Enseigner, c'est le but de beaucoup d'entre nous en commençant
des études dans une filière littéraire ou de sciences
humaines. C'est d'ailleurs le principal débouché de ces études.
Ce n'est pas évident: il faut avoir au moins une licence, et réussir
un concours de recrutement.
Le principe du concours, c'est que, au contraire de l'examen,
le nombre de candidats qui vont réussir est fixé à
l'avance. C'est le classement qui compte: il ne s'agit pas d'avoir la moyenne,
mais d'être dans les premiers. C'est plus difficile: il y a un poste
pour dix candidats en moyenne. L'avantage, c'est qu'un poste, c'est un
emploi de fonctionnaire: une fois que tu as réussi le concours,
après une année de stage, tu as un métier pour toute
ta vie.
Tous ces concours sont organisés en deux parties. Tout
le monde passe l'écrit. Ensuite, seule une partie des candidats
(les "admissibles") est admise à passer l'oral (environ deux fois
plus que de postes à pourvoir).
Pour le primaire,il y a un concours par département. Il faut avoir une Licence, n'importe laquelle. Les épreuves portent sur toutes les matières enseignées à l'école primaire, avec à la fois des questions de connaissance sur un programme niveau lycée à peu près et des questions pratiques (commenter des exemples de copies d'élèves). Si tu veux être prof d'école (le nouveau nom pour instituteur) attention à ne pas perdre tout à fait la main en maths et en sciences pendant tes études à Paris IV ! Il n'y a pas de préparation à ces concours à Paris IV. Tu peux soit les passer en candidat libre, soit t'inscrire à l'IUFM (qui sélectionne sur dossier), mais ce n'est pas obligatoire.
Pour le secondaire, il y a deux concours nationaux différents.
Le CAPES est ouvert aux titulaires d'une licence. Cependant, la plupart
des candidats ont fait une maîtrise (si tu en as la possibilité,
c'est mieux).
Pour l'Agrégation, la maîtrise est obligatoire. Les épreuves
sont plus nombreuses, plus longues et surtout il y a beaucoup moins de
postes, ce qui rend le concours plus difficile. L'avantage d'être
agrégé est double : dans le secondaire, on est payé
un peu plus pour un service moins lourd (15 heures par semaine au lieu
de 18); d'autre part, c'est à peu près indispensable pour
pouvoir enseigner dans le supérieur, surtout dans les disciplines
littéraires.
Pour l'Agreg, il y a un programme précis, qu'il est nécessaire
de connaître intégralement, la moindre impasse pouvant se
payer cash le jour de l'écrit. Pour les "admissibles", il y a au
moins une épreuve "hors-programme" à l'oral. Au CAPES, soit
il n'y a pas de programme, soit il est voisin de celui de l'Agreg.
Depuis 1992, il y a une épreuve spécifique à l'oral
du CAPES dite "professionnelle" ou "sur dossier". Il s'agit théoriquement
de préparer à l'aspect pratique du métier de prof.
Malheureusement, si tout le monde parle de "pédagogie", personne
n'a jamais trouvé comment elle s'enseignait, et ce que pouvait être
une telle épreuve. C'est donc une épreuve-piège pour
la plupart des candidats, et de l'aveu même de certains membres des
jurys, souvent un jeu de hasard. Mieux vaut assurer aux autres épreuves
!
Ces concours sont préparés à Paris IV. Tu peux
aussi t'inscrire à l'IUFM pour préparer le CAPES. Pour l'Agrég,
si tu as un bon dossier, tu peux demander à être auditeur
à l'ENS (45 rue d'Ulm, 75005 Paris) ou à l'ENS Fontenay St
Cloud (31 av. Lombard 92260 Fontenay-aux-roses): ça permet d'avoir
des cours supplémentaires (pas forcément meilleurs que ceux
de la Sorbonne, mais qui s'y ajoutent), et, surtout, des exercices écrits
et oraux en plus grand nombre. Les dossiers sont à retirer au printemps
auprès de la scolarité de ces deux écoles.
Préparer les concours à Paris IV, c'est avantageux en raison de la qualité et du grand nombre des cours. Nos profs sont suffisamment nombreux pour que toutes les spécialités soient représentées. De plus, pour l'histoire et la philo, nous avons l'avantage de pouvoir suivre aussi les cours de Paris I, qui ont également lieu en Sorbonne. C'est pourquoi notre université a les meilleurs résultats aux concours, en partie aussi parce que de nombreux étudiants de province viennent à Paris IV pour les préparer, en raison de sa réputation.
Mais les conditions matérielles ne correspondent pas, loin de là : bibliothèques insuffisantes, ou d'accès difficile, amphis surchargés, écrits et oraux d'entraînement en nombre insuffisants, et souvent dans des conditions qui n'ont rien à voir avec celles du concours.
L'UNEF demande: que Paris IV fasse pour
la préparation aux concours un effort correspondant à l'importance
qu'ils ont pour ses étudiants. Pour préparer l'écrit,
de véritables concours blancs, dans des conditions correspondant
à celles du concours. Pour l'oral, des colles en nombre suffisant.
De véritables TD: à 250 dans un amphi, il n'y a guère
de différence avec un cours magistral.
L'UNEF a obtenu: un certain nombre
d'améliorations, en particulier la réouverture du grand amphi
aux enseignements.
Menaces sur les concours et l'enseignement secondaire...
D'année en année le nombre de postes aux concours de recrutement de l'enseignement secondaire (CAPES, Agrégation) ne cesse de diminuer. Depuis toujours, l'UNEF a considéré cette baisse comme une agression contre l'ensemble des étudiants et contre toute l'éducation nationale. En effet, cette diminution pénalise non seulement les étudiants qui préparent ces concours, car moins de postes signifie plus de redoublant donc des amphis surchargés d'une année sur l'autre, mais aussi ceux qui ne les préparent pas qui se voient obligés de s'orienter vers des professions qui ne sont pas toujours en adéquation avec les raisons de leur choix d'études à l'université.
Que ce soit Bayrou ou bien son successeur Allègre, les deux derniers ministres de l'Education Nationale ont considéré qu'il y avait trop de professeurs dans les collèges et les lycées, alors que le mouvement lycéen de l'automne dernier laisse penser qu'il n'en est rien. Malgré ce mouvement de protestations lycéennes Claude Allègre n'en a pas moins poursuivi la politique de son prédécesseur rue de Grenelle : classes surchargées, options supprimées, voici le quotidien de la vie lycéenne.
Il ne faut pas croire que la situation soit meilleure à l'université car parallèlement à la suppression de postes (-35% en trois ans) notre cher ministre est à l'origine de la baisse du nombre de postes créés en université, ce qui oblige implicitement les thésards désireux d'enseigner à passer les concours d'enseignement car, à diplôme égal (et les thésards sont de plus en plus nombreux) on prendra celui qui aura une expérience d'enseignement. De ce fait il est vivement conseillé à tous ceux qui désirent enseigner dans le supérieur de passer le CAPES dès la maîtrise et l'Agrégation l'année suivante. Il faut noter le cas particulier de la philosophie où cette année 90 postes ont été offerts à l'Agrégation, et 60 au Capes. Le ministère souhaiterait-il fusionner les deux concours, où limiter l'enseignement de la philosophie à l'université ? Ce sont deux possibilités.
C'est pour toutes ces raisons que l'UNEF Paris IV s'est engagéeL l'an dernier en lançant une grande campagne de pétition (2 000 signatures) contre la réduction des postes et a participé aux grandes manifestaions lycéennes d'octobre dernier sur ce mot Îordre. Mais le problème demeure et c'est pourquoi il convient de rester mobilisés.
Le Trait d'Union spécial
CAPES-Agreg (décembre 1998),
avec l'évolution
du nombre de postes depuis 1996