CNESER 2002: le texte propos par la FSE le 14 mai, Retour la page principale CNESER 2002 | la page d'accueil |
Cette liste dunion est constituée autour de constats simples sur la situation de lenseignement supérieur aujourdhui. Loin des pratiques des structures institutionnelles de cogestion à volonté hégémonique, nous souhaitons que les étudiants soient pleinement associés aux débats universitaires. Nous sommes pour la construction dun véritable syndicat étudiant dampleur nationale, indépendant tant politiquement que financièrement, qui soit un réel outil au service des étudiants et de leurs mobilisations.
Lensemble des universités de France souffre actuellement dun manque criant de moyens : le ministère reconnaissait lui-même en 2001 un manque de 11.408 enseignants dans lenseignement supérieur ! Mais il y a aussi un manque très important de locaux, qui de plus ne sont très souvent pas aux normes de sécurité. Cette pénurie budgétaire doit cesser pour que soient enfin garanties de bonnes conditions détudes pour tous les étudiants, au sein dune Université de qualité. Par ailleurs, léducation est un droit, et doit donc être gratuite. Cest pourquoi nous revendiquons le réengagement financier de lEtat à hauteur des besoins.
Récemment, le ministère a procédé à une réforme du FAVE (devenu FSDIE), afin de réduire la part du budget consacrée à laide sociale, avec un plafond de seulement 30% ! Un syndicat étudiant doit par définition défendre les étudiants. Force est de constater que ce nest le cas daucune des organisations déjà élues au CNESER, qui ont toutes (Unef, Uni, Fage, Pde) approuvé ce recul en terme daides sociales. Nous avons pour notre part dénoncé cette mesure anti-étudiante, et mené des actions pour obtenir son retrait.
Nous nous opposons aux réformes et politiques gouvernementales menées depuis la loi Faure, qui sinscrivent dans une logique de privatisation de l'Université, et en particulier la dernière en date, celle de Jack Lang. Ces réformes libérales ont notamment instauré lautonomie des universités et lentrée des " personnalités extérieures " dans les conseils (portant ainsi atteinte à la laïcité de lenseignement supérieur). De manière générale, il y a une volonté dadaptation au " modèle " anglo-saxon, sous couvert dharmonisation européenne. Un des exemples de cette politique est le rapport Attali de 1998, véritable bible de la privatisation des facs. Dès 1997, la réforme Bayrou avait généralisé les semestres. Claude Allègre, célèbre dégraisseur de mammouths, avait mis en place le plan U3M (Université 3e Millénaire), les licences professionnelles, les incubateurs dentreprises, et lagence EduFrance. Il avait également impulsé une logique de rentabilisation, avec la volonté de supprimer des filières dites " non-rentables ". Enfin, la toute nouvelle réforme Lang instaure entre autres le diplôme à points.
Les arrêtés examinés et adoptés par le CNESER les 26 novembre 2001, 4 février 2002 et 15 avril 2002 constituent lossature de la réforme Lang. Dune part, lenseignement supérieur sera organisé avec des diplômes en 3 ans, 5 ans et 8 ans, ce qui signifie la dévalorisation immédiate des DEUG et maîtrise, avant leur probable suppression dici quelques années.
Dautre part, les DEA et DESS sont supprimés et remplacés par le mastaire, qui " porte la mention du ou des établissements qui lont délivré " (extrait du texte officiel). Par ailleurs, tous les diplômes seront désormais accompagnés dune " annexe descriptive ", qui indiquera les cours suivis par létudiant, sur quels campus. Actuellement, un diplôme est équivalent quil soit obtenu à Strasbourg, Paris ou Bordeaux. Cest une garantie qui protège les étudiants : on a obtenu tel diplôme, sa valeur est la même partout. Avec le mastaire, le nom de luniversité étant indiqué dans lintitulé même du diplôme, et avec lannexe descriptive, cest purement et simplement la fin du cadre national des diplômes.
Enfin, la réforme Lang instaure le diplôme à points (ou " système ECTS1 " pour son nom technique). Un diplôme universitaire ne s'obtiendra plus par année, avec des examens par matière validant l'assimilation de connaissances, mais par une accumulation de points. Par exemple, tel cours dhistoire donnerait 8 points, un cours d'anglais donnerait 6 points, un stage en entreprise donnerait 10 points, etc... Il faudra 180 points pour une licence, 300 points pour un mastaire. Les modalités dattribution des points, lexistence de la compensation, de la session de septembre, etc· sont définis par chaque université, sans cadre national. Cette réforme est donc une remise en cause radicale de nombreux acquis étudiants.
Nous refusons cette déréglementation généralisée. La réforme Lang nous fait aller vers un système où chaque université fera comme elle lentendra, sans soucis dune organisation nationale des études. Cela constitue une offensive très grave contre lUniversité comme lieu de création et de transmission de savoirs, ce qui sinscrit dans la logique actuelle de la mondialisation libérale, et en particulier de la rentabilisation et du démantèlement des différents services publics.
Parce quelle est contraire aux intérêts des étudiants, nous dénonçons la réforme Lang qui est contraire au principe dun service public égalitaire. Il est évident que cette attaque ne doit pas rester sans réponse, dans les conseils (et en premier lieu au CNESER), mais aussi et surtout sur le terrain, par linformation massive des étudiants, qui pourront alors décider collectivement de ce quils veulent faire face à cette attaque libérale contre nos conditions détudes. Cette liste veut être une contre-attaque supplémentaire pour inverser la logique actuellement à lțuvre, en plus de lindispensable activité de terrain sur nos universités. Plus que jamais, il nous faut affirmer : Le savoir nest pas une marchandise ! Abrogation des réformes libérales de casse du service public de lUniversité !
Enfin, les discriminations envers les étudiants étrangers sont intolérables et doivent cesser. La carte d'étudiant doit systématiquement donner droit à une carte de séjour. Nous exigeons que cesse le contrôle des études par la préfecture. De manière générale, il faut obtenir enfin l'égalité des droits pour tous les étudiants, sans discrimination quelle quelle soit.
1 : ECTS = European Credit Transfer System (Système européen de transfert de crédits).
Pour en savoir plus sur la réforme Lang, vous pouvez consulter la brochure danalyse de la FSE sur internet :
www.luttes-etudiantes.com/publications <
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