec le SEUL, mme si les
raisons nĠtaient pas tout fait les mmes). SUD avait t cre dans le dos de
lĠUNEF, largement contre elle, et pratiquait ce qui nous semblait (je nĠai pas
chang dĠavis ce jour) une activit dlibrment groupusculaire, fire de
lĠtre car elle y voyait la preuve de sa vertu, fort loigne de ce que nous
pensions tre (je nĠai pas chang non plus sur ce point), le syndicalisme
tudiant (Nous, nous nĠtions pas trs gros, plus cependant, mais prtendions
nanmoins reprsenter les intrts de tous les tudiants de nos universits).
Les tentatives de contact lors du mouvement contre le rapport Attali, et de ses
suites contre Allgre en gnral, nĠavaient rien donn. Il paraissait vident
quĠil y avait une alliance objective contre nous entre lĠUNEF-ID et SUD qui,
par lĠtalage de ses vertus gauchistes, retenait un certain nombre de militants
et dĠlecteurs, sans jamais parvenir rien. Quelques incidents, que je vous
pargne, nous avaient conduits penser que lĠalliance nĠtait pas seulement
objective. Quand SUD avait choisir ente lĠU-ID et nous (nous lĠUNEF, mais
nous aussi les AGE contestataires de lĠUNEF) il choisissait systmatiquement
lĠU-ID. La prsence de la LCR dans ces deux organisations (nous avons vu ce
quĠil en tait alors dans lĠUNEF) donnait lĠide dĠun canal possible.
Nous ne les aimions pas parce
quĠils ne nous aimaient pas, et cĠtait notre seul point dĠaccord. Il nĠen
tait pas moins clair que nous avions intrt essayer de nous entendre avec
eux, dĠabord parce que nous prnions le rassemblement syndical, ensuite pour de
btes raisons arithmtiques. SUD tait prsent dans des universits o nous
nĠtions pas, et y avait ramass quelques lus. Pour lĠlection elle-mme, a
ne pesait pas grand-chose : ils taient trs peu nombreux. Mais pour
pouvoir prsenter la liste, avec le systme des vingt-deux lus de vingt-deux
tablissements diffrents, a valait de lĠor. Si nous avions la liste, nous
tions peu prs srs dĠun sige, puisque derrire chaque lu UNEF dĠune vraie
AGE, il y en avait plusieurs autres. Eux nĠavaient aucune chance dĠobtenir un
sige, mais leurs lus disperss pouvaient nous donner lĠappoint indispensable
pour atteindre les vingt-deux candidats.
LĠennuyeux tait que nous nĠavions
peu prs rien leur offrir, puisque si le sige tait presque certain, un
deuxime tait impossible. En cas dĠaccord, la supplance leur revenait
naturellement, mais la supplance nĠa dĠintrt que si le titulaire et le
supplant font un travail commun, ce quoi le titulaire nĠest nullement
oblig. Nous tions bien sr prts leur promettre ce travail commun, et mme
peut-tre essayer de tenir cette promesse ensuite, mais il tait douteux que
cela les intresst. Nous pouvions aussi leur promettre une part gnreuse de
la subvention, bien suprieure leur apport rel la liste. Ils taient
malheureusement sur cette question dĠun dsintressement total : SUD PTT
les arrosait si somptueusement que cette somme, qui tait indispensable
lĠUNEF du PCF tant quĠelle avait voulu vivre, tait pour eux une broutille. Il
est donc inutile de vous dire que mon optimisme leur sujet tait trs modr
(Ma conversation avec Yves Croguennec vous lĠaura dj indiqu).
Le seul espoir, trs faible, tait
que nous parvinssions les contraindre prendre, ou du moins faire semblant
de prendre, leur appel lĠunit syndicale contre les rformes au srieux, et
donc contribuer lĠlection au CNESER dĠun lu, le seul possible, clairement
contre ces rformes. Il tait manifestement vain. JĠai eu au tlphone ce
dimanche matin lise Allard, une des trois signataires de lĠappel qui nous
avait t adress[32]. L, jĠai un trou de mmoire. Je ne sais plus lequel de
nous deux a appel lĠautre. Logiquement, cĠtait moi de prendre lĠinitiative.
Mais je ne vois pas pourquoi je lĠaurais appel elle, que je ne connaissais
pas, et non Jean-Luc Delauney, dĠOrlans, un autre des trois, qui tait venu en
touriste notre runion de Limoges de mai 1999 et avec qui jĠavais caus
gentiment dans le train du retour. Avais-je laiss un message Jean-Luc, qui mĠa
fait rappeler par Elise ? CĠest possible. Je vois que jĠavais envoy
Elise (certainement parce quĠelle tait la seule avoir donn une adresse
lectronique) copie de mon communiqu Rsistons de la veille. MĠa-t-elle appel sa
suite ? CĠest galement possible. Le fait est que nous nous parlmes au
tlphone, et que ce fut violent (Je retrouve dans un communiqu ultrieur
quĠil y a eu deux conversation, une le matin, une en dbut de soire. Je ne
peux aujourdĠhui distinguer lĠune et lĠautre). lise considrait faire une
grande faveur ce quĠelle appelait Ç lĠoppo UNEF È (ce qui sentait
trs fort la LCR) en Ç rouvrant È la liste SUD pour lui faire une
petite place. Elle a hurl plusieurs fois dans mon tlphone Ç Ma liste
est complte È (la suite des vnements montrera pourquoi jĠinsiste sur ce
point). La tte de la liste nĠtait pas ngociable, ni le nom (Je ne me
rappelle plus ce que cĠtait, et a nĠa jamais t publi. CĠtait forcment
grotesque), ni la plate-forme (aussi mystrieuse que celle de la liste
U-ID/Direction de lĠUNEF).
La question de la tte de liste
tait un point dĠachoppement suffisant. Nous tions alors la moiti de
lĠUNEF, la plus grosse
vraisemblablement, et savions pouvoir compter, si la liste tait dpose, sur
la majorit des voix de lĠautre moiti. Eux nĠtaient rien ct, et nous
avaient abondamment prouv quĠil tait impossible de leur faire confiance pour
porter une ligne syndicale. Il aurait donc fallu tre parfaitement idiot pour
accepter de leur servir de suppltif. Ce jour l, jĠtais convaincu quĠil tait
impossible dĠtre idiot ce point. La suite mĠa prouv que je me trompais. Je
suis all jusquĠ proposer, en plus de la premire supplance qui allait de
soi, la deuxime place de titulaire, certes symbolique, mais qui donnait SUD
une position sur la liste sans rapport avec son importance relle. Comme la
fillette hurlait de plus en plus fort, et que je tenais lui montrer ce que je
savais faire ce jeu l, la conversation
sĠest termine dans une extrme violence.
JĠai t rappel tard dans la
soire, voire au milieu de la nuit (aprs mon communiqu de minuit. JĠignore
bien sr sĠil y avait un rapport), par Nadia Benhelal, la troisime des trois
signataires de lĠappel initial. Trs bien leve, beaucoup plus aimable. Elle
mĠa rpt Ç La camarade nĠa pas t raisonnable È, chaque fois que
jĠvoquais mes justes griefs contre lĠaffreuse Allard. Malheureusement, si elle
tait dĠhumeur causer gentiment, elle ne voulait pas non plus cder sur la
tte de liste. Je ne sais toujours pas, et ne saurais vraisemblablement jamais,
si elle voulait sincrement un accord, mais tait bloque par lĠintransigeance
de ses camarades, ou si elle tait aussi hypocrite que moi. Nous nous sommes
quitts, trs tard, aimablement, sur un constat dĠchec.
Autant je nĠavais pris contact avec SUD que pour quĠon ne pt pas me reprocher de ne point lĠavoir fait, autant le soutien de Solidarit tudiante (Limoges, Toulouse Le Mirail, Pau, peut-tre encore un ou deux lus restant Grenoble) me semblait aller de soi. CĠtaient nos amis, ils avaient quitt lĠUNEF notre grand regret, mais sans dsaccord essentiel avec nous, sinon sur lĠopportunit dĠune scission, nous nous tions alors jur de maintenir le contact mme si nous ne lĠavions pas fait autant que nous lĠaurions voulu (ils taient particulirement peu ports sur Internet). Leur refus de notre proposition pour le CNOUS tait parfaitement comprhensible, puisquĠils lĠavaient interprte, pas forcment tort, comme celle dĠun retour au bercail quĠils avaient quitt. L, la scission tait faite, par la direction de lĠUNEF, et nous devions logiquement nous retrouver.
JĠai appris, certainement par le SEUL, quĠils taient en runion Ç nationale È Limoges ce week-end l. a aurait d tre notre chance. JĠai appel au local (Je ne sais plus si cĠtait avant ou aprs le SEUL. Nous avons essay par les deux bouts) et eu, en leur nom tous, Matthias Lambert, du Mirail, que je connaissais bien du congrs et des runions Ensemble contre les rformes Allgre de lĠanne prcdente, un anarchisant (assez modr dans son genre pour avoir adhr lĠUNEF, et dans une association particulirement communiste, voire stalinienne selon certains). Il mĠa rappel, ce qui tait vrai, quĠun an auparavant, lors de notre runion de Limoges aprs le congrs (au moment o la Ç runification È tait prvue pour dcembre) il parlait dj de faire une liste pour le CNESER, et que nous avions trouv a prmatur, et a conclu quĠil tait trop tard et que nous ne pouvions faire a en trois jours. JĠavais quelques arguments alors pour lui dire quĠil tait possible dĠy arriver. Il a conclu Ç Rappelle moi quand vous aurez dix-huit candidats È. JĠai voulu prendre a positivement. Nous verrons la suite.
Il y avait aussi le cas trs particulier de lĠUNEF-ID Amiens, qui devait tre de cÏur avec nous, mais nĠavait srement pas envie de se lancer, nous lĠavions vrifi sans surprise pour le CNOUS, dans une aventure menant son exclusion de lĠU-ID. Nathan, avait apparemment russi les convaincre de nous aider, puisquĠil a publi sur le forum vers minuit, sous le titre Bonne nouvelle Ç L'UNEF-ID Amiens nous prte un de ses lus. Je rpte l'UNEF-ID Amiens nous prte un de ses lus. È CĠtait inespr, mais pas impossible. Ce sont des choses qui peuvent se faire : on demande un lu de se dvouer, puis on explique la direction nationale quĠil sĠagit dĠune regrettable initiative personnelle, que le coupable sera svrement puni mais pas trop quand mme pour ne pas perdre sa voix pour la liste officielle. Mais publier a avant le dpt de la liste sur un forum que tout le monde pouvait lire, et que, dans ce contexte, lĠEnnemi ne pouvait que surveiller, menait droit au dsastre. Il nĠest pas difficile dĠimaginer ce que les camarades dĠAmiens ont pris sur la tte le lundi. Comme il tait logique, la candidature promise nĠest jamais arrive. JĠai quand mme appel, dans la journe de lundi, la prsidente dĠAGE, Carla Hodeika, qui mĠa dit schement que le ncessaire avait t fait, que lĠheureux lu aurait d faxer. Je lui ai demand, ce quĠelle pensait de ce qui se passait. Elle mĠa rpondu fermement Ç Rien È. Ce fut notre dernier contact.
Je ne comprends toujours pas, vingt ans aprs, pourquoi Nathan a fait ce qui semble ne pouvoir tre quĠune norme sottise ou un acte de sabotage dlibr. Les sottises de cette taille, ce nĠtait pas son genre. Il nous a abondamment prouv avant et aprs que le sabotage dlibr pouvait lĠtre, mais je ne vois pas quel intrt il aurait pu y trouver ce moment prcis, puisquĠil a par ailleurs tout fait pour que la liste ft dpose. Il tait bien dans ses mthodes de compromettre les camarades dĠAmiens plus quĠils voulaient lĠtre, mais il tait dcidment idiot de le faire avant le dpt de la liste, avec un rsultat aisment prvisible. Mystre.
Ct UNEF, les choses allaient
beaucoup mieux. Nous avons ramass sept candidatures dans cette journe, trois
par mails, quatre par tlphone apparemment. Un de mes premiers soucis a t
Paris XII dont, je lĠai dj dit, nous nĠavions plus de nouvelles depuis le
congrs. JĠy avais alors un contact, Frdric Blot, que je connaissais, comme
Yves et Wilfried, du MdC (a avait beaucoup simplifi la liaison pendant le
congrs). Je nĠen avais pas de nouvelles non plus depuis lors, et me suis mis
en chasse, ce qui fut compliqu, car il nĠtait plus Paris XII, et, si je me
rappelle bien, poursuivait ses tudes trs loin de Paris. JĠai eu ses parents,
puis lui, qui mĠa donn le contact avec Julien Giral, qui a march sans problme.
Dijon, avec qui jĠavais repris
contact au moment du CNOUS est mentionn dans mon communiqu de minuit comme
nous donnant une candidature. Je nĠai pas de traces de mail. Je nĠai pas
souvenir de coup de tlphone, ni mme dĠavoir eu un tlphone o les joindre.
Peut-tre lĠai je oubli, peut-tre est ce venu dĠun autre camarade
(Jihad ?).
Nous avons rcupr une
candidature, que le communiqu ne cite pas, de Paris III, o il nĠy avait plus
dĠUNEF depuis longtemps, mais o Camille Marqus, parce quĠelle tait au PCF,
en tenait lieu aux yeux de la direction nationale. Elle avait t lue un des
conseils centraux, sur liste commune avec lĠUNEF-ID (ce qui tait paradoxal,
mais plutt drle. Et il nous fallait des lus, dĠo quĠils vinssent) ngocie depuis
la rue Pailleron. Jihad et moi la connaissions assez bien. Comme elle tait
devenue rsolument anti mutation, elle a rpondu volontiers notre
sollicitation (de Jihad ou de moi, je nĠen sais plus rien).
Le problme tait lĠAGER de Rouen,
qui tait nagure la tte de lĠopposition, mais ne donnait plus de nouvelles
depuis le dernier CN (Officiellement, Leila Messaoudi, son ex prsidente,
passait le CAPES, et nĠavait trouv personne pour la remplacer). Je nĠai eu ce
dimanche aucun contact avec Leila (Je ne me rappelle plus si cĠest parce que je
nĠavais pas son numro personnel, ou parce quĠelle ne rpondait pas). JĠai fini
par joindre, sur son numro personnel, que jĠavais donc, milie Picot, qui
avait t son adjointe (sans tre de la GR), tait peu prs retire, mais
restait lue. milie approuve videmment notre dmarche, mais hsite nous
donner sa candidature sans autorisation de lĠAGE. Je lui prche, contre tous
mes principes, dĠavant et dĠaprs (salus populi suprema lex esto), les vertus de
lĠindiscipline dans les circonstances exceptionnelles. Je crois lĠavoir
convaincue. Elle obtiendra le lendemain lĠaccord de Leila, et nous aurons sa
candidature[33].
Nous avons eu aussi trois bonnes
surprises, trois candidatures spontanes reues par mail suite la diffusion
de lĠappel. La premire vint quinze heures vingt de Besanon, dĠun nomm
Jrme Christin, en DEA de biologie cellulaire et physiologie, lu au Conseil
scientifique, si jĠai bien compris dĠune association dĠtudiants de troisime
cycle, qui me disait quĠil suivait notre forum depuis un moment, et tait
dĠaccord avec nous. Il a prcis ensuite quĠil voulait bien tre candidat, mais
non lu. Je lui ai rpondu que a mĠarrangeait, puisquĠil nĠy a avait quĠune
place ligible. Sancia De Cooman, qui avait gard contact avec un dlgu de
feue lĠUNEF Besanon rencontr au congrs (elle tait de l-bas), lĠa appel le
lendemain, et mĠa dit quĠil pensait que cĠtait un gars bien. JĠen ai t
heureux, mais plus encore de recevoir son acte de candidature et sa carte
dĠtudiant par mail. Je nĠai plus eu de nouvelles de lui aprs la fin du mois.
Le second fut dix-sept heures
dix un Messin, Claude Maillot, en deuxime anne de DEUG dĠHistoire lu au
CEVU, avec un discours tout fait sainement anti UNEF-ID, mais qui ne nous
disait pas comment il avait t lu. Ce nĠtait certes pas le moment de le lui
demander. Je nĠai pas eu non plus de nouvelles de lui par la suite. Beaucoup
plus tard, Fabrice Chambon, de lĠU-ID, sĠest vant auprs de Philippe Lieutaud,
qui avait alors ce genre de mauvaise frquentation et me lĠa rpt longtemps
aprs, de nous avoir refil un sous-marin comme candidat. Si cĠest vrai, ce ne
peut tre que lui. Mais jĠai du mal y croire, car je ne vois pas quel aurait
pu tre lĠintrt de lĠEnnemi de nous offrir, mme pour nous espionner, une
candidature quand le succs de notre liste pouvait dpendre dĠune de plus ou de
moins. Un espion non candidat, certes. Avec un peu de perversit (mais ces gens
l manquaient dĠimagination), de faux candidats qui nous lchent au dernier
moment, oui, bien sr. Mais un vrai candidat, qui nous a envoy son acte dans
les dlais (ce ne fut pas de sa faute si nous lĠavons reu trop tard), je nĠy
crois vraiment pas. Mon impression est que Fabrice sĠest tromp en parlant de
candidat, ou que Philippe lĠa mal compris : jĠai eu ensuite, alors quĠil
nĠtait plus question de candidatures, un message dĠun autre Lorrain (de Nancy)
trs intress par ce que nous faisions et demandant tre tenu au courant,
avant de ne plus donner de nouvelles, qui me parat un sous-marin beaucoup plus
crdible.
La dernire bonne surprise vint
dĠArras, de Mlanie Bourdrel, prsidente dĠune AGE de lĠUNEF dont nous nĠavions
jamais entendu parler, et lue, qui avait eu mon message Rsistons (parce quĠelle tait sur le
forum, ou parce que jĠavais ramass son adresse dans les mails envoys par
Ccile aux lus quĠelle en jugeait dignes, que me transmettait Manuel Canvet),
et y rpondit dimanche 22h20 en me proposant sa candidature et en me donnant
son numro de portable (message partiellement transmis sur le forum, avec son
autorisation, deux heures plus tard).
Avec les huit de dparts, celles
de Nantes et de lĠAGET-ASL, et ces sept l nous arrivions dimanche soir
dix-sept promesses de candidatures (dix-huit avec celle dĠAmiens). CĠtait
inespr, mais il en manquait encore au moins quatre. Nous avions logiquement
chou avec SUD, fait le plein des AGE qui sĠopposaient aux rformes et la
Ç runification È depuis le congrs de Pantin, connu avec celles qui
avaient fait scission aprs ce congrs un chec que nous pouvions esprer
provisoire. Il restait trouver le contact, que nous nĠavions pas, dans la
situation de guerre froide de lĠanne coule, avec les AGE qui soutenaient la
direction Pantin et (sauf Lyon) jusquĠ la veille encore. Il nous faillait
aussi rcuprer les actes promis. JĠavais envoy par mail dix-huit heures le
modle prvu pour la liste de lĠUNEF (sans doute rcupr dans les mails de
Ccile Cukierman), en prcisant quĠil fallait laisser le titre (encore
discuter) en blanc.
Dans ce mail, je proposais pour ce
titre Ç Contre les rformes librales, pour une Universit publique
de qualit ouverte tous, liste de rassemblement syndical È en ajoutant
prudemment Ç A dbattre È. Le deuxime point tait un assez vieux
slogan de lĠUNEF, bien oubli alors de la direction nationale, mais toujours
utilis Paris IV. Il nous mettait clairement du ct de lĠUNEF qui continue
contre une direction trahissant. Le premier tait une garantie pour nos
partenaires actuels et ventuels, dont la formulation caractrisant ces
rformes nĠtait pas trs heureuse. Nous ne pouvions pas dire (ce que je fais
constamment dans ce texte, et ce qui est vrai) que nous tions Ç contre
les rformes È, toutes. Nous ne pouvions non plus les numrer : a
aurait t trs long. SĠen tenir Allgre aurait t trahir (en soi, et
dĠaprs les conditions du SEUL remontant Faure, que nous avions acceptes).
Je me dis aujourdĠhui que la bonne formule aurait t Ç Contre les
rformes de casse de lĠUniversit È. Elle ne mĠest pas apparemment venue
lĠesprit. Peu importe, puisque le titre a finalement t, bien meilleur
Ç Ensemble, pour une Universit publique de qualit ouverte tous, liste
de rassemblement syndical È, sans rformes lĠhorizon. Je ne sais plus du
tout comment il a chang (Rien dans les mails : tout sĠest fait par
tlphone, donc). Apparemment, nos partenaires nĠont pas estim avoir besoin de
cette garantie. Pour moi, il tait vident que parler dĠÇ Universit de
qualit È impliquait le rejet des rformes depuisÉ depuis trs longtemps.
Ë minuit et quart, mon communiqu
sur le forum, potiquement intitul Montez de la mine, descendez des collines (Oui.
CĠtait a, lĠambiance, alors), fait le bilan des deux journes et envisage la
troisime :
Vingt-quatre heures aprs notre appel pour
que l'UNEF, trahie par sa direction, vive, nous pouvons constater son succs.
Outre les soutiens manifests sur ce forum [Soient les initiateurs, Caen, Paris IV, Paris, I, vry,
plus Nantes et les trois bonnes surprises de Besanon, Metz et Arras], nous avons dj
recueilli les candidatures sur la liste de rassemblement syndical pour une
Universit publique de qualit ouverte tous [Ce sera finalement son
titre. Je ne me rappelle plus sĠil tait alors dcid, ou si cĠtait une
anticipation]
d'lus de Lille I et Lille III, de Paris XII et de Dijon.
Le SEUL a confirm son soutien la dmarche,
et la candidature de ses lus de Montpellier II et III.
L'AGET-ASL est favorable la dmarche de
rassemblement et la proposition d'Olivier Ruet comme tte de liste. Elle se
prononcera demain sur sa participation. [Je
ne parle videmment pas de la promesse dĠune candidature spontane de Wilfried
quoi quĠil arrive. Pas des choses dire]
De nombreux autres camarades lus ont
manifest leur intrt et nous donneront leur rponse demain. [Pas tant que a, Rouen, Paris III dont il ne fallait pas
parlerÉ]
Une seule dception: le refus brutal oppos
par SUD tudiants, qui nous a aimablement propos de nous faire une petite
place sur sa liste. [Je prfrais ne pas
parler de Solidarit tudiante, gardant alors espoir, mais ne voulant pas
lĠafficher]
Manifestement, les camarades de SUD n'ont pas
mesur l'enjeu, et prfrent s'en tenir une dmarche d'auto-affirmation de
leur organisation par une liste qui ne peut pas avoir d'lus plutt que saisir
la chance qui s'offre nous d'avoir un lu qui soit celui du rassemblement et
du renouveau de toutes les forces vritablement syndicales. Puissent-ils changer d'avis d'ici
demain. [Hypocrite. CĠest certainement a
qui mĠa valu une heure au tlphone avec Nadia]
Notre pari de monter une liste en 48 heures
pouvait sembler fou. A l'heure qu'il est, il est clair qu'il peut tre gagn.
Il le serait coup sr si nous avions une
semaine devant nous Nous avons 24 heures. Ceux qui ont attendu le dernier
moment pour publier leur trahison savaient ce qu'ils faisaient.
Que chacun prenne ses responsabilits. Nous
savons que vous tes beaucoup avoir pens, en lisant notre appel, que vous
voteriez pour notre liste. Cela ne sera possible que si nous avons demain matin
les dernires candidatures qui nous manquent.
Ce sera aux AGE de se dterminer sur le vote
pour la liste. Mais pour qu'elles puissent le faire, il faut qu'elle existe, et
donc que des lus prennent l'initiative d'y figurer.
[Tentative acrobatique de
dbauchage. Je savais trs bien que presque tous les camarades des AGE ayant
jusque l soutenu la direction taient contre la liste de la trahison, mais
diraient quĠils ne pouvaient soutenir une autre liste tant quĠils ne se
seraient pas runis. JĠinventais donc la participation sans soutien. a nĠa pas
march. a aurait pu marcher, si plus dĠlus UNEF avaient eu Internet]
Nous attendrons vos appels au local de l'UNEF
Paris IV en Sorbonne, 01-40-46-32-27.
La liste doit tre dpose 17 heures [toujours la mme erreur]. Si elle est dpose, il est presque
certain qu'elle aura un lu.
Nous avons besoin de vous.
Nous comptons sur vous.
JĠai fini par me coucher. Nous avions rendez-vous au local UNEF de la Sorbonne, le lendemain.
Quelques mots sur les lieux sĠimposent. Nous avions obtenu, grce en partie notre triomphe lectoral, un local merveilleux, dans la Sorbonne, de huit mtre carrs environ, donnant sur une des petites cours intrieures (si vous pensez que cĠtait commode pour sortir pour fumer, cĠest que vous nĠavez pas encore compris quĠ lĠpoque nous vivions encore un peu dans un pays libre. CĠtait pratique pour tenir des runions plus de six, quand il faisait beau), au pied de lĠescalier H, dans la partie haute, ct rue Saint Jacques, au-del de la galerie Gerson qui reliait lĠentre Cousin et lĠentre Saint-Jacques Nord (Si vous nĠavez rien compris, le plan ci-dessus vous confirmera que cĠtait incomprhensible). Il devenait ce jour-l ce quĠil allait rester pendant un an, le quartier gnral de la rbellion.
Techniquement, cĠtait globalement mieux que ma chambre, parce que nous pouvions y tenir plusieurs, dĠabord, parce que nous y avions, ensuite, un tlphone branch sur le standard de lĠUniversit et dont les communications (Nous en avons souvent abus. Jamais autant que ce jour l) taient payes par elle, province et portables compris. CĠtait aussi le bon endroit pour attendre les actes de candidatures avec photocopie de carte dĠtudiants promis : nous avions demand quĠils fussent faxs (en ce temps, le scanner tait un objet trs rare, surtout pour nous autres littraires, ce qui excluait leur envoi par mail. Il y en eut cependant deux, des scientifiques de Besanon et Metz) Ç lĠattention de lĠUNEF È lĠUniversit Paris IV (nous nĠavions pas de fax) dont le centre administratif tait de lĠautre ct de la galerie Gerson. Nous nĠavions pas non plus de connexion internet : Paris IV venait dĠtre enfin cble, il y avait une prise dans notre local, mais lĠordinateur fourni bien avant par lĠUniversit (Un trs beau Mac, comme on nĠen fait plus) nĠavait pas de port Ethernet (Si vous pensez quĠil suffisait que lĠun de nous vnt avec son ordinateur portable et un cble, cĠest que vous nĠavez pas encore tout compris). SĠil y avait dj des salles informatiques pour les tudiants de Paris IV (je ne me rappelle plus quand elles sont apparues), elles taient minuscules, et bondes. Notre seule connexion possible tait dans le bureau des relations avec les IUFM, trs loin, hors de la Sorbonne, de lĠautre ct de la rue (Il tait voisin de notre ancien local, dĠavant notre triomphe, et nous avions fraternis avec sa responsable, non sans arrire-penses douteuses de sa part, puisquĠelle tait de la CFDT. Ce jour-l, cĠtait utile). a explique quĠil nĠy ait quĠune seule intervention de moi dans la journe sur le forum unef.org. Nous avons donc d courir toute la journe, ct pour voir si des fax arrivaient, trs loin pour voir les mails.
Il y avait donc, dans le local, Philippe, Sancia, Jihad et moi. Nous avions un premier souci, qui surprendra le lecteur qui a subi tant de subtilits bureaucratiques : comment fait-on, au juste, pour dposer une liste au CNESER ? CĠest pourtant la triste vrit : jusque l, il tait clair que ces choses l taient lĠaffaire de la direction nationale, que notre rle se bornait rler, obtenir quelques promesses dont certaines seraient peut-tre tenues, puis donner notre acte de candidature en pleurnichant, la suite ne nous concernant plus. Nous avons donc appel Sophie Grosjean la seule camarade appartenant la direction (de fait) de lĠAGE ayant internet chez elle, pour lĠassigner rsidence jusquĠelle et trouv a (Il nĠy avait pas de Google lĠpoque, mais des moteurs de recherche merdiques, et bien sr pas de Lgifrance non plus). Sophie prparait lĠagrgation de Lettres, mais a su trouver les vertus bolchviques pour lĠoublier. Elle nous a rejoints plus tard, mission accomplie : une adresse, rue Dutot, dans le XVe, derrire la gare Montparnasse, et une limite, dix-huit heures, une heure de plus que ce que nous croyions jusque l.
Je suis bien sr incapable de me rappeler dans lĠordre qui jĠai eu au tlphone dans cette journe, et plus forte raison qui mes camarades ont eu. Nous avons forcment eu contact avec Olivier Ruet pour faire le point, mais je ne crois pas lui avoir parl. Pour le SEUL, jĠai plusieurs fois parl Dominique Buttay, un des jeunes qui le dirigeait depuis que Nathan nĠtait plus tudiant (Lui nĠest pas intervenu ce jour. Sans doute tait-il pris par son travail), dans une ambiance pour une fois cordiale. Il me semble que nous nous tions rpartis le travail : le SEUL se consacrait convaincre Solidarit tudiante, toujours runi Limoges, nous nous occupions des AGE jusque l non contestataires de lĠUNEF (Nous tions les moins mal placs pour se faire, car pas du tout trotskistes, et, part moi, moins marqus comme oppositionnels que les Caennais ou les Lillois) et Caen cherchait ailleurs. Nous avions des espoirs du ct de SUD Le Havre, qui venait, comme je lĠai dit de quitter lĠUNEF et semblait pouvoir tre ramen au bercail du moment que cĠtait contre la direction.
Nous avons trouv le contact avec Lyon vers quinze heures. JĠavais envoy dans la nuit un mail personnel Ccile Pitu : jĠai appris ainsi que ce nĠtait pas le bon fil. Entre 14h10 et 14h30, Nicolas Pailleux, de lĠINSA, que nous ne connaissions pas mais qui tait inscrit sur la liste, a envoy trois mails successifs (que jĠai d avoir un peu plus tard, en traversant la rue), dont un sur le forum, pour annoncer sa candidature, rclamer un acte nous faxer, et me donner le numro de tlphone de Sylvain Henry, de Lyon II (que nous voyions au CN mais qui jusque l ne nous parlait pas) que jĠai aussitt appel. LĠaffaire a t rgle trs vite et trs cordialement. Il mĠa dit que Lyon nĠavait rien contre une prise de position contre les rformes en gnral et la semestrialisation en particulier, et mĠa promis des candidatures de Lyon II et Lyon I (pas dĠlus UNEF Lyon III). Il a t assez surpris que je suggrasse que celle de Lyon II ft Ccile Pitu, et mĠa appris quĠelle avait chang depuis lĠautomne.
JĠai aussi eu au tlphone Sbastien Lantenois, dĠOrlans, membre du BN, qui sĠtait abstenu au CN. Vraisemblablement, cĠest lui qui a pris lĠinitiative dĠappeler notre local. Il approuvait chaleureusement ce que nous faisions, souhaitait notre succs, nous promettait la plupart des voix dĠOrlans, mais ne pouvait pas nous donner sa candidature cause de sa position dans lĠUEC. Je pouvais le comprendre, mais a ne mĠarrangeait pas du tout. JĠai insist en lui disant que nous serions certainement une prs. Il a fini par me dire Ç Je vais te mettre en contact avec le plus sectaire dĠentre nous È.
JĠai appel Hlne Galmiche, de Nice, dont jĠavais gard le portable depuis le mouvement contre Attali. Elle tait de tout cÏur avec nous, mais ne pouvait sĠengager cause de son organisation politique. Elle, cĠtait la LCR.
JĠai parl avec deux camarades de Rennes, Yann Renault et un Arnaud dont je nĠai pas retenu le nom, totalement surpris et dsespr par la trahison de la direction nationale, ravis de ce que nous faisions, mais qui mĠont dit quĠil nĠy avait plus dĠlus UNEF Rennes.
Nous avons t appels par David Dumas, de Montpellier Sciences, qui mĠa propos sa candidature. CĠtait une grande et belle nouvelle, mais qui ne nous apportait rien pour lĠinstant puisque nous avions dj un lu du SEUL. JĠai donc expliqu David, aprs lĠavoir remerci, que si jĠavais seulement 24 heures devant moi, jĠaurais entrepris de convaincre le SEUL, qui aurait certainement accept de lui laisser la place, car lĠUNEF Sciences avait beaucoup plus de poids, mais que l nous nĠavions pas le temps. JĠai eu lĠimpression quĠil comprenait.
Je nĠai pas de souvenir prcis dĠun contact avec Bordeaux ce jour l. Il y en a certainement eu, soit par moi, soit par un autre camarade. Leur position tait claire : ils rprouvaient la liste avec lĠU-ID, mais estimaient ne pouvoir sĠengager avec nous avant dĠen avoir dlibr, soit beaucoup trop tard. Ce nĠtait pas une surprise pour nous, et nous avons dit comprendre leur position, pour prserver lĠavenir (ce fut dĠailleurs vain), mais cĠtait bien dommage, puisquĠils avaient des lus dans les quatre universits bordelaises et auraient pu rsoudre, dĠun coup, tous nos problmes.
JĠavais aussi essay de recruter, par un mail envoy ds le vendredi 2 au soir[34], parmi les lus de lĠcole normale qui, par une trange aberration (dont je nĠaurais pas song me plaindre si a avait march) taient lecteurs et ligibles au CNESER, que je connaissais de nom au moins parce quĠil avaient t impliqus dans la lutte contre un machin visant dtruire le concours (qui parat aujourdĠhui ridicule, vu ce quĠil a subi depuis) nomm ENS Europe, lutte dĠailleurs victorieuse, pour une fois, pas pour longtemps. JĠai eu au tlphone (je ne me rappelle plus quand) un nomm Charles Gurin, qui mĠavait assez somptueusement lch les bottes alors, qui jĠai surtout parl, bien sr, de rformes, qui mĠa rpondu quĠil tait tout fait dĠaccord, mais ne pouvait sĠengager sur notre liste, puisquĠil tait peu prs adhrent FO, et ne pouvait donc se prsenter pour une autre organisation. tant prt toutes les bassesses pour complter notre liste, je ne lui ai pas dit ce que je pensais exactement de FO, mais lui ai signal, ce qui dĠailleurs tait vrai, quĠil sĠagissait ici dĠune lection tudiante, o FO, syndicat enseignant, nĠavait pas la moindre part, et que ce nĠtait donc pas une raison de nous refuser sa candidature. Il a demand rflchir, Je nĠen ai plus eu de nouvelles. Quand jĠai eu la rponse de Dborah Cohen, par mail le lundi midi, qui me disait quĠelle comprenait bien ma position, lĠapprouvait entirement mais, tant syndique FO ne pouvait participer la liste , jĠai compris quĠil sĠagissait dĠun coup (ni le premier, ni le dernier) de Ludovic Hetzel, la pire ordure (jĠen ai connu, pourtant, des ordures) que jĠaie jamais connue, manifestement favorable la Ç runification È, comme il seyait une ordure[35].
Ct Solidarit tudiante, ce fut un dsastre. JĠesprais encore quĠils marcheraient avec nous en constatant que notre coup tait srieux. Point du tout. JĠai appris par Dominique Buttay quĠils taient injoignables cet aprs-midi, car en manif (une manif Limoges, dont je nĠai jamais su quel tait lĠobjet). JĠai dit Dominique quĠon voyait bien les syndicalistes Ç de lutte È, qui savaient mpriser les contingences lectorales pour aller manifester pour on ne savait pas quoi au juste.
Il y eut une exception, Pau, dans des circonstances compliques que je ne parviens pas me rappeler exactement. Apparemment, Dominique Buttay avait russi avoir Vincent Labatut au tlphone et le convaincre. Ne recevant pas lĠacte, nous avons fini par apprendre quĠil lĠavait fax SUD parce quĠil croyait que nous marchions ensemble. Il a t question des moyens de le rcuprer. Finalement, il nous a t fax, et interdiction a t faite SUD dĠutiliser celui quĠil avait reu. Notre communiqu du soir mentionne le soutien de lĠUSEP SE, et leur candidat est sur la liste dfinitive pour laquelle nous avons vote malgr sa non validation. Mais je retrouve un communiqu dat du mardi 6 19 heures, en Sorbonne, envoy de chez moi 23, dont jĠavais oubli lĠexistence qui dment le prcdent[36]. Pour que je publiasse a, qui nous ridiculisait, il fallait que les cloches eussent sonn trs fort. Je me rappelais pourtant avoir, lors dĠune conversation tlphonique tenue en dbut de soire au local, convaincu de haute lutte Vincent, en lui promettant, si la liste tait valide, un vingt-deuxime de la subvention, ce qui nĠtait pas prvu du tout, et nĠa pas plu au SEUL qui comme nous, mais encore plus que nous, pensait que lĠargent ne devait pas tre partag mais servir faire vivre une organisation nationale (Je mĠen suis tir en invoquant la ncessit, et en soulignant quĠil en resterait 95%). Il faut croire que cĠtait mercredi 7.
Nous avions donc, avant le dmenti palois, atteint vingt-deux promesses de candidatures, les dix-sept du dimanche soir, les trois de Lyon, celle dĠOrlans, celle de Pau. Malheureusement, Ç le plus sectaire È des Orlanais tait en vire la campagne, injoignable, et Sbastien ne pouvait dcidment nous en donner un autre. De mme, le seul lu de Lyon I, Cdric Udra, nĠa pu tre touch temps, et nous nĠavons eu son acte que mardi matin. LĠacte de Pau a t galement fax trop tard. Le mystrieux Messin a envoy le sien temps, dix-sept heures, mais par mail, et nous ne lĠavons pas rcupr avant le soir (a nĠaurait dĠailleurs rien chang) parce que nous avions alors autre chose faire que traverser la rue.
En effet, cĠest peu prs cette heure l, alors que nous cherchions dsesprment o trouver des candidats pour remplacer au moins le Lyonnais et lĠOrlanais manquant, que le ciel nous est tomb sur la tte. Nous avons appris, sans doute par le SEUL (ils nĠont mme pas eu la dcence de nous appeler) que les Caennais avaient repris dans notre dos les ngociations avec SUD et accept la premire supplance pour Olivier Ruet, avec un accord sur le partage du fric. Olivier comptait sur nous pour remettre SUD les actes de candidature que nous avions reus, dont le sien. Je crois que cĠest Philippe qui a demand si nous pouvions accepter a. Nous avons hurl en chÏur, Sancia, Sophie, Jihad et moi Ç Jamais ! È, sa grande satisfaction.
Il nĠtait ds lors plus question de chercher des candidatures, mais dĠavoir rapidement une explication avec Olivier Ruet. JĠappelle donc le local de Caen. Je trouve dans mon mail confidentiel du soir que je lĠai eu 17h15 aprs avoir d essayer pendant plus dĠune heure. Nous nĠavions alors que quelques minutes si nous voulions tre au CNESER dix-huit heures. Je tombe sur Fabien Guillot, que je nĠavais pas vu depuis un an (il avait lu au BN par le congrs de Pantin, mais avait rapidement disparu), qui jĠessaie dĠexpliquer que le but de lĠopration est de continuer lĠUNEF, pas de servir de suppltifs SUD, et qui me rpond en ricanant Ç Mais lĠUNEF est morte, Emmanuel ! È et enchane sur la reprise de tous ses discours de lĠanne prcdente. Je dois supplier pour obtenir quĠil me passe Olivier. Celui-ci se retranche derrire la dcision dmocratique prise, contre son avis, par une runion de lĠUNEF Caen midi. Nous lĠentendrons souvent par la suite, celle-l : la dmocratie consiste ce quĠune demi douzaine de Bas-Normands dcident pour toute la France. Comme je nĠarrive rien, Philippe me prend lĠappareil et pose le problme urgent : nous avions sollicit et obtenu des actes pour une liste de rassemblement syndical autour des AGE de lĠUNEF refusant sa liquidation, mene par lui. Il nous tait donc absolument impossible de les donner, sans lĠaccord de nos mandants, pour une liste SUD. Bien videmment, sĠil nous le demandait, nous remettrions, notre grand regret, son acte aux sudistes, mais celui-l seulement (Je ne sais plus sĠil a t ncessaire de prciser o nous prfrions nous mettre les actes de Paris IV et Paris I plutt que les donner aux salopards, ou si cĠest all de soi). Olivier lui a rpondu quĠil ne voulait pas aller seul chez SUD, et donc restait avec nous. Affaire rgle, mais plus aucune chance de complter la liste.
Nous partons en catastrophe prendre le mtro pour le XVe, Sancia, Jihad, Philippe et moi (Sophie sĠtait apparemment rappel quĠelle tait agrgative), avec les dix-huit actes de candidature que nous avions, pour les dposer, symboliquement croyions nous, avant dix-huit heures. Le site de la RATP mĠapprend que le trajet dure une demi heure. Dans un communiqu ultrieur, je dis que nous sommes arrivs 17h55 et avons attendu les sudistes avec qui nous avions rendez-vous pour lĠentrevue de la dernire chance jusquĠ 17h59. Nous leur disons quĠOlivier nous a demand de ne donner son acte que pour la premire place. Ils refusent. LĠun dĠeux demande Ç QuĠest-ce quĠon fait, alors ? È Je rponds Ç Vous nous avez dit que vous aviez une liste complte. Dposez la È. Ils tournent les talons. Ils nous mentaient donc depuis le dbut en nous disant quĠils nĠavaient pas besoin de nous et ne nous accueilleraient que par pure bont.
Ils ont publi le lendemain 20h50 un communiqu odieux, o ils accusaient lĠUNEF Paris IV dĠavoir empch le dpt de la liste en retenant les actes de candidature, alors que tous les autres de ce quĠils appelaient Ç lĠoppo UNEF È taient dĠaccord. Dans lĠaprs-midi, jĠavais subi alors que jĠtais seul dans le local de la Sorbonne, lĠirruption de cinq nervis de SUD Paris I trs agressifs et pass un trs mauvais moment avant que lĠarrive dĠautres camarades permt de les mettre dehors. Je rponds point par point dans la nuit, en soulignant quĠaucun des camarades nous ayant confi leur acte ne nous a reproch de ne pas le leur avoir donn, et en concluant J'ajoute qu' titre personnel, au vu des mthodes employes par SUD avant pendant et aprs le dpt des listes, et aprs l'invasion de notre local par cinq nervis de SUD en dbut d'aprs-midi, je n'ai aucune raison de regretter de ne pas avoir accept de contribuer l'lection au CNESER d'un membre de cette organisation.
Nous avons constat quĠils ne dposaient pas de liste. Je me demande toujours si leur but tait vraiment dĠen dposer une, ou seulement de faire obstacle la ntre. Nous ne savions que trop quĠils avaient un accord au moins objectif, peut-tre pas seulement objectif, avec lĠU-ID, facilit par la prsence de la LCR dans les deux organisations : elle les lections, eux lĠagitation gauchiste strile, lĠUNEF tant donc leur ennemi commun. Dans cette perspective, leur opration CNESER ne se comprenait pas si elle avait pour but de disputer des voix lĠU-ID, et fort bien si elle avait pour but de tuer la ntre, but qui aurait t galement atteint si nous avions t assez stupides pour accepter ce quĠils nous proposaient.
Nous rentrons dix-huit heures tapantes. Je dis au Monsieur qui nous reoit que nous savons que la liste est incomplte mais voulons la dposer quand mme symboliquement (parole imprudente). CĠest Jihad Wachill qui signe pour nous quatre, et reoit rcpiss (apparemment, nos montres et celles de Monsieur Gudon n'taient pas synchronises, puisqu'il indique 17h55). Mais l, alors que nos ex amis, bientt ex camarades, nous battent froid, nous sommes abords par des gens charmants, qui ne sont pas de nos amis, puisquĠils sont de lĠUNI et de la FAGE, mais ont manifestement un attachement tout fait dsintress au respect des procdures dmocratiques, puisquĠils tiennent nous apprendre, ce que nous ignorions totalement, quĠil est possible de rectifier aprs coup une liste juge invalide. LĠespoir renat. Nous terminons au bistrot pour nous consoler et pour passer des coups de tlphone certains camarades, dont les Caennais, pour leur expliquer la situation.
Rentr chez moi, je rdige un communiqu que je publie
minuit et demi, sous triple signature UNEF Paris IV (AGEPS), UNEF Paris I, AGEE
UNEF (Evry), sur le forum, et la une du site web, en direct sans souci de
mise en page (image ci-contre)
Aujourd'hui, lundi 5 juin, 18 heures mandats par des lus tudiants
de toute la France, Sancia De Cooman, Jihad Wachill, Philippe Lieutaud et
Emmanuel Lyasse, responsables de nos syndicats, ont dpos au CNESER une liste
de dix-sept noms, de 18 lus tudiants
dans 18 tablissements diffrents [Un lapsus particulirement idiot.
Recomptage fait, le bon chiffre tait 18], intitule "Ensemble, pour une Universit
publique de qualit ouverte tous, liste de rassemblement syndical".
Cette liste, ne remplissant pas les conditions fixes par la loi, devrait tre invalides.
Nous tenterons nanmoins, en usant du droit de rectification prvu galement
par la loi, d'y ajouter les deux candidatures reues depuis, et les deux qui
devraient nous parvenir dans la journe de demain [de Lyon I et Orlans].
Cette liste, monte en 48 heures, est issue du refus par des
responsables de l'UNEF de la trahison ouverte par la direction issue du 79e
congrs (Pantin, avril 1999) du mandat reu par ce congrs et des prcdents,
qui l'a conduite s'engager sur la liste de l'UNEF-ID sur une ligne anti
syndicale. Ils ont pris l'initiative d'une liste de rassemblement syndical, qui
a trouv le soutien immdiat du SEUL, de l'Union Nationale des Etudiants du
Maroc, de l'USEP-SE (Pau), de responsables de l'AGET ASL (qui n'a pu se runir
temps pour se prononcer en tant que telle.) Elle a sa tte Olivier Ruet, de
l'UNEF Caen. Elle comprend des lus de Paris IV, Paris I, Evry Montpellier II,
Montpellier III, Rouen, Nantes, Lille I, Lille III, Lyon II, l'INSA Lyon,
Toulouse I, Dijon, Paris III, Paris XII, Besanon, et Arras. Les deux
candidatures parvenues aprs 18 h sont de Pau et de Metz. Parmi les candidats
figurent quatre membres du Bureau national de l'UNEF.
Pour la complter, il nous a manqu 24 heures. Elle n'en prouve pas
moins que c'est l'crasante majorit des AGE de l'UNEF qui refuse la trahison
par une direction dsormais illgitime de tout ce qui a caractris l'UNEF
depuis le renouveau de 1971. Elle prouve aussi que sur cette base a t
possible un large rassemblement de toutes les forces vritablement syndicales,
sans volont hgmonique d'aucun ct. Nous dplorons que SUD tudiants ait
refus de s'associer ce rassemblement et ait tout fait, avec un succs
certain, pour le saboter, en allant jusqu' rpandre les mensonges les plus
odieux, et nous interrogeons sur les motivations relles de cette organisation
que nous ne pouvons dsormais qualifier de syndicale.
Si la liste tait finalement invalide, nous appellerions tous les lus
tudiants de France refuser de choisir entre quatre listes d'organisations
qui ont prouv leur absence de volont de dfendre les intrts des tudiants.
Quoi qu'il en soit, ce que nous avons russi en deux jours augure bien de ce
que nous pouvons faire en un mois, d'ici aux chanes d'inscription et durant la
prochaine anne universitaire, pour dvelopper un vritable syndicalisme
vritablement tudiant. Nous appelons tous les responsables, lus et militants
des AGE de l'UNEF refuser avec nous la liquidation de leur syndicat par une
soi-disant direction qui s'en est exclue d'elle-mme en trahissant tout ce qui
l'a fond.
Nous appelons tous les responsables, lus et militants d'autres
organisations syndicales, nous appelons tous les tudiants de France prendre
contact avec nous pour construire ensemble l'indispensable rassemblement
syndical pour une Universit publique de qualit ouverte tous, contre les
rformes qui vont dans un sens inverse.
Nous sommes l'UNEF.
L'UNEF vivra !
Je tape trs fort sur SUD, omets bien sr le dsaccord avec
Caen, oublie Solidarit tudiante, et affiche mon optimisme pour lĠavenir.
Mais, une heure et demie plus tard, jĠenvoie la liste ecra un message
intitul LĠenvers
du dcor
(message confidentiel, vous l'aurez compris)
Mes camarades,
Vous avez eu notre communiqu.
Vous savez tout, ou presque.
Nous avons tent un truc extraordinaire, et l'avons rat, de peu.
De quoi tre fier somme toute. Pas de cette bte fiert des vaincus qui
ont vocation l'tre toujours. Mais parce que cette dmarche, vaine
aujourd'hui, est porteuse d'avenir.
Ce que j'ai crit dans notre communiqu, je le pense.
Mais je n'ai pas tout dit.
Nous avons chou parce que nous avons manqu de temps, certes. Mais
mme dans ces conditions, nous aurions pu et d russir.
Si quelqu'un m'avait dit en mai 99, Limoges, quand nous envisagions
vaguement les possibilits d'une liste anti runification pour le CNESER 2000:
"Dans moins de treize mois, tu essaieras dsesprment de bricoler
une telle liste. Tu auras le soutien inconditionnel du SEUL. Tu recevras des
candidatures spontanes par mail. Tu rallieras l'UNEF Lyon en un coup de fil.
Mais tu te planteras parce que manqueront au dernier moment les rponses de
Limoges et du Mirail", ,je ne l'aurais pas cru. Et voil...
Certes, nous avons t victimes de salopards, dont la fin a prouv
qu'ils taient moins dtermins prsenter leur liste qu' faire chouer notre
dmarche de rassemblement. Mais il y a surtout l de quoi pleurer sur notre
propre navet, sur notre incapacit flagrante ragir des provocations
pourtant prvues et analyses de trs longue date.
Leurs propositions n'taient mme pas discutables, et n'auraient pas d
tre discutes, d'autant plus qu'ils n'ont cess de nous mentir. L'odieuse
Elise Allard a hurl dans mon tlphone dimanche matin que de toute faon leur
liste tait complte, et qu'ils nous faisaient une grande faveur en acceptant
de la rouvrir. Ce soir, nous avons dpos une liste incomplte, d'autant plus
incomplte que ce sont leurs mensonges qui ont empch la dclaration de Pau
d'arriver temps. Eux n'ont rien dpos du tout. Le dernier lu de la liste
U-ID/Marion Brun/ Lise Pastor leur devra beaucoup. Tout comme le 5e lu U-ID du
CROUS de Paris.
Pas de quoi tre surpris, direz-vous. Certes. Ce n'est pas a qui m'a
surpris.
Ce qui m'a surpris et navr, c'est de voir les camarades de Caen, au
moment o, Paris comme Montpellier, nous cherchions dsesprment des lus
pour complter la liste, et en
trouvions, mener des ngociations avec SUD hors des bases sur lesquelles nous
tions partis. Nous avions convenu sur le quai de la gare Nanterre de
participer une liste de rassemblement sur la ligne "nous continuons
l'UNEF". Olivier, avec une fermet impressionnante, avait dit qu'il en
prendrait la tte, ce que je ne pouvais qu'approuver avec enthousiasme. Aprs
avoir chou joindre Caen pendant prs d'une heure, au moment dcisif, j'ai
russi avoir leur local 17 h 15, et ai d couter pendant dix minutes les
sottises profres par un triple connard nomm Fabien Guillot, dont les mfaits
antrieurs sont connus, qui me hurlait que l'UNEF tait morte et qu'il tait
beau d'accepter une place de premier supplant pour que SUD triompht, avant de
pouvoir parler Olivier. Beaucoup
trop tard.
S'il n'y a pas ce soir de liste SUD avec suppltifs de l'UNEF dpose,
c'est du fait de Paris IV et Paris I. Nous n'avons pas jug utile de cder un
odieux chantage dans le seul but de faire lire un menteur contre d'autres
menteurs. Ma part dans cette dcision a t importante, et je l'assume. Mais les salopards ont rciproquement
russi tuer notre liste (ce qui ne pourra qu'amliorer leurs rapports dj
excellents avec l'U-ID). Cela n'est pas d leur force, mais notre
inqualifiable faiblesse.
Je ne doute pas que les camarades de Caen et de Limoges sauront
s'expliquer en reconnaissant d'ventuelles erreurs. Je suis peu prs sr de
commettre ici des erreurs aussi, que je saurais reconnatre demain, quand
j'aurai, enfin, dormi. J'espre de tout cour que nous travaillerons nouveau
et plus que jamais ensemble. Mais en cette nuit qui aurait pu tre celle d'une
victoire historique, je suis amer.
Pas une raison pour oublier que ce que nous avons fait est nanmoins
formidable et que la lutte continue.
Dans deux ans, le CNESER....
JĠaurais vraisemblablement crit a diffremment sans lĠeffet de la fatigue et, probablement, de la boisson. Mais je tenais crever lĠabcs immdiatement (ce ne fut pas un succs). Je suis incapable de dire si la restriction finale tait sincre ou hypocrite. Si elle tait sincre, jĠavais tort : relecture faite vingt ans aprs, je ne commettais aucune erreur (Sauf sur Fabien Guillot. Vous lirez mon autocritique plus bas). On voit aussi que je ne croyais alors pas du tout la possibilit dĠune validation de la liste (Mfiez vous de la premire impressionÉ) malgr ce que jĠen disais dans le communiqu officiel. Je nĠavais pas encore mis la main sur lĠarrt et le dcret sur ses lections, qui mĠont prouv quĠelle tait possible, et prouvent que le refus quĠon nous a oppos tait illgal.
Pour les trois semaines qui suivirent, il est impossible de poursuivre un expos chronologique, car nous avons lutt simultanment sur trois fronts distincts : pour faire valider la liste pour le CNESER, contre la direction nationale de lĠUNEF et ses rares soutiens, pour dfendre la lgitimit de notre dmarche et nier la leur, et enfin sur la question quĠil nĠaurait surtout pas fallu poser alors, qui a provoqu le dsastre final, celle de lĠavenir. Nous avions aussi, et de plus en plus, une quatrime proccupation, dont il ne sera pas question ici : la prparation de ce que nous appelions potiquement les chaines dĠinscription, soit les permanences pour sĠadresser aux nouveaux bacheliers venant sĠinscrire en juillet, pour faire connatre notre existence tous, et recueillir les dossiers de ceux qui on refusait lĠinscription pour les dfendre (nous appelions a SOS Inscriptions). Mes lecteurs pensent sans doute quĠil y a dans ce rcit beaucoup de bureaucratie, et bien peu de syndicalisme. CĠest en partie parce que juin tait la morte-saison, aprs les examens, avant les chanes. Le reste de lĠanne, mes proccupations taient sans doute principalement bureaucratiques, mais pas dans la mme proportion.
Nous verrons donc successivement ces trois fronts.
1- Dfendre la liste face au ministre
Je ne me rappelle plus quand et comment nous avons pu mettre la main sur les textes officiels (tait-ce par internet ? Pas sr quĠil sĠy soient trouvs. Peut-tre par nos nouveaux amis de lĠUNI) sur les modalits de lĠlection des reprsentants tudiants au CNESER, lĠarrt du 14 mars 2000 convoquant les lections, dont lĠarticle 4 disait Ç Les listes de candidats peuvent tre rectifies, dans les conditions prvues par le quatrime alina de l'article 6-1 du dcret du 2 janvier 1989 susvis, dans un dlai d'un jour franc compter de la notification de la demande de rectification È[37], lequel article 6-4 disait, dans la version alors en vigueur Ç Les listes de candidats doivent tre dposes auprs du ministre charg de l'enseignement suprieur au plus tard le vingtime jour avant l'ouverture du scrutin. Le ministre fait procder la vrification des conditions d'ligibilit des candidats et de la conformit des listes aux dispositions du prsent dcret. Il recueille l'avis de la commission nationale prvue l'article 6-3 et demande, le cas chant, la rectification des listes non conformes dans un dlai fix par arrt. A l'expiration de ce dlai, le ministre refuse, le cas chant, par une dcision motive prise aprs avis de la commission nationale, l'enregistrement des listes qui ne remplissent pas les conditions nonces ci-dessus È[38].
Nous avions de quoi tre surpris, puisque cette possibilit philanthropique de rectification nĠexistait pas pour les lections universitaires que nous connaissions bien (ni dĠailleurs, ma connaissance, pour aucune autre lection). Nous avons bien sr dcid de la saisir. Nous nous tions entre-temps rabibochs avec Olivier Ruet et les Caennais, en considrant de part et dĠautre apparemment que lĠincident SUD tait clos, non que nous nĠeussions pas envie dĠen faire des tripes leur mode, mais parce que nous tions dans le mme bateau sans possibilit alternative, et tions dĠaccord pour dfendre ensemble la liste (la suite montrera ce que valait cet accord).
Le mercredi 7 en fin dĠaprs-midi, nous avons donc envoy Sancia et Sophie porter au CNESER les quatre actes que nous avions reus lundi soir et dans la journe de mardi, de Metz, de Pau, dĠOrlans et de Lyon I, et la liste des candidats dans lĠordre. Surprise ! Jean-Franois Guedon, secrtaire gnral du CNESER, leur a dclar ne rien pouvoir accepter de notre liste. Comme elles lui demandaient des explications, il a invoqu un Ç ordre venu de trs-haut È. Il a galement refus de leur donner un crit attestant quĠelles sĠtaient prsentes en vain (mais leur a cependant dclar, sur question de leur part, que si lĠaffaire venait devant les tribunaux, il tmoignerait en bon citoyen. Nous verrons pourquoi elle nĠy est pas venue). Quand elles ont essay de laisser du moins lĠenveloppe lĠaccueil, on leur a rpondu quĠon nĠy acceptait jamais de courrier. Elles y avaient pourtant vu lĠinstant dposer un courrier, dont elles ont not quĠil tait adress Francine Demichel. JĠai envoy le soir un communiqu de presse intitul Une liste tudiante indsirable au CNESER ? , rapportant cela et concluant Ç Est-ce cela la dmocratie tudiante que l'institution du CNESER est cense promouvoir ? La reprsentante d'une liste rgulirement enregistre, venant dposer des rectifications dans les dlais lgaux refoule sans contestation aucune de ces deux points, mais par l'invocation d'un ordre mystrieux ? Nous savions que notre liste gnait. Nous venons de voir jusqu'o taient capables d'aller certains au moins de ceux qu'elle gne Nous sommes dcids utiliser tous les recours possibles contre cette dcision scandaleuse. Nous appelons les candidats sur les autres listes, toutes les organisations tudiantes, les syndicats de salaris, les parlementaires et les lus locaux, tous les tudiants de France, tous les citoyens attachs au respect par l'Etat des principes qu'il fixe lui-mme nous manifester leur soutien. È
JĠai ensuite envoy un message priv tous les camarades
impliqus dans notre liste, via une nouvelle adresse collective liste-cneser@unef.org sous le titre La bourgeoisie
viole sa propre lgalit[39]
Voil. Vous avez eu le communiqu, vous connaissez l'histoire. A chacun de ragir. Une liste utile journaux@unef.org, toutes les adresses que j'ai pu rcuprer ( placer en copie cache seulement, sinon a la grille) D'autre part, faites jouer toutes vos relations (presse, politique (dputs surtout), syndicats) Il y a l de quoi faire un norme scandale, mme sous le gouvernement rpressif de Jospinochet.
Je sous estimais le dit gouvernement, et son caractre rpressif. Ce communiqu envoy toutes les adresses de journaux que jĠavais pu rcuprer nĠa suscit, comme le prcdent, aucun intrt. La police tait bien faite.
Nous avons appris, sans doute par nos nouveaux amis de lĠUNI, que la
commission lectorale sĠtait runie le jeudi 8, et quĠon sĠy tait tonn de
notre absence, apparemment sans que personne prcist que nous nĠy avions pas
t invits. Le vendredi 9, nous sommes donc alls, Sylvestre Roth, de Paris I,
et moi, remettre au CNESER lĠenveloppe qui avait t refuse le mercredi,
accompagne dĠune lettre signe de Jihad, adresse Monsieur le Prsident de
la Commission nationale charge des lections tudiantes au CNESER, que nous
avions galement poste en recommand. Cette fois ci, lĠenveloppe a t
accepte. Nouveau communiqu de presse : La liste tudiante indsirable au CNESER s'obstine,
avec copie toutes les organisations prsentant des listes, lĠU-ID, la FAGE,
PDE et lĠUNI. Le texte de la lettre tait
Monsieur le Prsident,
Nous apprenons que la commission runie hier matin jeudi 8 juin s'est
tonne de l'absence de reprsentants de notre liste, et a constat qu'il lui
manquait le rcapitulatif des noms des candidats dans l'ordre prfrentiel.
Je tiens donc vous signaler par la prsente d'une part que nous
n'avons pas t prvenus de l'heure et du lieu de cette runion, d'autre part
que deux de nos camarades, Sancia De Cooman et Sophie Grosjean se sont
prsentes au CNESER mercredi en fin d'aprs-midi, porteuses d'une enveloppe
comprenant le rcapitulatif en question, ainsi que les quatre actes de
candidature qui nous manquaient lundi.. Monsieur Gudon leur a alors dclar ne
rien pouvoir recevoir de notre liste et, comme elles insistaient, a invoqu un
ordre venu "de trs haut" lui interdisant mme de leur remettre un crit
certifiant qu'elles s'taient prsentes devant lui porteuses d'une enveloppe.
Elles ont alors tent de dposer l'enveloppe l'accueil en l'adressant
Monsieur le Ministre, et se sont heurtes un nouveau refus.
Bien entendu, nous voulons rester persuads qu'il s'agit d'une
malheureuse erreur, laquelle pourrait nanmoins avoir des consquences graves
sur le droulement du processus lectoral.
L'article 4 de l'arrt du 14 mars 2000 (JO du 21 mars, p. 4362)
prvoit que les listes peuvent tre rectifies "dans un dlai d'un jour
franc compter de la notification de la demande de rectification". Ne
doutant pas de recevoir cette notification, nous l'anticipons en vous adressant
par ce courrier, que nous dposerons dans un instant au 61-65 rue Dutot, et dont
nous envoyons galement copie par recommand avec accus de rception, les
pices qui nous semblent manquantes.
Nous ne doutons pas que ce courrier sera reu et transmis la
commission. S'il ne l'tait pas, nous nous verrions obligs de saisir nos conseillers
pour envisager tous les recours et poursuites possibles, devant les
juridictions administratives et ventuellement, s'il se confirme qu'il y en a,
comme on nous l'a dit, possibilit, au pnal.
Convaincu que nous ne n'aurons pas besoin d'en arriver l et que les
lections des reprsentants tudiants au CNESER pourront se drouler
conformment la loi, je vous prie d'agrer, Monsieur le Prsident,
l'expression de ma haute considration.
Pour les candidats sur la liste de rassemblement syndical Ensemble, pour une Universit publique de
qualit ouverte tous.
Jihad Wachill, prsident de l'UNEF Paris I
Le lendemain, Ccile Cukierman a publi sur le forum un mail particulirement odieux intitul (curieusement) Elment de la commission lectorale (o elle sigeait, apparemment en tant quĠlue UNEF sortante), manifestement en rponse notre communiqu, o elle disait que notre liste nĠtait pas une liste (essai de surralisme), et soulignait lourdement que cĠtait lĠUNI qui nous avait dfendus. Je lui ai rpondu point par point, sous signature UNEF Paris IV, avec lĠappui le texte de lĠarrt quĠelle dformait scandaleusement, en concluant bien sr que je ne doutais pas que sa bonne foi et t abuse, et savais que nous pourrions compter sur son soutien lĠavenir, comme sur celui des reprsentants de toutes les listes concurrentes. Contrairement ce que disait Ccile, ce nĠtait pas seulement lĠUNI qui nous avait dfendus, mais tout le monde (FAGE et PDE, donc) sauf lĠU-ID et elle. Cela, nous lĠavons su, apparemment aprs, puisque ma rponse nĠen fait pas mentionÉ par lĠUNI.
Nous avons en effet reu dans notre local de la Sorbonne, sa demande, un responsable national de lĠUNI. Je ne me rappelle plus la date de cette rencontre, et nĠen ai aucune trace dans mes archives (cela fait aussi, encore plus dĠailleurs, partie des choses qui ne sĠcrivent pas). Je crois me rappeler quĠil sĠappelait Arnaud Legros (si je me trompe, toutes mes excuses celui-ci et celui-l). Il tait en tout cas trs sympathique. Nous avons voqu ensemble notre hostilit commune Maastrikt, et mme le pacte De Gaulle - Staline de dcembre 44 (aprs son dpart, cĠest un autre pacte, de quatre ans antrieur, que nous voquions). Il nous a donn beaucoup dĠinformations trs utiles sur la procdure, et sur la commission lectorale, nous a appris en particulier quĠune liste (dont je nĠai jamais rien su de plus) comportant seulement deux noms avait t, au contraire de la ntre, examine par la commission, et invite fournir les candidatures manquant dans le dlai dĠun jour franc aprs notification (ce quĠelle nĠa pas fait). Il est all jusquĠ nous demander si, au cas o lĠinvalidation de notre liste serait confirme, nous ne pourrions pas envisager de voter pour lĠUNI, puisque nous tions les uns et les autres contre Maastrikt. JĠai pris lĠair navr pour rpondre que non, quand mme, nous ne pouvions pas. a nĠtait pas dĠordre moral : jĠaurais, pour ma part, t fort capable de lĠenvisager, non cause de Maastrikt, mais pour nuire plus srement la liste de lĠEnnemi et des tratresses (vieux truc connu : quand on peut mettre deux coups, pourquoi nĠen mettre quĠun seul ?) si le vote avait t secret. Il ne lĠtait pas, de fait, puisquĠon dpouillait universit par universit, et que, si lĠUNI avait fait plus que les voix de ses lus Paris IV, tous les scrutateurs sĠen seraient aperu. JĠai pens aprs que jĠaurais d lui dire que cĠtait possible, si bien sr la profession de foi de la liste mentionnait cette opposition, et revendiquait la pendaison de tous ceux qui avaient vot oui, commencer par Chirac. Ce sont des choses auxquelles on ne pense jamais quĠaprs[40].
Nous avons galement parl dĠun sujet sur lequel lĠaccord entre nous tait beaucoup plus large encore que sur Maastrikt, lĠUNEF-ID, et en particulier de la rcente annulation des lections de 1998 au CNESER, suite une manÏuvre particulirement amusante de sa part. Les enveloppes pour le vote par correspondance taient envoyes aux lus par le ministre aux adresses fournies par leurs tablissements, mais ceux-ci avaient la possibilit, aprs publication des listes, de faire rectifier la leur sĠils en avaient chang. En 1998, 376 lus, rpartis sur toute la France, avaient ainsi fait savoir au ministre quĠils habitaient dsormais Paris, 46 rue Albert ThomasÉ le sige national de lĠU-ID. Celle-ci a soutenu, sans rire, quĠelle avait choisi de runir ses lus Paris pour quĠils votassent tous ensemble, afin de montrer leur belle unit. CĠtait videmment idiot : qui pouvait croire quĠon avait pay tant de trajets vers Paris, en pleines vacances, seulement pour un symbole, aussi beau soit il (et clandestin bien sr, puisque cette prtendue runion tait reste secrte jusquĠ ce quĠil y et contestation) ? Il tait vident que le but de la manÏuvre tait de runir non les lus, mais les enveloppes, et ainsi de voter leur place puisquĠil nĠy avait aucun contrle, sinon la signature sur lĠenveloppe (qui ne pouvait, lors du dpouillement, tre compare aucun modle). On comprenait fort bien son intrt quand on savait ce quĠtait lĠUNEF-ID, cĠest dire une quipe de professionnels des lections tournant en fonction du calendrier, peu prs dpourvue de structures locales : pour composer les listes, les professionnels prenaient peu prs nĠimporte qui, souvent en racontant nĠimporte quoi (Grand classique : Ç si tu ne nous donnes pas ta candidature, les fascistes risquent dĠtre seuls et de gagner tous les siges È. En gnral, bien sr, il nĠy avait pas de fascistes, ou qui nĠavaient aucune chance dĠavoir des lus). Bref, au moment du vote pour le CNESER (plusieurs mois, voire plus dĠune anne aprs), beaucoup de ces Ç lus È avaient totalement oubli, sĠils lĠavaient jamais su, quĠils lĠtaient, et risquaient fort de mettre lĠenveloppe la poubelle sans lĠouvrir, comme nĠimporte quelle publicitÉ ou comme les courriers de la fac propos du conseil dans lequel ils taient censs siger. Bien videmment, on ne voit pas pourquoi des Ç lus È qui risquaient de ne pas voter, faute dĠen avoir seulement lĠide, auraient eu celle de faire spontanment une demande de domiciliation rue Albert Thomas. LĠexplication tait assez vidente. Notre interlocuteur nous a dit savoir que, devant la condamnation de son opration de regroupement familial, lĠU-ID avait chang de mthode, et envoyait ses nervis rcuprer les enveloppes puisquĠelle ne pouvait plus se les faire envoyer directement par le ministre (Cette pratique semble, dĠaprs des aveux de repentis, sĠtre intensifie par la suite jusquĠ nos jours, jusquĠ devenir une des principales activits de ses cadres).
Il nous a fait aussi une proposition trs srieuse, puisquĠil sĠagissait dĠargent : lĠUNI tait prte, si lĠinvalidation de notre liste tait confirme, envoyer ses frais tous les lecteurs du CNESER (dont elle avait les adresses personnelles par des manÏuvres douteuses, comme dĠailleurs les autres organisations) un courrier que nous cririons librement pour expliquer la situation et appeler ne pas voter pour la liste prtendument commune de lĠU-ID. Nous lui avions rpondu que nous devions consulter nos camarades. Nous nĠavons consult quĠOlivier Ruet, qui a a fait si peur quĠil a t inutile de sĠadresser aux autres. JĠtais naturellement partisan dĠaccepter, en observant que de toute faon lĠEnnemi nous accuserait dĠtre financs par lĠUNI (a nĠa pas rat) et quĠil tait donc bien bte, ne pouvant chapper aux inconvnients, de se priver des avantages. Je crois que cĠest un peu plus tard que jĠai dit que mme si, en aot 39 (toujours la pactomanie) nous nĠavions pas ajout de protocole secret sur le partage de la Pologne, on nous aurait accuss de lĠavoir fait. Quand notre interlocuteur mĠa relanc par tlphone ce sujet, je nĠai pu que bafouiller lamentablement. Il a eu lĠair du. Je crois quĠil nous a pris pour des pitres. La suite a montr quel point il avait raison.
Nous avons appris, toujours par lĠUNI bien sr, que la seconde runion de la commission lectorale aurait lieu le mercredi 14, dix heures. Olivier Ruet, venu spcialement Paris pour a, et Sancia De Cooman, porteurs de notre bulletin de vote (ci-contre) ont essay dĠy entrer, pendant que nous les attendions dehors. Nous nĠavons pas eu attendre longtemps : on leur a refus lĠentre, et, comme le 7, on a refus de leur remettre un document attestant quĠils avaient essay dĠentrer. Nouveau communiqu de presse, avec cette fois ci appel tous les parlementaires[41]. Je lĠenvoie en copie toutes les adresses pches sur le site de lĠAssemble nationale. Nous nĠavons eu aucune rponse[42], et toujours aucune de la presse, hors un contact, notre initiative, qui fut instructif.
Olivier Ruet connaissait Emmanuel Davidenkoff, alors Libration, rencontr lĠoccasion dĠune campagne de lĠUNEF Caen pour exiger des transformations permettant aux aveugles et mal-voyants dĠassister au cours. JĠtais sceptique, car sĠil tait naturel que Lib sĠintresst aux droits des aveugles, il lĠtait moins quĠelle prt partie pour nous contre le gouvernement et lĠU-ID, dĠautant moins que ce journaliste dfendait fanatiquement les rformes que nous combattions, mais a ne cotait rien dĠessayer. Ë ma grande surprise, le premier contact fut cordial. Il tait trs intress, scandalis par ce quĠon nous faisait. Il mĠa mme dit quĠil y en avait marre du monopole de lĠUNEF-ID. Je lui ai donc envoy tout le dossier par mail (ce qui me donne la date de la conversation : le 14 juin). Fin de la bonne surprise au bout de quelques heures seulement : Davidenkoff me rappelle, manifestement embt, pour me dire que le ministre, interrog par lui, lui rpondu que notre liste nĠtant pas une liste (deuxime attestation de ce qui tait en train de devenir le mensonge officiel) le refus de nous donner le droit de la rectifier tait parfaitement lgitime, et que dans ces conditions il ne pouvait pas faire dĠarticle. Je lui ai demand sĠil trouvait surprenant que le ministre ne reconnt pas spontanment quĠil agissait illgalement, et me suis tonn de la conception quĠil manifestait de son mtier de journaliste. Il mĠa rpondu fermement quĠil nĠavait pas prendre parti entre le ministre et nous. Je lĠa reconnu volontiers, mais ai observ quĠil pourrait, par exemple, prsenter impartialement les deux points de vue. Il mĠa fait une rponse tout fait patante : il nĠtait pas journaliste politique mais Ç socit È. La police tait dcidment bien faite. Nous nous sommes quitts gentiment. Il mĠa mme souhait bonne chance. (Je ne me souviens plus quel moment de cette conversation je lui ai dit quĠon nous avait donn le lundi 5 un rcpiss. Il mĠa dit alors Ç SĠil y a dessus le mot liste, vous gagnez È. Je lĠai laiss pour appeler Jihad, qui lĠavait reu et conserv, et mĠa confirm que le mot y tait. JĠai rappel Davidenkoff. Mais a ne lui semblait plus suffisant).
Sancia a voulu appeler le Canard enchan. L, pas de surprise. Elle a eu un gars qui elle a racont lĠhistoire, qui a dit quĠil transmettrait. Aucune suite bien sr.
JĠavais publi dans la journe, ou le lendemain, sur le site unef.org, une version ordonne de lĠensemble du dossier. Elle y est toujours, telle quelle[43] (celles des annexes qui nĠtaient quĠannonces parce quĠil fallait scanner les documents sont toujours absentes), avec seulement une ligne rajoute un peu plus tard, laquelle je viens.
Il ne nous restait donc plus quĠ attaquer en justice, non que nous eussions beaucoup dĠillusions, mais parce que nous avions menac de le faire. Ce fut logiquement Jihad Wachill, notre juriste, qui sĠen chargea. Il trouva pour ce faire une amie avocate (je ne me rappelle plus si cĠtait bnvolement, ou prix dĠami) qui lui donna les formules pour attaquer en rfr, la premire chose faire bien sr, vue lĠurgence, pour obtenir la suspension du vote par correspondance.
Voici le texte de la demande, dpose le 20 juin, que jĠai
immdiatement publie sur le forum sous la signature de Jihad :
Jihad Wachill, 1 rue Lefbvre 75015 Paris, agissant en tant que
dposant de la liste Ensemble pour une Universit publique de qualit ouverte
tous pour l'lection des reprsentants tudiants au CNESER. Monsieur le
Prsident du Tribunal de grande Instance de Paris
objet: demande de
rfr d'heure en heure pour voie de fait.
Monsieur le Prsident,
Je vous cris par la prsente pour une requte en rfr d'heure en
heure, tant donne la situation d'urgence, pour voie de fait l'encontre de
Monsieur le Ministre de l'Enseignement suprieur et de la Recherche,
responsable des actes de ses subordonns exercs dans le cadre de leur
fonction.
En effet, certains de ceux-ci ont agi de manire grossirement
irrgulire, commettant des actes insusceptibles de se rattacher l'exercice
d'un pouvoir de l'administration
Le secrtaire gnral du CNESER, Monsieur Jean-Franois Guedon, aprs
avoir reu la liste Ensemble pour une Universit publique de qualit ouverte
tous, et m'en avoir donn rcpiss le lundi 5 juin, a refus de recevoir nos
reprsentantes venues lui remettre les pices qui semblaient suffisantes sa
validation, sans nier la possibilit prvue par les textes d'exercer un droit
de rectification, mais en voquant des "ordres venus de trs haut".
Il a refus de leur remettre un document attestant qu'elles s'tait prsentes
lui en vain.
Le personnel de l'accueil du CNESER a refus immdiatement aprs de
recevoir les mmes documents sous enveloppe adresse Monsieur le Ministre, et
refus de donner nos reprsentantes un document attestant leur demande et
leur refus.
La Commission nationale consultative sur les lections du CNESER semble
avoir refus par deux fois d'examiner la conformit de notre liste, et ne nous
a en tout cas fait parvenir aucune notification, ce sujet, en contradiction
flagrante avec l'article 4 de l'arrt du 14 mars 2000 fixant les modalits
d'lections au CNESER.
Ces actes portent atteinte une libert fondamentale, le droit
d'ligibilit qu'avaient souhait exercer activement les candidats de notre
liste en se prsentant, dans les conditions prvues pour ce faire.
De plus, ces faits perturbent l'exercice du droit de vote des lecteurs
ces lections en restreignant arbitrairement leurs possibilits d'expression,
situation qui doit tre rpare.
Enfin, ces dcisions sont, sans aucun doute possible, discriminatoires,
compares au traitement dont ont bnfici les autres listes, et donc
contraires au principe d'galit. La commission nationale semble en particulier
avoir accept lors de sa runion du jeudi 8 juin, d'enregistrer sous rserve
qu'elle soit complte une liste ne comportant que deux noms.
Nous avions dpos le lundi 5 une liste de 18 noms, o manquait l'ordre
des candidats et quatre actes de candidatures. Malgr l'absence de notification
de non-conformit, qui laisse courir le dlai d'exercice de notre droit
rectification de la liste dpose, a t, aprs le refus dj cit de Monsieur
Gudon, adress par courrier recommand avec accus de rception au prsident
de la commission, reu par lui le mardi 13 juin. Nous n'avons ce jour reu
aucune rponse, alors que le processus lectoral est commenc.
Le ministre semble prtendre que ce n'est pas une liste que nous avons
dpose, en contradiction avec le rcpiss qui m'a t remis par Monsieur
Guedon le lundi 5 juin. Surtout, rien dans l'arrt dj cit ne permet de
dnier la qualit de liste des documents dposs au lieu prvu dans le dlai
prvu.
Pour ces motifs, constatant la voie de fait (atteinte une libert
fondamentale et actes manifestement insusceptibles de se rattacher un pouvoir
de l'administration), nous vous prions d'ordonner l'interruption des oprations
de vote en cours pour l'lection des reprsentants tudiants au CNESER, le
report de ces lections dans l'attente d'une dcision sur le fond,, le
versement d'astreintes significatives en cas de continuation du processus
lectoral et la mise sous squestre des bulletins de vote retourns par voie
postale si le ministre persistait jusqu' la date prvue de clture du
scrutin.
Le lendemain, 21, nous avions lĠordonnance nous autorisant assigner Jack Lang pour le 22 seize heures (communiqu sur le forum 10h30). L se posa un problme imprvu : lĠassignation devait lui tre remise par un huissier, notre initiative (et nos frais) avant 21 heures, et nous avons dcouvert que ces choses l ne poussaient pas sur les arbres. Pas moyen dĠen trouver un disponible. Nous avons donc d (aprs avoir pris la prcaution de trouver pralablement lĠhuissier) demander une nouvelle date, quĠon nous a donne presque immdiatement, mais pour le mardi suivant, 27 juin (communiqu sur le forum 17 heures).
Nous attendmes donc, en nous disant quĠavec un juge unique, il y avait une petite chance que a marcht, mme si le plus probable tait quĠil gobt le grossier mensonge officiel contre notre juste cause. Le juge nĠa pas gob, mais a nĠa pas march : il sĠest, courageusement, dclar incomptent. Aprs vingt ans, cette dcision me parat toujours, si elle nĠest que trop comprhensible politiquement, juridiquement aberrante. Nous tions dans le cas typique pour lequel on a invent les rfrs, et les juges de ceux-ci. Il y avait videmment urgence, puisquĠun processus lectoral tait commenc, que nous disions entach dĠirrgularit. LĠaffaire tait trs claire : nous produisions un rcpiss attestant que nous avions dpos une liste dans les dlais requis, citions lĠarrt qui donnait un droit de rectification aprs notification quiconque avait dpos une telle liste, si elle tait juge invalide, constations que nous nĠavions reu aucune notification (ce point nĠa jamais t contest) et que le processus lectoral avait commenc sans nous ; en face, le ministre soutenait, contre toute vrit, que puisquĠil ne sĠagissait pas dĠune liste, faute de rcapitulatif, nous nĠavions aucun droit rectification. Le juge pouvait donc choisir, souverainement puisque telle est la loi, entre la vrit, qui aurait donc entrain le report de lĠlection, et provoqu le scandale que nous essayions de susciter depuis le 7, et le mensonge manifeste. Il nĠa apparemment pas os assumer le mensonge, mais pas non plus choisir la vrit, et toutes ses consquences.
Nous aurions d bien sr attaquer ensuite au fond, devant les juges administratifs sur la validit de lĠlection, et au pnal sur ce quĠon nous avait fait. Il nĠy avait bien sr pas grand-chose en attendre : nous avons parl de lĠannulation des lections prcdentes pour fraude massive de lĠUNEF-ID ; il ne vous aura pas chapp quĠelle avait t prononce prcisment lĠchance du mandat, ce qui la rendait sans effet concret, de telle sorte quĠil tait difficile de ne pas croire que les juges bourgeois nĠavaient pas voulu nier une fraude vidente, mais avaient soigneusement attendu la fin du mandat pour la constater. Une annulation de cette sorte tait ce que nous pouvions esprer de mieux. Nous nĠaurions pas moins d poursuivre, si nous avions voulu montrer de quel bois nous nous chauffions. Mais les vnements que nous allons incessamment voir nous en ont empchs, puisque le collectif qui avait des raisons lgitimes de se plaindre nĠexistait plus.
Il nĠa pas t question de cette absence de jugement sur le forum, et je nĠen ai aucune trace dans mes mails privs non plus. CĠest que nous tions alors, comme on va le voir, occups dĠautres choses, puis que le rsultat nous a conduit oublier cela.
Les candidats sur notre liste ont reu bien tard, pendant lĠt (JĠai conserv un mail de Guirec du 8 aot, Ç Au fait, je viens de recevoir par lettre recommande avec AR un courrier de A.PERITAZ expliquant que ma candidature pour les lections n'avait pu tre prise en compte car elle n'tait pas jointe en annexe une liste, et que conformment l'article 3 de l'arrt du 14 mars 2000 cette candidature ne pouvait donner lieu aucune rgularisation au del du lundi 5 juin 2000, 18 heure, date limite de dpts des listes de candidats. È. JĠai aussi un mail de Wilfried du 9 aot mĠindiquant quĠil avait reu le mme), un courrier du ministre expliquant, que leur candidature nĠtait pas recevable car elle nĠtait pas dĠune liste. Il aurait videmment fallu attaquer ce courrier devant les juridictions thoriquement (ceci vue lĠexprience prcdente) comptentes. Nous nĠen avions plus les moyens, ni la volont.
Comme lĠaffaire nĠest jamais venue devant les tribunaux au fond, nous nĠavons jamais pu solliciter le tmoignage promis Sancia et Sophie par Jean-Franois Guedon, et savoir qui tait ce Ç Trs-Haut È qui lui avait ordonn de ne rien recevoir de nous. On ne peut quĠmettre des hypothses. Une telle altitude semble indiquer quĠil sĠagissait au moins du ministre, en tout cas de son cabinet que dans ce monde l on lui assimile volontiers. Il faut rendre cette justice Jack Lang quĠil nĠa jamais rien compris au syndicalisme tudiant, ni essay de faire semblant. Y avait-il son cabinet quelquĠun pour faire a sa place ? CĠest possible. On ne peut viter de se rappeler aussi quĠil avait un ministre dlgu tout fait autre chose, qui a depuis acquis une notorit relative, un nomm Mlenchon, qui avait t de la maison dĠen face, et sĠil nĠavait plus de lien direct avec elle, en avait un trs fort avec son camarade de courant Julien Dray, alors son vritable patron. Il est galement possible que Ç Trs-Haut È ait t plus haut encore, Matignon (Si un lecteur ne voit pas le rapport entre Jospin et lĠUNEF-ID, quĠil nous crive).
Entre-temps, le rsultat des lections avait t publi. La liste de lĠUNEF-ID et des tratresses obtenait 684 voix, soit moins que le nombre des lus revendiqus par la seule UNEF-ID (715 selon le rapport de Ccile au CN du 3 juin). Il tait clair quĠil y avait eu fort peu dĠlus de lĠUNEF pour voter pour a, ce qui confirmait tout ce que nous avions dit sur lĠimposture de la Ç runification È. Les voix manquantes de lĠU-ID sĠexpliquaient aisment, ce qui confirmait ce que nous avons dit plus haut sur lĠannulation de lĠlection de 1998, et justifiait en un sens le coup de la domiciliation rue Albert Thomas : certains de leurs lus taient si bidon quĠils nĠavaient mme pas lĠide de renvoyer le courrier officiel. Nous nĠavons pas eu de dcompte par universit. Il nĠexistait pas officiellement, mais comme on lĠa dit, on dpouillait ainsi. DĠhabitude, lĠUNEF-ID le publiait officieusement : elle ne lĠa pas fait cette anne. Personne de ceux qui taient prsents au dpouillement ne sĠest souci de nous faire savoir combien de nos bulletins taient apparus. La liste U-ID et compagnie a obtenu cinq lus (autant que les sortants de lĠU-ID) sur onze, alors que les deux UNEF avaient toujours eu jusque l la majorit. LĠlu perdu est all lĠUNI, ce qui tait, somme toute, moral.
2- Dfendre lĠUNEF contre les liquidateurs
Paralllement ce combat juridique honteusement truqu, nous en menions un autre pour dfendre la lgitimit de notre dmarche lĠintrieur de lĠUNEF. Le forum du site unef.org a t, en lĠabsence de runion nationale jusquĠau 28 juin, le seul thtre public des affrontements, ce qui a montr quel point lĠide quĠavait eue Guirec de le crer un an plus tt tait gniale.
Quelques prcisions techniques semblent sĠimposer. Il sĠagissait dĠun service offert par altern, alors notre hbergeur. CĠtait une liste dĠadresse lectroniques : tous les messages envoys lĠadresse discussions@unef.org parvenaient tous ceux qui sĠy taient inscrits (ou que nous avions inscrits) avec le prfixe [discussions]. Les messages taient aussi lisibles sur le site unef.org, sur une pages dĠarchives qui tait en fait une page mail dĠaltern, pourvue par une adresse archives-discussions ajoute la liste. Nous avons, manuellement, mesure que les messages sĠaccumulaient, cr plusieurs pages dĠarchives, en modifiant lĠadresse sur la liste. Vous pouvez voir aujourdĠhui ces pages dĠarchives sur le site unef.org. Si vous les trouvez moches (Il y a en particulier un problme sur les caractres accentus dans les titres. Manifestement, il y avait dans lĠaffaire une machine angle ou saxonne qui ne voulait pas les reconnatre, et mettait des abominations la place), sachez quĠelles sont le rsultat dĠun bricolage ultrieur, et quĠelles lĠtaient encore plus alors. Nous nĠen avons malheureusement pas conserv de copie.
SĠest pos rapidement le problme de la censure, dite Ç modration È. Au tout dbut du forum, il nĠy en avait pas du tout, un moment o presque personne ne lisait ce que fort peu de gens crivaient. Quelques messages regrettables, genre provocation de fascistes assums, nous avaient conduits mettre en place un systme o les messages des abonns passaient automatiquement, les autres taient soumis lĠautorisation de deux Ç modrateurs È dsigns dmocratiquement par Guirec, lui et moi bien sr. LĠinscription sur la liste tait aussi soumise notre autorisation, ce qui ne servait pas grand-chose puisque la plupart des noms ou pseudos des candidats ne nous disaient rien (mais permettait cependant dĠempcher les indsirables de se rinscrire avec la mme adresse aprs avoir t exclus). Au dbut des hostilits, je tenais maintenir le systme de libert totale de publication pour les inscrits, avec lĠargument que tous ceux qui taient concerns avaient le droit de sĠexprimer comme ils le souhaitaient (ce qui nĠa pas empch beaucoup de gens nĠayant aucune envie de sĠexprimer sur le forum de rpandre quĠon ne les y voyait pas parce quĠils taient censurs). LĠide tait quĠil y avait des gentils, nous et les ntres, quĠil fallait laisser parler (Il tait aussi bien pratique, quand certains allaient jusquĠaux insultes, de rpondre aux vertus indignes que nous nĠy pouvions rien, puisque nous nous refusions censurer), et des mchants qui, nĠayant aucun argument valable, nous serviraient en le montrant (beaucoup en taient malheureusement conscients). Il a vite fallu constater que ce plan ne valait rien, parce quĠil y avait des tireurs dans le dos qui prtendaient sĠexprimer au nom de certaines de nos AGE (un des premiers censurs a t Hugues Lvcot, dĠEvry, sur dcision de Guirec qui ne voulait voir quĠune seule tte), et surtout parce que certains ont commenc poser la question viter de lĠavenir (on en parlera en troisime partie). Dans un premier temps, nous avons maintenu le systme en virant de la liste quiconque publiait un message indsirable, ce qui tait doublement mauvais : dĠune part, a nous privait de lecteurs, et parfois de contributeurs utiles sur dĠautres sujets, dĠautre part nous ne pouvions intervenir que quand le mal tait fait. Nous avons fini par adopter ( la fin de lĠt) le seul systme raisonnable : libert dĠinscription la liste, censure pralable de tous les messages.
Les messages sont sur le site. Il est donc inutile de les reprendre ici. Ils ne manquent pas dĠintrt, mais sont impossibles rsumer ou analyser dans un espace raisonnable
Cas particulier, le forum a reu, ds lundi 5 au soir, des prises de position officielles dĠAGE (nous les avons regroupes sur une page du site unef.org, o elles sont toujours), de la FAEB de Bordeaux (bureau le 5 juin, assemble gnrale le 20), de lĠUNEF Arras (AG le 5), de lĠUGED de Dijon (AG le 6), de lĠAGEUR de Rennes (bureau le 6), de lĠUNEF Caen (AG le 7), de lĠUGEM de Montpellier (bureau le 7), de lĠUNEF Lyon (collectif de ville le 9), du CEN de Nantes (AG le 19) et enfin de lĠUNEF Paris VIII (collectif le 21), la seule approuver le processus engag. Toutes les autres le condamnent fermement, exigent en gnral la dmission du BN, parfois un congrs extraordinaire, soutiennent parfois explicitement notre liste, lĠexception de Bordeaux qui prend une position trs balance, dplorant la liste avec lĠU-ID, rejetant le processus de Ç runification È, mais ne voulant pas non plus de notre liste et rservant sa position pour lĠavenir[44]. Ni Orlans, ni Clermont, ni Orsay ne se sont exprimes.
Pour le reste, le dbat a t limit quelques personnes. Comme on lĠa dj vu, lĠusage dĠinternet tait alors trs peu rpandu. Je nĠai jamais su qui nous lisait exactement (mme si jĠai pu mesurer que nous avions un impact certain), ni, parmi les camarades inscrits sur la liste qui ne sĠexprimaient pas ou trs peu quels taient ceux qui ne souhaitaient pas le faire, quels taient ceux qui avaient une adresse mais non les moyens de la consulter rgulirement. Le seul thtre public tait donc, de fait, trs peu reprsentatif, mme si la plupart des intervenants prtendaient parler au nom de beaucoup dĠautres, parfois raison.
De notre ct, il y a eu quelques interventions de Gatan Alibert, de Montpellier, de Jean-Franois Mazert, de Lyon, un peu plus de Nicolas Pailleux, de Guirec aussi (qui, prudent, prfrait me laisser faire), mais trois intervenants principaux, presque exclusifs sur la fin, Nathan Balsan-Duverneuil, du SEUL, Manuel Canvet, de Nantes, et moi-mme. Comme cela ne faisait pas beaucoup, jĠai essay de varier mes signatures, en mĠappelant UNEF Paris IV quand il sĠagissait de choses pouvant engager lĠAGE, Webmestre quand il sĠagissait du site et du forum, et en prenant une adresse spciale, dj cite, pour les communiqus officiels. JĠai aussi cr, avec leur accord, deux adresses @unef.org pour Jihad et Sancia, qui nĠavaient aucun accs internet, pour y publier certaines choses leur demande, dĠautres mon initiative avec leur autorisation, parfois sans quand je trouvais a urgent.
En face, un seul membre de la direction nationale de lĠUNEF sĠest impliqu, Stphane Paturey ( part une tentative particulirement ridicule de Rmi Lacapre), qui a tent de dfendre ce qui tait indfendable, que la dcision du CN tait lgitime, et quĠil ne sĠagissait pas du tout dĠune liquidation de lĠUNEF dans lĠU-ID, alors quĠil nĠavait manifestement pas les capacits pour ce faire. Il en a pris plein la tte, ce qui est un peu injuste : il a pay pour tous les autres, qui nĠont mme pas essay. Ccile Cukierman nĠest intervenue que sur la question de la validit de notre liste, comme on lĠa vu. Tous les autres ont t trs discrets, pas pour des raisons techniques, Internet fonctionnant trs bien rue Pailleron (cĠtait la seule chose qui y fonctionnt), mais apparemment parce quĠils avaient compris (ou quĠon leur avait fait comprendre) quĠil vaut mieux, quand on nĠa aucun argument, se taire. Le seul soutien de Stphane a t un nomm Laurent Mly, trsorier de lĠAGE dĠOrsay, tout fait grotesque.
Le dbat aurait pu tourner court ( notre grand regret, car nous pensions y avoir intrt), si nĠtaient pas venus des soutiens tout fait inattendus la direction. Ce fut dĠabord le mystrieux Redstar, se prsentant dsormais comme Ç rseau È et utilisant la premire personne du pluriel, qui, surprise, employait dsormais la mthode baveuse dont il usait nagure contre Karine Delpas et son quipe pour dfendre leur dcision de liquider (ce qui expliquait bien des choses) et nous accuser de nombreuses turpitudes. JĠai rpondu fermement point par point, et Ç Redstar È nĠest plus revenu (Il est peu prs certain quĠil a continu baver ailleurs, en vitant soigneusement mon adresse et celles des camarades qui mĠauraient transmis ses crachats). Lionel Benharous, ancien prsident de lĠUNEF Paris IV (jusquĠen 1997) et membre du BN (jusquĠen 1998) est intervenu pour prcher lĠunit, le seul qui lĠait fait avec intelligence, et courtoisie. Je lui ai rpondu avec la mme courtoisie pour conclure quĠil devrait tre de notre ct. Il nĠa pas insist. En revanche, nous avons assist un dchainement de Raphal Aulas, ancien secrtaire national dont il a dj t question, sans intelligence ni courtoisie, pour insulter tout le monde, moi particulirement, et dfendre le Ç processus È en prtendant quĠil ne sĠagissait pas du tout de runification. CĠtait, comme dans la phase prcdente, quand il bavait sur Karine, le ton, la ligne et les arguments de Ç Redstar È la syntaxe en moins (Raphal nĠtait donc pas lĠanonyme, mais un de ses laquais).
LĠUNEF-ID ne sĠest absolument pas mle nos dbats. Alors que nos contradicteurs nous disaient quĠil ne sĠagissait pas du tout de runification, mais de lĠamorce dĠun processus beaucoup plus large dĠunit du mouvement tudiant, dans lequel rien nĠtait jou (en ayant commenc par la renonciation unilatrale lĠlu UNEF au CNESER, il fallait avoir un culot dĠacier ou tre trs con. Je suis incapable, aujourdĠhui encore, de dire qui avait un culot dĠacier), elle affichait paisiblement, dans la presse bourgeoise et sur son site web (avec la une un logo anim o le leur et le ntre se rapprochaient pour fusionner, avec la conclusion ÇÊUne seule UNEF, la grande UNEFÊÈ)
que la Ç runification È tait faite[45]. Il y eut une seule exception, dans son Ç opposition È, la LCR (son blase alors tait TUD, mais commenait dj devenir Tous ensemble). Est arrive sur le forum, le 14 en soire, une Ç contribution de camarades de lĠUNEF Paris X È, signe bizarrement Julien Dutripon (secrtaire lĠorganisation de lĠunef Paris X), Marie Quinot (membre du Bureau dĠAGE de lĠunef Paris X) et Gal Quirante, sans attribution (le bizarre tait quĠil nĠy et pas de prsident dĠAGE, et que le Chef ft sans attribution) qui se consacrait dnigrer lĠUNEF (en la limitant sa direction nationale) pour laisser entendre quĠil tait donc trs chouette dĠaller dans lĠU-ID, sans en dire du bien cependant, mais parce que lĠunit cĠtait beau. Ce mail avait la particularit dĠtre envoy par Karel Yon, le chef LCR dans lĠU-ID, ce que jĠai fait remarquer immdiatement, en signant Ç Sancia È pour changer, et parce que a convenait mieux un tonnement naf, sous le titre Le monde est tout petit Ç Signalons tous les gentils militants de l'UNEF lecteurs de l'intressante contribution de "camarades de l'UNEF Paris X" que Karel Yon, sous l'adresse de qui le mail est envoy au forum, est membre du BN de l'U-ID au titre de la TUD. En somme, c'est l'U-ID qui veut se runifier avec l'U-ID... Instructif È. Karel a rpondu Ç Sancia È en lui disant que voil, il y avait beaucoup dĠtudiants pauvres qui nĠavaient pas Internet, et quĠil avait fait preuve de charit en leur prtant son adresse, puis en recopiant un appel lĠunit syndicale datant de mars, pour lutter contre les rformes bien sr. JĠai ragi, sous mon nom cette fois ci, pour lui demander ce quĠil faisait quand il y avait deux listes pour le CNESER, une de lĠU-ID et de la direction de lĠUNEF (dont il pensait tant de mal) soutenant les rformes, une de rassemblement syndical sĠy opposant. JĠattends toujours sa rponse.
Il y avait aussi un Nantais nomm Vincent Charbonnier, qui publiait de trs longues tartines dans un jargon ayant fort peu voir avec la langue franaise (il parat quĠil a fait depuis une belle carrire universitaire : il avait toutes les qualits pour cela) dont il semblait ressortir que nous tions tout trs mchants, et que lĠunit cĠtait beau. Nous avons pris renseignements auprs de Manuel Canvet, dont nous avons tir que cĠtait un garon qui avait quitt lĠU-ID au moment du congrs de Clermont de 1993, qui aspirait paradoxalement y retourner, tait seul de son espce dans le CEN, bref, un pitre inoffensif. La suite des vnements fait douter de son caractre isol et inoffensif, non du reste.
Si la direction nationale de lĠUNEF sĠexprimait peu en public, elle tait trs active en coulisses. Aucun de ses membres ne sĠest adress moi pendant ces semaines : jĠtais devenu, dfinitivement, infrquentable. En revanche, Philippe Lieutaud et Manuel Canvet, sans doute galement Olivier Ruet, ont eu des coups de tlphone pour leur parler apaisement, baisse de la tension, ncessit de sĠentendre entre gens raisonnables (pas comme moi). Nous nĠavons gure eu le temps de nous rjouir de ces intentions irniques, car nous avons rapidement appris par des camarades quĠavec tous les autres que les ttes dĠaffiche, la mthode tait plutt lĠintimidation et le chantage lĠexclusion. Julien Giral, de Paris XII, a t ainsi averti quĠil serait chass de lĠUNEF et de son local de Crteil sĠil persistait. Guirec a t menac propos du site unef.org. A Lyon, la direction cherchait des adhrents dresser contre Sylvain Henry et Nicolas Pailleux. Gatan Alibert, de Montpellier, a galement t menac. Une affaire particulirement grotesque a t monte contre Jihad Wachill qui avait observ dans le dbat du CN que la pousse runificatrice revenait chaque printemps et sĠtait demand (cĠtait sa faon lui dĠtre subtil) si ce nĠtait pas hormonal. a a t transform en propos sexistes contre les filles du secrtariat (ces conneries commenaient alors seulement) justifiant une procdure dĠexclusion. Rmi Lacapre a fini par crire sur le forum Ç Les propos de Jihad lors du collectif national ; "peut-tre cette dcision soudaine est d au cycle hormonal des personnes qui ont rencontr les autres organisations" ne peuvent tre banalis. NON Jihad, les femmes peuvent prendre des dcisions importantes mme pendant leurs priodes de rgles, elles ont une me et mritent d'tre traites galit! La Direction du Medef n'aurait pas fait mieux pour argumenter qu'une femme ne peut pas tre un poste important d'une entreprise. Ce discours des plus ractionnaires doit s'arrter trs vite, avant que les drapages ne se gnralisent (homophobie, antismitisme peut-tre ?). C'est sur ce point qu'a t saisie la Commission de contrle de l'Unef. È De gros efforts ont t dploys pour convaincre les accusateurs que les hommes avaient aussi des hormones, en vain. Puis il nĠen a plus t question.
Je ne sais si ces manÏuvres dĠintimidation ont eu quelque succs. Fatalement, nous nĠavons eu connaissance que de celles dont les victimes nĠont pas t impressionnes. Le fait est que des camarades dĠabord trs excits contre la direction nationale ont soudain disparu de la circulation.
Nous avons eu aussi des indices dĠun mouvement dĠvacuation sanitaire de cadres communistes opposs la Ç runification È vers des responsabilits dans lĠUEC, le Parti, ou vers des municipalits.
Sur ce front l, du moins, tout allait bien pour nous. Il tait clair que la direction nationale nĠavait que lĠintimidation pour dfendre une dcision indfendable, quĠune nette majorit des AGE tait de notre ct, que quelques-unes hsitaient, mais quĠaucune hors Paris VIII nĠapprouvait la liquidation. Nous nĠaurions pas les millions du CNESER mais pouvions, pour la premire fois, esprer raisonnablement tre majoritaires un collectif national, la quasi unanimit des AGE, si toutes envoyaient des dlgations compltes, pouvant compenser le poids du secrtariat et de ce quĠil lui restait du bureau national. En gardant notre cohsion, et en vitant tout excs gauchiste, nous pouvions rcuprer la quasi totalit de ce quĠil y avait de syndical dans lĠUNEF pour reconstruire une Union nationale.
Nous nĠavons pas gard notre cohsion, du fait dĠexcs gauchistes.
3- Defendre notre unit contre la division
Les ennuis ont commenc ds le mardi 6 juin, avec
lĠapparition sur le forum dĠun message de Guillaume Cav, de Nantes (o il
tait lĠternel opposant Manuel Canvet) qui disait tout ce quĠil ne fallait
pas dire, et lanait, pour la premire fois, le nom de Fdration Syndicale
tudiante.
A tous les aveugles qui s'attachent au nom et la structure de l'unef, je demande d'aprs eux comment va s'appeler la grande organisation qui va sortir de cette belle runification? L'Unef! Vous voulez garder cela, il ne vous reste plus qu' fonder l'Union Nantaise (ou Noyote) des Etudiantes Frivoles. Trve de baliverne, le nom importe peu, ce qui compte vritablement c'est le syndicalisme que nous dfendons, que nous faisons chaque jour dans nos villes respectives. Vous voulez dsesprment un nom, Fdration (ou Union) Syndicale Etudiante. L'Unef est morte, dfinitivement, profitons en pour achever les mthodes qui l'on amene l ou elle est. Le renouveau de 1971 est le moment de la mise en place de ces pratiques, je trouve plus que douteux de vouloir s'y rfr. Oui, c'est bien une rvolution. Tout va trs vite, et personne ne peut dire de quoi demain sera fait. Moi, j'espre que demain ne sera pas sous l'ombre de l'Unef, car on n'aura vraiment fait une rvolution, un grand tour sur nous mme. Guillaume du Collectif des Etudiants de Nantes (la suite je ne sais plus)
Une telle position nĠtait pas surprenante de la part de Guillaume, qui avait t partisan de la scission dĠavec lĠUNEF aprs le congrs de Pantin, avait fond (presque seul) le CEN PSL (Pour un Syndicalisme de Lutte) lĠautomne, et tait revenu au CEN UNEF la queue entre les jambes aprs son chec. Elle tombait mal, puisquĠelle soulignait les contradictions que nous efforcions de taire en attendant de pouvoir les rsoudre, sĠen prenant mme mon slogan, pourtant inoffensif, du deuxime renouveau et, travers lui, notre ligne de dfense de lĠhritage de lĠUNEF. Il a reu le soutien immdiat et enthousiaste de Julien Chuzeville (que nous ne connaissions pas alors) du SEUL, avec un message intitul Crons la Fdration syndicale tudiante, puis de Gauthier Chomel, lĠun de nos deux jeunes interlocuteurs dans celui-ci. Ce nĠtait pas tout fait surprenant, puisque la ligne du SEUL avait toujours t dĠappeler ce quĠil nommait syndicats Ç de lutte È rompre avec lĠUNEF pour faire un syndicat national pur, mais nous croyions quĠelle avait chang avec les derniers vnements. Un coup de tlphone Nathan a permis apparemment de mettre fin au malentendu : il avertirait ceux de ses militants qui nĠtaient pas au courant du changement. Le mail de Julien tait pass. JĠai pu intercepter (avec lĠaccord de Nathan) celui de Gauthier, qui, nĠtant pas inscrit sur la liste, passait par la censure. Si Guillaume restait seul, il ne faisait que dsordre.
Mais les gros ennuis sont rapidement venus de Caen.
Guillaume Hdouin, le seul Caennais sĠexprimer rgulirement sur le forum, y
a publi ds le mercredi 7 au soir une Position de lĠUNEF Caen, tout fait correcte de notre point de
vue[46]
Entendu que les dcisions prises lors du collectif national de
l'UNEF du 3 juin 2000 n'ont pas t portes l'ordre du jour et que les
dlgus n'ont pu avoir de mandat clair de leurs AGE ; que le rsultat des
votes est contraire aux dcisions du 79ime Congrs de l'UNEF runi Pantin :
L'UNEF-Caen, runie en AG le 7 juin 2000, dcide de refuser
catgoriquement la dcision du collectif national du 3 juin 2000 concernant la
participation de l'UNEF une liste avec l'UNEF-id au CNESER, et le
processus de runification.
Elle propose aux Associations Gnrales d'tudiant-e-s qui
refusent-elles aussi cette dcision de se rencontrer le 17 et 18 juin pour
entamer une rflexion ainsi qu'une dmarche collective.
Nous ne voulons pas aujourd'hui que chacun dcide de quitter, ou de
rester, l'UNEF de manire isole. Nous refuserons dans tous les cas une
runification contre nature avec l'UNEF-id et nous quitterions l'UNEF le cas
chant.
UNEF-Caen, Le 7 juin 2000.
Mais avec un
Ç Post Scriptum È redoutable, malgr une heureuse restriction
: Nous organiserons au plus press la tenue de
cette rencontre, mais si d'autres AGE posent candidature, nous examinerions
ensemble la solution la plus mme d'tre satisfaisante
Encore plus inquitant, dans un message du lendemain, Guillaume prcisait que les dbats avaient t Ç houleux È, et que la motion publie la veille Ç tait oppose une proposition d'organisation ds la semaine prochaine d'une AG extraordinaire ayant pour ordre du jour le dpart dans les dlais les plus bref de l'UNEF. Ce texte a t repouss une voix prs en faveur de l'organisation d'une rencontre des AGE s'opposant la runification. È. La suite tait beaucoup mieux Ç L'ensemble de l'AGE de Caen est persuade que nous ne pourrons pas "refaire" l'UNEF l'heure actuelle. Mais nous ferons tout ce qui nous parat possible pour empcher que les AGE qui ne se reconnaissent pas dans le BN se dispersent "dans la nature" ou disparaissent par manque d'alternatives et d'avenir. Nous prfrons les actions collectives une logique "d'appel d'air". È, et pouvait nous rassurer. Pourtant, tout ce quĠils disaient ne pas vouloir sĠest produit, de leur fait, ce qui lui donne un caractre prophtique.
Une runion entre nous tait videmment ncessaire. La tenir Caen tait absurde gographiquement, car on pouvait difficilement imaginer plus excentr. CĠtait aussi toxique politiquement, dĠune part parce que cĠtait lĠAGE la plus marque comme oppositionnelle, ce qui nĠtait pas un tort en soi mais pouvait rebuter certaines vocations rcentes, dĠautre part, surtout, en raison de son instabilit manifeste, que le vote une voix prs illustrait.
JĠai immdiatement rpondu Guillaume que nous prfrerions la faire en Sorbonne Ç plus central, plus symbolique È. Lyon avait dj propos dĠorganiser des Ç tats gnraux de lĠUNEF È, ce qui tait peine moins bien gographiquement, et beaucoup mieux politiquement. Manuel Canvet, pour Nantes, trouvait quĠil fallait faire a plus tard, sans proposer de lieu (mais ne voulait manifestement pas de Caen non plus). Nous nĠavons eu aucune rponse, mais, ds le vendredi 9, une invitation unilatrale pour la runion Caen, avec un ordre du jour non discut entre nous. Nous tions mis devant un fait accompli, et nĠavions dĠautre choix que cder, ou rompre avec eux, ce qui ne paraissait certes pas opportun. JĠai rpondu (le 13) Nicolas Pailleux qui voulait relancer la proposition lyonnaise Ç Ces temps-ci, chacun semble d'humeur convoquer une grande runion unitaire chez lui: a va faire beaucoup de grandes runions. Caen a pris une initiative en postant des convocs pour le week-end prochain sans crier gare. Ce n'tait peut-tre pas la meilleure mthode, mais il me semble difficile de ne pas rpondre l'invitation. È.
Je voulais rester optimiste, puisque les Caennais affirmaient quĠils ne prendraient pas de dcision unilatrale, et que jĠtais certain quĠil nĠy aurait pas de majorit parmi nous pour annoncer la sortie de lĠUNEF et la cration dĠune nouvelle organisation. Je me trompais.
Il faut ici expliquer lĠenjeu. La rupture immdiate avec lĠUNEF pour crer une FSE quelconque tait videmment une sottise qui nĠaurait jamais d tre envisage dans ce contexte o cĠtait la quasi totalit de lĠUNEF qui sĠopposait la trahison de la direction, o il sĠagissait donc de maintenir la cohsion de cet ensemble sur ce point (ce qui aurait d tre facile) et de lui en donner une suffisante sur les autres pour assurer sa survie (ce qui nĠallait certes pas de soi). Rompre officiellement avec lĠUNEF pour crer un nouveau truc sur la ligne qui tait jusque l celle des AGE oppositionnelles, cĠtait se couper de toutes les autres qui nĠen taient pas, quĠon ramenait la situation de guerre froide qui avait exist depuis le congrs de Pantin. Prcisment, les tenants de cette position taient rests bloqus sur ce congrs. La question de la scission de lĠUNEF tait alors une question srieuse, tant toute discussion y tait impossible. a avait t le choix, nous lĠavons vu, de Limoges, du Mirail et de Pau, qui faisaient de fortes pressions, fortement appuyes par le SEUL, pour que dĠautres AGE suivissent. Partout ailleurs, les amateurs de scission se sont heurts des gens vieux et se pensant raisonnables, qui, ne pouvant nier quĠil nĠy et alors plus rien faire dans lĠUNEF, les ont convaincus par la persuasion quand cĠtait possible, par le fer et par le feu dfaut, quĠil nĠy avait pas non plus de perspective crdible dehors, et que la sagesse tait dĠattendre les vnements. Ceux-ci venaient de leur donner raison spectaculairement, puisque la dsertion unilatrale de la direction de lĠUNEF rendait dsormais possible la discussion entre toutes les AGE. La ligne Ç Ils sĠen vont. Nous restons È tait incontestablement la seule efficace pour permettre de mener cette discussion sur lĠorganisation que nous voulions, et arriver une position acceptable par tous contre la politique anti tudiante du gouvernement. Le SEUL, via Nathan, disait lĠavoir compris (je reviendrai sur ce point). DĠautres ont t incapables de le comprendre, les battus du dbat prcdent, qui sĠtaient totalement dsintresss depuis un an de lĠUNEF, nationalement en tout cas (localement, je ne peux savoir ce quĠil en est), nĠy revenaient que parce quĠils ne voyaient dans les vnements qui changeaient tout que lĠoccasion de prendre leur revanche.
Nous avons dj parl de Guillaume Cav. Ë Caen, le dbat sur la scission post congrs avait t trs rude (A la runion Ensemble contre les rformes Allgre de Limoges en mai 99, il y avait autant de positions que de Caennais, presque toutes scissionistes) mais Olivier Ruet avait russi imposer le maintien dans lĠUNEF, et mme, pour enfoncer le clou, lĠabandon du nom ACE-UNEF (Association caennaise des tudiants) pour UNEF Caen. Il nĠest pas difficile de reconstituer ce qui sĠest pass le lundi 5 juin, et ensuite : alors quĠOlivier sĠtait engag avec nous pour une liste sur la ligne LĠUNEF continue, ses adversaires dĠalors, Fabien Guillot en tte, que nous croyions totalement disparu, lui sont tombs dessus pour lui imposer une ligne du genre Aidons joyeusement lĠUNEF-ID dtruire lĠUNEF, derrire SUD, puis une scission immdiate. Il est plus difficile de comprendre pourquoi Olivier nĠa pas eu cette fois ci la volont de leur rsister, lĠargument Ç CĠest la dmocratie È quĠil a parfois sorti tant de nature faire rire un chat, si ce chat a la moindre exprience du syndicalisme tudiant. Il est assez facile de comprendre, trs difficile dĠaccepter, quĠOlivier, au lieu de nous dire quĠil ne contrlait plus rien, se soit constamment pay notre tte, et ce, comme on va incessamment le voir, jusquĠ la fin du mois.
La runion de Caen a tourn au guet-apens. JĠignore encore quelle fut la part des intentions dlibres, de circonstances malheureuses, de la maladresse. Je ne pouvais y tre le samedi, parce que nous ftions les soixante-dix ans de mon pre, une grande fte comme ma mre aimait les organiser, avec toute la famille, chez moi, lĠautre bout de la France, plus exactement lĠhtel Le Fartoret loise qui appartenait un de nos cousins, et que je ne pouvais dcemment tre ailleurs (cĠest le jour o jĠai fait autre chose dont jĠai parl en introduction). Je vois en retrouvant un mail Manuel Canvet que je prvoyais dĠy tre le dimanche : je lĠavais oubli. Je ne me rappelle plus pourquoi Philippe, Jihad et Sylvestre nĠy taient pas non plus. Il nĠy avait personne de Paris XII. Pour les quatre AGE de la rgion parisienne, la dlgation se rduisait Sancia et Guirec, ce qui semblait tre suffisant. Manuel Canvet, qui commenait branler dans le manche (mais a, je ne lĠai compris quĠaprs) mĠavait dit par mail que cette runion ne lĠintressait pas (mail conclu par Ç frite bien du gauchiste È) ne venait pas, et nĠenvoyait personne de Nantes. Il y avait pour lĠAGEL de Lille son prsident, Gilles Andris, pour lĠUGEM de Montpellier Gatan Alibert, pour Lyon son tout nouveau prsident, Matthieu Piquemal, dont cĠtait la premire runion nationale, pour lĠUGED de Dijon Julien Zloch, pour Arras Mlanie Bourdrel, tout aussi inexpriments. Les organisateurs caennais avaient demand quĠil nĠy et pas plus de deux dlgus par AGE, prcaution manifestement inutile, vue la distance parcourir. Il nĠy avait personne de Rouen, pourtant proche.
JĠtais au bord de la piscine de lĠhtel, le samedi soir en fin dĠaprs-midi (si jĠavais vraiment eu lĠide dĠaller Caen le lendemain, jĠy avais en tout cas renonc) quand jĠai eu un appel sur mon portable de Guirec, qui mĠa appris quĠils taient en train de fonder la FSE, que tout le monde tait dĠaccord sauf Gilles, pour Lille, que Guillaume Cav, qui tait l, avait garanti que lĠAGE de Nantes le suivrait, que Sancia avait dit quĠ Paris IV tout le monde serait pour, sauf Philippe et moi. Je dois la vrit historique de dire que lui-mme nĠtait pas clair : il mĠappelait aussi pour me demander sĠil devait rserver le nom de domaine fse.org.
Je ne sais plus si ses explications mĠont suffit pour comprendre ce qui se passait, ou si je lĠai compris le lendemain seulement. Je le place ici quand mme. CĠtait trs simple. On sĠattendait ce que les Caennais, qui avaient demand deux dlgus par AGE, mandatassent deux des leurs pour parler en leur nom. Point du tout : ils taient tous l. Dans un mail ultrieur, je parle de sept, auxquels sĠajoutaient Guillaume Cav et un copain quĠil avait amen, qui ne reprsentaient pas le CEN de Nantes mais faisaient comme si. Il nĠtait donc pas tonnant que cette majorit crasante dans la salle et convaincu Gatan, dont cĠtait la pente naturelle, et les trois dlgus totalement inexpriments de Lyon, Dijon et Arras. Il tait en revanche scandaleux pour moi que Sancia saist lĠoccasion de nous faire un enfant dans le dos. Ce nĠtait certes pas le premier, plutt un des cadets (non le benjamin) dĠune nombreuse famille. Mais elle semblait avoir compris que a ne lui russissait pas, et paraissait, la veille encore, sre sur la ligne LĠUNEF continue.
JĠai dit Guirec ce que jĠen pensais, puis ai cherch une voiture pour redescendre Bellegarde, attrap le dernier TGV pour Paris (Je me rappelle vaguement avoir essay de passer des coups de tlphone du train, Matthieu sans doute, Mlanie peut-tre, voire Sancia, sans grand succs en tout cas), dormi dans ma piaule rue Pierre Nicole, et, le lendemain matin, pris Saint-Lazare le train pour Caen.
JĠai t accueilli lĠentre de la fac par deux camarades, Guillaume Hdouin, et un Nicolas dont je nĠai jamais su le nom (pas Gosselin, donc, lĠautre), trs cordiaux, souriants, mais un peu gns quand mme, qui mĠont conduit la salle de runion. Il devait alors tre assez tard dans la matine. Je suis incapable de reconstituer le droulement de cette journe. JĠai deux documents crits. Le premier est lĠAppel de Caen (jĠy viens). Le deuxime est un mail que jĠai envoy dimanche soir de ma piaule Manuel Canvet, avec copies Guirec, Nathan, Wilfried (de Toulouse) puis William Roger (de Lille) comme compte-rendu officieux et strictement confidentiel, peu sobrement intitul Enfer sans purgatoire, totalement ngatif o il est question dĠcarteler et de pendre. Avant de le citer, je dois prciser quĠil ne correspond pas mes vagues souvenirs sur un point : il me semble quĠil y a eu deux phases distinctes, la premire le matin, o il tait possible sinon de sĠentendre du moins de discuter gentiment, et de prsenter mon point de vue, et lĠaprs-midi, avec lĠarrive de Fabien Guillot (qui nĠtait manifestement pas de ceux qui se lvent tt) o a a tourn au massacre, avec la menace de coup de boule au final.
JĠai dfendu le maintien au moins provisoire dans lĠUNEF, avec les raisons que je viens dĠexposer. JĠai parl de la liste pour le CNESER, que tout le monde semblait avoir oublie, et de la ncessit de faire campagne pour elle (Elle nĠtait pas encore totalement invalide, puisque nous attendions le jugement. Nous avions dcid de diffuser quoi quĠil en ft notre bulletin de vote), de rdiger pour elle, ce que nous nĠavions pas encore trouv le temps de faire, ce quĠon appelle, curieusement, une Ç profession de foi È. L aussi, il y a un eu un avant et un aprs Fabien Guillot, lequel a entrepris de rdiger tout seul ladite profession, et sĠest arrt aprs trois lignes ridicules.
Je ne me rappelle plus du tout quand et comment on en est
arriv lĠAppel de Caen, la seule publication officielle de la runion, si
contradictoire avec son ambiance gnrale. Le voici, tel quĠil a t envoy au
forum sous le titre En
direct de Caen, par Guillaume Hdouin, ds 17h06 ce dimanche dĠaprs
lĠheure conserve par ma machine
Appel
Runis aujourd'hui, 18 juin 2000, Caen, dans un processus de
rflexion face aux changements radicaux en marche dans le paysage syndical
tudiant, nous tenons vous faire part de notre analyse et de nos ractions
face la situation actuelle.
Le 3 juin, le collectif national de l'UNEF runit Nanterre s'est
positionn pour une liste commune avec l'UNEF-id pour les lections au CNESER.
Cette proposition n'tait pas l'ordre du jour et il nous semble inacceptable
qu'une dcision aussi importante ait t impose par le secrtariat national
sans discussion pralable au sein des AGEs.
De mme, nous refusons le processus d'unification en marche qui ne
correspond en rien notre volont de pratiquer un syndicalisme unitaire. L
encore, la mise en route de ce processus nous a t impose par un secrtariat
national qui semble de plus en plus dconnect de la ralit militante de
l'UNEF.
En consquence, nous ne reconnaissons plus la lgitimit de la
direction nationale et surtout du secrtariat national dont nous exigeons la
dissolution.
Face une situation rellement critique, nous exigeons la tenue d'une
runion dcisionnelle de type collectif national avant l'chance des tables de
juillet pour une rorganisation complte de notre direction nationale et
l'laboration d'une orientation rellement syndicale.
Nous appelons donc toutes les AGEs militantes de l'UNEF envoyer, la
rencontre nationale des 28 et 29 juin, non seulement des dlgus mandats sur
ces questions mais aussi et massivement leurs militants qui doivent aujourd'hui
prendre toute la mesure de la situation nationale de notre organisation.
Ce faisant, toutes les AGEs de l'UNEF pourront affirmer leur existence
et leur refus d'un processus inacceptable en imposant que cette "rencontre
nationale" se constitue en collectif national, tenu en public, devant les
militants.
Nous appelons aussi toutes les AGEs rejoindre notre dmarche en
signant cet appel.
Paris I, Paris IV, Evry, Montpellier, Arras, UGE
Dijon
Post scriptum Pour tous problmes financiers, contactez nous, nous
pouvons vous aider.
Je lĠai dj dit plus haut : je nĠai aucun souvenir de la faon dont a t rdig cet appel, auquel jĠai en tout cas donn la signature de Paris IV avant de quitter Caen. Je ne lĠai videmment pas rdig : ce nĠest pas du tout mon style. Mais le fond correspond tout fait ma position alors. Cela demande quelques explications.
La direction nationale de lĠUNEF avait convoqu (par mail sign de Silvre Magnon envoy le 15 juin[47]) une runion nationale pour prparer les chanes dĠinscription laquelle pouvaient participer tous les adhrents pour les 28 et 29 juin Saint Denis, sans pouvoir de dcision. LĠide tait de la subvertir en y venant massivement, pour la transformer de force en un CN abolissant les dcisions du prcdent, et remplaant la direction faillie.
Ce nĠtait pas a priori une bonne ide. Il devait y avoir un CN la rentre, pour prparer le congrs de liquidation programm, o nous tions srs, si nous venions tous, dĠtre majoritaires. Il aurait donc t plus sage de lĠattendre. Si la direction ne lĠavait pas convoqu, nous aurions eu alors beaucoup plus de lgitimit le faire sa place, quĠ en constituer un de faon manifestement putschiste fin juin, ce qui risquait de rebuter certaines AGE qui taient contre la Ç runification È, mais nĠavaient pas encore tout compris. Je ne me rappelle plus si jĠai avanc ces arguments, ou jug que cĠtait inutile. Face lĠurgence de la menace de scission, il fallait agir vite, quitte casser un peu plus de vaisselle quĠil aurait t souhaitable.
Les camarades caennais, sĠils sĠengageaient venir en masse, prsentaient clairement a comme lĠopration de la dernire chance, dont lĠchec entrainerait leur retrait de lĠUNEF. Il fallait absolument viter la scission immdiate. Un putsch o nous proclamerions ce qui tait vrai, que nous tions lĠUNEF et laissions une direction faillie et illgitime aller lĠUNEF-ID tait la meilleure solution. Mais il y avait quelques raisons de douter de leur sincrit.
[Il y a dĠailleurs une bizarrerie dans la liste des signataires. Lille (Gilles tait parti le samedi soir) signera par mail plus tard. Matthieu nĠavait pas voulu engager Lyon, qui dcidera en assemble gnrale, le lundi 26, de signer. Nous aurons ensuite lĠaccord de Paris XII. La prsence de Paris I dans la premire liste me surprend, puisque je nĠai aucun souvenir quĠils aient t prsents (Avais-je un mandat explicite dĠeux ? LĠaurais-je usurp ? Ai-je oubli un dlgu ?). Mais Caen nĠapparat pas parmi les signataires de lĠappel du mme nom. Je lĠai signal dans un mail ultrieur, sans avoir de rponse. Oubli, ou aveu ?]
CĠest ce que jĠexprimais dans le mail confidentiel dj
voqu, dont voici le texte. Je dois prciser, en ces temps o personne ne veut
en gnral entendre ce que parler veut dire, que je le publie en tant que
document historique, que la faon dont je qualifiais certaines personnes, dans
un courrier alors strictement priv, ne mĠengage videmment pas aujourdĠhui, et
ne vise certes pas ce quĠelles sont ventuellement devenues depuis vingt ans
que je ne les ai pas rencontres, que les intentions meurtrires que je
manifestais sont clairement, quĠelles aient t ou non suivies dĠeffet,
prescrites.
Enfer sans
purgatoire
Ce fut pire que tout ce qui pouvait tre imagin.
Sept brutes bas-normandes
menes par le quintuple connard Fabien Guillot (Je tiens ici exprimer
une autocritique solennelle pour m'tre tromp et avoir tent d'induire en
erreur le proltariat mondial: Fabien Guillot n'est pas un triple connard)
appuy par le rpugnant Cav et l'odieuse Sancia De Cooman ont lanc par
acclamation la FSE, en prparant du matriel FSE pour les chanes (!).
En mme temps, on prvoit de tenter de renverser la direction de
Pailleron l'occasion de la rencontre nationale (cf appel que tu as d
recevoir). C'est contradictoire, d'autant plus que Caen annonce son intention
de voter en AG sa sortie de l'UNEF... le 28 au soir. En somme, pour eux, il
s'agit de se donner bonne conscience en faisant semblant d'agir dans l'UNEF
pour prouver que c'tait impossible.
J'ai tout essay, dramatis au maximum. Rien faire. Gatan dconne,
bien sr. Le Dijonnais et le Lyonnais, qui n'avaient pas les lments pour
juger, s'interrogent et attendent pour voir.
Pour l'instant, je pense qu'il faut calmer le jeu et tout jouer sur
l'opration des 28-29, ce qui enverrait la ridicule FSE dans les poubelles de
l'Histoire. Mais nous devons tre conscients que l'UNEF Caen est une branche
pourrie et Olivier Ruet un jean-foutre.
En prime, il parat que le rpugnant Cav a dit samedi qu'il allait
tre majoritaire votre AG de demain, et l'odieuse Sancia qu' Paris IV tout
le monde serait partant pour la FSE sauf deux (Philippe et moi). Je crois qu'il
ne serait pas excessif que nos deux AGE crivent Caen pour rappeler que le
travail en commun entre AGE exclut l'activit fractionnelle en direction des
AGE avec qui on travaille.
Enfin, je signale qu' la fin le quintuple connard m'a menac de coup
de boule. Le jean-foutre tait l, n'a rien dit, et quand je l'ai interpell,
m'a donn tort.
Mais tout ceci est top secret.
Rester calme. Manger des pommes...
PS: je compte sur vous pour carteler Cav et nous envoyer ce qui en
restera pour que nous nous en servions pour pendre Sancia.
PS2: Evidemment, il ne fut pas question des moyens de faire campagne
pour la liste, malgr mes demandes rptes. Le quintuple connard a simplement
fini par entreprendre de rdiger sa profession de foi. J'espre que les
reprsentants de la juste ligne proltarienne sur la liste sauront la rejeter
avec clat. Rester calme...
(NB: cela veut dire pas question de tirer les premiers sur le forum.
Pour le moment, on fait comme si cette dsastreuse runion n'avait pas exist)
Pour une fois, la consigne de silence jusquĠau 28 a t respecte. NĠest sorti en public de la runion de Caen que le fameux appel. Au collectif dĠAGE de Paris IV, nous nĠavons eu aucun mal montrer Sancia qui tait majoritaire (comme elle avait lĠair calme, nous ne lĠavons pas exclue, ce qui nous a cot cher dans la suite). LĠassemble gnrale de Nantes a t complique, et a regrettablement dbord sur le forum. Alors que Manuel avait rpondu mon mail quĠil allait anantir Guillaume, lequel nĠavait jamais su gagner un dbat, lĠaffaire sĠest joue entre eux par apparemment quatre voix contre trois, deux abstentions et un Ç NPPV È (chiffres donns par Guillaume, non dmentis par Manuel). Il est vrai quĠelle sĠtait joue de faon bizarre, puisque ce vote ne portait pas sur la FSE, mais sur lĠappel de Caen, auquel la (courte) majorit a oppos un autre texte (encore) beaucoup moins prcis, qui ne demandait que la dmission du BN (une vieille obsession nantaise) et sa rlection lors dĠun CN extraordinaire, alors que lĠappel constatait lĠillgitimit de la direction et prenait lĠinitiative du CN pour les 28 et 29. Nous avons voulu croire que cĠtait la mme chose, mais ne comprenions pas tout. La suite semble avoir donn lĠexplication.
JĠavais rdig et fait adopter par le collectif dĠAGE de
Paris IV du mardi 20 un projet de dclaration ayant pour but de prciser
lĠAppel de Caen, que jĠai envoy le soir mme sous signature UNEF Paris IV liste-cneser, avec copie Julien De
Benito de Bordeaux et Yann Renault de Rennes, prcd de cette introduction
Ci-dessous, texte adopt par le collectif d'AGE de Paris IV
l'instant. CONFIDENTIEL DEFENSE. Le but serait de le publier au dbut de la
rencontre du 28 juin avec le maximum d'AGE et de membres du BN signataires.
Envoyez-nous vos signatures et / ou vos remarques. PAS QUESTION QU'IL PARAISSE
AVANT. Nous souhaiterions organiser une rencontre prparatoire Paris le 27 au
soir [JĠai prcis trois jours plus tard que nous proposions 18h30 en
Sorbonne] pour
mettre la tactique au point (un reprsentant par dlgation seulement).
Le voici, avec quelques commentaires entre crochets :
Considrant que la dcision prise le 3 juin par le collectif national
d'engager l'UNEF dans un processus de soi disant runification avec l'UNEF-ID
commenant par la participation de trois membres du BN la liste de l'UNEF-ID
pour les lections du CNESER ne va dans le sens du rassemblement du
syndicalisme tudiant, mais de sa disparition,
Considrant qu'elle est contraire au vote du 79e congrs contre toute
forme de runification,
Considrant que la plate-forme de cette liste est en contradiction
flagrante avec les positions jusque l adoptes par l'UNEF, en particulier
celles du 79e congrs refusant le 3/5,8 (reprise dans son appel final
l'unit) et du 78e congrs condamnant la rforme Bayrou, [mme argument et
mmes omissions que dans les prcdents]
Constatant que cette dcision a t soumise un CN runi en priode
d'examens, o beaucoup d'AGE taient donc absentes, alors que 24 heures avant
sa runion il n'en avait jamais t question, et que la majorit ce CN a t
obtenue grce aux voix du secrtariat national, contre presque toutes les AGE
prsentes, [argument galement souvent utilis, strictement vrai celui-l]
Constatant qu'une trs large majorit des AGE de l'UNEF a dj condamn
cette dcision [pas de prcision de leur nombre, tant les formulations
variaient],
Constatant que dix-sept lus UNEF [Seize en fait, une erreur que
personne nĠa releve[48]]
ont particip
la constitution d'une liste de rassemblement syndical alternative celle de
l'UNEF-ID, et que cette liste a ce jour reu le soutien de douze AGE de
l'UNEF [voir liste plus bas], celui de l'AGET-ASL, partenaire de l'UNEF pour
les lections du CNOUS, de l'Union nationale des Etudiants du Maroc et du SEUL.
Dduisant logiquement des six points qui prcdent que la direction
nationale issue du 79e congrs a perdu toute lgitimit et doit tre remplace,
[La nouveaut, reprise de lĠAppel de Caen]
Les membres du Bureau National et les Associations Gnrales tudiantes
signataires du prsent texte appellent les participants la rencontre nationale
convoque par Silvre Magnon [Comme nous ne reconnaissions plus la
direction, il tait logique de faire comme sĠil agissait titre personnel] les 28 et 29
juin se constituer en Collectif National extraordinaire [LĠnormit, que
nous imposaient les circonstances] pour
– constater la nullit des dcisions prises Nanterre le 3 juin
– reconnatre la liste de rassemblement syndical Ensemble pour
une Universit publique de qualit ouverte tous comme celle de l'UNEF pour le
CNESER, soutenir les poursuites judiciaires engages contre son invalidation,
appeler tous les lus UNEF utiliser, malgr cette invalidation, son bulletin
de vote.
– lire une direction nationale provisoire pour coordonner l'action des AGE sur les chanes d'inscription et organiser l'automne un 80e congrs qui engage l'UNEF dans la voie de la rnovation et du rassemblement syndical. [La scission assume, logiquement dduite de tout ce qui prcdait]
Notons que dans ce mme mail, jĠajoutais : Enfin, nous recherchons actuellement activement les statuts de l'UNEF, cet objet si secret. Nous les avons demand la Prfecture, mais a peut prendre du temps. Donc, si vous les dtenez (les statuts, pas le rglement), signalez-vous vite, ce qui montre bien dans quel flou nous agissions. Nous nĠavons pu mettre la main dessus quĠ lĠautomne. Je renvoie sur ce point la rubrique Statuts du site unef.org, dj cite, qui publie les trois textes concurrents avec une note explicative.
Je nĠai conserv aucune rponse par mail cette proposition, et ne me rappelle plus dans quelle mesure on en a discut par tlphone. En tout cas, la runion prvue a eu lieu le 27 18h30, dans la cour devant notre local puisquĠil faisait beau et sĠest fort bien passe, puisque notre proposition de texte a t adopte sans problme, une ncessaire modification prs : comme il apparaissait que de nombreux membres provinciaux du BN censs nous soutenir ne pouvaient tre contacts, et quĠune liste presque uniquement parisienne aurait fait dsordre, nous nous en sommes tenus des signatures dĠAGE. Je ne saurais dire exactement qui tait l. On devrait logiquement pouvoir dduire le nombre des prsents de la liste des AGE signataires publie le lendemain soir, Arras, Caen, Dijon, vry, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes, Paris I, Paris IV, Paris XII, Rouen, mais il nĠest pas impossible que des signatures aient t donnes par tlphone, voire sur place le lendemain juste avant la lecture en sance.
Nous avions limit la runion un dlgu par AGE, pour viter de refaire le coup du guet-apens caennais (a aurait t cette fois au profit des Parisiens, mais nous serait certainement retomb sur le nez dĠune faon ou dĠune autre). JĠy tais, donc Philippe nĠy tait pas. Il y avait probablement Jihad (ou peut-tre Sylvestre) pour Paris I, certainement Guirec et Julien pour vry et Paris XII. Gilles devait tre l pour Lille, Matthieu pour Lyon, Mlanie pour Arras. Il y avait peut-tre un Dijonnais, sans doute un Nantais (Manuel, ou un de ses deux acolytes, Matthieu Lavois ou Romain Bessonnet ?). Je me rappelle fort bien quĠlise Lemercier reprsentait Rouen, dont cĠtait le grand retour. JĠai un gros doute sur la prsence de Caen.
Quoi quĠil en soit, lĠaccord a t total sur le texte, et sur la faon de sĠen servir : le lire en dbut de sance ds que nous pourrions avoir la parole, exiger un vote qui serait bien sr refus par la direction, discuter un peu dans lĠespoir dĠen convaincre dĠautres, puis quitter la salle et aller ailleurs nous proclamer CN extraordinaire. CĠtait la scission assume, mais se revendiquant ( juste titre) comme majoritaire et affirmant continuer lĠUNEF en prtendant que les scissionnistes taient les autres (ce qui ne serait faux que formellement). Vous savez, puisque vous connaissez dj la fin de cette triste histoire, que les choses ne se sont pas du tout passes comme cela.
Premire surprise, en arrivant Paris VIII pour la Ç runion convoque par Silvre Magnon È : alors que les Caennais sĠtaient engags solennellement, lors de la runion tenue chez eux, venir en masse jouer ce qui tait pour eux la dernire chance avant scission unilatrale, nous voyons venir Olivier Ruet, seul (CĠest pour a que je doute quĠil ait t la runion de la veille : il nĠaurait pu nous cacher ce coup l, quand mme), qui nous explique que ses aimables camarades nĠont finalement pas jug utile de se dplacer, et se runiront le soir mme en assemble gnrale pour dcider de leur avenir au vu des rsultats que nous aurons obtenus sans eux.
Pour Rouen, il nĠy avait pas lise, mais Leila Messaoudi, avec deux petits jeunes. Je ne sais plus si lise nous en avait prvenus la veille, ou si ce fut une autre surprise. Cela nĠavait en tout cas rien dĠinquitant a priori, notre exprience de lĠAGER nous conduisant croire que la parole dĠune valait pour tous.
Pour le reste, la mobilisation en masse de la province nĠtait videmment pas celle que nous rvions, nous nĠtions pas non plus trs nombreux de Paris (la date ne facilitait pas les choses), mais comme en face il nĠy avait, hors la direction nationale, ses suppltifs et la LCR, presque personne, le rapport des forces semblait en notre faveur.
Le plan a t appliqu. Aprs un rapport introductif de Karine dont personne nĠa rien retenu, certainement parce quĠil nĠy avait rien dedans[49], Jihad a lu notre dclaration. A suivi un dbat sans intrt, o nous rptions les mmes choses des gens qui, nĠayant manifestement rien dire, parlaient quand mme, dans lequel nous nous sommes enliss un moment avant de prendre la dcision qui sĠimposait, sortir.
Les reprsentants des douze AGE signataires de la dclaration se sont donc runis lĠextrieur. LĠair tait pur, la route large, et nous allions faire ce pour quoi nous tions venus. Surprise (la deuxime, donc, galement normande) : ds que nous parlons de nous constituer en CN extraordinaire, Leila hurle que nous nĠavons pas de lgitimit pour faire a. CĠtait tout fait vrai, et cĠest prcisment pour cela que cĠtait la chose ne pas dire, qui a suffit nous paralyser. Leila avait une grande autorit naturelle. Cela nĠen montrait pas moins la faiblesse de notre dtermination. Ë ce moment l, elle tait la seule de Rouen : jĠavais remarqu quĠelle avait, tout de suite aprs notre sortie, parl trs fermement ses petits jeunes, qui ne furent plus ensuite parmi nous.
Alors que nous flottions lamentablement, nous avons t rejoints par la LCR, son chef Gal Quirante en tte, venue nous expliquer combien il tait ncessaire de tous sĠunir contre les mchantes rformes du mchant gouvernement, et comme cette union avait pour pralable que nous adhrassions tous sans conditions une organisation qui les soutenait avec constance, dont la structure garantissait que nous y serions toujours minoritaires. Il y avait l de quoi nous rveiller. Malheureusement, chaque fois que lĠun dĠentre nous parlait de les mettre dehors (dedans, plutt, puisque nous tions dehors), Leila hurlait. Tout cela sĠest termin dans la plus grande confusion. Nous avons nanmoins pu convenir de nous retrouver en Sorbonne le lendemain pour tenter de recoller les morceaux. JĠai envoy dans la soire la dclaration au forum, sans commentaire bien sr.
LĠvnement de la nuit, que jĠappris le lendemain en arrivant le lendemain en Sorbonne, tait normand, mais nĠtait pas une surprise : les Caennais rests chez eux avaient vot leur sortie de lĠUNEF pour crer la FSE, lĠunanimit moins la voix dĠOlivier Ruet, qui participait lĠassemble gnrale par tlphone depuis lĠappartement de Philippe Lieutaud, qui lĠhbergeait. Olivier mĠa dit quĠil nĠavait rien pu faire, quĠil tait mme all jusquĠ leur mentir sur nos exploits de la veille, en vain. Il se confirmait que lĠ Ç Appel de Caen È tait un affreux mensonge. LĠambiance tait donc plutt fraiche ce jeudi 29 au matin au dbut de notre runion, dans un amphi (facile prendre en cette saison o il nĠy avait plus ni cours ni examen) Bachelard sauf erreur de ma part. Je suis incapable aujourdĠhui de dire qui tait l, hors ceux que je vais citer (Je retrouve dans un mail dĠinsultes adresss aux Nantais un an plus tard quĠil nĠy en avait pas).
Il nĠy eut pourtant pas de rglement de comptes sanglant, ce qui paraissait alors une bonne chose. Trs vite, se dessina un accord quasi gnral pour tourner la page de la scission avorte, et se consacrer prparer le congrs de lĠUNEF de lĠautomne, prvu par les autres pour la dissoudre et permettre la Ç runification È en dcembre, avec pour but dĠy tre majoritaires, et de rejeter la liquidation. CĠtait ce que voulait Leila, que soutenaient les Lillois toujours partisans de la lutte interne. Philippe et Jihad ne demandaient que a. De faon plus surprenante, Olivier Ruet tait aussi vigoureusement pour. JĠai t le dernier mĠy opposer, en soutenant que nous ne pouvions pas srieusement, aprs avoir dclar que nous ne reconnaissions pas la direction, revenir la queue entre les jambes pour reprendre le jeu habituel. JĠai fini par rappeler ce qui tait vrai, que jĠavais t dĠabord contre cette dclaration qui me semblait prmature, mĠtais ralli la position majoritaire, et me trouvais le seul la dfendre et demander quĠon ft preuve de cohrence, avant de cder puisque tous les autres taient dĠaccord. Nous dcidmes de nous constituer en tendance (dcision jamais suivie dĠeffet concret), ce qui plaisait naturellement aux trotskistes et socialistes, mais aussi pour une fois aux communistes, si la rfrence tait la tendance Renouveau des dernires annes de la premire UNEF.
Le coup paraissait jouable, si nous concentrions nos efforts sur le CN de rentre, qui dciderait des modalits du congrs, et validerait lĠeffectif des dlgations. En y tant majoritaires, nous pourrions rejeter (les arguments ne manqueraient pas) la dlgation plthorique de Paris VIII (voir plus haut) qui nous garantissait dĠtre minoritaires au congrs. Nous avions toutes les raisons de penser que nous le serions. Olivier sĠtait engag spontanment maintenir une UNEF fictive Caen, et venir avec deux camarades. Ce nĠtait pas trs glorieux, cĠtait mme exactement ce que nous reprochions la LCR et ses AGE Ç fantmes È de Jussieu et Nanterre, mais cĠtait pour la bonne cause, et cĠtait aussi un moyen de ramener aprs le succs la FSE une simple parenthse, puisquĠelle ne semblait pas devoir sĠtendre au-del de Caen.
Le 29 au soir, un communiqu sign Jihad Wachill (parce
quĠil ne pouvait tre question de signature collective, et quĠil avait une
lgitimit pour sĠexprimer au nom de tous, ayant lu la dclaration, ayant t
auparavant le dpositaire officiel de la liste), mais rdig et publi par moi,
tentait de mettre une cohrence l o il nĠy en avait certes pas :
En Sorbonne, jeudi 29 juin 2000,
A toutes les AGE et tous les militants de
l'UNEF
Chre camarade, cher camarade
Au dbut de la rencontre nationale Paris VIII, hier, mercredi 28 juin
j'ai lu la dclaration suivante au nom des douze AGE signataires: [ici, le
texte dj publi ci-dessus]
Un dbat assez long a suivi au cours duquel il est apparu clairement
que cette position tait majoritaire parmi les participants et parmi toutes les
AGE de l'UNEF, mais que l'obstruction de la minorit, dont le secrtariat
national, empchait qu'il ft fait droit la demande de tenue d'un collectif
national.
Nous avons donc dcid de quitter cette rencontre sans intrt.
Runis en Sorbonne aujourd'hui, nous appelons toutes les AGE de l'UNEF
— affirmer publiquement
leur refus du processus dit d'unification
— demander leurs lus de
voter pour la liste de rassemblement syndical Ensemble pour une Universit
publique de qualit ouverte tous, malgr son invalidation (bulletin ci-joint)
— refuser de vendre sur
les chanes d'inscription les coupons de participation au prtendu congrs
d'unification
— affirmer au contraire sur les chanes leur volont de faire
vivre l'UNEF comme un syndicat de lutte utile aux tudiants,
— prparer avec nous le 80e congrs pour y faire
triompher cette volont et y adopter une orientation syndicale digne de ce nom.
Nous prparons ensemble un matriel commun pour les chanes
d'inscription. Nous invitons toutes les AGE intresses par ce matriel nous
contacter.
Nous sommes l'UNEF !
L'UNEF vivra !
Jihad Wachill,
prsident de l'UNEF Paris I, membre du bureau national
Le coup paraissait jouable : il ne lĠtait pas. Il y
avait une condition ncessaire ce quĠil le ft : quĠOlivier Ruet tnt
ses engagements, quĠune UNEF fantme ft maintenue Caen, que la FSE restt un
phnomne local. Je me demande encore aujourdĠhui comment nous avons pu
lĠenvisager, alors que deux prcdents rcents nous montraient que tenir une
promesse tait manifestement contraire ses principes. Il nĠa jamais t
question dĠUNEF Caen maintenue ensuite, et les Caennais, Olivier Ruet compris,
qui publia le 4 aot un appel abominable sur le forum intitul Syndiquez-vous,
en une phrase, La
Fdration Syndicale Etudiante est lance. Que tous ceux qui veulent agir comme
des militants syndicaux nous contactent Caen pour que le regroupement
syndical devienne effectif[50], ont
consacr leur t tenter de convaincre des camarades de rejoindre la FSE, en
sĠadressant non aux directions dĠAGE, mais des individus pour leur prcher
que la Ç runification È tait faite, leur machin la seule alternative,
et les inciter le rejoindre quitte fractionner leurs AGE, en mentant
dlibrment quant des ralliements imaginaires dĠautres. Leur seul succs fut
Dijon qui, aprs un engagement contraire solennellement pris sur le forum le 28
aot, rejoignit leur FSE en septembre, ce qui nous privait dĠune AGE de plus
pour le CN et le congrs. Mais dans bien dĠautres leurs agissements crrent du
dsordre, et conduisirent au dpart ou lĠexclusion de militants. Nous devions
dsormais lutter sur deux fronts, contre les liquidateurs, et contre la FSE,
officiellement ennemis mais qui avaient pour point commun de proclamer que la
Ç runification È tait inluctable, et quĠil tait vain de sĠy
opposer. Cela nous condamnait inluctablement.
La comdie dura cependant encore tout lĠanne universitaire 2000/2001, pour rien. Au CN du 23 septembre, il nĠy avait donc ni Caennais, ni Dijonnais, et pas de Montpellirains non plus. Nous avons nanmoins t 21 voter pour le report du congrs en dcembre, ce qui tait la simple application du rglement intrieur qui exigeait deux mois de prparation, et condamnait lgamment la sauterie Ç runificatrice È prvue en ce mme mois. La direction a dcrt que nous tions battus par 20 voix (Pourquoi ? Mystre) contre 22 (dont trois faux mandats, un de Montpellier, un de Caen, un dmissionnaire du BN, et trois de la LCR que nous considrions comme faux. SĠil y avait eu trois Caennais, deux Dijonnais, deux Montpellirains, ou au moins une partie dĠentre eux, le truquage aurait t beaucoup plus difficile). Nous avons alors fait ce que nous avions tent en vain en juin, sortir et nous dclarer majoritaires et seuls lgitimes, en affichant notre intention dĠorganiser le congrs.
Mais aprs une confrence nationale o nous fmes peu nombreux, qui avait bien commenc mais sĠest enlise, nous nous sommes rsigns aller au Ç congrs È organis illgitimement Orsay, en partie parce que nous avons appris que lĠAGE dĠOrsay, et, surtout, celle de Clermont se prononaient dsormais contre la Ç runification È, rsultat dĠune raction venue de lĠintrieur du PCF, dĠanciens de lĠUNEF dont la tte dĠaffiche tait (surprise !) Raphal Aulas, ce qui nous donnait de grands espoirs. CĠtait une erreur : jĠignore sĠils taient sincres et quel point (jĠy reviendrai), mais leur manque total de cohrence et dĠefficacit a contribu acclrer notre perte.
Ce Ç congrs È fut grotesque de bout en bout, tout point de vue. Mais, malgr un festival de faux mandats, une dlgation massive de Paris VIII, la trs sale trahison des Nantais qui passrent la LCR, Karine Delpas et son quipe, devant lĠimportance de lĠopposition (plus celle de membres du PCF non suspects dĠopposition la mutation que la ntre, vraisemblablement), firent marche arrire et renoncrent faire voter la dissolution de lĠUNEF, lĠEnnemi tant pri de transformer le congrs de Ç runification È pour lequel il avait dj lou la Mutualit en une rencontre bidon de plus.
A suivi un hiver particulirement horrible, marqu par lĠeffondrement de lĠactivit de la plupart de nos AGE, Paris IV, Lyon et Rouen en particulier, partie parce quĠon passait beaucoup de temps faire des calculs bureaucratiques, beaucoup moins faire du syndicalisme (cĠtait, je lĠai dit, normal en juin : pendant lĠhiver, cĠtait un suicide), partie parce que beaucoup de militants, dsorients par les sollicitations contradictoires et les nombreux renversements, prfraient laisser tomber, mais surtout pour des raisons structurelles sur lesquelles je reviendrai.
Au printemps, lĠUNEF-ID a lanc son congrs, le 77e selon son dcompte officiel, qui semblait tirer les consquences de lĠchec de sa Ç runification È et lui tourner le dos, en lĠaffirmant comme la seule UNEF (ce qui tait hlas de moins en moins faux). La LCR jusque l officiellement dans lĠUNEF tirait les mmes consquences en passant lĠID, Gal Quirante en tte (finalement lu au BN), sa rcente acquisition nantaise en queue, Manuel Canvet tant lu sa commission administrative. La page semblait tourne, ce qui ne rsolvait pas tous les problmes de lĠUNEF, moribonde, mais paraissait rgler celui de la Ç runification È.
Elle est pourtant revenue, avant mme la fin du congrs de lĠU-ID. Les rares participants aux runions du BN ont appris quĠil fallait dissoudre lĠUNEF pour faire une Ç nouvelle organisation È puis que celle-ci se ferait par une Ç constituante È avec lĠUNEF-ID. Un CN grotesque, le 13 mai, o partisans et adversaires de la chose taient peu prs galit, malgr un nouveau festival de faux mandats (de part et dĠautre, mais pas dans les mmes proportions), et la prsence de militants LCR et apparents dj passs lĠU-ID (huit, dĠaprs mes pointages dĠalors) fut dcrt, aprs de nombreux cafouillages dus nos nouveaux amis dĠOrsay et de Clermont, avoir convoqu un congrs de dissolution, o personne ne fut assez idiot pour venir (ils furent une trentaine le 23 juin). Le 25 juin, la fameuse constituante accoucha dĠune UNEF Ç runifie È dont le prsident, la secrtaire gnrale et le trsorier taient ceux lus par le rcent congrs de lĠU-ID. Pour ajouter une note comique, le communiqu triomphal prcisait quĠun vice-prsident Ç issu de lĠUNEF-SE È serait prochainement dsign. On a su ensuite que cĠtait parce quĠil avait fallu plusieurs jours pour convaincre Stphane Paturey dĠaccepter de jouer ce rle. Les opposants taient dj depuis longtemps occups sĠentre-massacrer, chacun accusant lĠautre (le plus souvent raison) dĠtre responsable du dsastre (Vous aurez compris tout seul quĠ ce jeu l, jĠtais assez dou). Notre UNEF avait vcu et, avec elle, le syndicalisme tudiant, puisquĠil ne restait plus que des groupuscules gauchistes occups se prouver mutuellement leur vertu, et lĠUNEF dsormais ex ID qui nĠavait dsormais plus aucune raison de faire semblant. Rptons le : tout cela tait dj crit le 29 juin 2000 au matin, et nĠa tran un an que par lĠobstination, certes draisonnable, de certains, et lĠincurie dĠautres.
Aprs ce laborieux expos quasi chronologique, un bilan des positions des uns et des autres, et de ce quĠon peut en comprendre rtrospectivement, est ncessaire.
1- Pourquoi ont-ils tu lĠUNEF ?
SĠagissant de la direction Delpas, on a dj dit abondamment que son choix rel nĠtait pas une unification videmment impossible, moins encore une refondation fantasmatique, mais la liquidation pure et simple, Ç on ferme et on sĠen va È. Il est tout aussi vident que ce choix ne venait pas dĠelle, mais lui tait dict du PCF, qui ne voyait pas lĠintrt de maintenir une UNEF qui, fatalement, malgr tous les efforts en sens contraire, finissait par dnoncer la politique anti-tudiante dĠun gouvernement quĠil soutenait alors servilement. Cela est clair, mais nĠexplique pas les nombreux rebondissements entre les premires pulsions Ç runificatrices È, dbut 1999, jusquĠ lĠeffondrement final, plus de deux ans aprs. tait-ce en raison du refus de la base de lĠUNEF (Pas nous, bien sr, quĠils passaient volontiers par pertes et profits. Mais celle des AGE, dont pas mal de militants du PCF, qui soutenaient la direction mais ne voulaient pas entendre parler de Ç runification È) ? tait-ce parce quĠil y avait des rticences dans la direction mme du PCF ? Mystre. Ce point nous est toujours rest obscur.
Le fait est que la direction Delpas, aprs avoir soutenu avec zle la Ç runification È au congrs de Pantin, pris dans la figure le vote miraculeux Ç contre toute runification È, sĠtre assise dessus, a recul lĠautomne 1999, que pour le CNOUS elle a choisi la solution la plus sectaire, celle que nous voulions, bien quĠelle ft sans espoir, avant le grand renversement de juin pour le CNESER. CĠest un autre fait quĠil nĠy a eu alors aucune opposition venant du PCF, hors des camarades dj dans lĠopposition, et quelques autres titre personnel, et que ceux qui montaient dans les semaines prcdentes des complots contre Karine Delpas, comme Raphal Aulas et le mystrieux Redstar, ont t les plus bruyants soutiens de cette dcision objectivement indfendable. CĠest galement un fait quĠ lĠautomne, ceux-l mme (hors le mystrieux Redstar mystrieusement disparu) et quelques autres quĠon nĠavait pas entendus, tous anciens de lĠUNEF, anciens membres de sa direction ou attachs elle, Raphal Aulas en tte, Pierre-Henri Lab pas loin derrire, Alan Pirrotina et Olivier Liaigre dans les bagages, tous connus pour tre du PCF, et pas dans une des nombreuses oppositions, ont soudain dcouvert quĠils taient radicalement contre la Ç runification È, entrain derrire eux les AGE de Clermont et Orsay, les seules runifiantes en juin hors Paris VIII, et contribu son chec lĠautomne avant de disparatre ensuite (sauf Allan Pirotina, qui tait runifiant la runion du 28 juin 2000, et lĠest redevenu en juin 2001).
Le seul effet concret de cette fronde tardive a t de nous convaincre dĠaller au Ç congrs È dĠOrsay, pour tre encore un peu plus ridicules, un peu plus longtemps. Je ne crois pas que cĠait t son but. On ne peut exclure que ces camarades aient t sincres. Nous avions vu dans les positions de la direction de lĠUNEF sur les rformes gouvernementales, Ç Nous nĠavons pas dire aux tudiants ce quĠils doivent en penser È, et sur lĠunit qui ne devait pas tre une addition dĠappareils mais une chose tout fait merveilleuse et totalement indite des drobades pour masquer ce quĠtait son but, la liquidation. Je nĠai videmment pas, exprience faite, chang dĠavis sur ce point. Mais si certains avaient pris ces fadaises au srieux, les plus consquents dĠentre eux avaient de bonne raisons dĠtre surpris quand on leur proposait soudain dĠadhrer lĠUNEF-ID sans conditions, et ce pour expliquer aux tudiants que les rformes gouvernementales taient merveilleuses, et quĠil en fallait encore plus du mme genre. Mais ces camarades ne pouvaient malheureusement vouloir que le maintien en lĠtat de lĠUNEF du PCF, ce qui aurait sans doute t souhaitable, mais nĠtait pas possible, puisque le PCF nĠen voulait plus.
Il resterait savoir, mais nous ne le saurons pas, ce quĠtait Ç le PCF È dans ce cas, quel niveau et par qui, aprs quels dbats ventuellement, la sentence de mort de lĠUNEF a t rendue. Il est certain que cette dcision correspondait la ligne dĠalors du Parti, de soutien inconditionnel Jospin (et les fadaises sur les formes nouvelles dĠorganisation qui mergeraient miraculeusement ds quĠon aurait sabot les anciennes au discours de la Ç mutation È). JĠouvre ici une parenthse de plus, lĠintention de qui douterait que la dcision a t prise au niveau de la direction du Parti. JĠai jou un colloque organis en janvier 2001 en Sorbonne par la section PCF du Ve arrondissement, laquelle jĠavais fini par adhrer en septembre 2000 (il serait trs long, et tout fait hors-sujet dĠexpliquer ici pourquoi), le rle de lĠtudiant de service, pour parler de prcarit. Je ne sais plus comment jĠavais t amen parler dĠUNEF-ID. Forcment, comme je dis toujours la vrit quand je nĠai pas une bonne raison de mentir, ce nĠtait pas en bien. JĠai t agress trs grossirement par un nomm Alain Hayot, professeur de sociologie dans une universit quelconque, conseiller dĠune rgion quelconque et membre de la direction du PCF, qui a pror sur la beaut de la Ç runification È et, comme je lui faisais observer que ce nĠtait plus dĠactualit suite au Ç congrs È dĠOrsay (cĠtait vrai, lĠpoque), m Ôa aboy la figure quĠil avait des informations que je nĠavais pas, et que la Ç runification È se ferait (ce que la suite a tristement confirm). JĠai t trs surpris par son ton : on mĠavait lev dans un monde o, dans ce genre de colloque rigolo, lĠuniversitaire de service nĠinsultait pas lĠtudiant de service, et, sĠil estimait devoir le contredire, le faisait courtoisement. La mutation vers de nouvelles formes beaucoup plus dmocratiques avait manifestement chang cela, au point dĠautoriser le moindre pitre jouer la mauvaise caricature de mandarin. Rtrospectivement, on ne peut quĠen conclure que la dcision tait prise de liquider au niveau de la direction du PCF, et le Ç congrs È dĠOrsay considr comme un contretemps de peu dĠimportance. Il est bien vident que ce con de comptition nĠtait pour rien dans cette dcision. Mais quĠil me la braillt la figure un moment fort peu opportun (il prouvait l quĠil tait de comptition) suffisait prouver quĠau niveau de la direction du PCF on considrait quĠelle tait faite, au point de la diffuser mme des subalternes incapables de fermer leur grande bouche. Refermons la parenthse.
Restent deux questions qui nĠauront pas de rponse. La direction du PCF nous est apparue comme un bloc, mais il faut bien que quelquĠun ait pris une dcision, un moment o, au sommet, on trouvait surtout des gens nĠayant aucune exprience du syndicalisme tudiant, et un intrt trs relatif pour lui (Il est vrai que a commenait changer. Marie-George Buffet est devenue prcisment ce moment l le premier dirigeant communiste de haut niveau tre pass par lĠUNEF). On a beaucoup attribu Marie-Pierre Vieu, qui a incontestablement beaucoup agi pour pousser la direction Delpas dans cette voie, et pour couvrir ses arrires (On sait quĠelle a appel lĠautomne Laurent Frajerman pour tenter de le dissuader de prendre position contre la Ç runification È en lui disant que les anciens nĠavaient pas se mler dĠune affaire qui concernait les militants actuels de lĠUNEF, et comme il sĠtonnait quĠelle sĠen mlt elle-mme, lui a rpondu que son cas tait diffrent puisquĠelle appartenait la direction du Parti). On ne sait si elle a vraiment t lĠinitiative (qui ne correspondait certes pas ses positions quand elle prsidait lĠUNEF) ou seulement lĠexcution.
Nous ne savons pas non plus si les tergiversations avant la ridicule liquidation finale sont dues seulement la raction de la base, qui tait en partie galement la base tudiante du PCF, sur laquelle on aurait hsit deux ans sĠasseoir lourdement, ou galement des rticences au niveau de la direction du Parti. Pour rpondre cette question, il faudrait des tmoignages de lĠintrieur : ce jour, il nĠy en a pas.
On peut remarquer enfin que si le PCF avait tout fait raison, vue sa ligne, de considrer entre 1999 et 2001 quĠil nĠavait plus besoin dĠune UNEF qui ne pouvait lui rapporter que des ennuis avec Jospin, il aurait pu en avoir nouveau lĠusage ds mai 2002, quand il sĠest trouv nouveau dans lĠopposition des gouvernements de droite qui menaient la mme politique anti tudiante. Mais lĠpoque, cĠtait un dogme que Jospin entamait un rgne de mille ans et que la place du Parti ne pouvait tre quĠau gouvernement. Le 21 avril 2002, il tait trop tard pour ressusciter lĠUNEF. (Certains, prenant conscience de la lacune, ont tent de crer plus tard une tendance Ç communiste È dans lĠUNEF ex ID, par importation massive de trotskistes anglais. Ce ne fut pas un succs)
On ajoutera, ici parce quĠil faut bien le mettre quelque part, que les directions des syndicats de grandes personnes, CGT et FSU, ont incontestablement pouss dans le sens de la Ç runification È, pour des raisons diffrentes de celles du PCF. La CGT, premier syndicat de salaris et tenant le faire savoir, qui avait naturellement soutenu lĠUNEF du Renouveau contre lĠUNEF Lambert en 1971, tait de plus en plus gne par son lien exclusif avec celle qui tait devenue la plus petite des deux, et de loin selon les media (mme si cĠtait en partie, on lĠa vu une illusion dĠoptique : elle la partageait) et voyait dans leur unification au profit de la plus grosse un moyen de rsoudre le problme, sans se soucier des enjeux tudiants qui lĠintressaient peu (Le lien connu entre UNEF et PCF tait plutt dsormais pour elle une circonstance aggravante, puisquĠelle cherchait se dbarrasser de son assimilation celui-ci). La FSU, de par sa fondation rcente et sa volont Ç unitaire È, nĠavait jamais pris parti entre les deux UNEF, syndiquait des profs et instits levs dans lĠune ou lĠautre, et trouvait galement plus simple quĠil nĠy en et quĠune.
La position de LCR se comprend parfaitement, et pouvait mme paratre lgitime jusquĠ un certain point (hlas dpass vitesse supersonique) si on constate un fait indniable, quĠelle nĠa jamais eu aucun intrt pour le syndicalisme tudiant en tant que tel. Ce nĠest pas par hasard quĠelle nĠapparat pas, alors quĠelle tait extrmement forte, plus certainement que jamais depuis, dans le grand massacre pour lĠUNEF de 1971, mais parce quĠelle tait alors occupe thoriser son inutilit (il faut signaler que les arguments thoriques contre la possibilit mme dĠun syndicalisme tudiant ne manquent pas, et ne sont pas forcment illgitimes). Elle a chang de position quelques annes plus tard en constatant ce que les deux UNEF apportaient leurs directions politiques respectives, mais nĠa jamais considr en fait le syndicalisme tudiant que comme un moyen dĠaffichage politique et de recrutement, dĠo son obsession du droit de tendance qui lui permettait dĠapparatre en tant que telle, sous un blase avec des T, des L, ou des D tout fait transparent. CĠest un fait bien connu quĠhors des congrs et CN, on trouvait ses militants en abondance quand il sĠagissait dĠimpliquer le syndicat dans des choses anti racistes ou anti fascistes, ou fministes (On ne se lancera pas dans un dbat thologique sur leur lgitimit en soi, ni sur celle dĠy faire intervenir des syndicats tudiants : on espre convaincre quĠelles ne peuvent en tout cas tre lĠunique activit dĠun tel syndicat), trs rarement quand il sĠagissait de questions universitaires (Les rformes taient dnonces vigoureusement aux tribunes, mais quand on parlait dĠaction concrte, il y avait toujours des sans-papiers aider avant de sĠy mettre) ou de dfendre un tudiant particulier contre lĠadministration.
La Ligue tait dans la maison dĠen face depuis quĠelle tait devenue ID en 1980 (sa premire Ç runification È, toute seule, comme la seconde). Elle avait commenc pntrer la ntre par des voies compliques qui ne sont pas notre sujet au dbut des annes 1990. Dans les deux, elle jouait le rle de lĠopposition de gauche resplendissante de puret, et rclamait trs fort la runification (elle tait bien seule, alors) pour diminuer lĠvidente contradiction. Cette rpartition nĠavait pour elle que des avantages, parce quĠelle doublait ses possibilits dĠaffichage, parce que surtout elle lui offrait deux positions trs diffrentes. Dans lĠU-ID, elle pouvait compter sur la complaisance de la direction, qui avait besoin dĠune opposition de gauche inoffensive pour prouver le caractre dmocratique de la direction, mais le soutien constant aux gouvernements anti-tudiants pouvait gner certains de ses militants ayant gard une me simple. LĠUNEF ne soutenait pas, jusquĠ la triste poque dont nous traitons, les gouvernements, ce qui tait meilleur pour le salut des mes, mais pouvait toujours tre accuse de ne pas tre assez radicale, ce qui tait encore mieux, dĠautant plus quĠon pouvait ainsi prendre des coups sur la tte. Bien videmment, sĠil sĠtait rellement agi de faire du fractionnisme avec des objectifs concrets, il aurait t absurde de diviser ainsi ses forces. Mais comme dans lĠU-ID le nombre de mandats de congrs tait ngoci au niveau politique, sans rapport connu avec le nombre de cartes, on pouvait nĠy affecter que les chefs, et envoyer, avec un chef ou deux quand mme, les petits militants conscience pure, dans lĠUNEF, o il nĠtait pas question non plus dĠtre majoritaire, mais o le recul de lĠimplantation communiste permettait de ramasser un certain nombre dĠAGE, avec les avantages en termes dĠaffichage, matriels aussi (locaux, subventions, tlphoneÉ), affrents.
LĠapparition de SUD tudiants (je ne crois pas que la LCR y ait t pour quelque chose) a rompu cette harmonie. Il y avait dsormais pour le salut de lĠme bien mieux que lĠUNEF (et sans coups sur la tte), avec lĠavantage dĠtre garanti absolument inefficace syndicalement, ce qui ne pouvait que plaire lĠU-ID. LĠUNEF nĠavait donc plus aucun intrt pour la LCR, lĠutile dualit tant dsormais entre SUD et lĠU-ID. Il tait ainsi logique que ses militants la quittassent aprs le congrs de Toulouse pour passer lĠun et lĠautre, et les AGE quĠils contrlaient avec eux. Ils ne sont rests officiellement quĠ Jussieu, o lĠAGE tait alors toute eux, et Nanterre, o ils jouaient avec des membres de la direction nationale un jeu curieux dĠalternance dont je nĠai pas toutes les clefs, certainement pour des raisons essentiellement matrielles ( Jussieu, cĠtait vident. Nanterre, jĠai moins connu), mais sans aucune activit pour lĠUNEF, et en tant systmatiquement absents des CN.
On ne parle pas, jusque ici, de mchants et de bons. Pas du tout. Je ne suis pas en train de dire quĠils taient mchants parce quĠils avaient des arrire-penses politiques. Nous nĠen manquions pas non plus. Mais ce nĠtaient pas les mmes. Les ntres taient de faire du syndicalisme pour en retirer un bnfice politique, ce dont lĠUNEF nous donnait les moyens que ni lĠU-ID, ni bien sr SUD, ne nous auraient donns, les leurs dĠutiliser exclusivement les syndicats comme tribune politique. Dans leur logique, leur abandon de lĠUNEF tait videmment lgitime.
Il ne lĠtait pas en revanche, par rapport au discours mme quĠils tenaient, quĠaprs avoir abandonn lĠUNEF ils y revinssent pour y tre le dernier soutien dĠune direction nationale quĠils avaient toujours prsente comme leur ennemi principal, contre nous avec qui ils disaient tre totalement dĠaccord quant la politique du gouvernement. Penser quĠon tait plus efficace contre cette politique en tant lĠopposition de gauche dans une organisation qui la soutenait quĠen tentant de la combattre syndicalement avec de faibles moyens tait aprs tout lgitime, quoique surprenant. Avec un peu de bonne volont et beaucoup dĠhypocrisie, nous aurions mme pu trouver cela complmentaire. Aider ceux qui soutenaient cette politique nous exterminer, nous qui la combattions, jetait un clairage qui aurait pu tre surprenant sur leur puret rvolutionnaire revendique. Est-il utile de prciser que nous nĠavons pas t surpris ? Bien entendu, aprs avoir prch lĠunit, ils ont continu comme auparavant se rpartir, selon les mmes critres, entre lĠUNEF qui avait cess dĠtre ID et SUD.
JĠai t en revanche, et reste aujourdĠhui encore, surpris par lĠobstination runifiante de la direction de lĠU-ID, alors (pour peu de temps encore) sous obdience du groupe Dray. Au dbut des grandes manÏuvres, en janvier 1999, elle pouvait lgitimement penser y avoir intrt : se dbarrasser de lĠUNEF, qui tait encore une pine dans son pied, affirmer ainsi son monopole, et ce tout en rendant service au PCF, avec qui ses relations taient alors excellentes, puisquĠil voulait liquider et quĠelle donnait son UNEF lĠoccasion de mourir dans une apparence de dignit. Elle nĠa pas eu lĠair maligne quand la Ç runification È annonce au printemps sĠest perdue dans lĠautomne et a t enterre en dcembre. Revenir la charge six mois plus tard nĠtait pas forcment une mauvaise affaire, surtout de cette faon l, en commenant par liminer la reprsentation propre de lĠUNEF au CNESER. Mais le nouvel chec de lĠautomne, alors que la Mutualit tait rserve pour le congrs dĠunit en dcembre et que la presse aux ordres dment convoque six mois lĠavance se pmait, la ridiculisait, y compris en interne face ses oppositions de droite cambadliste et rocardiennes. Je ne vois dcidment pas pourquoi elle a remis a au printemps suivant. Tous ses buts taient atteints : lĠUNEF tait morte en tant quĠorganisation nationale, ses AGE avaient prouv quĠelles taient incapables de faire quoi que ce soit ce niveau, et la plupart taient aussi en train de prouver quĠelles taient incapables de se maintenir localement comme syndicats, la LCR et ses suppltifs avaient officialis leur passage lĠID. De dignit, il nĠtait videmment plus question. On arrivait ainsi au rsultat voulu : la rentre suivante, il nĠy aurait quĠune seule UNEF (la mchante), et des groupuscules gauchistes grotesques occups sĠexcommunier mutuellement. Pourquoi donc se ridiculiser une fois de plus en faisant semblant de ramasser les derniers dbris de la direction Delpas ? Avaient-ils fini par croire leurs propres mensonges sur la Ç grande UNEF È ? SĠils y avaient jamais cru, le spectacle donn par leurs interlocuteurs aurait d les ramener au bon sens. était-ce seulement lĠeffet de lĠlan pris, conduisant une obstination terminer ce quĠon avait commenc, mme de faon grotesque ? CĠest possible. Y avait-il un motif secret de faire cela ? Il mĠchappe tout fait, alors. JĠignore totalement si cette pantalonnade a eu un rle dans la rvolution de palais qui lĠa suivie de peu, qui a vu presque tous les drayistes passer, derrire Pascal Cherki et Isabelle Thomas, au Ç Nouveau Monde È cr par Emmanuelli et Mlenchon (puis plus tard Benot Hamon. Ë lĠUNEF-ID, il nĠy a pas de changement de majorit, mais des changements dĠobdience). Elle a en tout cas servi dĠargument la scission des rocardiens de droite (a a lĠair dĠun plonasme, mais cĠest prendre relativement : ils taient encore beaucoup plus ouvertement droite que les autres rocardiens) qui a donn la Confdration tudiante dbut 2003.
2- Pourquoi avons nous t trahis ?
JĠen arrive ceux qui furent au dbut nos allis, avant de se tourner violemment contre nous, soit en soutenant objectivement la Ç runification È, comme ceux qui ont fait la FSE, soit en y passant, comme les Nantais.
Un point est certain : la cration de la FSE ce moment l tait, quoi quĠon penst de ce que devait tre la suite, une norme sottise. Je crois avoir dj dit pourquoi. Pour rsumer, cĠtait un repli groupusculaire, fond sur le dnigrement de lĠUNEF, sur une partie seulement de lĠancienne opposition (la plus influence par le SEUL), dĠautant plus groupusculaire que lĠunion avec les scissionnistes de lĠanne prcdente qui avaient form Solidarit tudiante tait impossible[51], au moment o on pouvait esprer, en prenant lĠtendard de la fidlit lĠUNEF, rassembler presque toutes les AGE.
Il nĠest pas besoin dĠtre trs paranoaque pour se demander si une sottise dĠune telle taille, qui a eu de telles consquences, pouvait vraiment tre seulement une sottise, si les sots qui lĠont faite nĠont pas d leur succs lĠinfluence et la direction dĠautres qui, nĠtant pas des sots, avaient dĠautre buts que les ntres.
CĠest poser la question du rle dans toute cette affaire du
SEUL, cĠest dire presque exclusivement de Nathan Balsan-Duverneuil. JĠai
toujours une impression curieuse quand je relis mes mails de cette priode, et
constate que mes deux meilleurs amis sur internet taient alors Nathan et
Manuel Canvet (jĠy viendrai, celui-l). CĠest un fait que la cration de la
FSE tait lĠapplication de ce que prconisait le SEUL lĠanne prcdente (et
depuis sa fondation), la rupture avec lĠUNEF pour faire un beau syndicat pur
luttant clairement contre les rformes gouvernementales, quĠelle a t lĠÏuvre
de ceux qui avaient tent et rat cela aprs le congrs de Pantin, incapables
de comprendre que le contexte avait radicalement chang, en mal parce que
lĠenthousiasme n du mouvement contre le rapport Attali tait rapidement
retomb, en bien par la raction de presque toutes les AGE de lĠUNEF la
relance de la Ç runification È. Cela, Nathan semblait lĠavoir
compris, ce quĠil me disait en priv, et ce quĠil disait publiquement.
CĠtait dĠautant plus crdible que cĠtait diffrent. En priv, nous discutions
dans une apparente franchise, avec des dsaccords et des rticences, mais
toujours pour conclure que nous avions le mme but, la cration face au
monopole venir de lĠUNEF-ID dĠun vrai syndicat vraiment tudiant, en
considrant (hypocritement, et en toute conscience que cĠtait hypocrite, car
chacun savait que cĠtait essentiel pour lĠautre) que la question de son nom,
UNEF ou un truc nouveau, nĠtait pas dĠactualit et serait traite
ultrieurement. Nous avons eu des discussions charmantes propos de Titanic,
de radeaux, de canots de sauvetage, et de la possibilit de boucher les voies
dĠeau. En public, il tait strictement sur la mme ligne que moi, lĠUNEF
justement souleve contre sa direction liquidatrice, et soucieux de recadrer
les amateurs de FSE. Ce que je ne sais pas, cĠest ce quĠil disait alors aux
autres en priv. Il a tenu publiquement une ligne unitaire pendant toute
lĠanne suivante, puis a pris de plus en plus violemment parti pour
lĠabominablement ridicule FSE, y reconnaissant soudain le grand syndicat
tudiant national quĠil avait toujours voulu fonder, et pitinant dĠune faon
tout fait odieuse, quand je lĠinterpellais ce sujet, ce que nous avions
fait ensemble en ce mois de juin 2000.
A priori, pour prendre ce ridicule groupuscule gauchiste occup se dchirer sur des questions nĠayant que peu voir avec le syndicalisme tudiant, cautionnant ainsi objectivement le monopole revendiqu par lĠUNEF qui avait cess dĠtre ID sur la Ç reprsentation tudiante È, pour le grand syndicat tudiant dont nous avions rv ensemble, il fallait vraiment ne pas tre physionomiste. On ne peut cependant exclure quĠil y ait eu, du dbut, un malentendu entre nous sur ce quĠtait le syndicat tudiant de nos rves, bien plus fort que la divergence, dj capitale, sur son nom.
Les choses sont pourtant, dcidment, compliques. Le SEUL tait videmment groupusculaire : dans la seule universit o il ait jamais exist (hors une opration parachutiste Montpellier II dont il a t question propos de la composition de la liste), Montpellier III, il a toujours t derrire lĠU-ID et lĠUGEM-UNEF aux lections (ce nĠest pas un critre dcisif, mais cĠest un des critres prendre en compte). Il tait, jusquĠau bref miracle de juin 2000, dĠun sectarisme pouvantable. Mais il avait la particularit sur tous les groupuscules gauchistes genre SUD de fonder son sectarisme sur une dfinition trs stricte du syndicalisme tudiant (au point dĠavoir fait peur mme moi propos de sans-papiers, dont selon lui il ne fallait pas se proccuper sĠils nĠtaient pas tudiants). LĠennuyeux, du point de vue qui tait le mien, tait que cette conception, proche de la mienne, sentait trs fort, horriblement fort, FO, avec tout ce que cela impliquait en aval, et en amont. CĠtait un point quĠil valait mieux ne pas aborder en juin 2000. JĠai nanmoins essay plusieurs fois, lĠautomne, dĠinterroger Nathan sur ce qui paraissait au guesdiste qui ne sommeille jamais totalement en moi une adoration ftichiste de la Ç charte È dĠAmiens : il ne mĠa pas rpondu. Nathan tait, foncirement, un lambertiste. SĠil tait dĠun groupe qui avait rompu avec la maison mre, dans des conditions, comme toujours avec ces gens l, obscures et compliques, il en avait tous les rflexes, commencer par un anticommunisme instinctif et par la manie de semer la division pour des queues de cerises leves en principes doctrinaux non ngociables.
Il tait certain que lĠaccord entre nous, mme sĠil avait t sincre (ce que je nĠexclus pas tout fait), ne pouvait tre que provisoire : la question du nom, quoi que nous en dissions alors, tait dterminante quant la nature de la chose construire. Il est tout aussi certain que le groupuscule gauchiste quĠest rapidement devenue, ce qui me paraissait fatal, la FSE ne correspondait en rien ce que prconisait le SEUL auparavant, ni mme ce quĠil tait rellement (la diffrence entre les deux tant bien sr le caractre groupusculaire).
Je ne peux dcidment savoir si Nathan a dcid sincrement en ce printemps 2000 de marcher avec nous, provisoirement du moins (Je ne peux cependant exclure quĠil ait t convaincu alors de renoncer ses turpitudes lambertistes pour participer au maintien dĠun vrai syndicalisme vraiment tudiant. Il est de foi que la grce peut toucher les cÏurs les plus endurcis. a nĠen est pas moins lĠhypothse la plus improbable), et sĠtant trouv dpass par les vnements et par sa base (De ce que jĠai vu de ses successeurs au SEUL, jĠai eu lĠimpression quĠil avait fort bien russi leur apprendre le sectarisme, mais non les bases thoriques sur lesquelles il le fondait, moins encore la bonhomie et les lans lyriques qui lui permettaient de donner le change), a prfr reconnatre dans la ridicule FSE son enfant plutt quĠavouer son chec, ou si son but vritable tait du dbut, ce qui serait alors un franc succs, la destruction de notre UNEF, tout le reste tant littrature. JĠai nanmoins une certitude, quĠil nĠtait videmment pour rien dans lĠabominable Ç charte È et les grotesques statuts de la FSE, publis pendant lĠt 2000 : Nathan savait, et cĠtait une des bases de notre entente paradoxale, lire et crire (ce qui commenait se faire rare lĠpoque). a ne permet pas de dire sĠil en a ou non encourag en priv les auteurs.
Je dois ajouter ces nombreux aveux dĠignorance que je ne sais pas du tout quel a t le rle dans tout a du groupe La Commune, auquel il appartenait. Nous nĠavons jamais vu que lui, et jamais eu trace dĠune prise de position de ce groupe. Agissait-il de faon autonome, les autres ne se proccupant pas de syndicalisme tudiant ? Dpendait il de chefs peu soucieux dĠapparatre, mais suivant les oprations ? Mystre.
Ce groupe avait alors fusionn depuis un an avec la Gauche rvolutionnaire, que nous connaissions en revanche fort bien, laquelle je viens pour dire que je nĠai absolument pas compris sa position, si on peut parler de position, en ce mois de juin 2000. La GR avait en commun avec la LCR dĠtre prsente dans les deux UNEF, avec cette diffrence que cĠtait pour y faire du syndicalisme tudiant. Elle avait, comme on lĠa vu, depuis 1997 au moins, un rle dirigeant parmi les AGE de lĠUNEF opposes la direction. Elle a pourtant t, en ce mois de juin, peu prs totalement absente des dbats, hors la prise de position aussi dcisive que surprenante de Leila le 28, que nous avons vue, et totalement ensuite (Certes, Olivier Ruet en tait officiellement, mais, moins de supposer un complot si vaste et si compliqu que je ne peux, mme moi, aller jusque l, on ne peut envisager que ses prises de position successives et contradictoires en aient man, sauf peut-tre celle du 29, o il tait dĠaccord sur tout avec Leila, ce quĠil a rapidement oubli). La GR tait, comme nous, adepte de la politique du coucou, et avait, comme nous, et avec les mmes arguments, refus dĠenvisager une scission qui semblait logique certains aprs le congrs de 1999. La position de Leila le 28 juin peut tre interprte comme une obstination sur cette ligne, un moment o elle nĠavait plus de sens. Il est beaucoup plus surprenant que la GR ait ensuite totalement disparu du syndicalisme tudiant, son principal terrain dĠactivit jusque l, Rouen, mais aussi Lille et Paris I, et, dans la maison dĠen face, Amiens. Nous pouvions esprer, nos positions jusque l tant presque les mmes, son soutien. Elle aurait pu aussi choisir, puisquĠelle tait dans les deux UNEF, la Ç runification È en sĠy ngociant une petite place. Elle nĠa fait ni lĠun ni lĠautre, mais sĠest vapore. tait-ce un choix fait au niveau politique dĠabandonner le syndicalisme tudiant, peut-tre parce que la Ç runification È empchait la poursuite de ce qui tait fait jusque l dans les deux UNEF ? tait-ce li aux difficults cres par la fusion aberrante, tant ces deux groupes taient diffrents, avec La Commune, dont les positions sur le sujet taient trs diffrentes, fusion alors en train dĠexploser ? tait-ce, beaucoup plus simplement, un problme de renouvellement des militants et des directions, ceux qui terminaient leurs tudes (cĠtait le cas de Leila) ne trouvant point de successeurs ? En tout cas, nous avons perdu soudainement, au pire moment, ce qui avait t le principal lment structurant de lĠopposition dans lĠUNEF depuis 1997.
JĠen viens aux seuls, au seul en fait tant tous les autres nĠtaient que ses laquais, qui, aprs avoir t de notre liste pour le CNESER en juin 2000, sont passs lĠUNEF-ID via la LCR ds lĠanne suivante, le CEN de Nantes, soit Manuel Canvet. Aprs avoir t un des premiers, parmi les absents du CN, manifester son soutien la liste, et avoir dit avec une violence extrme le mal quĠil pensait de la Ç runification È, il est devenu beaucoup plus flottant ds la mi-juin, a jou les blass, puis dans un renversement spectaculaire, est pass pendant le Ç congrs È dĠOrsay de novembre (alors quĠil mĠavait jur solennellement au tlphone le lundi prcdent quĠil ne ferait jamais a) la LCR et a manifest ds lors un enthousiasme runificateur qui lĠa conduit rejoindre lĠU-ID, dans la tendance LCR, ds son congrs dĠavril, sĠy faire lire sa commission administrative, et revenir voter la mort au CN de lĠUNEF du 13 mai. Peu de temps aprs, il est pass de la LCR aux rocardiens, avec ses bagages. Je nĠai jamais bien russi le situer politiquement, au milieu de tant de choses contradictoires (il est mme all jusquĠ me dire, dans un moment de fraternisation, quĠil tait, comme moi, catholique). Pendant longtemps, ses deux acolytes, Matthieu Lavois et Romain Bessonnet, ont t prsents officiellement par lui lĠun comme vert, lĠautre comme communiste. CĠtait sans doute une farce. Aprs la trahison dĠOrsay, Bessonnet mĠa envoy de nombreux courriers (dont un se terminant par Ç A poil Trotski ! È) pour mĠexpliquer quĠil tait contraint de faire semblant de suivre, mais restait de cÏur avec nous, me demandant des conseils pour exterminer lĠinfme Canvet, auxquels jĠai rpondu avec circonspection. La suite a montr que jĠavais bien fait, et quĠil jouait (trs mal, et trs btement) le rle de lĠagent provocateur.
Il sĠest trouv des gens connaissant trs bien Manuel Canvet depuis sa plus tendre enfance pour nous expliquer quĠil se moquait de nous depuis le dbut, et nĠavait jamais eu dĠautre but que se vendre ( bas prix : il ne valait pas plus) lĠUNEF-ID. Ils avaient probablement raison. Quand on repense ce qui a prcd le moment dĠenthousiasme de ce dbut de juin, on constate quĠil avait toujours, lors des runions importantes o il y avait matire se compromettre, des empchements en gnral familiaux, qui lĠobligeaient envoyer un de ses sbires sa place (souvent avec consigne de mĠobir en tout, ce qui tait flatteur pour moi, mais non compromettant pour lui), quĠil avait vit, par une histoire tout fait invraisemblable de vote de son AGE contre le cumul des mandats, dĠtre tte de liste pour le CNOUS, quĠil ne publiait dĠailleurs de positions gauchistes (souvent btement gauchistes) que comme positions de lĠAGE sans sĠengager, quĠil sĠtait dj arrang pour ne pas tre au congrs de Pantin lĠanne prcdente (laissant carte blanche Guillaume Cav), que la faon dont il sĠtait fait lire la rentre 98 au BN en sortant du nant, et en faisant croire la direction quĠil tait de son ct, tait dj significative. Il reste que, pendant deux semaines environ, partir du 3 juin 2000, il sĠest vraiment compromis avec nous, contre lĠUNEF-ID et sa Ç runification È. tait-ce uniquement pour faire monter (un peu) sa cote la revente ? Ce nĠest pas impossible.
3- Pourquoi avons-nous t ridicules ?
JĠen viens nous, ceux qui ont t constamment contre la Ç runification È et pour le maintien de lĠUNEF du printemps 2000 au printemps 2001, qui avons lamentablement chou. Il est clair quĠon ne peut expliquer cet chec uniquement par la mchancet de tous les autres (Eux aussi, dĠailleurs, ont t ridicules, mais ce nĠest pas une consolation, cĠest plutt une circonstance aggravante).
JĠcarterai dĠabord une fausse explication, qui nous a t beaucoup oppose, au point de convaincre certains des ntres, que nous nĠtions unis que par notre dtestation de lĠU-ID, et ne pouvions avoir de projet tant nous tions diffrents les uns des autres. Elle est fausse car il y avait dans cette dtestation, fonde non sur des prjugs, mais sur une longue exprience et sur notre pratique militante, toutes les bases dĠun projet, tant lĠEnnemi montrait tout ce quĠil ne fallait pas faire si on voulait faire du syndicalisme tudiant. Ç S'il y a beaucoup de manires de ne pas faire de syndicalisme, il n'y en a qu'une de faire du syndicalisme È, crivais-je dans une contribution sur le forum en aot 2000[52].
Il nĠen est pas moins vrai que nous avons t handicaps par le manque de cohsion dĠune coalition ne en quelques heures aprs la dcision du CN du 3 juin, de gens qui jusque l ne travaillaient pas ensemble, voire ne se parlaient pas, et quĠil tait fort difficile de convaincre quĠen fait ils voulaient la mme chose. LĠide tait au dpart de rallier autour des AGE qui sĠopposaient jusque l la direction propos de rformes et de Ç runification È, qui taient habitues travailler ensemble, qui avaient particip de faon relativement coordonne au mouvement de lĠautomne 98 contre le rapport Attali et sĠtaient retrouves sur les mmes positions chaque CN (comprises celles qui avaient fait des scissions dont les raisons nĠexistaient plus alors), celles qui refusaient la seconde, en restant ferme sur le premier point mais en vitant dĠen rajouter. Ce nĠaurait certes pas t simple, mais il y aurait eu au dpart un bloc cohrent. Ce bloc nĠexistait plus la fin du mois de juin. Avec les trahisons symtriques de Caen et Nantes (celle-l officialise en novembre, mais manifestement dj dcide fin juin) et lĠvaporation de Rouen, venant aprs le refus de marcher avec nous de Limoges et du Mirail, il ne nous restait, de ce qui tait avant le congrs de Pantin lĠopposition la direction de lĠUNEF, qui avait particip au mouvement contre le rapport Attali et rejetait la Ç runification È que Paris IV et Lille, la seconde trs affaiblie par sa rcente explosion, la premire dont la prosprit tait largement illusoire. Nous avions pu depuis compter sur Evry, notre seul succs, et sur Paris I, o les choses taient plus compliques. Elles lĠtaient encore plus Montpellier, officiellement passe de notre ct au printemps. Lyon sĠtait fermement prononce contre la Ç runification È lĠautomne, mais nous nĠavions eu aucun contact avant le lundi 5 juin. Les autres nĠont compris que le 3 juin (Les moins vifs, Clermont et Orsay, lĠautomne seulement) ce que nous rptions depuis Pantin, que le seul but de la direction Delpas tait la liquidation de lĠUNEF dans lĠU-ID.
Une des consquences de ce manque de cohsion, qui a aussi contribu lĠaggraver, a t lĠincapacit comprendre ce qui se passait rellement, et en tirer toutes les consquences sur nos rapports avec la direction Delpas. Beaucoup des camarades qui se trouvaient soudain dĠaccord avec nous taient convaincus que lĠUNEF fonctionnait de manire parfaitement dmocratique, et quĠil suffisait dĠutiliser ses procdures habituelles pour y tre entendu, et obtenir, si on tait majoritaire, de la direction quĠelle renont ses funestes projets, jusquĠ sĠindigner quand on leur parlait de faux mandats et de verrouillage des dbats. Le plus ahurissant a t que certains trouvassent tout fait juste que le vote de motions portant directement sur lĠordre du jour dĠun CN ft renvoy la fin de la sance (deux fois, le 23 septembre 2000 et le 13 mai 2001), et scandaleux que certains dĠentre nous hurlassent. Ce genre de crtinisme pseudo-parlementaire nĠtait dĠailleurs pas le propre de nos nouveaux amis. JĠai constat plusieurs fois que certains des meilleurs des ntres croyaient vraiment, sĠils savaient eux, quĠil y avait des faux mandats, que si nous parvenions, malgr ceux-ci (en en ajoutant ventuellement quelques-uns de notre ct), en respectant les rgles du Ç dbat È fixes par la direction, tre majoritaires au dcompte final, tous nos problmes seraient rsolus. Nous avons plusieurs fois manqu la majorit en CN dĠune poigne de voix, et constat tristement que si tous les camarades sur qui nous croyions pouvoir compter taient venus, nous lĠaurions eue. Cela aurait-il chang quelque chose ? Non, bien videmment, puisque ceux dĠen face taient dcids nĠen tenir aucun compte.
Il y avait l une incapacit fondamentale tirer les consquences du changement radical que nous subissions, provoquant une obstination faire comme si tout tait comme avant, en appelant a dmocratie. Du moment que la direction Delpas, en fait ceux, quels quĠils fussent exactement, qui en tiraient les ficelles, avait adopt la ligne Ç On liquide, et on sĠen va È, elle nĠavait plus aucune raison de tenir compte de lĠopinion de la base dĠune organisation dont elle ne voulait plus. Si elle nous avait jusque l laiss faire dans nos facs ce que nous voulions sous le nom UNEF, avait tolr nos objections dans les CN, en avait parfois (de moins en moins) tenu compte, ce nĠtait pas par souci dmocratique : cĠtait que tant quĠil sĠagissait de maintenir lĠUNEF, elle avait absolument besoin de nous, ne serait ce que pour les lections au CNESER o nos voix taient indispensables. Inversement, si nous acceptions dĠtre, chaque fois, minoritaires, face des positions de plus en plus scandaleuses quant la politique du gouvernement, ce nĠtait pas (certains dĠentre nous lĠavaient apparemment oubli en route, avec lĠhabitude) parce que nous tions des dmocrates convaincus (si tel avait t le cas, nous aurions joyeusement appliqu dans nos facs la ligne vote par les CN), mais parce que nous savions que nous tions malgr tout mieux lĠintrieur de lĠUNEF, en faisant ce que nous voulions dans nos facs, que dehors (la triste suite des vnements a confirm cette impression). Il nĠy avait donc aucune raison de penser que, de mme que nous avions accept dĠtre minoritaires pendant trs longtemps, la direction Delpas accepterait de lĠtre dsormais, puisque les positions nĠtaient pas du tout symtriques. Le vote est un bon moyen de trancher entre gens dtermins, ou rsigns, rester dans la mme organisation : quand la sparation est dcide par lĠune des parties, il nĠa aucune utilit. La seule chose rationnelle faire tait de dcrter que nous tions majoritaires, ce qui tait dĠailleurs exact, et dĠignorer la raction des autres. Nous en avons t incapables.
Cela renvoie un problme beaucoup plus vaste : nous savions, quoi quĠon en ait dit, ce que nous voulions, mais ne savions pas du tout comment le faire. Nous voulions, tout simplement, continuer ce que nous faisions depuis des annes, du syndicalisme tudiant dans nos facs, dans une perspective nationale parce que nous savions bien que ce ne pouvait tre crdible sans. Il nĠtait pas besoin dĠavoir beaucoup dĠexprience de lĠUNEF-ID les jours dĠlections, pendant les chanes dĠinscriptions, les jours o elle tenait congrs local, et de son absence tous les autres jours pour comprendre que cela serait impossible dans le cadre de la Ç runification È quĠon prtendait nous imposer, dont il tait clair que ses structures seraient celles de lĠU-ID (On ne peut que renoncer distinguer, parmi les quelques-uns qui ont prtendu le contraire, quels taient les nafs, quels taient les faux-derches. La plupart, hors LCR bien sr, taient sans doute lĠun et lĠautre la fois). Pour la plupart dĠentre nous, la solution tait simple : remplacer la direction qui voulait liquider par une autre, un bureau national de 31 membres, un prsident, un secrtaire gnral, un trsorier, quatre ou cinq secrtaire nationaux, pour que tout continut comme avant (Je passe sur les quelques-uns qui prchaient quĠil ne fallait pas tre mchant comme a, mais convaincre la direction Delpas quĠelle se trompait. Mme remarque que dans la parenthse prcdente). CĠtait rigoureusement impossible sans appui politique solide, que nous nĠavions pas, mais fort peu sĠen rendaient compte. Ë force de faire des discours sur lĠindpendance politique de lĠUNEF et de la dngation sur son lien avec le PCF, beaucoup avaient fini, dfaut dĠen convaincre dĠautres, par se convaincre eux-mmes. Inversement, beaucoup dĠopposants (rcents, en gnral) qui dnonaient ce lien taient persuads que sa suppression abolirait tous les problmes, sans voir quĠil condamnait la structure. Localement, nous pouvions avoir lĠillusion dĠtre indpendants financirement grce aux subventions, pourtant maigres, des universits (indpendance certes paradoxale) et aux locaux, galement fournis par elles. Il ne pouvait tre question pour nous dĠavoir un sige national Paris (il nĠy avait bien sr aucun espoir de conserver celui de la rue douard Pailleron, puisque la direction confdrale de la CGT soutenait la Ç runification È), ni de rtribuer des permanents renonant de fait (au moins provisoirement) faire des tudes en leur donnant des garanties suffisantes quant leur avenir.
Comme je lĠai dit plus haut, jĠtais conscient du problme. Cela ne signifie pas que jĠaie eu une vision claire de la solution. Je crains dĠavoir parfois donn lĠimpression, au cours de ce long rcit, de considrer que jĠtais le seul lucide, victime des errements de tous les autres. Ce serait absurde : la preuve suffisante en est que a nĠa pas march. Si jĠavais un peu plus de recul que la plupart de mes camarades, je nĠai pas russi les convaincre. Je crois dĠailleurs de moins en moins, avec le recul, que ce que je voulais et pu tre durablement viable. Mon ide tait quĠil fallait maintenir lĠactivit syndicale au niveau local, en improvisant une direction nationale qui ne pourrait, faute de moyens, quĠtre essentiellement symbolique, et en comptant sur internet pour coordonner lĠaction des AGE. a nĠtait pas totalement absurde, puisque cĠtait ce que nous avions fait au moins depuis le congrs de Pantin, en ignorant totalement une direction nationale qui prouvait son inutilit.
Ce nĠtait pas totalement absurde, une condition prs : pour que les AGE pussent fonctionner de faon presque totalement autonome, il fallait que chacune et une direction politique solide[53]. Ces directions pouvaient tre de toutes doctrines, affiliations, obdiences, ou compromis entre ces trois aspects, pourvu quĠelles estimassent avoir un intrt faire du syndicalisme tudiant, et en dduisissent une volont de travailler avec dĠautres directions dĠAGE ayant doctrines, affiliations, ou obdiences diffrentes. Il sĠagit encore, dĠun autre bout, de ce qui a toujours t refoul, le rapport entre syndicalisme tudiant et politique. En thorie, le but du syndicalisme tudiant est de runir le plus possible dĠtudiants, idalement tous ou presque tous, pour dfendre les intrts quĠils ont en tant quĠtudiants, sur le modle des syndicats de salaris, et ceci donc sans rapport avec dĠventuelles appartenances politiques, mme sĠil est bien sr normal que les tudiants syndiqus en aient par ailleurs, et donc normal que ces appartenances aient une influence sur la composition des directions syndicales. Cette thorie se heurte un constat empirique incontestable : on ne peut pas, on nĠa jamais pu, et tout indique quĠon ne pourra jamais, faire du syndicalisme tudiant srieusement, efficacement et durablement, sans arrire-penses politiques. CĠest un triste fait, quĠon explique par le caractre transitoire de cette condition et bien dĠautres choses, que fort peu dĠtudiants ont spontanment conscience quĠils ont des intrts communs dfendre en tant que tels, et quĠil est rare quĠon puisse leur en faire prendre conscience avant quĠils aient cess dĠtre tudiants. Presque toujours, cette conscience syndicale suit la conscience politique, elle-mme forcment trs minoritaire, au lieu de la prcder comme on considre, en bonne thorie, quĠil est normal chez les salaris.
Bien sr, il nĠy avait pas dans les syndicats tudiants que des militants politiques conscients, agissant syndicalement dans un but politique. Il y taient mme largement minoritaires. La plupart des militants adhraient au syndicat parce quĠils taient (plus ou moins) convaincus de son utilit, parce quĠils taient heureux dĠaider leurs camarades ayant des problmes individuels, ou tout simplement parce que lĠambiance du local tait sympathique. Mais lĠexprience montre quĠil fallait une direction politique pour que ceux-l vinssent, pour que la continuit ft assure les jours o personne nĠavait envie de militer, pour que la ligne restt ferme sur une activit syndicale, ou du moins principalement syndicale. Quand cette direction venait manquer, a tournait invitablement soit au nĠimporte quoi, des pires neries gauchistes lĠorganisation de matchs de football, soit, le plus souvent, au vide total, ceux qui aimaient frquenter le local de temps en temps constatant quĠil tait dsormais vide.
Si nous avons pu faire ce que nous avons fait, cĠest que nous avions, au dbut du processus de liquidation, de telles directions, dans presque toutes les AGE qui lĠont dĠabord refus, le plus souvent tablies depuis longtemps. Mais il y avait une condition supplmentaire pour durer, que ces directions politiques fussent capables de se reproduire. LĠhistoire de notre liqufaction est dĠabord celle de cette incapacit. Le grand et glorieux sursaut du dbut de ce mois de juin 2000 avait t presque partout lĠÏuvre de cadres relativement gs, presque tous en fin dĠtudes. a nĠaurait rien eu, en soi, dĠtonnant, de navrant, de scandaleux, sĠils avaient eu des successeurs prts prendre la relve. Il ne sĠen est point trouv. Il ne manquait pas, en gnral, de militants pour les approuver et pour les suivre, mais aucun pour assumer leur succession.
Ë Paris IV, tout reposait, depuis janvier 1998, sur Philippe et sur moi qui, ayant pris la direction de lĠAGE ensemble un peu par hasard (de mon ct, en tout cas), nous tions trouvs heureusement complmentaires en pratiquant lĠunion dialectique (trs dialectique, parfois). JĠatteignais vingt-neuf ans, ce qui tait incontestablement trop, lui vingt-cinq, ce qui tait dj beaucoup. Une tentative de transition, dont il a dj t question, lĠautomne 1999, avait tourn au dsastre et au massacre entre nous deux. Comme toujours en cas de massacre, beaucoup de militants innocents avaient alors pris la fuite. LĠaffaire du CNESER nous avait rconcilis, et conduit reprendre la direction, mais nous manquions largement de troupes, et totalement de ttes politiques capables de nous succder, ce qui est apparu nettement quand jĠai dcid de me retirer dbut 2001.
On hsite dire que Paris I avait, avec le couple Jihad Wachill / Sylvestre Roth (trs dialectique, rarement uni), une direction politique solide. Elle suffisait peu prs grce au voisinage de Paris IV. Mais quand ils se sont massacrs lĠautomne 2000, il est apparu clairement quĠil nĠy avait personne derrire eux pour arbitrer, ou les remplacer.
Lille venait dĠlire une telle direction, assez jeune, avec Gilles Andris et Fabienne Yung, suivis de prs, bien quĠil ne ft plus tudiant, par William Roger. Mais a avait t au prix dĠun massacre gnral. Eux non plus nĠont pas eu de successeurs. Gilles est rest seul quand Fabienne sĠest retire. Si lĠAGER de Rouen a totalement disparu en un an, cĠest quĠil nĠy a eu personne pour succder Leila Messaoudi, qui terminait ses tudes par le CAPES. JĠai dj dit ne pas avoir compris si la GR sĠtait retire du syndicalisme tudiant faute de troupes, ou par choix. Le rsultat est l : lĠautomne 2000, il ne restait plus que des militants non politiques qui, aprs avoir affich leur ferme intention de continuer, se sont disperss rapidement. LĠorigine du problme caennais, pour un rsultat diffrent, est vraisemblablement la mme : Olivier Ruet tait le seul politique, ce qui nĠtait manifestement pas suffisant (mais nĠexcuse pas bien sr ses procds contre nous). Le CEN de Nantes avait incontestablement une direction politique solide, mais dont lĠobjectif exclusif tait manifestement le culte de la personnalit de Manuel Canvet, ce qui est rapidement apparu incompatible avec le syndicalisme tudiant.
Je suis convaincu, bien que je nĠaie eu aucun contact avec elle aprs la conversation tlphonique au moment du CNOUS dont jĠai parl (en partie dĠailleurs parce que je nĠai plus pu avoir de contact) que ce fut galement la cause principale du dsastre de lĠAGEL de Limoges. Sa dernire direction politique avait vu dans la scission de lĠUNEF en avril 1999 le moyen de rgler ce problme. Rsultat : un an plus tard, on sĠy souciait plus de lutter contre la clbration de la Saint Valentin que des lections au CNESER. JĠai un peu plus dĠlments sur Le Mirail, puisque jĠai retrouv ensuite le contact avec des anciens, et la mme impression, que la direction communiste (anti mutation) a t incapable de se reproduire, avec cette nuance quĠil y a eu au moins dans un premier temps une direction politique pour la remplacer, mais beaucoup trop anarchisante pour tre syndicale au sens o nous lĠentendions (et o je persiste lĠentendre).
Ë Lyon, le basculement de notre ct a t lĠÏuvre de Nicolas Pailleux et Sylvain Henry, le premier en dernire anne lĠINSA, le second terminant ses tudes Lyon II. Ë la rentre 2000, ils nĠtaient plus l. Il restait une seule tte politique, Caroline Ramirez, trsorire devenue en cours dĠanne prsidente par vaporation du prsident et de la secrtaire lĠorga, qui avait le handicap dĠtre trs jeune, dĠtre seule, et surtout dĠtre de Lyon I, la fac de Sciences, qui tait depuis trs longtemps une petite annexe pour lĠUNEF Lyon dont presque toutes les forces taient Lyon II. Rsultat : tous les militants de Lyon II (il y en avait), qui taient trs fort contre la Ç runification È ont disparu sans laisser dĠadresse, faute de direction.
Orlans semblait avoir une forte direction PCF dbut juin 2000. Elle sĠest vapore, et lĠAGE avec elle. Les choses furent plus compliques Bordeaux (et je nĠai pas tout compris, en particulier comment ceux qui nous considraient comme de dangereux gauchistes et fuyaient tout dialogue srieux avec nous avaient pu finir la grotesque FSE), mais jĠai galement lĠimpression que les cadres PCF solides commenaient manquer.
Il y avait en juin 2000 une exception, vry, avec une direction politique solide mais jeune, autour de Guirec Manceau et Natacha Sommer. CĠest certainement pour cela quĠelle a t la dernire AGE tenir, qui arborait encore deux ans aprs la Ç runification È notre superbe logo rouge. Mais le rsultat final a t le mme que partout ailleurs, avec deux ans de dcalage. Quand Guirec a achev ses tudes, il nĠa pas eu de successeur, et il nĠy a plus eu de syndicat, seulement une corpo locale qui nĠa pas longtemps survcu.
Aucun de ces syndicats (sauf peut-tre Paris IV, dans un processus compliqu qui nĠest pas de notre sujet) ne sĠest jamais relev. Cette hcatombe demande explication. Il faut dĠabord remarquer que les vrais militants politiques, au sens o nous pensions lĠtre, essayions du moins, commenaient se faire rare dans le milieu tudiant. a ne sĠest pas arrang depuis : nous pouvons apparatre rtrospectivement comme les derniers individus dĠune espce en voie de disparition. a contribue expliquer que nous nĠayons trouv personne pour nous succder. Le contexte particulier nĠarrangeait rien, puisquĠil sĠagissait de sĠopposer une Ç runification È que toutes les principales forces politiques encore prsentes dans les facs, le PS, le PCF, la LCR, et galement le mystrieux groupe Socialisme par en bas, qui connaissait alors un bref succs[54], applaudissaient, hors LO qui nĠa jamais voulu sĠimpliquer, et les lambertistes, alors PT, dont nous nĠaurions certes pas voulu. Nous ne pouvions donc avoir que des sans-partis, ou de quelques groupuscules, ou des marginaux dans leurs partis.
Nous tions presque tous, hors les camarades de la GR, issus dĠorganisations politiques soutenant le gouvernement Jospin, dont nous nous tions loigns, pour des raisons en partie universitaires, mais en partie seulement (il nĠy avait pas que dans ce domaine quĠil faisait pire que Jupp et Balladur), soit en les quittant, soit en y passant diverses oppositions. Pour la plupart (moi en particulier), le syndicalisme tudiant, entrepris comme un aspect dĠune action politique, tait devenu un refuge, le seul domaine o nous pussions faire ce qui paraissait juste, combattre la politique du gouvernement. Nous nĠavions donc aucun vivier politique o recruter des cadres syndicaux. Nous tions dĠune gnration de militants qui taient venus la politique et la gauche pour lutter contre les gouvernements de droite (pour les plus vieux, dont jĠtais, contre les gouvernements PS dĠavant 93, quand il y avait une opposition de gauche ceux-ci, du PCF principalement), et avions constat, plus ou moins rapidement aprs la victoire et lĠaccs au pouvoir dĠtat dĠune coalition de nos partis en mai 97, dĠabord que a ne changeait rien, ensuite que cĠtait pire. Une telle exprience ne pouvait tre transmise. Les tudiants qui adhraient, en ces horribles annes, nos partis, ou anciens partis, le faisaient parce quĠils aimaient la politique de Jospin, menteur, voleur, affameur et assassin. Ils taient dĠailleurs fort peu nombreux. Ceux qui nĠaimaient pas ne faisaient pas de politique, ou alors, ce qui tait une autre manire de ne point faire de politique, sombraient dans les pires dlires gauchistes, incompatibles avec une conception saine du syndicalisme tudiant.
Il aurait bien sr fallu que nous fussions capable de faire merger, parmi les militants syndicaux qui nous suivaient (Il y en avait. En nombre ridicule, certes, mais nanmoins suprieur ce quĠon trouvait en face) des cadres politiques capables de nous remplacer, hritiers de notre pense syndicale et de nos arrire-penses. CĠtait bien peu prs, en moins prcis bien sr, lĠide que nous avions. Il nĠest pas surprenant que a nĠait pas march. CĠtait un handicap structurel du syndicalisme tudiant quĠil tait incapable de produire lui-mme ses cadres, tant tait norme, et fatale, la coupure entre les directions, politiques, et la base, qui trs majoritairement ne lĠtait pas. Cela ne se voyait pas trop tant quĠil y avait suffisamment de politiques dans lĠAGE pour pourvoir chaque fois les postes vacants, qui leur revenaient naturellement. Quand, faute de tels candidats, on en est arriv les donner au meilleur militant ou, pire, celui qui en avait envie, le dsastre tait certain.
Cette coupure, tant que les choses taient normales, nĠtait videmment pas totale, pas totalement irrmdiable en tout cas. Il arrivait bien sr quĠun militant apolitique au moment de son adhsion au syndicat ft convaincu par dĠautres qui ne lĠtaient pas de rejoindre leur organisation politique, et y acqut ainsi les qualits ncessaires un bureaucrate syndical. CĠtait un intrt annexe du syndicalisme tudiant pour les organisations politiques qui y taient impliques, quĠil tait aussi un moyen de recruter. Notre problme en 2000 tait que nous nĠavions pas dĠorganisation politique o pousser ceux de nos militants syndicaux que cela pouvait intresser. Ceux qui en trouvaient une sans nous la trouvaient hostile nous, et devaient choisir.
On en revient toujours au mme point, quĠon ne peut pas faire de syndicalisme tudiant srieusement et durablement sans quĠil soit appuy sur une organisation politique existant nationalement de faon significative. Cela, tous les gens raisonnables qui ne sont pas de fieffs menteurs, lĠadmettent volontiers, mme si certains peuvent lĠoublier dans des priodes dĠexaltation comme celle dont nous parlons. Mais quand on dit cela, on pense essentiellement au problme de son financement. CĠest un aspect important : ce nĠest pas le seul. Nous avons pu, dans le moment dĠexaltation dont il est question, penser le dpasser ou du moins le contourner. Nous avons but sur lĠautre aspect, incontournable celui-l : le renouvellement des cadres. Une direction politique nationale issue dĠune organisation bien implante peut parfois fournir aux syndicats locaux les cadres quĠils ne trouvent pas spontanment. Elle peut surtout, et cĠest le plus important, pallier provisoirement leur absence, en permettant, par son suivi, le maintien dĠAGE sans direction politique, en attendant quĠil leur en arrive une, voire en crant ou recrant des AGE ex nihilo quand elle se trouve avoir un politique, recrut par dĠautres voies (ds le lyce, ou par une organisation locale sans prsence la fac) sur place. Sans une telle direction, tout manque ponctuel de direction pour une AGE conduit sa disparition, sans retour possible. CĠest pour cela que ce que je voulais faire de lĠUNEF lĠpoque nĠtait pas viable moyen terme : partant dĠune prsence sur un bon tiers ou une petite moiti des universits franaises, ce qui tait estimable, nous ne pouvions, dans la dure, que perdre des AGE (mme si a aurait pu tre moins rapide), sans espoir dĠen gagner ou regagner jamais.
Une autre chose a contribu acclrer notre dbandade, dont nous nĠavions pas conscience au dbut du processus, que le lien connu entre UNEF et PCF, outre les avantages tout fait thorisables analyss ci-dessus, en avait un annexe, paradoxal, contraire toute thorie syndicale, et qui nous a manqu cruellement par la suite : quĠil dissuadait un certain nombre de gens dĠadhrer. Il nĠtait pas ncessaire, pas du tout certes, dĠtre communiste pour adhrer lĠUNEF, mais il fallait du moins pouvoir accepter dĠappartenir une organisation dirige par des membres du PCF, dont lĠaction profitait ncessairement au PCF. Cet effet repoussoir a plutt lĠair dĠun dfaut, pour une organisation ayant pour but de rassembler tous les tudiants conscients dĠavoir des intrts en commun, et nĠtait lĠpoque, envisag que comme tel, sur le mode du regret ou de la rsignation, voire de la dngation (chez les comiques qui prtendaient quĠil fallait changer a, ou, plus drle encore, expliquer aux tudiants combien cĠtait faux). Il avait pourtant lĠavantage certain, quĠon a bien peru ensuite quand il est venu manquer, dĠcarter a priori, sans quĠaucun effort ft ncessaire, les gauchistes les plus toxiques comme les plus affreux droitiers, qui lĠide dĠtre dans un syndicat Ç stalinien È tait insupportable, ce qui vitait bien des difficults. Sitt cette heureuse hypothque leve, en bien des endroits, les uns ou les autres, voire les deux, se sont jets sur nos AGE comme jadis la vrole sur le bas-clerg breton, et contribu leur faire perdre tout caractre syndical. CĠest une autre explication, complmentaire, de lĠeffondrement de Limoges et du Mirail aprs leur scission : avant la scission, il y avait quelques anarchisants (relativement) modrs, assez pour accepter dĠadhrer lĠUNEF ; aprs, ceux qui ne lĠtaient pas nĠavaient plus aucune raison de se retenir, ce qui a totalement chang les AGE. CĠest encore une limite structurelle du syndicalisme tudiant : son caractre fatalement groupusculaire fait que lĠadhsion un syndicat local dĠun groupe cohrent dcid lĠutiliser pour en faire autre chose peut en faire basculer la majorit (ce qui nĠarrive pas, ou trs rarement, dans les syndicats de grandes personnes, qui ont beaucoup plus dĠadhrents, et sachant pourquoi il sont l) si on ne prend pas temps des mesures horriblement antistatutaires pour lĠempcher. LĠidentit communiste (tue, mais flagrante) de lĠUNEF offrait contre cela une sorte dĠimmunit naturelle assez efficace, quoique dcidment non thorisable (puisque la thorie ne pouvait tre autre chose que : le syndicat est par dfinition ouvert tout tudiant souhaitant y adhrer pour dfendre ses intrts, cĠest tout fait par hasard quĠil est dirig par des communistes). CĠtait si naturel quĠon ne sĠen est vraiment aperu quĠaprs lĠavoir perdue.
Nous avions donc dcidment fort peu de chances de russir maintenir une UNEF, et moins encore quĠelle ft durable. Il aurait fallu pour compenser tous nos handicaps conjoncturels et structurels un trs haut niveau de vertu que nous nĠatteignions videmment pas.
*
Il reste une question : que serait-il arriv si nous avions russi dposer pour le CNESER une liste qui aurait t reconnue comme valide, et donc y avoir un lu ? Cela nĠavait rien dĠimpossible.
Il est certain que notre ignorance totale jusquĠau lundi matin de la procdure suivre, et encore le lundi soir de la possibilit de complter la liste aprs dpt, nous a nui. DĠaprs les arguments (le seul, dĠailleurs) qui ont prtendu justifier son invalidation, il nous aurait suffit de dposer dans les dlais une feuille simple portant le titre, et le nom dĠOlivier Ruet prcd du chiffre un, pour disposer dĠun jour franc partir de la premire runion de la commission, donc trois jours au moins, pour complter la liste, ce que nous aurions fait sans difficult. Il nĠy a cependant pas de grands regrets avoir, tant on peut tre certain que Ç Trs-Haut È aurait trouv autre chose pour nous interdire, lequel Ç Trs-Haut È a, rappelons le, commenc par interdire dĠaccepter quoi que ce ft de notre liste, avant de trouver lĠargument du rcapitulatif pour dire que ce nĠen tait point une.
En revanche, si nous avions dpos dans les dlais une liste irrprochable, Ç Trs-Haut È nĠaurait vraisemblablement pas os sĠopposer sa validation. Il ne nous a manqu que trois actes, qui sont finalement arrivs dans les heures qui ont suivi. Si les camarades dĠOrlans et de Lyon I avaient pu faxer temps (Il nĠy a aucune raison de leur en vouloir de ne pas avoir t disponibles le bon jour, puisque tout cela tait imprvisible. Ils auraient pu lĠtre), lĠaffaire tait faite (et nous aurions bien sr fait, ventuellement dans le mtro, le fameux rcapitulatif). Plus radicalement, si les scissionnistes de Solidarit tudiante avaient accept, comme ils devaient logiquement le faire, de marcher avec nous au lieu de nous cracher la figure, nous aurions eu deux candidatures de plus, de Limoges et du Mirail, et celle de Pau serait arrive temps. On peut envisager bien dĠautres possibilits : si les camarades de Bordeaux avaient march, et nous avaient fourni quatre candidatures, si ceux dĠOrlans avaient bien voulu nous en donner une autre quand nous nĠarrivions pas joindre Ç le plus sectaire È, si lĠun des deux lus de lĠcole normale avait trait le veto de lĠaffreux Hetzel comme il mritait de lĠtreÉ et bien sr si nous nĠavions pas d passer la dernire du peu dĠheures que nous avions pour trouver des candidats essayer dĠavoir Olivier Ruet au tlphone pour le convaincre de ne pas passer SUD contre la parole quĠil nous avait donne.
Nous aurions indniablement pu russir, avec un peu plus de chance. Cela aurait-il chang quelque chose la suite ? Avoir un lu au CNESER, et les millions y affrant, nous aurait-il rendu plus raisonnables, ou t, avec beaucoup de fric en jeu, une raison dĠaggraver le massacre ? Avec le recul, la rponse me parat malheureusement vidente.
QuĠaurait-il fallu faire, alors ? Nous partions dĠune ide simple, comme je lĠai dj dit, que nous voulions continuer ce que nous faisions depuis des annes, que nos prdcesseurs avaient fait avant nous, qui tait incontestablement utile, en tant quĠaide concrte des tudiants, que moyen de limiter au moins lĠeffet des rformes nocives, que moyen de prise de conscience politique contre les gouvernements anti tudiants, pas seulement anti tudiants. LĠennui, dont nous nĠavions pas conscience, ou alors pour les meilleurs une conscience trs partielle, tait que la construction sur laquelle ce travail tait appuy, qui bien que depuis quelque temps en ruine tenait encore suffisamment debout pour lĠusage que nous en avions, sĠeffondrait brusquement sous lĠeffet dĠune action extrieure, et que contre cela nous ne pouvions rien. Notre projet, dans ses versions les plus lucides, tait donc quelque chose comme : accrochons nous au pinceau puisquĠils ont enlev lĠchelle.
Il tait dcidment impossible de russir. Nous aurions pu, avec plus de cohrence intellectuelle, viter dĠtre ridicule, et maintenir plus longtemps nos syndicats, ce qui, dj, nĠaurait pas t mal. Il valait la peine de lĠessayer. Nous ne pouvions en tout cas, quand dĠautres ont dcrt la mort de lĠUNEF et de tous les syndicats qui la composaient, et lĠont publie en deux jours, que tenter de rsister, pour dnoncer cette trahison et lĠimposture de la Ç runification È. Cette protestation, aussi grotesque quĠait t la suite, reste un acquis, qui nous permet aujourdĠhui encore, quand un jeune imbcile ou un vieux salopard ose dire premptoirement que lĠUNEF-ID nĠexiste plus ou quĠil y a eu runification, de le traiter comme il mrite de lĠtre. Il est certain que nous aurions mieux fait, moi en particulier, de renoncer plus tt, en tirant les consquences de notre chec, plutt que nous obstiner tenir des serments auxquels personne ne croyait, pas mme nous. Il est tout aussi sr que nous nĠy avons, hors notre temps, rien perdu, puisquĠil nĠy avait plus rien faire en matire de syndicalisme tudiant, ni lĠUNEF-ID prtendument runifie, ni la FSE.
Il est bien dommage quĠil nĠy ait plus de syndicalisme tudiant digne de ce nom en France. Mais il est tout fait clair quĠil ne servirait rien dĠessayer dĠen refonder un tant que nĠexistera pas une organisation politique ayant la capacit de le prendre en charge, tant par son poids dans le dbat gnral que par son implantation parmi les tudiants et des objectifs gnraux compatibles avec leurs intrts. Nous sommes donc renvoys un problme global, dont la liquidation du syndicalisme tudiant nĠa t quĠune manifestation : lĠeffondrement de la gauche au sens o on lĠentendait dans les annes 1970.
JĠai fait tout ce quĠun bureaucrate a lĠhabitude de faire,
et pour le reste, jĠai fait ce que jĠai pu.
Bellegarde - Mijoux - Bellegarde, 5 juin - 23 septembre 2020 (revu en novembre),
E. L.
1- Le collectif national du 3 juin
2- Chasse aux candidats, en chambre
1- Dfendre la liste face au ministre
2- Dfendre lĠUNEF contre les liquidateurs
3- Dfendre notre unit contre la division
III— Ce que jĠai cru comprendre, et ce que je
nĠai toujours pas compris
1- Pourquoi ont-ils tu lĠUNEF ?
2- Pourquoi avons nous t trahis ?
3- Pourquoi avons-nous t ridicules ?
[1] Le site Tombeau pour lĠUNEF a t construit partir de celui des opposants la Ç runification È en 2000/2001 (voir sa rubrique Histoire du site) en reprenant tout ce qui tait publi alors.
[2] Je ne dveloppe pas, car ce tmoignage, qui sera dj trs long, nĠest pas un article thorique (jĠespre en crire un un jour). Je renvoie ceux qui voudraient en savoir plus mes trois contributions de 2000/01 qui sont publies dans la partie Paris IV du site, crites dans trois contextes trs particuliers et avec des intentions polmiques certaines, refltent nanmoins assez bien sur ce point ma conception dĠalors, qui nĠa que peu volu.
http://www.unef.org/paris4/interne/contribelyasseete2000.pdf http://www.unef.org/paris4/interne/vieuxcriseneuf.pdf http://www.unef.org/paris4/interne/contrib2704.pdf
[3] JĠai trouv en juin 2001 sur un site nomm Transfac, et publi sur le forum (o elle est toujours http://www.unef.org/forumunef/forum17.htm@body=1&forum=archive17-discussion.htm) une note passionnante (quoique dĠun point de vue qui nĠest videmment pas le ntre) de Robi Morder sur la scission de 1971. JĠignore sĠil sĠagit du texte de son article Ç 1971, la scission de l'UNEF È, dans La Revue de l'Universit de 1997, qui est cit en bien des endroits, mais sur lequel je nĠai pu mettre la main.
[4] CĠest tout fait dlibrment que je ne dis rien du rle, certes capital, des ESU, puisquĠil a pris fin quarante ans avant le sujet de cet article.
[5] Les statuts de 1969, qui ont t officiellement ceux de notre UNEF jusquĠ sa fin, ceux de lĠautre jusquĠen 1980, lĠavaient abolie. Ils nĠont jamais t appliqus. Voir la rubrique Statuts du site http://www.unef.org/statuts/statuts.htm
[6] [note de novembre] J'ai appris rcemment que ce n'tait pas tout fait exact, que la question de l'utilit du maintien avait t pose au niveau du PCF en 1987 aprs les tats gnraux. a n'a cependant rien voir, puisqu'elle avait rapidement eu une rponse positive.
[7] [note en novembre 2020] J'apprends grce aux discussions sur le groupe Facebook qu'elle tait, aux lections pour le CROUS de 1991, largement en tte, avec cinq cents voix.
[9] http://www.unef.org/paris4/interne/collnat300199.pdf
http://www.unef.org/paris4/interne/collnat210299.pdf
[11] Les camarades de Limoges nous avaient avertis quĠils pensaient srieusement quitter lĠUnion nationale aprs le congrs. Ils ne nous avaient pas dit quĠils le feraient en plein milieu de celui-ci. Les deux premiers jours, ils nous ont vit (ce qui a fort compliqu la coordination des AGE contestataires) et nous ont fait la surprise le troisime. La dclaration quĠils ont lue la tribune, et la contribution, o il nĠtait pas question de scission, quĠils avaient diffuse au dbut sont sur le site unef.org, rubrique congrs http://www.unef.org/congres/79/79declarationlimoges.pdf http://www.unef.org/congres/79/79contriblimoges.pdf
[12] Fdration des Associations tudiantes de Bordeaux. Comme on lĠa abondamment dit, lĠUNEF tait une fdration dĠAssociations gnrales tudiantes (gnrales par opposition aux associations de filires ou de facults). A lĠorigine, chacune avait son nom propre, les plus prestigieuses ayant t cres avant leur fdration dans lĠUNEF en 1907. Certaines lĠavaient conserv qui, ayant t du renouveau ds le dbut, avaient une continuit juridique : cĠtait le cas de lĠAGET de Toulouse, des deux AGEL de Lille et Limoges. DĠautres ont repris de vieux noms sans continuit juridique : sauf erreur de ma part, lĠAGER UNEF, de Rouen, ne lĠavait pas du tout. Certaines aussi, de cration ou recration rcente, se sont donn un nom propre pour faire comme les anciennes : cĠest le cas du CEN (Collectif des tudiants de Nantes)É ou de lĠUNEF Paris IV (AGEPS), Association gnrale des tudiants de Paris Sorbonne, sur le modle des vieilles (et en oubliant dlibrment que ce nom avait t pris par une corpo de droite phmre quelques annes plus tt). CĠtait une ide moi, que Philippe avait approuve, dans la perspective dĠune scission possible. Elle mĠest revenue dans la figure au printemps 2001 (justice immanente).
[13] On a cit celle du Mirail (les Lettres, Toulouse II) aprs le congrs de 99. LĠArsenal, Toulouse I, Droit et conomie et, surtout en ce qui concernait lĠUNEF, IEP, avait fait scission aprs le congrs de 1997. Restait officiellement lĠUNEF, Rangueil (Toulouse III, Sciences), ayant apparemment (ce serait vrifier) la continuit juridique avec lĠAGET, mais sans militants semble-t-il.
[14] [Note de novembre 2020: je mets "beaucoup de socialistes" plutt que "les socialistes" (version prcdente), pour faire plaisir Johann Morri, qui lui-mme tait socialiste, et l'UNEF]
[15] Elle sĠtai prsente (avec notre approbation) au BN un renouvellement partiel et en tait membre associe (je crois me rappeler que cĠest parce que la direction voulait bien dĠelle, mais avait trop de candidats caser).
[16] [Note de novembre 2020. Je l'ai retrouv, au fond des archives informatiques de l'UNEF Paris IV (pas conserv dans mes mails, mais dans un fichier word apparemment fait pour le faire connatre mes camarades)]
Ç Fdration SUD-Etudiant Solidaires Unitaires Dmocratiques 23,
rue de la Mare 75020 Paris Rpondeur 01 44 62 13 21 Tlcopie 01 44 62 12 34
mail <sud-etudiant@ras.eu.org>
Objet : campagne des
lections au Conseil National de lâEnseignement Suprieur et de la Recherche (CNESER)
CherEs camarades,
En vue des lections au
CNESER (du 26 juin au 5 juillet 2000), nous comptons prsenter une liste
regroupant celles et ceux qui se sont mobilisEs contre les attaques librales
et pour la dfense d'un service
public d'enseignement suprieur de qualit. Le CNESER est
obligatoirement consult sur tous les problmes touchant l'organisation
gnrale de l'enseignement suprieur. Toute rforme doit lui tre soumise, pour
avis. Il n'est donc pas dcisionnel, mais est sens permettre au ministre de
demander l'avis de la communaut universitaire. Son rle est relativement
restreint, mais le dveloppement de la contractualisation lui a donn un rle
dans la dfinition des grands axes
de la politique universitaire. Alors que les attaques contre le service public
sont de plus en plus virulentes, la reprsentation tudiante a toujours
entrin (en votant " pour " ou en s'abstenant) tous les projets
gouvernementaux. C'est pourquoi mme si nous ne nous faisons aucune illusion
sur cette instance et sur son poids , nous voulons y porter un contre-pouvoir
tudiant. En association avec les forces syndicales enseignantes et IATOS
(notamment Sud ducation) qui partagent notre projet, nous porterons dans ce
conseil une voix alternative.
Ensemble nous nous sommes retrouvs depuis le mouvement de novembre-dcembre
1995 pour dnoncer la privatisation progressive de l'universit , ouvrant les
portes de l'enseignement suprieur aux entreprises et aux fonds privs,
l'autonomisation des universits, les conomies d'enseignantEs et de
personnels, et la prcarisation du statut de l'tudiantE.
Ainsi, la rforme Bayrou (1997) cense lutter contre l'chec en DEUG a
mis en place une semestrialisation scindant l'anne universitaire en deux parties indpendantes. Loin
d'avoir russi ce pari, elle a permis d'clater la cohrence pdagogique
annuelle et a ouvert la voie une politique de professionnalisation accrue par
le biais de l'introduction de stages de longue dure. De plus, la
rorganisation en units d'enseignements appauvrit les contenus des
enseignements empchant toute
relle ouverture interdisciplinaire et vers la recherche et faisant
ainsi du DEUG un " Bac-bis ". De plus cette nouvelle organisation du
DEUG laisse ouverte la voie de la semestrialisation de l'aide sociale.
Le projet Attali (1998) incitant individuellement enseignants et
chercheurs, travers la loi sur l'innovation, se lancer dans la cration d'entreprises "
innovantes "(sic), engageant via le Plan Universit du Troisime
Millnaire (U3M) les universits tisser et renforcer les liens avec le
milieu conomique local, organisant par l'intermdiaire de l'agence Edufrance
la vente du " savoir-faire ducatif franais " l'tranger ÷ qui
prfigure la marchandisation du savoir ducatif ÷, a travaill de multiples
faons inscrire dans les ttes et dans les faits l'emprise croissante du
march sur l'ducation.
Comme l'ont crit fort justement Pierre Bourdieu et Christophe Charle
dans Le Monde du 8 avril 2000, " dans l'universit, moyen constant,
la cration de filires "
professionnelles " ÷ dont le dernier avatar sont les licences professionnelles ÷ ne peut se faire qu'au
dtriment des filires existantes, qualifies de classiques et dclares
inadaptes. Cette fausse professionnalisation est, en ralit, le cheval de
Troie de la privatisation de
l'enseignement suprieur. Elle favorise ou autorise les interventions croissantes du " monde conomique
". Elle justifie l'allgement des savoirs disciplinaires au profit de
l'acquisition de comptences floues dont on ne sait si elles pourront tre mise
en ŝuvre dans un cadre professionnel. Enfin elle remet en cause la notion de
diplme nationale et la certification par l'tat de titres universitaires
".
La nouvelle rforme du CAPES ajourne 2001, est significative de la
volont de remodeler l'ducation nationale dans son entier. En rduisant comme une peau de chagrin le temps de
prparation aux preuves crites d'admissibilit, c'est en fait l'ensemble des
connaissances disciplinaires qui seront ainsi amoindries. Enfin, alors mme que
la volont affiche tait de lutter contre l'chec massif des tudiantEs ce
concours, on assiste, en fait, un renforcement de la conception litiste par
la prslection, et la rorientation " obligatoire ".
Ainsi, refusant une vision systmatiquement " allge " de l'enseignement
suprieur, nous voulons porter un projet alternatif de refonte du service
public en renouant avec les valeurs fondamentales d'galit et de solidarit.
galit dans l'accs un savoir de qualit, solidarit entre touTEs les acteurs/-trices de la communaut
universitaire. Aujourd'hui, le dfi relever doit tre celui d'un enseignement
dispens par un vritable service public d'ducation ouvert toutes et tous, permettant
chacune et chacun de matriser son destin social et professionnel.
Enfin, tre prsentE au CNESER peut nous permettre de faire avancer un
certain nombre de revendications visant amliorer les conditions de vie et
d'tude des tudiantEs. Comme l'galit relle entre tudiantE franaisE et
tudiantE trangrE (carte d'tudiantE = carte de sjour), la lutte contre la
prcarit (rduction et mensualisation des frais d'inscription, ·).
Aujourd'hui, la mobilisation tudiante est encore trop faible du fait
de sa dispersion mais malgr des
sensibilits diffrentes, ensemble, nous avons su rsister aux attaques
librales, ensemble nous pouvons le faire
savoir jusque dans l'instance interlocutrice du ministre, ensemble faisons enfin vivre un contre-pouvoir
syndical qui, inform, sera mieux arm pour contrer les projets gouvernementaux
contraires aux intrts des tudiantEs. C'est sur cette base unitaire que nous
vous invitons participer ensemble une liste pour les lections du CNESER.
En esprant que cette proposition retiendra toute votre attention,
veuillez recevoir nos salutations syndicales.
Nadia BENHELAL, Jean-Luc DELAUNAY et Cdric de BELLAING, porte-paroles
la fdration SUD-Etudiant. È [NdE: les E majuscules qui tranent partout ne
sont pas la consquence d'un problme d'encodage de caractres, mais d'une
rpugnante manie alors propre ces gens l, qui s'est depuis malheureusement
rpandue sous une forme lgrement diffrente, mais non moins rpugnante].
[17] Ç Camarades, Nous avons pris connaissance avec intrt de votre courrier du 14 mai propos des lections du CNESER, dont le contenu a tout pour nous satisfaire. En effet, nous avons eu depuis trois ans le souci constant de l'unit de tous ceux qui agissent pour construire un vrai syndicalisme vraiment tudiant, pour dfendre les tudiants au quotidien, pour lutter pour le maintien de l'Universit publique et son ouverture tous.
Nous ressentons plus encore le besoin de cette unit depuis les lections du CROUS de Paris o, SUD n'ayant pas rpondu nos propositions de liste unique, notre liste a manqu de 110 voix un lu alors que la vtre en faisait 700, et le mouvement contre Allgre quand, alors que nous appelions une AG en Sorbonne pour le retrait des rformes l'U-ID et SUD ont lanc un mot d'ordre concurrent sur la seule question des moyens.
C'est pourquoi nous avons lanc au dbut du mois, avec l'UNEF Paris I et l'AGEE-UNEF (Evry), un appel au renouveau du syndicalisme tudiant, pour l'unit sur une ligne clairement syndicale de tous ceux qui refusent le monopole sur la reprsentation des tudiants de l'U-ID et des corpos, qui ne les dfendent pas.
Cet appel a reu une premire rponse avec la constitution pour le CNOUS d'une liste de rassemblement pour la dfense du service public et de la justice sociale. Il est ncessaire que cette dmarche ne s'arrte pas l, mais se poursuive et s'largisse l'occasion des lections du CNESER, dont l'enjeu est plus important encore et o les chances de succs d'une telle liste sont bien suprieures. C'est pourquoi nous souhaitons participer une liste ayant les moyens et la volont de proposer une alternative face l'UNEF-ID et aux corpos. Cela suppose un large rassemblement, au-del de clivages plus ou moins rcents, de toutes les AGE de l'UNEF, des SUDs tudiants, des AGE qui ont form la Solidarit tudiante, des syndicats locaux autonomes et de tous ceux qui veulent promouvoir une Universit publique de qualit ouverte tous contre les rformes librales. C'est ce rassemblement que nous sommes dtermins travailler. Au ton et au contenu de votre lettre, nous voyons que vous l'tes aussi, et nous en rjouissons. Cordialement, È
[18] Guirec mĠa confirm quĠil tait l avec Nathalie (dont le nom mĠchappe). JĠai retrouv ensuite un change postrieur dĠinsultes sur le forum avec Rmi Lacapre (le 9 au soir) qui dnonait avec toute la stupidit dont il tait capable le vote au CN de personnes arrives Ç deux minutes avant È (cinq, selon lui). JĠai rpondu Ç Deux camarades sont effectivement arrivs dans la salle un quart d'heure avant le vote, qui ont vot contre la liste U-ID / Marion Brun / Lise Pastor. Deux. Pourquoi falsifier ? Il s'agit d'abord, par ordre d'entre en scne, de Fabienne, secrtaire l'orga de l'AGEL (Lille) qui travaillait Lille jusqu' midi et, avertie par tlphone de ce qui se passait, s'est prcipite dans un TGV pour venir voter contre la liquidation de l'UNEF. Lui refuses-tu, refuses-tu l'AGEL ce droit de voter ? Il s'agit ensuite de Guirec, qui tait en rvisions et que nous avons t trois appeler successivement pour lui dire qu'il devait venir (il est arriv avec une autre camarade d'Evry, Nathalie, qui l'a amen en voiture et qui videmment n'a pas vot). L'un et l'autre ont vot comme tous les membres de leur AGE prsents le matin. È Que Nathalie nĠait pas vot prouve quĠil y avait dj un reprsentant dĠEvry (Hakim ?) en plus dĠHugues Lvcot. Je semble dire quĠil y avait galement un Lillois, ce qui mĠtonne. Gilles nĠtait pas l, en tout cas. Sans doute une erreur, involontaire ou volontaire.
Les deux autres qui ont appel Guirec pour le forcer venir taient certainement Sancia et Jihad. Je ne me rappelle plus du tout, puisque jĠavais oubli cet pisode, pourquoi nous lui avons fait ce coup l alors que le vote tait perdu, avec ou sans lui. Volont de jouer le jeu jusquĠau bout ? Besoin de lui parler de vive voix de la liste que nous montions ?
[19] Je signale, parce que cĠest rigolo, quĠil a fini, onze mois plus tard, ce qui fut le dernier CN, pat voter avec les ntres contre la Ç runification È. Il nĠen figurait pas moins dans la liste du Bureau national de lĠUNEF prtendument runifie. Notre ex direction nationale nĠavait ce point plus personne avec elle quĠelle a d ratisser trs large pour pourvoir les postes que lĠU-ID avait gnreusement accords.
[20] Ç par nos discussions, nos actions, le dbat avec l'Unef-id a volu et que sur un certain nombre de point dont l'Unef-id ne voulait mme pas entendre parler il y a encore trois mois, c'est aujourd'hui elle qui les propose : rassemblement, unit, colaboration, refus d'addition d'appareil mais rflexion sur le choix des individus. È
[21] Ç De fait le type de liste nous invite rflchir que un certain nombre de choix faire pour l'UNEF dans les semaines venir. Comme je l'ai dit, il s'agit maintenant de rflchir quel type de recomposition syndicale. Dans le choix d'une telle liste au CNESER, je vous propose d'engager un processus d'unification du monde tudiant avec la tenu d'un congrs fondateur en dcembre prochain. Pour la russite d'un tel processus cela ncessite la mise ne place d'un certain nombre d'initiative commune et ce ds les chanes d'inscription afin d'avoir une prparation large et publique de ce congrs. Nous proposons donc qu'indpendamment des cartes de l'UNEF, puissent tre propos ds juillet des coupons de participation de construction d'une nouvelle organisation. Que ce processus soit anim par un comit de liaison paritaire qui soit anim par toutes les organisations partie prenante et qui ne soit pas exclusif dans le sens o une organisation peut dcider de le rejoindre tout moment. Que les coupons de participations soir grs en commun tant dans leur retrait que dans leur remonte nationale.
Que ce congrs soit prpar avec les tudiant par des congrs locaux, qui laboreront avec les tudiants adhrants au processus les statut, l'orientation de cette nouvelle organisation.
Que l'UNEF soit l'initiative de rencontre unitaire publique sur les facs, que nous ayons confiance dans ce que nous portons, dans notre dmarche syndical. En clair, que nous ne soyons pas spectateur d'un tel processus mais bel et bien acteur. Pour que cette nouvelle organisation soit l'image de la diversit (sociale, de filire, gographique mais aussi d'opinion) des tudiants. Pour que cette nouvelle organisation soit utile au plus grand nombre.
Enfin la convocation d'un congrs de l'UNEF pour les 28 et 29 octobre, pour analyser l'volution d'un tel processus, pour que tous les adhrents de l'UNEF donnent leur avis sur les choix de ce collectif national. È
[22] Ç Ne pas diffuser au-del de la liste, merci.
Cher camarade, Merci de ta rponse. Elle sera verse, dans la mesure du possible, au dbat du CN de samedi. Mon impression personnelle: la condition 2 me semble pouvoir tre remplie. Elle correspond aux positions prises par l'UNEF l'apparition de chacune de ces rformes, part U3M (mfiez vous de la premire impression...), et ce que nous demandons pour notre part (nous ajouterions volontiers la licence professionnelle). La 1 pose plus de problmes:
1) La formule "combat pour la constitution d'une structure syndicale d'ampleur nationale" me parat difficilement pouvoir tre reprise par une liste de rassemblement comprenant toute l'UNEF. a reviendrait combattre contre soi-mme. Il s'agirait plutt mon avis d'affirmer que les participants la liste veulent former ensemble une telle structure. Nuance.
2) La prcision "depuis 30 ans" ne suscite videmment pas d'objections de ma part (sinon qu'on pourrait dire 35 ans, depuis le temps que nous disons 30 ans). Mais il me semble impossible de la faire adopter an une semaine par des AGE qui ne l'ont pas dj fait. Voil. Evidemment, tout a n'engage que moi. La suite samedi, s'il n'y rien de nouveau d'ici l.
D'autre part, je ritre une autre question: le choix est-il pour vous entre la liste UNEF et l'abstention, ou d'autres possibilits sont-elles envisageables ? È
[23] Ç Pour rpondre ta deuxime question, si tu sous-entends que nous pourrions envisager de soutenir la liste SUD (c'est bien a que tu veux dire ?) voici ta rponse : leur plate-forme nous a sembl considrablement plus correcte que celle de l'UNEF... MAIS (car il y a un mais), tant donn ce qu'est SUD et les combat qu'il a men (l'absence de combat donc), la question ne se pose pas. Il est tellement facile d'crire une belle plate-forme. Notre but reste toujours le retour une universit publique, laque, gratuite qui ne sacrifie aucune connaissance et ouverte tous. L'alternative est donc pour nous : voter UNEF si la plateforme est correcte (thats to say avec au moins nos 2 points) sinon : abstention. È
[24] Je prcise ici que, de faon tout fait mystrieuse, mon ordinateur personnel tait alors rgl sur lĠheure de la Sibrie orientale, avec donc neuf heures dĠavance sur celle de Paris (jĠai mis assez longtemps mĠen apercevoir). Ce serait simple si tous mes mails avaient ce dcalage : ce nĠest pas le cas, selon les conditions de lĠenvoi et de rception. Dans la plupart des cas, on peut trancher facilement. Dans dĠautres pas du tout. Ce mail de Nathan peut donc aussi tre de sept heures du matin, mme sĠil est plus probable quĠil ait suivi la conversation tlphonique avec Christelle.
[25] Je prcise que je nĠai mme pas envisag dĠtre tte de liste. CĠtait tout fait incompatible avec ma position, dj voque, dĠtudiant Paris, prof en province. De plus, jĠavais un peu trop jou le rle du porte-flingue dans toutes les bagarres prcdentes, pour jouer soudain les rassembleurs. Je lĠavais fait parce que je nĠai jamais envisag de prendre des responsabilits importantes, contrairement ce que quelques salopards et beaucoup dĠimbciles ont rpandu sur mes ambitions dmesures. JĠtais alors en quatrime anne de thse, que je croyais tre lĠavant-dernire (il en a fallu une de plus, en fait). Ma seule ambition personnelle alors dans le syndicalisme tudiant tait de trouver la sortie (Ce ne fut pas un succs. Ce que je suis en train de faire montre que je ne lĠai, vingt ans aprs, toujours pas trouve).
[26] Une raction fort peu aimable du camarade la relance du site unef.org semble indiquer quĠil prfre oublier et faire oublier cette priode. Je ne le nomme donc pas ici, puisque a nĠa pas une grande importance.
[27] Voir sur ce point la fin du texte de Robi Morder sur la scission de 1971 dj cit note 3.
[29] Bien videmment, je parlais l dĠune troisime UNEF en ce quĠelle sĠajouterait aux deux alors existant. Rien voir avec ce qui prcde.
[31] LĠabominable systme Licence /Mastre / Doctorat, remplaant lĠancien DEUG /Licence /Matrise /DEA /Thse, alors prconis par le rapport Attali, depuis mis en place.
[32] [note de novembre] Non en fait, comme on le voit sur l'appel retrouv depuis.
[33] Avec une embrouille supplmentaire. Je me rappelle que Leila avait donn son accord, mais pour une candidate plus reprsentative de lĠAGE quĠmilie. Pourtant, cĠest milie qui est sur notre bulletin de vote. Je crois me rappeler quĠil y avait eu un souci de carte dĠtudiant : lĠautre camarade (dont le nom mĠchappe) avait perdu la sienne, mais en avait gard photocopie, ce qui suffisait, sauf pour le CNESER qui exigeait le recto et le verso. Donc, retour milie.
[34] Ç Chers camarades, Si ma mmoire est bonne, vous tes l'un et l'autre lus aux conseils centraux de l'Ecole, et ce titre lecteurs et ligibles pour le CNESER. Je suis, moi-mme lu au CS de Paris IV, au titre de l'UNEF. Je viens d'apprendre que la direction nationale de l'UNEF proposera au collectif national de ce week-end de faire liste commune avec l'UNEF-ID pour le CNESER, ce qui veut dire renoncer tout positionnement contre les rformes Bayrou-Allgre. Nous sommes assez nombreux, dans l'UNEF et hors de l'UNEF, tre dcids rejeter cette trahison, et tout faire pour dposer une liste de dfense de l'Universit publique si la direction de l'UNEF renonce le faire. Cette liste, d'aprs nos calculs, pourrait avoir un lu. Problme: il faudrait dposer avant lundi 17h 22 noms de 22 lus dans 22 tablissements diffrents. C'est possible, mais c'est loin d'tre gagn. C'est pourquoi je me permets de vous de vous crire pour vous demander si vous accepteriez ventuellement d'tre candidats sur une telle liste. Je suis votre disposition pour toute demande de prcision. Merci de me rpondre vite ou, mieux de m'appeler : [É] Esprant pouvoir compter sur votre soutien, Emmanuel Lyasse. È
[35] Je lui ai rpondu, avec copie lĠautre, dans la nuit de lundi mardi Ç La liste est incomplte. Elle sera certainement invalide (cf communiqu de presse sur le forum unef.org) Les corpos, l'UNI et l'UNEF-ID, tous favorables aux rformes Bayrou-Allgre, comprenant par exemple la liquidation de l'Ecole, auront le monopole de la reprsentation officielle des tudiants. Est-ce cela que tu voulais, ma camarade ? Peut-tre, aprs tout. Je dois t'avouer que si j'avais su que tu avais donn ton adhsion ces gens qui, depuis 1947, n'ont cess de nous mentir que pour nous fusiller, je n'aurais mme pas tent cette vaine dmarche. Tristement, EL È
[36] Ç Vincent Labatut, responsable de l'USEP-SE (Pau), nous a fait savoir que l'acte de candidature de l'lu de son AGE n'tait valable que pour une liste unitaire comprenant aussi SUD tudiants, et demand de ne pas l'utiliser. Nous ne comprenons pas cette dcision, dans la mesure o c'est SUD tudiants qui a refus de participer au rassemblement syndical sur des bases srieuses. C'est de bonne foi que nous avons cru en recevant ce fax que l'USEP s'associait notre dmarche. Nous regrettons videmment d'avoir publi cette erreur dans notre communiqu, et prsentons nos excuses aux camarades de Pau, comme nous regrettons qu'ils se soient laiss convaincre par des manÏuvres de division. En revanche, nous avons trouv ce matin le fax, arriv en Sorbonne d'un acte de candidature de Lyon I. En Sorbonne, mardi 6 juin, 19 heures È
[39] Emprunt D. Motchane, Clefs pour le socialisme, Paris (Seghers), 1973, p. 227.
[40] Postface cette histoire : aux dernires lections universitaires dont je me sois ml, celles de Paris IV dbut 2003, lĠUNI, le vent ayant dfinitivement tourn, faisait campagne avec des tracts expliquant comme cĠtait beau Ç lĠEurope È. JĠai bien sr racont ses petits militants cette conversation. Ils mĠont assur quĠils ne me croyaient pas, mais je pense nanmoins leur avoir fait peur.
[42] Il faut prciser que, si tous les dputs avaient depuis peu une adresse lectronique officielle, tous ne lĠutilisaient sans doute pas.
[44] Ces ractions ont t ensuite regroupes sur une page du site http://www.unef.org/national1200/agecneser.htm
[45] Ce logo, et notre subtile riposte (ci-contre), sont sur le site http://www.unef.org/national1200/logos.htm
[46] part une des premires apparitions hors LCR de ce qui deviendra lĠabominable Ç criture inclusive È
[47] Aux bureaux d'AGE Aux adherents qui vont tenir les chaines
L'actualite importante pour notre syndicat nous porte a nous rencontrer pour discuter ensemble des actions qui vont marquer la periode. C'est pourquoi nous te proposons de nous reunir lors d'une Rencontre Nationale de l'UNEF les mercredi 28 et jeudi 29 juin. Les chaines d'inscription approchent et nous devons les preparer, tant en terme de materiel (tract, guide...) que de gestes pour mener les batailles SOS-Inscription, SOS-Aide sociale, SOS-Examens, preparer les reunions de pre-rentree... De nombreuses personnes qui seront presentes sur les chaines les tiendront pour la premiere fois, et cette rencontre doit permettre de leur donner des elements, ainsi que d'echanger les experiences entre AGE afin d'etre mieux utiles dans la periode.
De plus, en lien avec la decision du Collectif National du 3 juin, ces chaines marquent la mise en place sur les facs (et nationalement) de Collectifs Locaux Paritaires avec les syndicats et les associations qui sont partie prenante du processus pour le rassemblement du mouvement etudiant. Des etudiants non organises pourront faire partie de ces collectifs locaux, grace a des coupons de participation disponibles sur les chaines. Nous avons besoin de discuter dans l'UNEF de la mise en oeuvre de ce processus.
C'est pourquoi cette rencontre nationale a pour but de preparer les chaines d'inscription, en lien avec la demarche que nous avons decide d'impulser. Ce sera l'occasion pour nous d'echanger et de donner notre avis sur la periode qui vient de s'ecouler, sur la preparation des chaines et les objectifs de la rentree universitaire.
Un prochain courrier t'informera du lieu, des horaires et du deroulement plus precis de cette rencontre. Je t'invite cependant a inscrire des maintenant les personnes concernees pour les 28 et 29 juin.
Silvere Magnon, Secretaire General UNEF - Union National des Etudiants de France unef@unef.eu.org http://www.unef.eu.org [message manifestement tap avec un clavier sans accents]
[48] Sur les vingt-deux, il y en avait six hors UNEF : les deux du SEUL, celui de lĠAGET-ASL, le Palois, les deux miraculeux de Metz et Besanon. Il aurait pu y avoir deux UNEF de plus si les Montpellirains nĠavaient pas fait double emploi avec le SEUL.
[49] Je le retrouve dans mes mails, car il avait t envoy au forum (dont les archives ne conservent malheureusement pas les pices jointes) par Ccile. Il nĠy a effectivement rien dedans. Un historique bidon, puis un hymne lĠunit considre comme acquise, aucune allusion lĠopposition manifeste par presque toutes les AGE et notre liste pour le CNESER.
[50] Je lui avais rpondu, hors forum, avec copie aux camarades impliqus dans notre dmarche, Je suis dj syndiqu, merci en lui rappelant ses engagements de juin et en lui demandant des claircissements, que je nĠai jamais reus.
[51] On a parl des vaines ngociations pour le CNESER. Malgr cela, un congrs dĠunion entre le SEUL et SE, apparemment prvu auparavant, firement annonc, sĠest tenu le 14 juin 2000, qui fut un dsastre, dont rien nĠest sorti.
[52] Reprise ici http://www.unef.org/paris4/interne/contribelyasseete2000.pdf (page 8), dj cit.
[53] LĠUNEF-ID nĠavait certes pas ce souci, qui suffisait une direction politique centrale, une quipe tournante de spcialistes des lections, salarie au moins de fait, et un correspondant dans chaque fac pour accueillir cette quipe quand elle dbarquait.
[54] Trotskiste, dĠorigine anglaise, comme beaucoup avant et aprs, pratiquant le confusionnisme mouvementiste et lĠentrisme dcomplex dans le PCF et le PS, ce qui semble expliquer la fois son rapide succs et sa rapide vaporation.