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CNESER 2002: la proposition de profession de foi de SUD, le 29 mai
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Ce texte, donnŽ pour information, n'engage Žvidemment pas l'UNEF (RŽsistance syndicale)

POUR UNE UNIVERSITE PUBLIQUE DE QUALITE NON A LA MARCHANDISATION DE L’UNIVERSITE !

Cette liste d’union est constituée par des militant-e-s syndicalistes autour de constats inquiétants sur la situation de l’enseignement supérieur aujourd’hui. Loin des pratiques des structures institutionnelles de cogestion à prétention hégémonique, nous voulons que les étudiant-e-s soient pleinement acteurs-trices des débats et des décisions sur les orientations universitaires. Nous sommes pour le rassemblement des étudiants et des étudiantes opposé-e-s à la logique libérale dans laquelle l’enseignement supérieur est engagé. C’est dans cette perspective que nous avons depuis 1995 participé aux luttes contre la casse du service public d’éducation sur les université mais aussi aux luttes contre les discriminations touchant les étudiants et étudiantes étranger-e-s, aux luttes contres la mondialisation libérale et enfin aux luttes de précaires touchant principalement les étudiant-e-s (luttes McDonald’s…).

Les universités françaises subissent depuis plusieurs années de graves attaques sans précédent dans leur nature et dans leur ampleur. Le rapport Attali, contre lequel nous avions mobilisé et lutté en 1998, voit aujourd’hui ses aspirations destructrices mises en œuvre. La mise en pièce de l’Université publique est en marche :

1)La pénurie budgétaire, due au désengagement financier de l’Etat, est criant : outre des locaux en nombre insuffisants et dans des états souvent déplorables, le manques de postes enseignants et IATOS, chiffré à plusieurs dizaines de milliers, ne peut garantir de bonnes conditions d’études, ce qui est un droit pour nous tous et toutes. C’est pour quoi nous exigeons un réengagement financier de l’Etat à hauteur des besoins fixés par les acteurs de l’Université, sans quoi le financement se fera par un appel de plus en plus prononcé à des fonds Privés.

2)Les réformes et politiques libérales des gouvernements de ces dernières années, sous couvert d’harmonisation européenne et de modernisation, s’inscrivent dans une logique de casse du service public, par une rentabilisation de ses profits et une socialisation de ses pertes. La semestrialisation de Bayrou en 1997 casse le cadre de l’année universitaire classique, remplacé par des semestres cumulables. Le plan U3M d’Allègre, les licences professionnelles, les incubateurs d’entreprises sur les campus, l’agence EduFrance marquent une autre étape décisive : les filières privilégiées seront celles rentables économiquement, le plus souvent à court terme, pour les intérêts privés locaux, les entreprises. Les filières " non-rentables " seront supprimées ou alors reléguées au simple titre de témoignage, sans aucune valeur.

Les arrêtés examinés et adoptés par le CNESER les 26 novembre 2001, 4 février 2002 et 15 avril, 2002 constituent l’ossature de la réforme Lang, qui met en place légalement des cursus, en fonction du schéma 3/5/8, c’est-à-dire la suppression du DEUG et de la Maîtrise en tant que diplômes ayant une reconnaissance en terme de qualification, notamment dans les conventions collectives. Les DEA et DESS sont supprimés et remplacés par le mastaire, qui " porte la mention du ou des établissements qui l’ont délivré " ( texte officiel). Par ailleurs, tous les diplômes seront désormais accompagnés d’une " annexe descriptive ", qui indiquera les cours suivis par l’étudiant, sur quel campus. Outre la fin du cadre national des diplômes et de leur valeur uniforme, c’est aussi un tri effectué entre les étudiant-e-s, suivant leurs parcours précédents bien souvent déterminés par leur origine sociale. C’est clairement un souhait affirmé d’empêcher les étudiant-e-s d’origine modeste de pouvoir faire des études longues, les formations courtes leur étant réservées.

Enfin les fameux crédits ECTS, les diplômes à points, participent au processus d’autonomisation des université prôné aussi bien par la CPU que par notre ministre " Vivendi ". Un diplôme universitaire ne s’obtiendra plus par année, mais par des modules valant chacun un certain nombre de points et cumulables pour arriver au nombre adéquat : 180 pour la licence, 300 pour le mastaire. Les modalités d’attribution , l’existence de la compensation de la session de septembre (sans suppression dans de nombreux cas) sont définies par chaque université, sans cadre national, en sachant que les pressions économiques pour favoriser tel ou tel module, tel ou tel diplôme vont être déterminantes.

Toutes ses adaptations de l’enseignement supérieur à des impératifs libéraux, à des volontés patronales de faire de l’éducation un marché et de nos diplômes des marchandises sont à l’opposé de la conception d’une université publique égalitaire, ouverte à toutes et tous que nous défendons.

3) le système d’aide social, existant aujourd’hui est incapable d’assurer une vrai justice sociale et donc une égalité devant les études. En effet aujourd’hui 48% des étudiant-e-s sont obligé-e-s de travailler pour financer leurs études. 100 000 vivent sous le seuil de pauvreté. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les fils et filles d’ouvriers ne soient que 4 % en maîtrise. Si rien n’est fait pour donner à chaque étudiant-e- les moyens de suivre des études sans avoir à se faire exploiter par McDonald’s et consorts et si comme le préconise la CPU les frais d’inscription augmentent, les inégalités ne feront que s’accroître entre ceux dont l’entourage leur permet de suivre des études et les autres. Pour lutter contre cela nous proposons la reconnaissance réelle du statut d’étudiant, accompagné d’un salaire socialisé pour l’ensemble de la jeunesse payé sur les cotisations patronales.

C’est pourquoi cette liste, composée de structures différentes se retrouvant souvent sur le terrain des luttes, entend dénoncer bien évidemment cette "déréglementation" du service public d’éducation et de sa mission première de création et de transmission des savoirs, mais aussi de rappeler les responsabilités des organisations étudiantes siégeant au CNESER ( Unef, Uni, Fage, Pde) dans la situation actuelle, car elles n’ont jamais condamné les réformes libérales et encore moins mobilisé contre. Cette liste se veut être une riposte pour inverser la logique actuelle, de part notre présence au CNESER avec l’élu que nous pourrions avoir, mais aussi et surtouts par les mobilisations dans les facs, par l'organisation d'assemblées générales d'information et de mobilisation, en demandant le retrait des réformes, l’égalité entre toutes et tous hommes et femmes quelque soit la nationalité, des créations massives d'emplois d'enseignants et de personnels non-éducatifs, les moyens d’étudier sereinement. Nous nous relayerons au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche pour faire entendre un autre son de cloche, puisque nous avons opté pour une tête de liste tournante après un an.